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Catherine et les garçons : Espagne Rioja Ribera del Duero et invités

  • daniel popp
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Catherine et les garçons : Espagne Rioja Ribera del Duero et invités.

Second volet de nos dégustations ibériques, celle là nous a à nouveau enchantés, tant par la qualité des vins, à une bouteille près, que par les accords où la brigade rompue à nos agapes et à la cuisine, s’est à nouveau dépassée. Bravo !

blancs

1 Jerez fino El Maestro Sierra.
petites seiches aux fèves et piment, à la plancha

Le nez me rappelle tout ce que j’adore chez un fino si adapté aux tapas : la pomme verte, l’amande fraiche, la noix, les champignons séchés, tous adossés et stimulés par une fraicheur saline qui les réunit en une seule fragrance intense.
C’est en bouche que le coté sec sec sec des amers pleins et tendus se révèle savoureux, presque fruité, tant la tension exacerbée respecte le dit fruit parfaitement accordé au gout combiné de la seiche, des fèves et du piment.

2 Rioja Artadi Vinas de Gain 2011.
daurade au fenouil et jus de bouillabaisse

Le nez étonne et séduit par sa combinaison d’arômes : du fruit (poire, citron), une empreinte balsamique tirant vers la cire d’abeille, mêlée à des senteurs d’herbes mentholées, une touche de brioche grillée. Le tout joliment équilibré par une fine acidité.
La bouche prolonge ces impressions par son jus gourmand délivrant des amers un peu fumés s’accordant à merveille avec le fumet du jus de bouillabaisse.

3 Rioja Benjamin Romeo Predicador 2013.
id

Ce vin se goûte vraiment différemment du précédent (les 49% de viura -100% sur le premier – auxquels se rajoutent 40 % de grenache et 11 % de malvoisie, y contribuent probablement). Il s’en dégage surtout une impression plus fine, plus subtile, qui en comparaison, rend le premier, si bon soit il, un peu plus monocorde. Le nez, complexe à souhait, dégage un sentiment d’harmonie. Comme si tous les éléments aromatiques décrits sur le vin précédent, réunis à nouveau ici, avaient plus de présence, de précision, de réglage fin, d’ambition au final.

C’est le même souci de précision, de finesse que l’on retrouve en bouche : le joli toucher annonce la texture savoureuse, ample, profonde, finement tendue ; les amers étirés s’allongent à souhait. C’est un très bon vin, on sent l’ambition derrière, mais l’élevage requis se fait discret tout en apportant sa touche, c’est un blanc superbe.

4 Rioja Lopez de Heredia. Vina Tondonia Reserva 1996.
rizotto au safran, parmesan, gambas et fruits de mer.

Un vin merveilleux, qui, d’un millésime à l’autre, se révèle être un grand blanc hors mode, incomparable, unique. Facilité, paresse, et peu de temps surtout, m’engagent à reproduire un cr ancien qui tient plus d’un texte poétique que d’un compte rendu, mais qui rend compte à nouveau des impressions à nouveau ressenties.

Nez incroyablement complexe et fin, où les arômes se révèlent par strates superposées, évoquant une malle à tiroirs d’odeurs. Plus qu’une énumération de fruits, fleurs et compagnie, les mots d’élégance, de cachet, de noblesse, de subtilité, d’ineffable caresse, cernent mieux mon ressenti. Comme si ce vin avait transmuté ses arômes en idées prenant corps dans un salon en vieil acajou dont l’ odeur mêlée à celle des livres précieux et au cuir du fauteuil séculaire, donnerait figure à ce nez aristocratique, racé, un peu précieux, inoubliable par son coté unique, résolument martien. Complexité vraiment folle dont les mots qui en témoignent, se pressent si nombreux, comme tombés d’un catalogue aux épices, qu’un nouvel inspir en forme de shoot les regroupant tous en une unique fragrance, impose le silence et le respect d’un monument que l’on fait tourner doucement dans le verre.

La bouche, tout aussi singulière, s’anime d’une énergie qui semble lui donner une jeunesse éternelle. A la fois filet d’eau vive et caillou poli sans cesse par les années qui passent. Si ce vin était une musique, j’évoquerais le soyeux d’un tapis de cordes parcourues de trilles, où le fil acide tiendrait la baguette qui porterait haut les amers faits cors. Mais c’est après la dernière goutte de la symphonie bue, que la vraie musique animant la musique, apparaitrait sous forme d’une persistance où les arômes et saveurs recueillis, écouteraient en silence, ce qui ne se laisse penser ou percevoir que sous la forme d’un arc-en-ciel les contenant tous entre gorge et palais.

