Voici un tout petit domaine, qui cultive trois îlots de vignes dans le "midi corrézien", au sud-ouest de Brive.
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Le propriétaire, Didier Mouton, est, comme nous, un passionné de vin, qui a un autre métier que vigneron mais qui a été au bout de sa passion et a planté ou replanté des vignes dans sa région.

Deux particularités : d'abord le souci d'élaborer une sorte de conservatoire des cépages adaptés à son terroir, ce qui donne quelques bouteilles inédites comprenant de multiples cépages et que le compositeur-vigneron va chercher à harmoniser au mieux du millésime et des parcelles.
Ensuite, un souci de préserver le naturel à la vigne comme en cave, en essayant d'éviter le souffre mais sans pour autant se l'interdire si la vinification l'exige.

Premières vendanges officielles en vin de table en 2005, et premières bouteilles en "Vin de Pays de la Corrèze" en 2006 pour le rouge et en 2007 pour les blancs.
Petits rendements de l'ordre de 10 hl/ha et juste quelques centaines de bouteilles pour chaque cuvée.

À suivre...

Jean-Pierre

Terres de Causse - VDP de Corrèze - "Les Essarts" - Rouge 2006
(7,00 € - merlot + petit verdot + un peu de sangiovese, cabernet sauvignon et syrah)

Bouteille ouverte en février 2009
Bouchon : médiocre, imbibé par traces jusqu'à 90 %

Robe : rubis, profonde, bord du disque vif.
Nez : expressif, crème de cassis, myrtille, mûre, cannelle.
Bouche : ample, un fruit généreux, goûteux et aromatique, qui domine des tannins légèrement asséchants, faible acidité, finale correcte.
J+1 : vin toujours agréable.

14,5/20

Terres de Causse - VDP de la Corrèze - "Plâ de la Grotte" - Blanc 2007
(9,00 € - dominante chardonnay, présence de riesling, sémillon, sauvignon blanc, viognier, auxerrois blanc)

Bouteille ouverte en février 2009
Bouchon : correct, très peu imbibé.

Robe : or brillant, légèrement trouble.
Nez : expressif, notes fruitées (poire, pomme) entrelacées de notes florales. Développe à l'aération une certaine complexité avec des touches de citronnelle et de fruits confits, puis de pamplemousse.
Bouche : sur le fruit, avec un gras léger et quelques légères notes oxydatives, acidité correcte, bonne finale. Une bonne matière qui demeure bien aromatique et plaisante dans le prolongement du nez. Amers discrets en fin de bouche.

Un blanc rustique mais bien équilibré et, dans sa catégorie de naturel revendiqué, bourré de qualités.
J+6 : le vin n'a pas bougé, la bouche s'est enrichie de quelques agréables notes toastées en rétro-olfaction.

16/20

Terres de Causse - VDP de la Corrèze - "Sous la Falaise" - Blanc 2007
(9,00 € - 80 % sauvignon gris, 15 % arriloba, 5 % chardonnay)

Bouteille ouverte en mars 2009
Bouchon : bien, très peu imbibé.

Robe : bel or brillant.
Nez : expressif et assez complexe, d'abord sur les fruits blancs avec des notes épicées, puis se succèdent des notes de poire, d'ananas, d'orange.
Bouche : attaque douce et aromatique, qui ouvre sur une belle matière suave avec une bonne acidité, meilleure tension en bouche que dans le Plâ de la Grotte, légers amers agréables en fin de bouche et belle finale. Un vin nature très agréable.

J+1 : nez sur une dominante pomme, bouche toujours riche, goûteuse, sans lourdeur, légère sécheresse en fin de bouche mais qui n'obère pas le plaisir.

16/20

Jean-Pierre

Terres de Causse - VDP de la Corrèze - "Baies dorées" - Blanc 2008 (dominante sauvignon gris)

Découverte de ce vin "nature" atypique au restaurant Amédélys à Brive,

Nez assez oxydatif, note de pomme assez prenantes et orange.

En bouche belle matière et très belle fraicheur donnant une buvabilité dangereuse à cette bouteille... on retrouve bien la pomme et une belle tension. C'est frais, mais consistant, léger sucre résiduel mais qui ne prend pas le dessus.

440 bouteilles pour ce millésime, c'est très peu mais c'est très bon...

