Bonjour à tous,

Confinement oblige, le temps passe différemment et il est plus évident de faire un tour régulier sur notre bon vieux forum LPV.
Je découvre au hasard de mes lectures, que la vitrine des domaines est gratuite pendant une paire de semaines, et bien en voila une belle idée pour permettre de jauger cet outil !

Bienvenue,

le principe d'une vitrine, c'est de mettre en évidence, d'attirer le consommateur qui est ici avant tout amateur.
Donc, voilà, à vous de jouer, nous sommes devant votre vitrine.

Le Château Eugénie est la propriété de la Famille Couture.

Les ancêtres des propriétaires actuels ont toujours travaillé la vigne depuis le 15éme siècle mais produisaient du raisin et du vin pour le seigneur local du village d’Albas.

Dans les années 1970, Jean et Claude Couture, deux frères issus d’une famille de 6 enfants, vivent de la polyculture, et de leurs différentes parcelles de tabac, céleri, céréales ainsi que quelques hectares de vignes. La période n'est pas évidente car la région ne bénéficie pas encore de l'aura touristique d’aujourd’hui. Quant aux vins, leur renommée s'est fanée et les années où le Malbec était servi sur les tables des rois et des Tsars sont loin derrière.

En 1971, Georges Pompidou a contribué à l’essor du Vin de Cahors en permettant l’accession à l’Appellation d’Origine Contrôlée.
Mais la période est sombre car les vins sont victimes de leurs style ancien, très extraits et demandant du temps de garde pour les savourer.

Après avoir pendant de longues années, alimenté la cave coopérative locale en raisins, Jean et Claude Couture décident de changer leur fusil d’épaule en abandonnant la polyculture pour se concentrer exclusivement sur la culture de la vigne en mettant en bouteille leur propre vin à partir de leur 5ha. Nous sommes en 1974.

Dans ce contexte difficile, les deux frères se lancent dans l'aventure de la vinification (sans bagage technique ni expérience ) et le premier millésime du Domaine Eugénie est mis en vente courant de l’année 1975.

La stratégie commerciale initiale des frères Couture est de partir à la rencontre des clients sur les salons de toute la France afin de montrer aux amateurs que les vins de la région peuvent être tout aussi intéressants que ceux de Bordeaux ou de Bourgogne.
Plus de 50 ans plus tard, les clients particuliers représentent encore plus de 80% des ventes. Le complément regroupe l’export et les professionnels français.

Les deux fils respectifs de Jean et Claude, (Jérôme et Vincent) les ont rejoint dans cette aventure à la fin des années 1990. La Famille est donc toujours au cœur de ce domaine viticole qui continue à partager ces valeurs de partage d'authenticité et de convivialité, qui font tout l'ADN de cette propriété.



Jean Couture




Vincent, Jérôme et Claude Couture

Bonjour à tous et à toutes.
Aujourd'hui, petit focus sur le vignoble de Cahors et sur les vins qui peuvent y être produits.

Planté sur les terres du Lot il y a plus de 2000 ans par les romains, le cépage Malbec trouve au départ tout son caractère dans le climat et les terroirs argilo-calcaires des plateaux du Causse. Historiquement travaillés à main d’Homme à la pioche, les vignes produisaient peu de rendements à cause des sols très pauvres, mais donnaient une couleur très sombre et une profondeur typique au vin de Cahors.

Le Malbec est pourtant capricieux car sensible au gel, à la coulure, au mildiou et à la pourriture grise. Il est donc est loin d’être facile à travailler, mais représente pourtant l’essence de l’Appellation Cahors, et c'est cette identité que les vignerons ont voulu conserver à travers la charte de l'AOP, conjuguée avec la délimitation du vignoble.

Le phylloxera a malheureusement touché de plein fouet le vignoble de Cahors qui comptait environ 50.000 ha au XVIII eme siècle. Beaucoup de petits vignerons et de polyculteurs n'ont pas eu les moyens de replanter leurs parcelles et le déclin du vignoble s'opéra relativement vite et de nombreux parcelles de plateaux et de versants furent laissées à l'abandon.
Aujourd'hui, le vignoble compte environ 4600ha de vignes en production, dont environ 3500ha en AOP Cahors.

Les terroirs historiques ont donc été transformés à travers les âges, et le Malbec fût progressivement planté en complément dans des parcelles dites de « Terrasses », plus proches du bord du Lot, faisant là encore évoluer le style des vins que l’on y produit.

