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Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Les employés ne tournent pas beaucoup dans le koji-muro. Le responsable du Koji est toujours présent, ainsi que le toji ou son assistant. Il faut deux employés de plus, et vu les conditions de travail (chaleur, charges lourdes) on prend plutôt les jeunes.
14 Nov 2012 23:31 #31

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Réponse de Eric B sur le sujet Re: 3/Le Saké en bref

On parle ICI de Sake, mais aussi d'un gâteau à base de "pressat de sake" (le riz écrasé après la fermentation du Sake)

Eric
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16 Nov 2012 08:13 #32

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Oui, le "kasu" (résultat du pressurage) est systématiquement récupéré et vendu pour être utilisé en cuisine!
17 Nov 2012 00:52 #33

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet aspect du Koji, les différents types de koji

L'aspect et la structure du Koji évolue tout au long du processus de fabrication.
En sortie de cuisson le riz est ferme et élastique, d'autant plus collant que son taux de polissage est élevé. Dès 55%, le riz colle déjà très peu ce qui facilite les premières étapes.
Lors du premier kiri-kaeshi, l'aspect du riz a très peu changé, il s'est simplement agglutiné. En revanche lors de la seconde opération, le riz est plus sec et présente un aspect blanc légèrement farineux. D'ailleurs, au cours du remuage manuel, une fine poudre d'amidon se dépose sur les mains, et se solidifie, surtout sur les ongles. A ce stade, une très légère odeur commence à se dégager du tas de riz, odeur que l'on pourrait rapprocher de l'eucalyptus.
Lorsque le bourgeon est rouvert, le grain de riz à quasiment pris son aspect définitif, les grains sont blanc cassé, d'un aspect rugueux et dégage une odeur de châtaigne.
Lors de la dernière opération, l'odeur du koji se complexifie, des notes de champignon de paris chauffé viennent s'ajouter à la châtaigne. L'aspect individuel des grains quand à lui est resté le même, en revanche le champignon s'est développé en surface du tas lui donnant un aspect cotonneux.
Le koji de bonne qualité écrasé doit donner une poudre. Certains grains translucides s'écrasent en formant une pâte. ceux ci sont de mauvaise qualité et le ration doit être le plus possible en faveur des grains blancs.

Selon la qualité du saké produit et selon le stade d'utilisation du koji, on recherche une qualité de koji différend. Aussi, les koji de qualité sont produits grâce à des tane-koji de grande qualité, beaucoup plus cher que les tane-koji classique. On ensemence également beaucoup moins ces koji et les opérations peuvent être légèrement modifié. L'attention porté à la température sera également supérieur.
Pour le koji de shubo (pour l'instant simplifiant en disant pied de cuve) on cherche un koji riche en enzymes diverses qui donnera en lysant une part importante des grain de riz un milieu nutritif pour le développement des levures.
A l'inverse pour le koji des étapes suivante et surtout pour le dernier, le tome-koji, on cherche un koji le plus pur possible en amylase.
La différence se fait par la zone de développement dukoji dans le grain de riz. Le koji se développant à la surface du grain (plus riche en lipide et protéines) produira un cocktail enzymatique alors que le koji se développant au centre du grain plus riche en amidon produira majoritairement des amylases, donnant un saké plus "pur".
18 Nov 2012 10:02 #34

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Bonsoir Michel
Merci encore de m'avoir emmenée à cette dégustation ! C'était une découverte passionnante !
Amitiés
Thien