15/20

Terres de Causse - VDP de la Corrèze - "Baies dorées" - Blanc 2008

Un nez superbe, intense, fruité. Je trouvé de l'orange , de la cannelle, de l'abricot confit, des arômes de tabac aussi (Amsterdamer, celui que l'on met dans les pipes), du caramel, et un peu de miel. C'est pour le côté assez chaud, mais je pense qu'il y a aussi des fleurs blanches, qui apportent un côté aérien qui équilibre le tout.
En d'autres termes c'est très complexe, très riche. Le tout porté par une très légère acescence. C'est divin!

En bouche du volume, et une belle acidité. Le sucre est présent, il donne un peu plus de volume. On retrouve les arômes que nous avions au nez. De la complexité donc, mais aussi beaucoup de longueur; c'est long, c'est long, c'est très long.
Le sucre me gêne un peu, j'avoue. Une belle amertume laisse la bouche nette.

Ce vin est profond, complexe, et gourmand. C'est un vin que l'on prend plaisir à boire et à reboire. Cela tombe très bien, le vin n'est pas fait pour être mis dans un musée mais sur une table. Une bonne bouteille est une bouteille vide.

SL

Bravo et à citer en exemple, quand un vigneron vient commenter les vins des autres !

Didier Mouton - Baies Pourpres 2015

Nous sommes ici en présence d'un vigneron hors catégorie, créateur d'un micro-domaine en Corrèze qui produit des vins rares, toujours porteurs d'une émotion intense qui nous ramène aux origines du vin. Je vous invite à écouter son interview ICI

Son "Baies Dorées" 2014, bu sur 3 jours, présentant chaque fois un visage différent mais terriblement séducteur, reste une de mes plus belles émotions en blanc. C'est ici le "Baies Pourpres" 2015 que je me décide à ouvrir. La dernière, bue en 2018, peu après la mise, n'était pas prête, avec des tannins trop accrocheurs et une palette aromatique en sourdine qui attendait dans les starting-blocks de pouvoir enfin d'exprimer. Qu'en est-il 2 ans après?



Je vous mets quand même la contre-étiquette, tant nous sommes là dans un vin unique, avec un assemblage unique...



La robe est pourpre, jeune, aux reflets rouge carmin.

Le nez séduit d'emblée par sa profondeur. C'est un nez très Bordelais, rive droite, on sent bien qu'on reste sur une dominante de Merlot. Le vin dégage des arômes intenses de mûre sauvage, de cerise, de prune, d'épices. Néanmoins, à l'aération, le nez se complexifie, gagne en profondeur mais aussi en fraîcheur, avec des notes d'herbes séchées, de bois de ronce, de feuilles de cassis...

La première mise en bouche me fait penser qu'il n'est toujours pas prêt à boire, avec des tanins encore un peu accrocheurs. On est sur un vin "sérieux" avec beaucoup de sève, qui a indiscutablement beaucoup de choses à raconter, mais qui reste encore trop marqué par la jeunesse. Je regrette qu'on le boive pour lui-même (en fin de soirée) et je me dis qu'il aurait été plus à son avantage à table avec une pièce de boeuf.
Et puis j'aère le vin, le nez gagne en intensité, et la bouche s'harmonise, s'assouplit. A la fin du verre, ça devient vraiment très bon. Et au deuxième verre, là, on commence à tendre vers l'extase. Tout est parfaitement en place, la bouche est ronde, souple, de gros volume tout en restant très sensuelle. On ne saurait trop où placer ce vin tant il a la grandeur imposante de Bordeaux, le raffinement et la profondeur de la Côtes de Nuits, la fraîcheur aromatique des grands italiens... Ca explose d'arômes en bouche, sur la mûre toujours, la cerise noire, les petits fruits rouges (fraise et framboise), les épices douces et une pointe mentholée. La longueur est phénoménale et nous amène loin, loin dans l'introspection gustative. C'est magnifique.

Commentaire général: Sublime. On est là en face d'un très grand vin, à qui il faut accorder encore du temps de cave. Quand je vois la beauté de ce vin maintenant, je n'ose imaginer ce qu'il donnera dans 10 ans. Il va falloir être sage et patient et ne les ouvrir qu'au compte goutte!



Noté 18/20


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