Aujourd’hui, la classification simplifiée du vignoble peut être expliquée sur les schémas suivants :




Il serait long et ennuyeux de vous distinguer avec précision chacun des terroirs de l'appellation Cahors mais voici un résumé général pour avoir une idée de l'ensemble du vignoble :

- Les 1eres et 2 èmes Terrasses les plus proches du Lot se composent d'alluvions, limons légers et de parties argilo-sableuses, rendant les sols fertiles et bien alimentés en eau. Les vins qui y sont produits sont généralement souples, sur le fruit, avec des potentiels de garde limités.

- Entre les 3èmes et 6 èmes terrasses, les variations des sols se font plus importantes et l'on peut trouver des terroirs de graves, de grèze et de déjections calcaires auxquels s'ajoutent des sous-sols argileux + éboulis calcaires. Les vins que l'on y produits sont généralement plus denses que les premières terrasses, avec d'avantage de matière et de complexité, doublés d'un plus grand potentiel de garde.

Comme on peut le voir sur le schéma, il existe plusieurs types de sols sur les Causses. Les sous-sols y sont pauvres, complétés des roches mères calcaires marine, lacustre, ou ferrugineuse, très proches de la surface.
Finesse, fraicheur et pureté sont les maitres mots des vins produits sur ces grands terroirs.



C'est cette grande diversité de terroirs en zone de production Cahors, ainsi que les nombreux assemblages possibles, qui font toute la complexité des vins que l'on peut produire ici.

Bien entendu, les techniques de production, de vinification et d'élevage ont également évolué, et permettent aujourd'hui de tirer parti de chaque cépage et de chaque terroir.

Sur la carte suivante, nous pouvons bien distinguer d'une part les parcelles dites du Causse, avec celles des terrasses.




Le vignoble du Château Eugénie se compose d'environ 55ha en production avec environ 5 hectares de plantiers.
La majorité se compose du cépage Malbec, et le complément de Merlot, Tannat, ainsi que Ségalin, Cabernet Sauvignon, Chardonnay, Sauvignon Blanc et Chenin.

Tous ces cépages, et les différents sols sur lesquels ils sont plantés nous permettent de produire une gamme de 4 Cahors, 2 blancs d'excellence, ainsi qu'une gamme de 4 vins de consommations rapide (rosés, blanc et rouge).

Bonjour à tous.
Petit point actuel des travaux des vignes.
La taille d'hiver est s'est terminée, malgré pas mal de retard pris à causes de la main d'oeuvre fluctuantes récemment.

Les dernières semaines, nous avons révisé tous le système de palissage, piquets, fils, et nous avons pu procéder au pliage des flèches ainsi qu'à l'attachage de rigueur.

Le samedi 4 avril, a été marqué par des températures très basses, aux environs de -4°C dans le secteur de Castelfranc ou nous avons eu seulement quelques rangs de touchés sur les parcelles présentes.

Voici un exemple d’engrais verts que nous utilisons sur environ 50% du vignoble.







Ces féveroles, radis chinois et autres légumineuses plantés dans les rangs, permettent une meilleure aération du sol, limitent l’érosion et apportent des nutriments essentiels au développement de la vigne, en limitant les engrais chimiques.

Bien que très utiles, ces engrais verts doivent être surveillés régulièrement car durant les épisodes de gel, ils ont pour effet secondaire de baisser la température du sol de 1 ou 2 degrés, ce qui peut être fatal aux bourgeons.
Nous avons donc broyé ces engrais verts les quelques jours qui ont précédé les épisodes de gel pour ne prendre aucun risque et préserver les vignes.

Le lundi 6 avril se terminait la période de complantation pour ne pas laisser de manquants dans les vignes. Nous avons replanté l’intégralité de pieds en porte-greffes, pas de francs de pied au domaine. Au total, ce sont 1200 pieds de Malbec, 200 de Merlot et 100 de Tannat qui ont repris place dans le vignoble.
Le tirage des bois est également terminé et nous sommes actuellement affairés à la réalisation du système de palissage et de piquets pour les vignes plantées l’année dernière

Nous avons eu ce matin un petit épisode de pluie, que nous attendions pour débuter le passage de l’intercep, car l’humidité (sous le cavaillon) est nécessaire pour pouvoir décavaillonner (désherbage mécanique)

Bonjour et merci pour toutes ces informations.
Les bois sont tirés, dites- vous. Dans d’autres vignobles les bois sont broyés dans le rang. Quelle est la raison de votre choix ?
Par ailleurs, le remplacement de tous ces pieds est dû à l’esca ?

Bonjour Jérôme, Merci pour votre question.

Les bois sont tirés juste avant l'attachage pour permettre l'accès aux flèches.
Ensuite, ils sont broyés puis disposés dans les vignes, un rang sur deux, là où il n'y a pas d'engrais verts.
Ce qui nous permet d'avoir 100% des rangs en fétuque + sarments broyés ou bien en engrais verts.

