Suite à une réflexion de Claude, je me suis penché de plus près sur la très bonne analyse faite par les guide des vins d'Amérique du Sud, le premier qui a vraiment cherché à comprendre les atouts et faiblesses de chacun.
Ceci est un début de constatation, pas une vérité universelle.
A la question de savoir ce qui rapproche l'Argentine et le Chili au niveau de la viniculture, je serai tenté de dire: presque rien, si ce n'est les Andes. En effet, à la lecture de différents articles, on semble se rendre compte que les points communs sont moindres et les différences bien plus marquées.
1) Géo-politique
"L'Argentine a un meilleur terroir que le Chili, la Californie, l'Australie ou n'importe quel autre pays du nouveau et même de l'ancien Monde. Mais elle a un problème sérieux: les Argentins". Cette phrase un peu provocatrice d'un oenologue international a le mérite de relever que la situation géo-politique des 2 côtés des Andes est aussi distincte qu'Atacama l'est de la Patagonie.
L'Argentine a vécu jusqu'à peu dans un contexte des plus défavorables: gouvernements démocratiques et millitaires favorisant a production de masse et de basse qualité, expropriation des domaines appartenant aux grandes familles, système administratif et bancaire peu adapté aux demandes du pays, abérations locales, complaisance de la police, actes de violence, de fraude et de vandalisme (raisins et bouteilles volés, fraudes sur les achats de raisin, etc), bref j'en passe des vertes et des pas mûres pour se rendre compte que pour produire du bon vin en Argentine, il faut avoir du caractère.
De l'autre côté des Andes, le gouvernement est nettement plus docile. Certe, une réformation agraire dans les années 60 a redistribué les cartes des vignobles, mais depuis une quinzaine d'années, l'industrie viti-vinicole peut prospérer sans intervention massive du gouvernement et en comptant sur des associations à l'export très professionnelles. De plus, la vie au Chili paraît plus simple qu'en Argentine, et ce sont parfois ces petits détails qui font la différence ....
2) Terroir
Le terroir argentin serait donc supérieur. Il est vrai que la plupart des domaines sont le long des Andes, en pentes douces, profitant de l'eau de la fonte des neiges pour prospérer. De climat continental, le vignoble est rafraîchi par le courant frais provenant de la cordillère. Le sol, principalement de nature profonde, pierreux aux origines alluviales permet une viniculture de haut niveau grâce aussi à sa pauvreté en matières organiques et une excellente permeabilité.
Toutefois, l'Argentine subit deux phénomène climatologiques aux effets souvent dévasatateurs que son voisin ne connaît guère: la grêle et le gel. Si l'on y ajoute un vent du type foehn et la présence de parasites comme l'araignée rouge, on se rend compte que le vosiin chilien est nettement mieux loti.
Parlons-en du voisin: la plupart des vignes sont encore au fond des vallées, sur des terrains fertiles aux origines divereses: volcaniques, alluviales, rocailleuses. Toutefois, de plus en plus de vignobles sont plantés sur des collines ou en bas des Andes, là ou la pente est faible, la perméabilité des sols excellente et la matière organique faible. dans n'importe quel autre pays, ces conditions auraient donné des vins sans intérêt, dilués, aux rendements pharamineux. Mais grâce au savoir-faire, à l'attention permanente et aux rendements maîtrisés qui sont apportés aux vignes, les vins sont de bonne qualité.
Les vallées chiliennes bénéficient d'un double-courant frais: celui des Andes et celui du Pacifique, ce dernier influençant le climat de la grande partie de la zone centrale. Le Chili est un pays aux micro-climats, chaque butte, colline ou dépression créant une condition particulière. De plus, le Chili a commncé à planter en coteaux, ce qui n'existe pas en Argentine.
En fin de compte, le seul point commun aux 2 pays est leur vulnérabilité aux tremblements de terre (et on se demande encore quel effet cela pourrait avoir sur la vigne).
3) Les domaines
L'Argentine est dominée par un grand nombre de petits domaines mais dont peu arrivent à sortir de l'ordinaire (pour les raisons sub-mentionnées). Les français et les italiens ont fortement investis ces derniers temps et on se risque à espérer des jours meilleurs, enfin ... plus stables.
La viniculture chilienne s'oriente autour de quelques grands domaines phares, avec un nombre croissant de "vinas boutique" tirant leur épingle du jeu, jouant sur quelques crus de haute qualité plutôt que sur une gamme de cépages dépassant la quinzaine. L'investissement français semble être une constante, mais le Chili intéresse aussi les américains.
4) Les cépages
Chaque pays traîne sa douzaine de cépages rouges et blancs, mais le focus a été différent. L'Argentine a remarqué que le Malbec argentin s'y plaisait à merveille. Pas le Cot de Cahors (il paraît que ce clône ne donne rien de probant), mais le Malbec, et celà est devenu son cheval de bataille.
Le Chili a depuis longtemps raffolé du Cabernet, ramené par des aristocrates vers 1850. On dit que la 2e patrie du Cabernet après Bordeaux, c'est au Chili. Il est vrai qu'il y donne des résultats excellents, même si aux antipodes gustatives de celui de Bordeaux.
Alors, Argentine et Chili dans la même cuve ..... je serais tenté de dire que ce sont leur différences qui les rapprochent ....
(bbb)