Michel Grisard écrivait:
> Gautier,
> Je rentre de Paris. Je n'ai pas pris le temps de
> tout lire de ta correspondence.
> Je te promets de le faire au plus tot et de suivre
> ton séjour, via LPV.
> Mais, il faut que je te raconte, qu'hier soir,
> j'ai déserté ma table au Paul Bert, avant la fin
> de la dégustation des Pétavins, pour emmener Oliv
> , 10, rue St Augustin. Nous étions accompagnés par
> Thien qui a eu la gentillesse de nous y conduire
> en voiture. M Kuroda nous a reçu avec, comme
> toujours, son sourire et sa passion. Nous avons
> fait une dégustation de très nombreux saké. Mais
> cette fois, je ne conduisais pas de voiture, alors
> mes verres sont restés vides. Nous avons finis par
> le 15 ans d'âge, entre autres ces grands saké
> d'exception.
> Un très grand moment de partage et de dégustation
> dans ce monde qui m'attire et me fascine.
> Mais surtout, pour me faire pardonner de mes
> collègues vignerons de Savoie, j'ai apporté au
> restaurant le "Verre volé", une bouteille de
> Junmai Daiginjo "Nigorinama Dakuryu" de chez
> Tatenokawa. Un saké non filtré, non pasteurisé. Un
> saké que j'ai découvert hier soir, et qui me
> semblais le mieux adapté à une 1ère approche du
> monde du saké par mes amis vignerons. La bouteille
> à fait le tour de notre très grande table. mais il
> en est resté un beau fond de bouteille.
> J'ai associé ce saké avec mon assiette qui était
> un "lieu jaune" accompagné d'avocat et de fenouil
> juste poché, trés relevé en gout. L'accord est
> génial....

Thien
18 Nov 2012 19:09 #35

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Réponse de Michel Grisard sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Merci Thien.
J'ai pris autant de plaisir que toi, même si je connaissais, j'ai fais de nouvelles découvertes.

Merci Gautier pour toutes ces explications, c'est passionnant.
Découvrir le produit fini, c'est très bien, mais comprendre son élaboration, ça donne une autre dimension.

Amitié à tout les deux.
Michel.
19 Nov 2012 22:41 #36

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet 6/ La pasteurisation

Avant d'aborder (bientôt) les shubo selon les méthodes kimoto et sokujyo (a.k.a. "le vif du sujet") revenons sur la très pertinente question d'Eric. Car il est bien beau de partir à l'autre bout du monde pour découvrir un produit et ses méthodes mais cela reste bien inutile si l'on n'est pas prêt à remettre en question ses convictions.
Donc, petit précis sur la pasteurisation des Saké et au diable l'indexage pertinent des chapitres! (:P)
Tout d'abord qu'est ce que la pasteurisation? Il s'agit d'une technique de stabilisation des produits alimentaires qui consiste à chauffer un produit à une température donné durant un temps donné. Elle agit principalement sur les micro-organisme, mais également sur les différents éléments thermo-sensibles du produit traité. Plus la température est basse, plus le temps de traitement doit être long. Le couple temps/température appliqué varie selon les systèmes de pasteurisation. Certaines machines permettent une "flash-pasteurisation" très rapide (et donc à haute température) alors qu'une pasteurisation manuelle (à la bouteille) peut prendre environ 20min à une température d'environ 65°C.
Voyons donc l'impact de la pasteurisation sur les différents éléments qui nous intéressent:

Micro-organismes
La pasteurisation limite significativement leur nombre est réduit ainsi 1/le risque alimentaire (sujet important au Japon) 2/ Les risques de refermentation en bouteille, car beaucoup de sakés contiennent du sucre résiduel souvent jusqu'à 20g/L, et ne sont pas traité au SO2. Si le problème ne se posent pas vraiment pour les Genshu (non dilués, titrant souvent 18%) il pourrait en revanche se poser pour des sakés titrant 15%.

Enzymes
De par sa méthode de production, le Saké est riche en enzymes (rappelons le, les enzymes sont des protéines catalysant(=favorisant) des réactions chimiques), certaines susceptibles d'impacter fortement le profil aromatique ou la structure du saké, que ce soit par la formation ou la transformation de composés chimiques. Les enzymes étant dénaturés par la chaleur (comme toutes les protéines elle se déforment sous l'effet de la chaleur et leur configuration spatiale est un aspect vital de leur action), la pasteurisation les mets hors d'état de nuire.

