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Weingut Forstmeister Geltz - Zilliken - Degustation avec Dorothee Zilliken
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Degustation chez un caviste a Frankfurt, commentée par Dorothee Zilliken, 11eme génération exploitant le domaine, dont l’activité a commence il y a plus de 270 ans.
Quelques mots sur Dorothee: cette dynamique trentenaire travaille depuis quelques années aux cotes de son père Hans-Joachim dit Hanno, et de son grand-père (95 ans!) , après avoir fait ses classes auprès de divers domaines en Saar, mais aussi en Alsace chez Oestertag. Fiere de ses origines et du travail accompli par ses aieux, et afin de transmettre son patronyme, elle a convaincu son mari d'adopter son nom de famille, a savoir Zilliken, comme cela est possible en Allemagne. Elle insiste bien sur le fait qu’elle produit bien un „Saar“, avant de produire un vin de Mosel. Elle nous explique qu’une législation très précise les oblige a indiquer „Mosel“ sur l’étiquette, et „Saar“ seulement sur la contre-etiquette.
Quelques mots sur le domaine: en guise de rappel/complement des infos apportees par
Davidr
.
Si les premières traces de travail vigneron de la famille Zilliken remontent a 1742, le domaine a véritablement été établi dans la deuxième moitié du XIXe siecle par Ferdinand Geltz, alors surintendant pour les forets royales prussiennes; il fut par ailleurs le fondateur de l’ancêtre du VdP Mosel-Saar-Ruwer, connu a l’époque sous le nom de "
Vereins der Naturweinversteigerer Großer Ring„. Pour services rendus aux vins locaux, il lui fut donne l’autorisation, si j’ai bien compris, d’apposer son blason aux cote du blason de la ville de Saarburg sur les etiquettes de ses vins; ces 2 blasons sont aujourd’hui la signature grahique de la plupart des etiquettes du domaine. Le domaine ne prit son nom actuel - Forstmeister Geltz-Zilliken - qu’en 1947 lorsque Marianne, la petite fille de Ferdinand, épousa Fritz Zilliken.
Aujourd’hui, ce domaine membre fondateur du VdP, s'etend sur 11 hectares, avec 2 parcelles très differentes de par leur taille et leur positionnement:
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Saarburger Rausch: 10 hectares a forte pente, un sol compose d’ardoises (basalte) issues de roches volcaniques, dont les racines des ceps pénètrent a près de 10 mètres de profondeur. Minéralite et élégance sont 2 caractéristiques notoires de ce terroir.
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Ockfener Bockstein: 1 hectare a très forte pente, un sol compose de quartz et de craie. Des vins plus affables en jeunesse que ceux issus de la parcelle du Saarburger Rausch.
A noter:
Aucun achat de raisin, même pour la production du Gutswein.
Pas d’ouillage, car selon Dorothee la cave est assez humide - la plus profonde de la vallée de la Saare, 11°et 85% d’humidité permanents - et il n’y a pas ou peu d’évaporation.
Vinification complète en futs hormis un passage en cuve de quelques heures post pressage.
Quelques mots rapides sur 2013: rendements habituels moyens entre 40 et 50HL/ha, et pour 2013: 24HL/ha, et biensur bien moins sur les Spätlese & Auslese. Production de 70 000HL/ an en moyenne. Par ailleurs, il n’y aura pas de GG en 2013 puisqu’une maturité un peu faiblarde a conduit a vendanger près de 3 semaines après les dates autorisées par le VdP (merci de corriger si j’écris une ânerie réglementaire).
Les vins sont exportes en majorité vers les pays nordiques, clients historiques, et vers le Royaume-Uni. Dorothee souligne un intérêt soutenu et récent de la part des pays européens historiquement producteurs de vin, notamment en France et en Espagne, dont les consommateurs semblent apprécier des degrés alcooliques moindre, d’après le retour des distributeurs locaux.
9 vins et une surprise, dans l’ordre de dégustation / prix affiches chez le caviste
2013 Zilliken Riesling Trocken QbA 9,50€
7-8Gr de sucres résiduels
Nez sur la poire williams, c’est frais, floral, une pointe de prune caramélisée. Assez fin, un nez qui rappelle naturellement le cépage sur les hydrocarbures.