rouges

5 Ribera del Duero Aalto 2011.
sauté de veau au chorizo

Le nez aussi fin qu’ample et profond, se révèle structuré. Les fruits rouges, le cuir, une empreinte empyreumatique entre cacao, café et caramel, une touche de vanille, s’ordonnent avec classe et gourmandise.
En bouche, le grain coulant et concentré rassemble son jeu de saveurs comme s’il s’approfondissait en son sein, tout en se déployant. Délivrant ses amers dont le caractère tient à leurs tannins si subtilement râpeux qu’ils en deviennent hautement civilisés. Le tout au service d’un jeu de saveurs fruitées assez diabolique qui s’allonge tant et plus. Un vin superbe dont l’équilibre harmonieux dégage beaucoup de fraicheur gourmande.

6 Ribera del Duero Vega Sicilia Unico 2005.
id

Le premier mot qui affleure du nez : précision. Suivi du mot éventail, tant cette impression de finesse parait s’ouvrir largement tout en restant concentrée : une dentelle d’arômes subtils et complexes entrés en unité. Ce qui impressionne, c’est de sentir combien l’acidité volatile, ici souriante, parfaitement maitrisée, souligne le caractère de chaque série d’arômes en les mariant harmonieusement : du fruité, à l’épicé, au torréfié, au balsamique, au mentholé, au résiné, au viandé. Face à une telle composition, toute en caresse et beauté, les noces sont parfaites

En bouche, c’est la même acidité volatile qui tient la feuille de route : le toucher satiné par des doigts de fée, un miracle de tension qui verticalise les tannins épicés, complexes, dont le relief et la longueur, au-delà des caudalies, se mesure avec le cœur. Alors que la persistance disparait sous l’horizon, le nez se repenche alors sur le verre pour un nouveau tour de féérie. Merci Olivier de nous faire partager à nouveau l’un de tes trésors.

Aalto, conçu par l’ancien directeur technique de Vega Sicilia, est un vin superbe, l’Unico portant bien son nom, fait vraiment passer dans une autre dimension.

7 Rioja. La Rioja Alta Gran Reserva 2001.
entrecôte grillée, pommes de terre sautées

Le nez fruité, complexe, subtil, vraiment exquis, rappelant à son niveau un grand Bourgogne assagi, dégage beaucoup de finesse et une impression reposante. Etonnant de constater à nouveau combien les arômes de fruits rouges, de cuir, de tabac, de chocolat à l’écorce d’orange confite s’ordonnent à nouveau autour du fil acide qui leur sert de gond. Impression d’une brassée odorante qui se déploie et vous caresse.
Jusqu’à descendre en bouche parcourue du même sentiment de beauté, d’harmonie, tant les saveurs s’articulent idéalement autour de leurs tannins fondus, avant que la dernière goutte bue, toujours éclairée de ce fil acide, marqueur de l’identité Riojane, ne délivre un amer merveilleux qui flotte en bouche comme un nuage dans le ciel, posé sur rien, mais dont la présence vous ravit.
Ah ppzet, comme tu as raison d’insister sur le fait que ce vin fabuleux, atteignant aujourd’hui son plateau de maturité, doit être attendu pour se gouter épanoui.

8 Rioja Lopez de Heredia Vina Tondonia Reserva 2001.
id

Quelques années ont passé depuis mon cr sur le même vin (www.lapassionduvin.c...). Le vin conserve au nez ce cachet un peu suranné, tout en subtilité et délicatesse sur fond de trame acide. Beaucoup de charme s’en dégage.
La bouche en demi-corps, structurée par le même équilibre acide sur fond de tannins épicés, exprime un gout subtil de fruit un peu confit (pruneau), de tabac blond, de cuir et d’épices orientales dégageant de fins amers pénétrés de volatile maitrisée, allongés à souhait. Dans une telle dégustation, forcément comparative quand les vins sont goutés en parallèle dans des verres différents (Riedel pour celui là, Zalto pour le Rioja Alta), ce vin n’a pas été à son avantage en comparaison du Rioja Alta (Gran Reserva, alors que le Tondonia est un Reserva). Deux géants du Rioja traditionnel.

9 Rioja Artadi El Pison 2010.
id

Le nez un peu serré, restant sur sa retenue de prime abord, impressionne par sa structure, son coté droit . Avec le mouvement du verre, le fruit se libère de ce coté concentré, un peu compact et finit par délivrer une impression de pureté, de fraicheur. De complexité aussi : cuir noble, bois d’acajou, réglisse, vanille tapissent le fruit bien mûr. De finesse enfin quand cette masse odorante finit par exhaler des arômes de petits fruits rouges et de tabac blond vraiment exquis.
La bouche est généreuse, puissante, concentrée, superbement contenue par sa structure et ses tannins, toute en volumes aériens et reliefs dynamiques dont l’écho parfumé savoureux flotte longtemps en bouche. Un superbe exercice de maitrise qui commence déjà à nous régaler. C’est encore bien jeune, mais quel potentiel à la mesure de ce que l’on peut attendre de la meilleure cuvée d’Artadi !

