DONA BERNARDA, COLECCION PRIVADA, 2002, COLCHAGUA, LUIS FELIPE EDWARDS
Après le formidable 2001, voici le millésime 2002 de ce vin. L’assemblage est passablement modifié. Le Cabernet Sauvignon domine toujours, mais baisse à 65%, complété par 5% de Cabernet Franc, absent du 2001, et par un surprenant 30% de Petit Verdot en hausse de 25%. Exit le Malbec et la Syrah. Première fois que je goûterai un vin chilien, ou un vin tout court, contenant autant de Petit Verdot. Intéressant.
Belle robe sombre, brillante et légèrement translucide. Le nez est parfaitement dosé et exhale un très beau fruité noir de qualité, complété par un boisé subtil d’épices douces, que le vinificateur de LFE semble très bien maîtriser. Une touche d’humus très faible se développe avec le temps et une pointe minérale agréable complète l’ensemble. Très beau nez axé sur la finesse et la qualité. En bouche on se retrouve face à un vin gracieux, montrant des proportions idéales et encore une fois les mots qualité et finesse me viennent en tête. Le fruit, le bois, le volume, les tanins, la persistance tout est en harmonie. Pas question ici de faire de l’esbroufe, tout est limpide et le vin montre ses qualités sans forcer quoi que ce soit. Rien de végétal dans ce vin, seulement une expression fruitée intense et racée, agrémentée de notes boisées envoûtantes.
La cuvée Dona Bernarda donne un grand coup encore une fois. Le vin chilien comme vous ne vous l’êtes peut-être jamais imaginé. Pas un “blockbuster” à l’australienne ou à la californienne. Non. Un vin racé, avec de la classe. Quelque chose qui ressemble peut-être à un bordeaux de bon rang, issu d’un millésime favorable. Un millésime de maturité du fruit. Ce que certains appellent les bordeaux modernes, sans usage excessif du bois toutefois. Je ne sais pas vraiment car je ne m’aventure que très rarement dans les vins de Bordeaux de bon rang.
Ce vin me semble aussi bon que le 2001. Pour le savoir vraiment, il faudrait les déguster en parallèle. Toutefois, une chose est sûre, Luis Felipe Edwards a développé un style. Les cépages entrant dans l’assemblage semblent être choisis, selon les conditions du millésime, pour favoriser ce style. J’adore l’usage qui est fait de la barrique. Pas de notes torréfiées marquées, juste de fines notes épicées bien dosées. Pas de verdeur non plus. Il ne reste à ce vin qu’à faire ses preuves comme vin de garde. Mais il est tellement bon dès maintenant, que ça va être dur de patienter. Finalement, à 34 $, environ 20 euros, c’est une véritable aubaine face à l’offre mondiale.