Mr Müller était il y a quelques jours sur Oslo afin de présenter les vins du millésime 2010 en comparaison avec quelques vieux millésimes pour mieux cerner l'évolution de ses vins. Une excellente soirée.
Néanmoins, j'ai été extrêmement déçu par l'organisation. Des verres de qualité médiocre digne d'un ballon de comptoir. Je demande pas des Riedel Sommeliers mais un minimum de qualité. 3 verres uniquement, il nous était quasi impossible de comparer les différents vins.
Une dégustation au pas de course où il m'était difficile de me concentrer sur les vins et écouter Mr Müller, en même temps partager nos impressions autour de la table. Désolé, je suis un pauvre mec incapable de faire plus d'une chose à la fois.
Dommage qu'une soirée placée sous le signe du bonheur gustatif soit gâchée par un manque de professionnalisme aussi flagrant.
Revenons en au plus important, les vins.
Kanta 2008
Ce vin provient d'une aventure d'Egon Müller en Australie dans la région des Adelaïde Hills.
Le nez est assez intense avec un fruit mûr mais plein de fraîcheur à la fois, arômes de crème fleurette, citron, légères notes terpéniques. La sensation de pureté domine.
En bouche le vin est moyennement puissant, rond où l'acidité reste sous la matière est n'est pas au premier plan. Les fruits frais dominent dans la bouche avec de la poire et du citron. Bonne longueur.
Un des meilleurs rieslings australien que j'ai pu déguster même si mon expérience est limitée. Par contre à 18€ la bouteille, le rapport qualité/prix n'est pas en sa faveur.
Scharzhof - Qba 2010
Couleur très pâle brillante avec des reflets verdâtres.
Nez plus intense et plus profond que le vin précédent avec des arômes de fleurs d’acacia, pommer verte, poire et touche végétale.
En bouche le vin est léger avec une acidité tranchante accentuée par un léger perlant. Le sucre résiduel permet de bien balancer la fraîcheur même si il y a un manque d'unité. Bonne longueur sur les mêmes arômes que le nez.
Bien mais l'acidité pourrait en rebuter quelques uns.
Scharzhofberger - Kabinett 2010
Le nez s'intensifie par rapport au vins précédents et nous montons en grade dans la qualité, la profondeur du vin s'accentue également. Beau nez sur la poire, pêche blanche, fleurs blanches, relevé par une touche épicée et de fumé. La pureté est superbe.
La bouche est légère, délicate avec une acidité plus mûre que le Qba. Elle est aussi plus cachée par le sucre. Mais avant tout l'harmonie du vin se ressent avec un touché soyeux. Très belle longueur sur ce fruité si pur.
Très bien
Scharzhofberger - Kabinett 1990
Nez intense, ouvert avec beaucoup de profondeur. On sent des notes de pains grillés, de toast beurré, légère touche terpénique, fruit mûr de type abricot, mandarine. Fumé délicat qui enrobe le tout. Une impression à la fois de chaleur avec cette odeur de toast et d'austérité avec ce schiste mouillé. Quel bel équilibre entre le feu et la pierre glacée.
La bouche est un modèle de délicatesse avec un touché crémeux, soyeux. L'équilibre est superbe avec une sensation aérienne. Cette fois-ci l'acidité est en parfaite harmonie. La finale se ressent sur des notes salines, superbe amertume délicate qui donne de la structure au vin. La longueur sur le pain grillé est phénoménale. La pureté de ce vin est remarquable.
Excellent. Du grand art.
Scharzhofberger - Spätlese 2010
Difficile de passer après un monstre comme le kabinett 1990. Le nez est fermé avec des arômes délicats sur la pêche de vigne, citron mûr, végétal noble. Un vin cristallin.
Le vin en bouche est moyennement puissant. La sensation sucrée domine les débats cette fois-ci et l'acidité est tranchante également. Il manque à l'heure actuelle de l'harmonie mais le potentiel est là. La finale est marquée par une amertume qui permet au vin de rebondir. Superbe longueur sur le fruit du nez.
Très bien.
Braune Kupp - Spätlese 1994
Nez ouvert sur des notes de pétrole, botrytis, champignon et pain grillé. On va retrouver du fruit de la passion, abricot (presque confiture). Ce vin présente le moins de pureté au nez. Il reste néanmoins superbe.
La bouche est assez puissante avec une superbe harmonie entre le sucre et l'acidité. Difficile de séparer l'un de l'autre tant l'unité semble parfaite. Le vin possède aussi une superbe amertume qui donne un côté presque tannique au vin que je trouve magnifique. Très belle longueur.
Très bien mais bien en deçà du kabinett 1990.
Scharzhofberger - Auslese 2010
Le nez est très intense d'une pureté incroyable. Une sensation d'eau de roche se dégage du vin même si le profil aromatique du vin reste sur le fruit. Poire mûre juteuse, mandarine, citron, fleurs jaunes. Quelle transparence !
En bouche, c'est une explosion d'arômes que je n'avais jamais ressentie, c'est d'une puissance inouïe. Cela reste similaire au nez et une de fois de plus c'est cette pureté qui est vraiment bluffante. Une précision diabolique ! L'équilibre est magistral entre matière très concentrée et acidité importante. Du haut vol avec une élégance qui reste le maître mot. La longueur est évidemment exceptionnelle.
Excellent, du grand art une fois de plus.
Scharzhofberger - Auslese 1999
Le vin est cette fois-ci fermé et le contraste avec le 2010 est saisissant. Odeur de crème à la vanille, glace à l'abricot, mandarine. En arrière plan, des épices douces et du fumé donnent du relief.
La bouche est crémeuse, les éléments sont intégrés avec la pêche jaune, abricot et crème à la vanille. Finale saline et fine amertume. La longueur est superbe.
Très bien mais on sent un vin introverti.
En conclusion, une superbe série avec un dénominateur commun à tous les vins : pureté et transparence. Jamais je n'avais ressenti cela avec tant de force. On retrouve toute la délicatesse des vins de la Saar.
Ce fût l'occasion de déguster 2 très grands vins : Scharzhofberger kabinett 1990 et auslese 2010. Ce terroir du scharzhofberg fait partie des toutes meilleures vignes de riesling. Et le domaine Egon Müller le magnifie. La différence entre le scharzhof Qba qui est un assemblage de parcelles, le Braune Kupp et les scharzhofberg était ce soir là saisissante.
Une soirée magnifique entachée malheureusement par une organisation approximative.