Concernant la complantation, vous avez raison.
90% des manquants sont dûs à l'ESCA.
Les 10% restants sont des pieds arrachés car trop vieux, ou bien atteints par le pourridié.

Bonne soirée

Il y avait un lien entre mes deux questions : broyer les bois et les laisser en mulch dans les rangs, n'est-ce pas un risque de diffuser l'Esca qui est une maladie du bois ?

de ce que j'ai vu de la taille sur les photographies, ça ressemble à du guyot simple à 6 yeux : avez vous testé les techniques de tailles prônées par Simoni par exemple en laissant des chicots longs pour limiter la propagation de l'esca ?

Bonjour à tous,

Question intéressante que ce lien entre ESCA et broyage des sarments.
Pour en avoir discuter avec de nombreux vignerons chacun à son propre avis et les arguments qui vont avec.
Cela pourrait en effet être logique de penser que l'on conserve l'inoculum dans le sol avec le broyage mais il me semble que cela n'a jamais était démontré scientifiquement.
Beaucoup de vignerons semble considérer que l'ESCA est pérenne quoi que l'on y fasse et les meilleurs moyens de lutte resteraient une taille préservant au maximum les flux de sève (Simoni , poussard, curetage), le recépage et la complantation.
Certains cépages s’accommodent d'ailleurs pas mal de cette maladie et la production ne semble pas être altérée plus que çà. Le plus redoutable reste les formes apoplectiques notamment avec des étés chauds et secs sur sol à réserve hydrique épuisée.

oui, clairement chez moi beaucoup plus d'esca en 2018 (millésime chaud en Slovénie) qu'en 2019. Des pieds semblent prendre le dessus ... mais en même temps la taille a été très précautionneuse. Donc difficile de dire quel facteur a le plus d'importance : sans doute les deux.

En effet, la question concernant la propagation de l'ESCA est pertinente.
A notre niveau, les pieds peuvent être touchés à partir d'une quinzaine d'années, et sont plus sensibles lors des périodes d'été secs et de stress hydrique, comme indiqué par Benoît.

Nous n'avons pas constaté de diffusion particulière de l'ESCA lors de la dépose du mulch dans les rangs car les bois de l'année ne sont quasiment jamais malades. La maladie est sensible sur les vieux bois, plus à risques, mais jamais taillés pour le mulch.

Nous taillons la majorité des Malbec et Merlot en Guyot simple (cot à 2 yeux et fleche à 6 yeux) , et les Tannat en 3 cots a 2 yeux pour limiter la production car les grappes sont plus grosses.

Si vous disposez de documentation sur les travaux de Simoni, cela peut nous intéresser car peu de tests sont réalisés dans nos parcelles en AOP Cahors.

Cependant, l'ESCA est quasiment inexistant dans nos parcelles de Taille rase de précision
Le cabernet Sauvignon, notamment, est taillé en taille rase de précision et n'a jamais de maladies car l'on coupe tous les ans à la même hauteur les bois de l'année à la mahine.
Ces parcelles sont classées en I.G.P est interdites en A.O.P car les rendement sont beucoupl plus élevés

En effet, la question concernant la propagation de l'ESCA est pertinente.
A notre niveau, les pieds peuvent être touchés à partir d'une quinzaine d'années, et sont plus sensibles lors des périodes d'été secs et de stress hydrique, comme indiqué par Benoît.

Nous n'avons pas constaté de diffusion particulière de l'ESCA lors de la dépose du mulch dans les rangs car les bois de l'année ne sont quasiment jamais malades. La maladie est sensible sur les vieux bois, plus à risques, mais jamais taillés pour le mulch.

Nous taillons la majorité des Malbec et Merlot en Guyot simple (cot à 2 yeux et fleche à 6 yeux) , et les Tannat en 3 cots a 2 yeux pour limiter la production car les grappes sont plus grosses.

Si vous disposez de documentation sur les travaux de Simoni, cela peut nous intéresser car peu de tests sont réalisés dans nos parcelles en AOP Cahors et nous serions ouverts à réaliser ces tests de taille.

Cependant, l'ESCA est quasiment inexistant dans nos parcelles de Taille rase de précision
Le cabernet Sauvignon, syrah et ségalin notamment, sont taillés en taille rase de précision et n'a jamais de maladies car l'on coupe tous les ans à la même hauteur les bois de l'année à la machine.
Ces parcelles sont classées en I.G.P est interdites en A.O.P car les rendement sont beaucoup plus élevés

Voici un lien qui date un peu mais qui permet de présenter le concept.