Oxygène
Nous en venons à la question d'Eric. Je ne voyais pas dans un premier temps le lien entre oxygène et pasteurisation, il était pourtant sous mes yeux: les enzymes! En effets, les enzymes catalyse de nombreuses et diverses réaction dont certaines sont des réactions d'oxydation (coupez une pomme en deux, ou laissez un vin blanc sans sulfites à l'air libre pour voir l'action d'un type d'enzyme d'oxydation formant un composé brun). En dénaturant ces protéines, on impact bel et bien le rapport du saké à l’oxygène, et en effet, les Namazake (non pasteurisés) sont plus sensibles à l'oxydation et ne peuvent se conserver qu'environ une semaine une fois ouverts. De la même façon, ils ne sont pas utilisés pour des cuvées de Koshu (ou vieux Sakés, qui peuvent avoir jusqu'à 15 ans).

Conservation
L'impact de la pasteurisation sur le vieillissement des saké est donc bien existant, en revanche je reviendrai un peu plus tard sur le faible potentiel de garde évoqué plus haut. En effet pour le coup, la pasteurisation n'y est pas pour grand chose.

Arômes
La question n'est pas négligeable, dénature-t-on le gout du saké par la pasteurisation? Certains professionnels ballaient la question d'un revers de main, considérant l'impact négligeable. J'ai donc dégusté plusieurs sakés avant et après pasteurisation ainsi qu'un pool de saké non pasteurisé et ma réponse est sans équivoque, OUI la pasteurisation a un réel impact sur le profil aromatique des sakés. Les namazake sont plus fruités, séduisants et développent des notes de riz frais plus importantes. Toutefois, ceci n'est valable que pour la première pasteurisation. La "re-pasteurisation" qui à lieu à l'embouteillage des assemblage a, elle, un impact minime.

Je remercie donc Eric pour sa question qui m'a permis de me plonger plus précisément dans la question de la pasteurisation.

Gautier Roussille
22 Nov 2012 04:16 #37

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Réponse de Eric B sur le sujet Re: 6/ La pasteurisation

Je remercie donc Eric pour sa question qui m'a permis de me plonger plus précisément dans la question de la pasteurisation.

Et je te remercie encore plus pour cette longue réponse (tu)

Eric
Mon blog
22 Nov 2012 07:32 #38

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Réponse de DamienH sur le sujet Re: 6/ La pasteurisation

Super! Merci!

"Damien pour ce soir, va nous chercher une bouteille de précision à la cave."
Ma grand mère, 89 ans.
23 Nov 2012 10:54 #39

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Aparté:
J’espère à mon retour pouvoir organiser quelques dégustations dans différents lieux (notamment Parisien), pour ce faire je compte faire partir par bateau quelques bouteilles de Sohomare, si certains sont intéressés par quelques bouteilles, faites moi signe en MP, ca permettra de diviser les frais de port.
25 Nov 2012 23:45 #40

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet 7/ Le moto

Le moto (ou shubo) est la première étape dans le processus de fermentation. Si il devait avoir un équivalent en vinification ce serait le pied de cuve. En effet, l'objectif ici est d'obtenir un petit volume de moto, contenant un maximum de levures actives, prêtes à s'attaquer au gros du volume qui sera ajouté par la suite (cf. Soe, Naka et Tome, plus loin). Comme je le disais plus haut, il existe différentes méthodes de production du moto, nous nous intéresserons ici principalement aux méthodes Sokujyo en laissant de côté la méthode Yamahai. En effet si cette méthode était anciennement employée chez Sohomare, elle à été remplacé il y a 10 ans par la méthode Kimoto.

Dans tous les cas, la première étape, consiste à mélanger eau, riz et koji. Les enzymes du koji vont transformer l'amidon, les protéines et peptides du riz en acides aminés et en sucres, permettant le développement de levures qui permettront dans un second temps la transformation du riz en saké.

a- Méthode Kimoto
La méthode Kimoto se caractérise par le travail mécanique effectué sur les grains de riz.
Dans un premier temps, le riz, le koji et l'eau sont mélangé dans un hangiri (proportions approx.: 15%koji, 45% riz, 40%eau). On ajoute à ce mélange quelques minéraux qui permettent de compenser la douceur de l'eau japonaise (sel, magnésium, potassium). Selon les cas, le riz cuit est placé dans le hangiri en premier ou en dernier (il y à toujours quelques heures d’écart entre l'ajout du riz et des autres éléments). Après quelques heures de repos, le mélange est écrasé à l'aide de piges en bois. En deux fois 15 minutes de travail (4h de repos entre les 2 étapes), trois hommes par Hangiri transforment le mélange en une pâte grumeleuse.

