Pour info, une petite synthèse que j'ai publiée dans un autre contexte :
"[size=large]Aperçu de la législation[/size]
Aujourd’hui jugée par d’aucuns comme inadaptée ou insuffisante à indiquer et certifier la qualité des vins de haut niveau, la loi de 1971 fut considérée comme un progrès important lors de sa promulgation. Dans un pays septentrional, on peut en effet comprendre que la préoccupation principale soit d’obtenir de bons degrés de maturité et que le niveau des vins soit fondé sur ce type de critère. Mais ceci vaut essentiellement pour une viticulture de masse peu regardante sur les rendements, ceux-ci ne font d’ailleurs l’objet d’aucune contrainte.
Ce point a fait néanmoins l’objet d’un amendement ultérieur (en fonction de la future législation européenne) mais les rendements prévus (entre 80 et 110 hl / ha pour les vins de qualité) ne sont pas gage de grand progrès.
En dehors de ce créneau, le terroir, surtout dans sa composante « exposition », est d’une importance capitale. Or, à défaut de hiérarchiser les origines géographiques, celles-ci n’ont qu’une valeur subsidiaire factuelle qui ne sera « parlante » que pour quelques connaisseurs : aucun attribut ne permet, en soi, de savoir si la dénomination revendiquée correspond à une parcelle déterminée de grande qualité par sa situation et ses caractéristiques ou à un assemblage de vignobles communs dans une vaste région. Cette démarche fait clairement fi des efforts de classification entrepris dans plusieurs régions bien auparavant. L’ajout d’une dégustation d’agrément obligatoire n’est un pas en avant que si les critères d’obtention sont sérieux : c’est sans aucun doute le cas mais ce système se heurtera toujours à des contingences économiques.
La hiérarchie de base
Elle comporte 3 niveaux de vins d’appellation :
Landwein : vin simple, sec ou demi-sec, provenant d’une des 26 régions reprises dans la loi (mais sans rapport avec les 13 « Anbaugebiete »).
QbA (Qualitätswein bestimmter Anbaugebiete) : La traduction française est « vins de qualité d’une région déterminée ». On fait référence ici aux 13 régions viticoles allemandes (voir carte p.5). Ces vins doivent répondre à des critères de degré, variables selon cépage et région, et peuvent (dans certaines limites) être chaptalisés. La qualité est très disparate.
QmP (Qualitätswein mit Prädikat ou Prädikatsweine) : il s’agit des vins de qualité avec « label ». Les conditions de production sont nettement plus strictes et la chaptalisation est interdite. Ces vins peuvent être secs (trocken), demi-secs (halbtrocken), doux (lieblich) ou moelleux à liquoreux (süss). On compte six labels différents qui répondent à des exigences croissantes de degré naturel plus élevées que les QbA mais également variables selon cépages et régions. Voir tableau plus détaillé page suivante.
Découpage géographique
Les 13 « Anbaugebiete » (régions viticoles) sont découpées administrativement en « Bereich » (secteurs), ceux-ci en Grosslage (vignoble local) et enfin ces derniers en « Einzellage » (cru individualisé) . En principe, la qualité va croissante.
Les attributs « satellites »
Depuis le millésime 2000, la loi a prévu deux attributs spécifiques pour les vins au profil gustatif sec pour marquer davantage leur typicité régionale (caractère surtout lié au cépage) et leur qualité intrinsèque.
Classic : degré minimum de 12 % vol (Mosel : 11,5) et SR limités à 15 gr / lit. Ce sont en principe des vins de cépage sans mention de cru (Lage) où l’on cherche à obtenir un rapport sucre / acidité aimable.
Selection / Reserve: les degrés exigés sont légèrement supérieurs (12,2% naturel), le vin doit être sec (au sens strict : 9 gr /lit. SR maximum) et surtout on limite les rendements à 60 hl/Ha. Ces vins mentionnent le cru dont ils sont issus.
Les dénominations officieuses
Toutes les autres dénominations sont tolérées mais n’ont pas de véritable existence légale.
On peut citer pêle-mêle :
RS—Rheinhessen Silvaner
Selection Rheinhessen
DC Pfalz
Riesling S (en Moselle)
Charta (en Rheingau)
Un cas particulier est celle de « Grosses Gewächs » introduite par le VdP en 2002 (voir paragraphe consacré)
Dénominations libres
On pourrait les considérer comme des attributs "libres". Il arrive souvent que pour distinguer différentes cuvées, le viticulteur utilise sa propre hiérarchie qualitative. A cette catégorisation correspondent les notions de "Goldkapsel" / "lange Goldkapsel" pour attester des cuvées les plus qualitatives ou une hiérachisation par voie d'étoiles.