10 Rioja Bryan MacRobert. Laventura 2015.
fromages

Seule déception de la soirée, car à la suite des grosses références, cela pouvait être sympathique de gouter à l’aveugle, ce vin d’un jeune vigneron sud africain, installé dans la Rioja, loué de surcroit par Marie Louise Banyols, dégustatrice et sommelière réputée, qui avait poussé Catherine, première déçue, à me proposer cette bouteille.
Ce vin est transparent, pas mauvais au demeurant, mais sans caractère ni relief. Le nez ne dégage rien ou pas grand-chose de saillant qui flatte les narines. La bouche est plate, les tannins en manque d’inspiration, patinent dans l’asséchant. On espère que c’est un problème de bouteille, car l’autre soir, unanimement, on ne comprenait vraiment pas comment ce vin sans caractère, pouvait porter le nom de Rioja.

11 Rioja reserva Señorío de Libano Libano La Roma 1998.
id

Un vin mystère, offert à Jean Jacques par un ami qui l’avait acheté, il y’a bien longtemps, dans une cave madrilène. J’ai interrogé le domaine (passé de main en main) qui n’en a jamais entendu parler, questionné ppzet notre expert passionné et connaisseur, pas de réponse. Aucune info sur Internet, je redoutais le pire…
Au nez, on retrouve nos repères Riojan : un équilibre acide, du fruit, du cuir, des tannins structurant, le coté épicé, torréfié, balsamique, viandé, tous fondus en une seule fragrance dont les feux s’éteignent doucement, toujours éclairé comme un phare par ce fil acide qui lui donne de la tenue. On n’est pas dans le registre subtil, précis, complexe des vins précédents qui à 3 ans près, ont presque le même âge, mais en le regoutant, je trouve qu’une poésie s’en dégage.
Impression que la bouche confirme : derrière son toucher coulant, polissé, c’est vraiment l’acidité qui tient la baraque, confortée par des tannins arrondis, presque riants. A défaut d’être un vin qui vous transporte, ce vrai, bon, vieux Rioja Reserva, qu’il est temps de boire, exprime du charme et du caractère.

12 Pedro Jimenez Malaga Virgen.

gâteau au chocolat de Jean Paul Hevin.

C’est un Pedro Jimenez d’entrée de gamme, porteur de tout ce que j’aime. Déjà au nez, une impression de fraicheur, d’intensité fruitée apaisant l’alcool, délivrant un festival aromatique de fruits secs (figue, datte, écorce d’orange, de citron, noix , amande) enrobés d’un voile fin balsamique, entre résine de pin et cire d’abeille. C’est simple, mais très pur, très précis.
La bouche est grasse, tirant presque sur le sirupeux, mais la tension préserve l’équilibre du sucre et de l’alcool intégrés au fruit. On se régale et l’accord est divin. Mes impressions sont proches d’un autre Pedro Jimenez d’entrée de gamme que j’adore : « El Maestro Sierra » qui m’avait inspiré l’image d’un « pain d’épices liquide transmuté par les anges en nuage de caramel ».

13 Brandy de Jerez. Solera Gran Reserva. Bodega Rey Fernando de Castilla
.

Décidemment Olivier nous gâte, tant ce Brandy de Jerez s’est révélé le plus beau des compagnons pour clore cette magnifique dégustation. Ce que je retiens de ce nectar, c’est son coté gouteux, incroyablement complexe. La force de l’alcool (50 °) est non pas tempérée, mais magnifiée par son incroyable jeu d’arômes et de saveurs : un feu d’artifice d’amande amère, de noix, de café, de vanille qui embaume le verre de ses parfums, une fois vidé.
En bouche le shoot intense de l’alcool qui sur le toucher rappelle bien sa puissance, tient, comme replié sous le choc, le festival aromatique pour mieux le délivrer généreusement entre gorge et palais, et les parfumer de son haleine d’essence de café, longtemps, longtemps, longtemps. Je ne suis pas adepte des alcools forts surtout en fin de dégustation, mais là…Un fort des bras en alcool qui sait se faire subtil, presque tendre, un vin merveilleux.

Bon été à tous.

Daniel
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19 Juil 2020 22:51 #1

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Merci, Daniel, pour ce magnifique compte rendu.

Cordialement, Philippe.
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19 Juil 2020 23:00 #2

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