Le lendemain, la pâte est transférée manuellement dans une cuve ouverte d'environ 5hL. Dans un premier temps, la cuve est placée dans une chambre froide à 6°C, cette température basse, ainsi que l'ajout de KNO3 évite le développement de levures. Les enzymes en revanche, restent actives, les grains de riz sont donc lentement dégradés, libérant dans le milieu sucre, acides aminées...etc. Des bactéries lactiques se développent alors naturellement et effectuent une fermentation lactique.

* aparté technique*
Il ne s'agit pas là d'une fermentation malo-lactique comme dans le vin (pas d'acide malique présent dans le riz) mais bien d'une fermentation lactique soit la transformation de sucre en acide lactique. Contrairement aux risque inhérents à la FML sur sucre dans le cas du vin, cette fermentation ne pose pas de problème, les bactéries présentes n'étant pas de la même famille que les bactéries de FML du vin.

Le travail des enzymes s'effectuent donc en parallèle de la FL et une partie des produit de leur action est consommé par les bactéries. Toutefois le bilan reste positif avec une augmentation du taux de sucre tout au long de la période. Les cuves sont homogénéisées manuellement chaque jour.
Après une quinzaine de jours, on obtient un moto très riche en sucre et en acides aminés, soit le lieu de développement idéal pour une levure. Les cuves sont alors déplacées dans une pièce légèrement plus chaude (8-9°C) et inoculés d'une levures sélectionnées (les levures feront l'objet d'un article spécifique). Le moto est réchauffé par l'utilisation de "daki"s (petite cuve refermable en acier inox de 18L) remplis d'eau chaude (65°C) et placés dans la cuve. En raison du milieu propice, le développement des levures est très rapide (2j, soit 3 dakis).

On obtient ainsi à l'issu d'environ 18jours un pied de cuve riche en levures et en acide lactique, prêt pour l'étape suivante "Shikomi".

Gautier Roussille
28 Nov 2012 10:55 #41

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Réponse de apoitou sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

On ne dit pas
"un petit volume de moto"
Mais
"un deux roues de petite cylindrée"
29 Nov 2012 17:43 #42

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Réponse de apoitou sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Gauthier,
Merci encore pour ce merveilleux récit.

Dans la première partie du "pied de cuve" où se produit en parallèle la dégradation des amidons en sucre et la fermentation lactique, le froid n'est pas bloquant ?
Et quelle est l'acidité à l'issue de cette étape ? Façon choucroute ? Et qu'est-ce qui inhibe la fermentation lactique, l'acide lactique ?

Alex6
29 Nov 2012 17:55 #43

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet Précisions sur la fermentation lactique

Merci à tous pour vos encouragements!
Avant de parler de la méthode Sokujyo, quelques éléments de réponse pour Alex:

-Le froid ralentit bien sur les réactions mais il ne bloque ni la fermentation lactique ni le travail des enzymes. Toutefois la température de 6°C n'est pas anodine car ces réactions pourraient également avoir lieu (et plus rapidement) à des températures supérieures. Il se trouve que les bactéries de la fermentation lactique du saké sont particulièrement résistantes au froid et se développent à 6°C, mais ce n'est pas le cas de la plupart des autres bactéries pour qui ces basses températures sont bloquantes. Si les cuves étaient placées à des températures supérieures, le milieu deviendrait propice pour d'autres variétés de bactéries, indésirables.

-Le pH en fin de fermentation lactique est compris entre 4 et 5. Pour rappel dans les vins il est généralement compris entre 3 et 4, et il s'agit d'une échelle logarithmique ce qui veut dire qu'un point de moins équivaut à 10 fois plus de protons (simplifions en disant acide) en solution. Après fermentation alcoolique, l'acidité à légèrement augmenté (donc e pH baissé, mais toujours compris entre 4 et 5) en raison de la production par la levure d'acide succinique et d'acide citrique. En bouche c'est donc frais et acidulé.

