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Eric Monné, Clot de l'Oum, vigneron en Roussillon

  • Eric Monné
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Du plaisir de faire du vin

C’est un appel qui me rappelle cette dégustation à Bélesta. On a passé un moment super avec vous me dit la personne. Les mots simples qui nous parlent. La compréhension de notre travail. L’échange, un moment magique de communication non formulée.

C’est la joie de recevoir chez soi. De refaire la vendange. Redéguster ces baies. Le jour qu’il fallait cueillir. Une histoire. Tranches de vie, de bonheur. Le plaisir de faire quelque chose ensemble. De communier. Saudades. Combien de lunes de jours de nuits pour faire ce vin. Ce breuvage, acide, profond, complexe. Joie de vivre ces instants ensembles.

C’est un couple qui pénètre dans notre monde. Notre cuisine notre vie. Échanges. Longueur d’onde identique. Émotion. Parcelle de granit, de grenache. Des mots qui râpent des tanins qui grattent une histoire en devenir. Un vin. Une vie.

C’est un assemblage juste. Une nouvelle cuvée. Le Clot, Carignan Novo. Une nouvelle vie. Personnalité. Un bout de chemin. Un instant de garrigues. Une poussière de granit que nous portons ensemble. Profondément. Une étoile vivante. Tranquille, souveraine. Qui luit. Qui nous guide nous montre la voie. Loin des querelles partisanes des discussions futiles. Émotions.

C’est une étiquette, du vert du noir. Papier Japonais. Des noms qui nous rappellent notre vie, nos amis. Des rencontres autour d’un verre. Expliquer le pourquoi du vin. Pour cela Lèia est bonne. Super. Les enfants qui s’en foutent. Félizes. Qui courent, rêvent, vivent. Compagnie des Papillons. Compagnie des émotions. Rayons d’intuitions justes.

C’est untel qui a entendu parler. Qui ne sait pas. Ne veut pas déranger. N’ose pas. La dégustation qui provoque la parole. Musique étrange, mystérieuse, intimiste. Quelques gouttes d’un breuvage éternel. Une langue ancienne qui se délie. Réunion d’expériences. Une culture traditionnelle. Belle. Qui nous porte, nous rend meilleurs.

C’est une musique, une bossa nova. Un carignan novo. Un soir de fin de vendange. Une paella comme à Murcia. Un savoir oublié mais jamais disparu. Des pierres qui parlent. Une terre pauvre mais riche d’émotions. Une mémoire enfouie mais éternelle. Ecouter la nature. La maturité du fruit. L’instant d’énergie maximale. L’équilibre. Comme un fruit oublié qui traverse divers stade de sa vie. Le cueillir avant qu’il ne soit mort. Imprimer son âme son message dans ce jus. Avant qu’il ne succombe, qu’on ne l’oublie.

C’est le touriste tombé ici par erreur. Venu pour un cubi. Qui écoute. S’étonne. S’éveille. Finalement dépense dix fois ce qu’il avait prévu. C’est une responsabilité d’être à la hauteur des attentes des espérances d’une qualité. Une notoriété. Naissante mais que l’on ne peut trahir.

Ce sont les pluies de Mars. Obscurité. Jour qui tire vers le noir. Une lueur dans la cave. Lumières que nous avons voulus subtiles, indirectes. Suggestion. Eaux qui n’en peuvent plus d’inonder. Des ombres qui s’approchent. Cognent à la porte. Abris. Lieu de partage. Bonjour. Voyages dans nos parcelles, dans nos envies notre cœur. Une expérience un instant de bonheur. Recordations. Le rubis du vin qui scintille. Des regards qui s’animent s’éclairent. Le pourquoi du comment. Retour sur nos choix. Nos interrogations.

Ce sont nos amis. Nouveaux, anciens, de passage. Nous connaissent ils mieux ? sont ils « in the mood for wine » ? Prêt pour cette expérience ? Aquelles ojos verdes ? Cette terre, minérales, acide. Toute de finesse et de mystères. De générations d’hommes rudes. Peut causants. Caillasses indigènes et natures. Granits dans le gosier qui vous racontent ce que fut leur histoire. Des chariots tirés par des chevaux qui menaient à la vendange. Des pluies diluviennes de septembre qui rendaient la cueillette impossible. Des récoltes faramineuses aux vignes grêlées à mort. Années de disette de ceinture serrées. Fêtes de fin des vendanges aussi, inoubliables festives, belles, éternelles.

C’est un sourire, une silhouette harmonieuse svelte dans le contre jour finissant. La promesse d’une dégustation sympa. D’échange, simplement.

Ce sont les histoires que l’on répète sans se lasser. Le bonheur de nos vignes cultivées en bio. Insectes, sols vivants. Fiertés de produire des vins sans aucun poisons. Peu de moyens, beaucoup d’intuition. Oublier le rationnel parfois. Garder un peu de raisonnement, toujours. Goûter sans se lasser.

C’est le bonheur de voir ce pays qui m’a vu naitre. Sans chauvinisme sans fierté. Juste le bonheur de voir cette lumière, cette clarté, cette nature qui donne l’inspiration, l’envie d’aller plus loin de se dépasser. Rendre visible l’invisible. Retrouver un peu de ses racines. Cet accent, mon accent qui peu à peu s’estompe. Que mes enfants parfois imitent. Me font rire. Me donnent envie d’en rire. Cette montagne comme une dent canine. Présente, sage, rassurante et impressionnante. Qui capte les dernières lueurs de ce jour. Ombres étales. Contraste magique, golden light. Neiges lointaines. Promesses d’abondance d’eaux propices. De fruits cueillis à point. Juste ce qu’il faut pour donner envie de les boire. De les voir se transformer, se modeler, se pâmer. Remplir ce verre de larmes. Larmes de joie d’un jour nouveau. Au matin des promesses d’un vin que nous avons rêvé et surtout fait comme nous l’avions rêvé.
14 Déc 2010 22:40 #1

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