DOMAINE DE L'ANCIENNE CURE
L'Ancienne Cure
24560 Colombier
Tél. : +33 (0)5 53 58 27 90
Fax : +33 (0)5 53 24 83 95
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Le domaine de l'Ancienne Cure est une propriété de 42 ha qui produit sur deux appellations principalement, Monbazillac et Bergerac, des vins blancs secs, doux, des rosés et des rouges.
Christian Roche estime que le grand virage qualitatif s'est fait autour des années 1989 et 1990 pour les blancs doux et qu'un élan a été impulsé à l'appellation Monbazillac par quelques locomotives locales. Elan qui a été entériné par le décret de 1992 où l'élaboration du grand liquoreux par tries successives a été finalement adopté, non sans difficultés, d'ailleurs.
A ce titre, l'anecdote est croustillante et vaut la peine d'être racontée car elle doit pouvoir s'appliquer à d'autres circonstances : Christian Roche m'a assuré que le rôle des femmes de vignerons dans l'avancée qualitative n'a pas été moteur, car elles voyaient fort mal le retour à des tablées de vendangeurs avec tout le travail que cela représente alors qu'elles s'étaient habituées aux bienfaits de la machine à vendanger qui diminuait nettement le travail dans les cuisines !
C'est aussi en 1989 que le domaine de l'Ancienne Cure s'oriente définitivement vers l'embouteillage à la propriété et s'éloigne de plus en plus de la coopérative.
Pour les blancs secs et pour les rouges, il considère que le réveil a été plus tardif, autour de 1997 sous l'impulsion d'autres locomotives et il cite régulièrement Luc de Conti. « Nous avons pris conscience des terroirs », aime-t-il à dire. « Nous sommes allés vers plus de maturité, plus de concentration. ». Mais les récents progrès portent sur l'extraction des tannins et en ce sens, le pigeage a eu un rôle fondamental, vers la recherche de davantage de finesse une fois que l'on eut compris qu'il fallait aussi davantage de matière.
Pour ce qui concerne le domaine de l'Ancienne Cure, un recentrage sur la muscadelle en blanc a permis d'aller vers davantage de typicité, en même temps et d'ailleurs à l'inverse du Château Tirecul La Gravière, on aime ici le passerillage autant que le botrytis.
Pour les rouges, C. Roche est allé lorgner du côté de Cahors et le cot ou malbec paraît convenir à merveille sur certains terroirs identiques à ceux de la deuxième terrasse du Lot.
Aujourd'hui, le domaine de l'Ancienne Cure produit autour de 550 hl de liquoreux, 300 hectolitres de secs, 500 hectolitres de vin rouge contre 110 de rosé.
Les cuvées sont classées selon trois catégories différentes : classique, Abbaye et Extase.
Voici quelques commentaires des échantillons que j'ai goûtés en présence de Christian Roche au domaine de l'Ancienne Cure :
Les vins Blancs secs :
Pour les blancs, les premières tries sont effectuées à la main, puis le reste de la vendange est mécanisée.
Extase 2002 : un vin issu d'un millésime difficile. Le sauvignon est dominant (60%, 20% sémillon et 20 % muscadelle). La macération pelliculaire est pratiquée et le vin est élevé en barriques neuves pour 50 %.
Le nez présente des arômes fumés et floraux de fleur blanche. En bouche, c'est un vin de bonne amplitude où l'élevage est encore assez marqué et qui possède une grande longueur étayée par un beau support acide. Très élégant, luxueux, j'ai beaucoup aimé ce vin.
Abbaye 2003 : 70 % de sauvignon, 20 % de muscadelle et le solde en sémillon. Bois neuf à hauteur de 20 %.
Un nez un peu beurré avec des fragrances de noisette. Du gras en bouche et de la fraîcheur. C'est bon et élégant.
Les vins Rouges :
L'idée est de ramasser au maximum de maturité, et il faut donc aller très vite. Effeuillage, vendanges en vert très sévère pour que ce qui reste sur pied soit très sain. Vendanges mécaniques dans un souci de rapidité et tri au chai.