-La fermentation lactique est en effet tout d'abord inhibée par sa propre production d'acide lactique (Dans les fermentation que nous utilisons: lactique, alcoolique... les produits que nous recherchons sont des "déchets" du métabolisme des micro-organisme fermentataires. Ces produits inhibent en retour la fermentation, imaginez ces petites bêtes noyées dans leur déchets...) par la suite, c'est l'action levurienne qui prend le relais. Dans la lutte pour la ressource (sucre) les levures utilisées ont le dessus sur les bactéries lactique, de plus l'alcool, lui aussi à un impact négatif sur les bactéries, si bien que si un fond de fermentation lactique subsiste probablement durant la fermentation alcoolique, son impact est négligeable.

Hope this helps,
Gautier Roussille
03 Déc 2012 09:15 #44

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Réponse de Michel Grisard sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Merci Gautier, c'est super.
M Toshiro Kuroda doit venir à Grenoble pour le printemps.
J'ai convaincu Clément Bernard (La Balade des Terroirs) de déguster les Sakés, rue Saint Augustin, en novembre quand nous étions à Paris.
Il veut organiser une soirée. Et je pense en profiter pour organiser une dégustation à Lédiguière, pour la section sommélerie.
J'espère que tu seras de la fête!
Michel.
03 Déc 2012 22:07 #45

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet 7/ Le moto

b. Méthode Sokujyo
Tout comme pour la méthode Kimoto, la première étape consiste à mélanger eau, riz et koji (proportions identiques à la méthode kimoto cf. a.). Ici le mélange est directement effectué dans la cuve (environ 2hL, ouverte) car aucun travail mécanique ne sera effectué sur le riz. Dans un premier temps, on mélange le koji, l'eau et les sels minéraux, puis le riz est ajouté en sortie de cuisson, transporté à dos d'hommes par paniers de 15kg, et le mélange homogénéisé à main nue.
Contrairement à la méthode kimoto, on ne cherche pas à obtenir une fermentation lactique, et de l'acide lactique commercial est ajouté au mélange dans des proportions correspondant au niveau final d'acide qu'attendrait un moto kimoto en fin de FL. Pour la même raison (absence de FL), le milieu est immédiatement inoculé en levures et placé à 9°C.
Aucun travail mécanique n'étant effectué sur le mélange (contrairement à la méthode Kimoto), celui ci est hétérogène. Aussi, au cours de la première journée une cheminée métallique est placée au centre du mélange et vidée. Percée de petites ouvertures (qui laissent passer le liquide mais pas le riz) à sa base, cette cheminée permet d'avoir accès au liquide, à la base du mélange. Le riz, en surface, est arrosé plusieurs fois au cours de la journée, ce qui permet d’homogénéiser le mélange à la fois en levures et en enzymes.

Le deuxième jour, la cheminée est retirée et commence une phase de fermentation particulièrement délicate (problématique que l'on retrouvera dans l'étape suivante). En effet, le travail des levures et des enzymes s'effectue en parallèle. Il s'agit donc de gérer la rapidité de ces deux processus parallèles afin d’éviter que la fermentation s'arrête, faute de sucre. Concrètement, la température de fermentation est progressivement augmentée et la rapidité des réactions est suivi par la concentration en acides aminés dans le milieu (indicateur du rapport des rapidité d'action des enzymes qui produisent des AA à partir des protéines du riz et des levures qui consomment des AA pour former les protéines nécessaires au développement de leur population). Le chauffage des cuves est effectué à l'aide de petites chaufferettes, et les cuves sont homogénéisées quotidiennement à l'aide de petites rames en bois. La fermentation dure une quinzaine de jours. à son issues, le riz s'est plus ou moins dissous dans le mélange.

A bientôt, pour la suite, "shikomi".
Gautier Roussille
11 Déc 2012 11:45 #46

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Réponse de Vougeot sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

C'est toujours aussi passionnant, Gautier ! (tu)
La littérature francophone sur ce thème devant être, je suppose, inexistante, je pense que tu as-là de quoi écrire sacré bouquin.
Merci pour le récit de tes aventures.
11 Déc 2012 12:37 #47

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Réponse de DamienH sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

je plussoie Vincent... avec en plus une decription des divers crus, etc, tu pourrais poser les bases de ce savoir en français.

