Le samedi 15 mars 2008 a été un moment attendu par notre petit groupe d'amis. C'était en effet notre premier point de rencontre pour un week-end germanique. Il s'agissait de se retrouver chez Helmut Dönnhoff, le grand magicien de la Nahe. De son domaine d'une petite vingtaine d'hectares, ce vigneron produit des vins d'un raffinement extrême. Il possède des crus mythiques comme le Niederhäuser Hermannshöhle, la Oberhäuser Brücke et la Schlossböckelheimer Kupfergrube. La majorité des vignes est plantée en riesling, mais il détient une part non négligeable (20%) de cépages de la famille des pinots.
Le millésime 2007
Les valeurs des moûts en 2007 sont plus élevées qu'en 2006, et même 2003! Mais les acidités étaient encore très hautes fin septembre. Helmut Dönnhoff s'est efforcé d'attendre. Il craignait l'arrivée de la pluie et le départ du botrytis. Les nuits étaient toutefois suffisamment fraîches pour garder les raisins très sains. La météorologie du mois d'octobre a été très clémente, ce qui lui a permis d'
attaquer les vendanges de riesling à partir du 6 octobre. Les acidités sont restées relativement stables jusqu'à la fin du mois.
La production de grands vins secs, dynamisée par le système de Grosses Gewächs, est en permanente amélioration. Après avoir étudié précisément les meilleures parcelles de chaque cru, Helmut Dönnhoff maîtrise aujourd'hui le sujet.
Les classiques Riesling trocken, Weissburgunder (superbe!) et Grauburgunder démontrent la qualité du domaine. Les crus (plantés en riesling) se suivent : Kahlenberg (quartz), Felsenberg (porphyr), Dellchen (porphyr et schiste) et Hermannshöhle (sur la partie de schiste gris). Les deux derniers vins seront vendus en Grosses Gewächs, et les bouteilles ne seront donc disponibles qu'à partir du mois de septembre (au plus tôt). J'ai une grande préférence pour la Hermannshöhle d'une grande élégance mais avec une réelle profondeur. Le cas du Felsenberg est particulier, car nous dégustons après cette série un autre vin de ce cru pour l'instant isolé. Les raisins ont été vendangés avec plus de potentiel sur une partie précise du Felsenberg. Ce vin a une légère note de botrytis sans perdre en finesse. Il demeure une inconnue sur l'issue de ces deux cuvées.
Les 'fruchtige Weine' sont tous d'un excellent niveau. Le millésime 2007 est marqué par des vins précis, fins, ciselés grâce à des équilibres idéaux. Le point d'orgue est la collection de Spätlese. Les trois Auslese sont aussi splendides. La Brücke est à nouveau à un très haut niveau. Elle a engendré cette année un Eiswein encore très primaire, et d'un style plutôt de Beerenauslese, ie relativement riche en raisins botrytisés. Il a été récolté le 20 décembre.
Quelques Beerenauslese et Trockenbeerenauslese ont été récoltés, mais ils semblent très lents. Le TBA va probablement mettre plusieurs années à fermenter, car il n'émet qu'un 'bloop' par jour...
Puis viennent trois vins plus vieux.
Niederhäuser Hermannshöhle Auslese Dönnhoff 1966
C'était la première année au domaine d'Helmut Dönnhoff. Son vrai premier millésime est toutefois 1971. Il ne dispose plus que de trois bouteilles, mais voulait partager ce moment avec nous, et nous le remercions grandement. Le premier nez est légèrement poussiéreux. Il dégage ensuite d'intenses notes de truffe blanche et de caramel (non oxydatif), de safran et d'épices douces. A l'aération, le vin gagne beaucoup en pureté aromatique et ce n'est qu'en revenant dessus après le 1959 qu'il montre sa noblesse (coing, pain d'épice). Il a un équilibre de sec et plus d'alcool acquis, sans doute entre 10 et 11°. Helmut Dönnhoff précise que le vin avait été élevé dans des foudres en bois de 300 litres.
Niederhäuser Hermannshöhle Spätlese Staatlichen Weinbaudomänen Niederhausen Schlossböckelheim 1983
La bouteille a été amenée par un ami, mais malheureusement bouchonnée. L'aromatique était pourtant superbe. Dommage.
Niederhäuser Hermannsberg Spätlese Staatlichen Weinbaudomänen Niederhausen Schlossböckelheim 1959
Le Hermannsberg est situé juste au dessus de la Brücke, mais sur le village de Niederhausen. La robe est encore plus claire que la 1966, avec de beaux reflets jaune or. Le nez est envoûtant de jeunesse, extrêmement floral, eau de rose, pêche des vignes et fruits blancs. La bouche est d'une grande tension, le fruit a légèrement disparu pour laisser place à une acidité vive, malgré le millésime. Une fois de plus nous retrouvons des similitudes de parfums avec les vins du millésime 2003, provenant de raisins légèrement passerillés.
Sur cette photo, le 1959 est au premier plan, et se distingue par sa couleur encore primaire malgré son âge. Il est plus brillant que le 1966. Son aromatique nous laissera admiratif.
David Rayer.