La bouche est fine et ronde, un peu trop même, car le vin manque un peu de tenue a mon gout. L’équilibre reste correct en étant toutefois porte sur le fruit, les physalis notamment en milieu de bouche. Finale légèrement saline avec une pointe d’amertume. Un nez plus interessant que la bouche, un vin d’apéritif,
Bien.
2012 Saarburg Rausch Riesling GG 30€
Premier nez sur le fume, la noisette fumée, le cote pétrole apparaissant a l’aération, ainsi qu’un cote pâte feuilletée sortant du four, et le bâton de réglisse. Sensation éthylique notable.
Si l’alcool prend rapidement le dessus en bouche, la tension est agréable, en finesse mais le tout est encore assez fermé. Tout d’abord decu, le vin est un peu plus causant en y revenant 3 heures après ouverture mais encore un cran en dessous de ce que l’on peut en attendre, il reste un peu simplet et peu expressif. Legere salinite en finale, de longueur correcte.
Bien - en l'etat.
Dorothee nous informe que leur GG peuvent souffrir de phases de fermetures en jeunesse - rien d’étonnant a cela - mais plus surprenant, vers les 7-9 ans également, pour se reouvrir pleinement après 10 ans.
2013 Zilliken Riesling Butterfly QbA 9,50€
Etiquette plus commerciale, cette cuvee existe depuis 2002 (6000 cols), et semble remporter un franc succès qui a pousse le domaine a produire 15 000 cols/an depuis en moyenne.
Un nez rond, sur le fruit: l’abricot, la poire mure, le raisin. L’aération renforce le cote poire. Dorothee le decrit dans une finesse et une élégance notable, d’ou le nom „Butterfly“ (papillon) suggéré par le critique anglais Stuart Pigott, spécialiste des vins allemands. Je suis moins enthousiaste.
En bouche, on est toujours sur un registre de fruits blancs frais, avec un cote floral. Un vin tres fruite de l’attaque a la finale, le sucre se révèle en milieu de bouche, sans être toutefois tapissant, mais le tout perd un peu en finesse.
Bien pour la table, pas mon style de vin.
2013 Ockfen Bockstein Riesling Kabinett VdP Grosse Lage 14€
50 gr de sucres résiduels.
Nous passons sur la plus petite des 2 parcelles. Un aspect floral au nez contrebalance par une tension presque nerveuse, sur la pierre mouillée, mais aussi le bois sec.
La bouche tranche egalement avec les précédents vins, nettement plus minérale, même si le sucre est notable, sur le litchi et les fruits exotiques, le tout dans un équilibre subtil et élégant. Finale surprenante sur le jus de raisin, de belle longueur,
Tres Bien -
Pour la table, Dorothee conseille un mariage avec un curry, un chili ou autre plat relevé.
2012 Saarburg Rausch Riesling Spätlese VdP Grosse Lage 22€
Environ 100Gr sucres résiduels.
Retour sur la parcelle la plus importante, avec un nez sur la peau de pomme fraiche, la sensation d’hydrocarbure est notable, sur le cote plus plastique que pétrole, mais pas dérangeant; c’est surtout d’une precision redoutable, net, un vin tres „Olympique de Marseille“, c’est a dire droit au But, le tout emballe dans une enveloppe de finesse, presque caressante. La bouche est sur la même lancée, profonde et complexe, aérienne même, sur un festival de fruits exotiques, la mangue, l’ananas, la maracuja…le saut qualitatif est notable. L’ensemble donne une superbe impression de justesse malgré la jeunesse. Superbe finale, longue sur des notes pétrolees.
Excellent, difficile a recracher, j’encave au vu du super RQP! Et j’oublie sagement en cave, en espérant en avoir la volonté…
Pour la table, Dorothee le conseille en apéritif (pas pour moi car il est difficile de faire passer des vins plus secs ensuite) ou sur des fromages de chèvre bien secs, accord plus avantageux AMHA.
2010 Saarburg Rausch Riesling Spätlese 25€
Nez très hydrocarbures/plastique, fruits, mais moins précis que le 2012 précèdent; des notes de pain noir toasté, mais globalement beaucoup moins expressif.
En bouche, une sucrosite tapissante, malgré une haute acidité, grosse matière, une longue finale sur l’abricot séché et les raisins secs, pour un vin beaucoup plus massif que son petit frère 2012. Pas vraiment encore accessible, il fait figure de mastodonte pour une année 2010 exceptionnelle aux dires de Dorothee.