A noter que la notion de "Versteigerungswein" répond à une circonstance spécique qui n'a rien à voir avec ce qui précède. Elle signifie simplement que le prix final de la cuvée sera fixé en fonction de celui obtenu lors d'une vente aux enchères. Mais il est clair que les cuvées qui sont proposées à cette vente sont toujours parmi les plus qualitatives de leur catégorie.
Vins secs : critères officiels
En Allemagne, les notions de vins secs, demi-secs, etc … répondent à des normes précises de quantité de sucre résiduel. Trocken (sec): max. 4 gr/lit ou 9 gr/lit si l’acidité n’est pas inférieure à 2 gr de moins. Halbtrocken (demi-sec) : 12 gr/lit ou 18 gr si l’acidité n’est pas inférieure à 10 gr de moins. Lieblich (doux) : max 45 gr/lit. Süss (moelleux à liquoreux) ; plus de 45 gr/lit.
Amtliche Prüfungsnummer
Tous les vins allemands de niveau QbA ou supérieur subissent un contrôle officiel de conformité pour obtenir l’agréation. Ce contrôle est à la fois technique (analyse chimique) et organoleptique. Ce dernier porte sur les arômes et les saveurs (« Geruch » und « Geschmack » ainsi que sur l’harmonie générale du vin. Chaque critère doit obtenir au moins une cote de 1,5 pt sur 5 pour que le vin soit accepté.
La structure du numéro est la suivante : 2 577 050 10 02
La séquence se détaille comme suit : région / commune / domaine / n° de rang d’embouteillage / année de dégustation.
Dans l’exemple (Cru concerné : 2001er Brauneberger Juffer Sonnenuhr Auslese—Weingut F.Haag), 2 = Moselle; 577 = Brauneberg; 050 = Fritz Haag; 10 = mise n°10 (dans ce cas-ci foudre n°10); 02 = dégusté en 2002.
La référence à un numéro fait donc référence à une mise spécifique qui peut correspondre à un foudre, fût spécifique (il existe une pratique courante consistant, si le jeu en vaut la chandelle, à isoler ceux-ci pour leurs qualités propres)
Les six labels (prädikat)
Kabinett : une traduction du terme ne signifie rien de tangible quant au style de vin (voir le chapitre Rheingau pour l’origine). Il s’agit de vins légers et fruités, désaltérants avec toutefois suffisamment d’extrait pour tenir quelques années en cave. Le degré minimum se situe entre 67 et 82° Oe selon cépage et région.
Spätlese : en principe, il s’agirait de raisins récoltés plus tardivement. Ce n’est pas toujours le cas puisqu’en réalité, le critère effectif d’attribution du label reste la teneur en sucre du jus : entre 76 et 90° Oe. On fait cependant implicitement référence à une pleine maturité des grappes. Les vins sont clairement plus riches et plus amples avec un fruité marqué.
Auslese : autrement dit, « vendange sélectionnée ». Les exigences en matière de richesse de moût se situent entre 83 et 100° Oe. Sauf si le vin est vinifié en sec, on se trouve face à des crus comportant une importante (mais variable) teneur en sucres résiduels. En Moselle surtout, il n’est pas rare de trouver plusieurs déclinaisons d’une même appellation avec des profils gustatifs très différents en fonction de la richesse du vin et de la présence ou non de raisins atteints de botrytis noble.
Beerenauslese : seuls les raisins particulièrement riches en sucre sont sélectionnés pour constituer la matière première. Le degré exigé se situe entre 110 et 128° Oe. La pourriture noble est la plupart du temps présente mais ce n’est pas une exigence formelle car des baies simplement sur-maturées (ou passerillées sur pied) peuvent parfaitement être reprises surtout si les conditions climatiques ont empêché la présence de botrytis. Les vins ont toujours un profil liquoreux intense et riche.
Trockenbeerenauslese : c’est le degré ultime de maturité et de concentration avec des degrés naturels entre 150 et 154° Oe. Et une pourriture noble omniprésente. Si le beerenauslese peut s’apparenter à une « sélection de grains nobles » , on parlera ici de « quintessence de grains nobles ».
Eiswein : les raisins doivent être équivalent en richesse à un beerenauslese sans être atteints de pourriture noble et être récoltés et pressés par temps de gel (-7°C). La concentration extrême des sucres et de l’acidité leur confère un profil plus élancé et plus salivant que les beerenauslese."
J'espère avoir ainsi synthétiser un peu la question (et j'écris sous le contrôle de David - qu'il n'hésite pas à corriger ce qui devrait l'être !)
Pierre