Taille rase de précision

Bonsoir à tous.
Aujourd'hui, petit billet sur l'agriculture du Château Eugénie.

Il y a quelques années, nous avions fait un test en entamant la conversion du domaine vers l’agriculture biologique mais après plus de cinq ans, il restait encore 35/40% des parcelles en agriculture conventionnelle. Nous nous sommes malheureusement résolus à abandonner ce schéma car la plupart de nos terroirs des terrasses, sur le climat local, favorisent l'humidité et le brouillard et étaient donc à risques sur la pression des maladies et du mildiou notamment.

Malgré les traitements, la maladie détruisait une partie des récoltes et nos stocks ne nous permettaient pas de faire face à une baisse de volumes sur la durée.

Dans cette optique de sortir (quand même) d'une agriculture dite conventionnelle, nous sommes labellisés Haute Valeur Environnementale depuis 2013.

Assez floue dans l'esprit du client amateur de vin, cette certification créée par l’état en 2011 a pour but de reconnaître les exploitations engagées dans des démarches respectueuses de l’environnement, tous secteurs confondus.

La validation du label repose sur le respect d’un cahier des charges précis et détaillé autour de 4 thématiques principales :

- La favorisation de la biodiversité
- La stratégie phytosanitaire
- La gestion de la fertilisation
- La gestion des ressources en eau.


Quels sont les principes de cette culture raisonnée appliqués au Château Eugénie ?

- Nous passons un certain temps dans les vignes pour la surveillance, le comptage et l'analyse de parasites qui pourraient être présent.
Nous adaptons les éventuels traitements si les seuils d'alerte sont atteints. Citons entre autres la cicadelle et le ver de grappe.

- Nous favorisons depuis de nombreuses années l'utilisation de couverts végétaux pour la période hivernale. Les sols ne sont donc pas nus, et sont donc protégés des risque d'une trop forte déminéralisation.

- Nous fabriquons nous-mêmes notre compost avec les matières organiques locales, les herbes tondues, les feuilles mortes et autres déchets organiques auxquels nous ajoutons de la paille et du fumier pour réaliser des amendements dans les vignes et ainsi leur apporter des nutriments.

- Nous utilisons une station de traitement et de nettoyage des effluents/eaux de tout le domaine (cave, traitements, nettoyages des chaines de mise etc ...), que nous recyclons pour ensuite irriguer nos noyers.

- Nous avons banni l'utilisation de produits de catégorie CMR (cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction) et privilégions des produits naturels, avec une partie utilisables en agriculture biologique (environ 20%)

- Nous avons diminué l'utilisation des produits phyto-sanitaires grâce à des méthode prophylactiques :
Épamprage sévère pour diminuer les rendements, effeuillage important, simple ou double face pour aérer les grappes, contrôle de l’enherbement et travail du sol un rang sur deux pour limiter très fortement l'utilisation des désherbants.

Nous semons de la luzerne dans chacune des parcelles bordant nos vignes pour aider à l'enrichissement et au ré-équilibrage des sols. Chaque parcelle arrachée n'est replantée en vigne que 10 ans plus tard pour éviter tout nématode persistant.

Nous avons également décidé, au Château Eugénie, de proposer les frais de port offerts pour toute commande supérieure à 120€.
L'offre sera effective sur notre site internet www.chateaueugenie.com d'ici vendredi 17 avril.
Mais les commandes peuvent également être passées par téléphone ou par mail.

Bonjour à tous.

Les dernières semaines ont été très ralenties au niveau du bureau, mais la vigne n'attend pas et nous avons de l'avance cette année.
Entre le 20 et le 30 avril, nos équipes ont procédé à la création des systèmes de palissage pour nos toutes jeunes parcelles de Chardonnay, de Verdejo et de Vermentino, situées sur le causse agilo-calcaire. Que ce soit pour planter ou pour creuser les trous des piquets de palissage, cela se fait toujours à l'aide du perforateur car à partir de 40/50 cm, a roche devient impénétrable.





Quelques photos glanées lors d'une journée presque ensoleillée sur les parcelles de Malbec des terrasses de Luzech.

Nous avons également poursuivi les épamprages et la pose des fils porteurs sur le palissage, et procédé au relevage d'une jeune autre parcelle de Chardonnay qui présentait une avance d'une dizaine de jours sur quasiment toutes les autres parcelles.
Le Chardonnay étant sensible aux conditions méteo difficiles, il fallait donc régir avant que la météo ne se détériore d'avantage.

Le confinement a également réduit à néant le travail effectué pour les pivoines cette année, elles seront toutes perdues.
Restons positifs, des jours meilleurs arrivent !