Classique 2003 : (70 % de merlot) La robe est très sombre. Le nez est puissant fougueux, sauvage, sur les épices et des notes de terre fraîche. Vineux à souhait, les tanins sont importants.
Un vin à la typicité Sud Ouest marquée.
Abbaye 2000 : 60% de merlot, 30% de cabernet franc et le reste de cabernet sauvignon.
Le nez est plus noble avec l'élevage qui est présent mais aucunement dérangeant. On retrouve ces notes de terre humide et un côté animal. La bouche est ample, mais aussi très structurée. C'est un vin sérieux, voire austère.
Extase 2001 : 50% de cabernet franc, 20% de cabernet sauvignon et 30% de merlot. Elevage 100% fûts neufs.
La robe est très dense, sombre.
Le nez partage cette même austérité, axé davantage sur les épices que sur le fruit, avec toujours ces notes de terre et du café cette fois : Ce n'est pas sans rappeler certains Cahors ou quelques Saint-Estèphe. En bouche le cassis apparaît dans un contexte toujours droit et strict. Les tanins sont présents, un peu secs, sur une finale qui présente une certaine amertume.
Pour résumer, les vins rouges du domaine ne m'ont pas paru jouer la carte de la séduction, mais plutôt celle de la rigueur, de la rectitude, voire de l'austérité; c'est un style et j'avoue avoir du mal à y adhérer tout à fait.
Les vins doux :
Classique 2001 : un doux léger qui doit totaliser 70 grammes de résiduel. 90% de sémillon et le solde en muscadelle.
Un nez d'ananas frais et de fleur blanche. La bouche est suave, un peu molle. Un vin sans souci mais sans grande originalité, un doux comme on en trouve partout dans le Sud Ouest.
Abbaye 2000 : un vin plus concentré élevé dans le bois neuf et qui contient 30 % de muscadelle, uniquement issu du premier tri car la pluie s'est abattue ensuite.
Un nez où pointe la truffe et le miel.
En bouche le fruit joue sur un registre un peu amylique de poire fine, et l'ensemble manque un peu de fraîcheur. C'est quand même plus typé que la cuvée classique précédente.
Abbaye 2001 : l'élevage en fût neuf est de 22 mois.
Le nez est tout de suite beaucoup plus net avec des notes de miel et de cire. Nous sommes bien dans l'esprit de cette appellation Monbazillac.
De l'opulence, du volume, du gras, Ube grande gourmandise dans un contexte équilibré. La longueur est au rendez-vous de ce beau vin.
Extase 2001 : C'est le premier millésime de cette cuvée haut de gamme où la muscadelle représente 40%.
Au nez j'ai noté des arômes d'ananas, de truffe blanche. C'est net et précis, très beau.
Bien entendu, le volume est considérable, ce vin est riche. La finesse se dessine néanmoins comme dans les grands liquoreux sur une impression de force tranquille et rayonnante. Les épices de la muscadelle apparaissent en fin de bouche avec une touche additionnelle d'amande douce. C'est très long : ce vin est de haut niveau.
Christian Roche a tenu à me faire déguster des vins de cépage qui entreront dans la composition de l'Extase 2003 à savoir un lot de muscadelle et deux lots de sémillon :
Muscadelle : un nez floral mais aussi fruité de pomme au four à la cannelle. C'est ample et gras, un peu en déficit de fraîcheur, mais extrêmement prometteur.
Sémillon premier lot : sur des notes d'abricot, extrêmement riche, finale éblouissante.
Sémillon deuxième lot : un raisin ramassé à 32.8 potentiel, d'une richesse incroyable. C'est fermé au niveau aromatique bien que l'abricot soit néanmoins présent. L'impression tactile est incroyable et l'équilibre somptueux malgré la richesse. Finale en queue de paon déjà .
Il faudra suivre de prêt la cuvée Extase 2003 qui promet d'être un grand vin.