Bien + seulement en l’état, prometteur mais clairement a attendre afin qu’il recouvre une finesse le rendant plus abordable.
Futur TB+?
2012 Saarburg Rausch Riesling Auslese VdP Grosse Lage 40€
Bel équilibre au nez entre tension et sucrosité, d’une fraicheur et d'une légereté étonnante au vu de son pedigree, fruité sur le pamplemousse, délicat et précis, mais aussi assez compact. Legere touche vanillée, j’imagine que le nez se détendra un peu avec les années.
Compacité en bouche également, ou l’équilibre est la mais le vin en retrait: c’est un peu monotone de tension, malgré un milieu de bouche avec des pointes d’abricot. Heureusement, la finale, complexe, longue et gourmande, délicatement petrolee, revigore le dégustateur, avec des notes florales sur le thé.
Tres Bien - avec une prime pour un nez séducteur, mais une bouche inégale en l’etat. En attendant un TB+/Excellent avec la patine des années? Je pose la question ouvertement a Dorothee, et la Surprise:
1995 Saarburger Rausch Riesling Auslese
Bouteille ouverte au debotte par le caviste, de sa réserve personnelle, je devrais poser des questions plus souvent moi !
La couleur est dorée mais relativement claire pour un vin de bientôt 20 ans.
Au nez: quelle finesse! Des notes profondes d'hydrocarbures bien intégrées, davantage petrolees que plastique cette fois ci. Complexité enchanteresse sur la mandarine, le citron vert, un superbe bouquet profond et délicat. Quelques notes fumées, et d’herbes séchées.
La bouche joue sur le même registre de complexite, avec un cote aérien, legerement crémeux rendant la bouche savoureuse et d’une buvabilite diabolique. C’est pleinement ouvert, la rétro laisse apparaître de discrètes notes d’hydrocarbures nous renvoyant a l’ADN du vin, la encore avec un certain volume mais sans aucune lourdeur.
TB+/Excellent et je ne recrache PAS!
2010 Saarburg Rausch Riesling Auslese Goldkapsel 75€
Environ 150gr de sucres résiduels.
Difficile de passer après la quasi star de la soirée…meme avec un pedigree comme le sien, et qui ne decoit pas.
Un nez divin, complexe, profond, noble, équilibre parfait, expressif déjà, et d’une fraicheur envoutante. En bouche, le fruit jaune mur est interminable, c’est très précis, superbe d’intensité, de concentration et surprenant de légèreté. Un vrai bonbon! Mes notes sont succinctes car j’ai laisse tombe le stylo au profit de mon égoïste plaisir.
Excellent déjà, Superbe a coup sur dans quelques annees…je craque et j’encave. Dorothee nous avoue a ce moment son faible pour les grands vins de J.J Prüm. N’ayant approche qu’une seule fois cette maison, qu’est ce que ça doit être un Prüm au plus haut niveau ?!?!?
Gin F Ferdinan'd
Dernière approche, qui gâche un peu la fin soirée en ce qui me concerne, sur un Gin élaborée en partie avec quelques fragments - en fin de process - de Spätlese 2009 (horreur! scandale!) en association avec un distillateur local. Le nom choisi est en hommage au fondateur du domaine.
Le nez est assez fin, surprenant même, sur la lavande; la bouche est bien entendu amère, sentiment exacerbe par une dégustation de Gin pur.
C’est interessant intellectuellement, mais du point de vue gustatif, gouter un Gin pur relève du sacrilège après tant de jolies choses, surtout que j'avais bien l’intention de me resservir
Vite, du fromage du pain, un bain de bouche au QbA/GG/Spätlese n’importe quoi que je récupère ce palais laisse aux vestiaires…quelques minutes, plusieurs „bouchées“ recrachées facon bain de bouche Elmex ainsi qu’un chèvre et un livarot pas piques des hannetons ont remis mes papilles sur le bon chemin.
Un grand merci a Dorothee Zilliken pour son temps, et pour sa passion communicative, qui n'est peut etre pas etrangere au fait que j’ai nettement mieux goute ses vins qu’en début d’année. Je compte bien me souvenir avec une larme a l’oeil de ces découvertes dans 15-20-30 ans lorsque j’espère avoir le bonheur d’ouvrir mes achats de ce jour…
PS: J'espere ne pas m'etre trompe dans le report chiffre des sucres residuels, question que Dorothee a aborde tres rapidement en fin de degustation.