"Damien pour ce soir, va nous chercher une bouteille de précision à la cave."
Ma grand mère, 89 ans.
11 Déc 2012 12:42 #48

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Réponse de apoitou sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Et en plus de te fendre de longues narrations, tu gratifies le lecteur de réponses précises et détaillées à ses questions !! Admirable.
Tu ravives les couleurs et offre un sacré dépoussiérage à ce mot "partage" qui peuple les pages de ce forum. Merci.
Alex6
11 Déc 2012 14:11 #49

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Réponse de FRGO sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

apoitou écrivait:
> Tu ravives les couleurs et offre un sacré
> dépoussiérage à ce mot "partage" qui peuple les
> pages de ce forum. Merci.

Pour ceux qui le connaissent, Gautier est synonyme de partage...
14 Déc 2012 17:11 #50

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet 8/San-dan Shikomi

Merci pour tous ces commentaires plus que positifs :)-D [size=x-small] François, comme on eu dit: "Monsieur, vous en êtes un autre!" ;)[/size]
Concernant la possibilité de faire un livre, c'est du boulot mais j'y pense!
Reprenons donc nos aventures avec le Shikomi, ou plus précisément le "San-dan Shikomi" qui est la première étape du "Moromi".

8/San-dan Shikomi
Nous voila donc en possession d'un pied de cuve (Shubo/Moto), riche en levures, prêtes à en découdre. Il s'agit maintenant d'utiliser ce pied de cuve pour fermenter un volume plus important de riz. Le contenu du Shubo est donc transvasé dans une cuve de plus grand volume (environ 10 fois plus grande). La méthode traditionnelle utilisée chez Sohomare consiste à entonner manuellement le Moto par la bonde supérieure de la cuve de destination, à l'aide d'un seau et d'une sorte d'entonnoir sur trépied prolongé d'un tuyau inséré dans ladite bonde.
L'augmentation de volume se fait en trois fois, sur quatre jours:
Jour 1 Soé (lendemain du transvasement): premier ajout
Jour 2 Odori: repos
Jour 3 Naka: deuxiéme ajout
Jour 4 Tomé: dernier ajout
Les volumes ajoutés sont à chaque étape environ le double de l'étape précédente. L'ordre est immuable: 1/ koji 2/ eau 3/ riz. L'ajout de l'eau dans la cuve est utilisé comme un remontage en vinification, en permettant de briser les amas de riz et d’homogénéiser la cuve. La cuve est également, et pour les mêmes raisons pigée après l'ajout du riz. On notera tout de même que contrairement au vin ou il s'agit d'enfoncer le chapeau de marc, ici le riz à tendance à couler et il faut donc le remonter afin d’éviter la formation d'une couche de riz sèche et compacte au fond de la cuve. De plus une partie du riz est portée en surface par le gaz carbonique qui se dégage lors de la fermentation, le mouvement de pigeage est donc double.
Le riz peut être apporté à la cuve par une soufflerie après un refroidissement sur un tapis roulant, ou, dans le cas des cuvées haut de gamme, transporté à dos d'homme et disposé à l'air libre sur des toiles de jute puis régulièrement remué afin d'atteindre la température désirée.
L'objectif de cet apport (=shikomi) en trois fois (san-dan) est double. Tout d'abord il s'agit de permettre aux levures d'occuper très rapidement la totalité du moût, évitant ainsi l'apparition de micro-organismes de contamination. Cela permet également de mettre en place une transition douce vers les températures de fermentation désirée (bases) sans créer de choc thermique pour la levures. Ainsi les températures désirées lors des 4 étapes sont les suivantes: 12°C, - , 8°C, 6°C. Au cours de la fermentation, la température remonte doucement jusqu'à environ 10°C pour les cuvées de prestige et jusqu’à 16°C pour les entrées de gamme.
Tout comme lors de la fermentation du Moto, nous avons affaire ici à une "fermentation" parallèle avec d'une part la transformation de l'amidon en polyosides puis en sucre par les enzymes du koji et de l'autre la transformation des-dits sucres en alcools par les levures. Il en résulte une dynamique de fermentation particulière, limitée par l'action des enzymes. Un contrôle strict de la fermentation est effectué avec un contrôle journalier de la densité, du degré d'alcool, du taux de sucre, du taux d'acides aminées et de la température du moût. Les cuves sont également pigées chaque jour afin de remettre en suspension les grains de riz.
La fermentation dure de 18 à 30 jours, une fois la cuve prête, c'est l'heure du shibori et des quelques étapes précédentes que je décrirai dans le prochain chapitre 9/Shibori

Gautier Roussille
18 Déc 2012 13:25 #51

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Réponse de apoitou sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Salut Gauthier,

Toujours aussi passionnant. Vraiment la lecture de ce récit est en soit une délectation à épisodes dont le suivant est attendu avec impatience.
Je me permets de revenir sur une requête des premières pages. Sans doute pas le plus simple et peut être requérant des autorisations de ton employeurs, mais il y a quelques étapes qui gagneraient à être illustré de photos 8-)

Alex6
18 Déc 2012 15:19 #52

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Réponse de Vougeot sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

apoitou écrivait:
" il y a quelques étapes qui gagneraient à être illustré de photos" 8-)

Je suis parfaitement d'accord avec Alexis. A défaut de révéler les "secrets", si tu pouvais nous faire partager l'atmosphère générale par quelques clichés, ce serait vraiment sympa !
Je pense aux personnages, bâtiments, paysages, ambiances...

En tout cas et au risque de me répéter, BRAVO !(tu)
18 Déc 2012 15:48 #53

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FRGO écrivait:
> Pour ceux qui le connaissent, Gautier est synonyme
> de partage...

Aucun mérite, c'est dans ses gènes...

Il a de qui tenir le Petit

:)

Gilles
18 Déc 2012 17:46 #54

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet Re: 7/ Le moto

Merci encore pour ces commentaires, Gilles c'est les langoustes qui parlent, t'es pas objectif (:P)
Comme vous avez pu le constater, les images sont là! Il faudra peut-être que je complète, n’hésitez pas à demander ce que vous voulez voir, maintenant que j'ai pris le temps de lire le tutoriel d'Oliv, c'est un jeu d'enfant :)
19 Déc 2012 04:35 #55

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Réponse de Eric B sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Merci pour ce nouveau chapitre ... et les photos (tu)

Les levures doivent être sélectionnées pour travailler dans le froid, car les "nôtres" auraient du mal à faire quoi que ce soit à 10 °.

Eric
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19 Déc 2012 07:39 #56

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Réponse de Ephemerophyte sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Oui, les levures sont sélectionnées, j'en ferai un chapitre en particulier car l'approche des levures pour le saké est très différente de celle que l'ont peut avoir (traditionnellement) dans le vin.
A savoir que la résistance au froid (pour les températures auxquelles nous parlons) n'est pas une caractéristiques très rare chez les levures Saccharomyces cerevisiae (vin et saké) "sauvages" et je connais même certains domaines en France qui ont des températures de fermentation très basses!
19 Déc 2012 09:06 #57

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Réponse de mgtusi sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Merci Gautier de nous rapporter cette extraordinaire expérience professionnelle !

J'avoue passer sur les points un peu trop techniques pour moi mais je trouve l'aspect humain de ton aventure absolument passionnant !

Michel
19 Déc 2012 09:14 #58

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Réponse de Eric B sur le sujet Re: Vis ma vie de Toji-san, au pays du Nihonshu

Des chouettes photos sur la page Facebook de Gautier : www.facebook.com/pho...

Et Gautier passe à la TV, en pleine action : www3.nhk.or.jp/utsun...

Eric
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19 Déc 2012 10:56 #59

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Réponse de apoitou sur le sujet Re: 4/ Cuisson du riz

Ephemerophyte écrivait:
>
> Je tiens à préciser que cet article s'enrichira peut être par la suite si
> certains éléments nouveaux sont portés à ma
> connaissance dans les semaines à venir.
>

Que l'image soit et l'image fut.
Que dire sinon encore une fois merci et bravo?
19 Déc 2012 15:06 #60

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