Plaisir, épicurien, hédoniste, intellectuel.
Tous ces mots me font un peu sourire car finalement je m'y retrouve dans tous , tout dépend où on met le curseur.
Je me retrouve donc assez dans l'approche D'Yves Zermaten.
'Je déteste cependant tout ce fatras intellectuel qui veut faire prendre au consommateur des vessies pour des lanternes en excusant des faiblesses, quand ce ne sont pas des défauts, par des notions aussi floues que le terroir et la typicité.'....et le millésime ( et là on peut faire un lien avec la notation relative..et oui encore et toujours mais que voulez-vous!)
La-dessus je cherche quand même à en savoir un peu plus.
On est quand même sur le terrain de l'objectivité avec un grand O.
Le problème est à quel point je suis dans ces notions d'intelect, de plaisir ...pour ne pas tomber dans le non-objectif, une non objectivité qui risquerait de m'amener à me mentir moi-même sur l'interprétation de mes sensations , de mon plaisir.
On est de toute façon tous dans une approche intellectuelle :
Les connaissances que l'on acquiert au fil des lectures et des dégustations nous suivent et nous précédent inévitablement , elles font partis intégrante de nous dès que l'on approche une dégustation ( approche de plaisir, approche culturelle au sens large ). En ce sens toutes les dégustations quelque soit le contexte, sont forcément ‘ intellectualisées' par sa propre culture. On est tous prisonnié de cela, il y a simplement une différence de hauteur. Et c'est un vrai plaisir. Plaisir du palais, plaisir des mots, plaisir culturel…
Cette culture purement intellectuelle se manifeste à tout moment, et elle précède toutes dégustations ( quelle soit aveugle ou pas, sérieuse ou pas ) . Ce point est important.
Voilà pour ce que j'appellerai ‘ enfoncer des portes ouvertes ‘.
Mais le côté intellectuel ne concerne pas que les connaissances , elle concerne aussi nos attitudes :
Il ne faut pas oublier que l'on fait évoluer notre propre goût grâce aussi à la volonté de découvrir de nouvelles saveurs, et cette volonté est liée à une démarche forcément intellectuelle aussi . On n'aime ce que l'on a pas aimé antérieurement souvent grâce à une attitude d'ouverture qui trouve son origine dans une démarche culturelle où les mots , les lectures, l'envie et le désir d'arriver à trouver bon quelque chose ont précédé un plaisir ou déplaisir lors d'une dégustation. Je pense que l'on passe tous par là depuis que l'on a abandonné les petits pots et les blédines.
Exemple : on me dit ( donc des mots ) que le Carignan apporte une amertume qui peut être prononcée, bien, je me dis bof…en soit c'est pas terrible. Puis quand je goûte un vin 100% Carignan, je trouve cette amertume et grâce à la connaissance et aux mots reflétant l'expérience d'autres ( puis ensuite à force de dégustation à mon expérience dans le verre ) immanquablement je place ce vin dans une normalité bien rassurante. Cette tranquillité d'esprit va me permettre de trouver beaucoup plus de plaisir. Je vais aller chercher autre chose dans le vin, je vais essayer des accords.
La notion énonciation-normalité est toute relative mais très importante car c'est justement là que les avis peuvent s'opposer.
Jusqu'où peut-on parler de normalité dans les particularités. Et peut-on défendre et justifier ces particularités quand il y a, à l'évidence et logiquement, un rejet légitimement éprouvé par des sensations désagréables, de la part de la grande majorité.
A mon avis le cÅ“ur du problème se trouve chez ceux qui donnent une part excessive à la connaissance par rapport au plaisir, cette approche peut ne pas être saine car déséquilibrée.
Dans une dégustation, l'intelect interfère avec les sensations éprouvés et vice-versa et à chaque fois on ajoute une couche de plus à nos connaissances et l'approche de la dégustation suivante sera différente que le précédente.
On peut y voir deux attitudes, deux tendances qui souvent peuvent se succéder lors d' une dégustation :
Celle qui consiste à donner davantage la primauté chronologiquement à ce que l'on sait déjà du vin ou de l'appellation.
Celle qui consiste à donner davantage la primauté chronologiquement à ce que l'on éprouve quand on boit.
Le malaise vient quand la première attitude permet de justifier ‘l'injustifiable' et bien souvent je note que cela se produit quand les personnes ont une chapelle à défendre, quelle qu'en soit la raison.
Exemple au hasard , un peu exagéré: ‘ c'est un bourgogne sur un millésime moyen, il va sûrement présenter une acidité forte, c'est logique c'est normal, c'est le terroir…ce vin est donc logiquement bon.'
L'amateur lambda va dire, pouah c'est acide, où est l'évier.
Là , où se jeu devient néfaste est quand cette particularité ( acidité ) devient excessive à mon palais et ce de manière objective mais que par la volonté de défendre cette particularité , j'accepte ce côté excessif et pire que je le défende.
C'est pourquoi, je trouve qu'il n'y a pas à opposer le plaisir à l' intellectuel ou à la prise de tête intellectuelle .
Il faut simplement rester objectifs et ne pas avoir de chapelle à défendre de façon subjective quand ses propres impressions, une fois dévoilées et exprimées reflètent plus le savoir qu'un plaisir objectif. Dans ce dernier cas le risque est d'être emprisonner de manière inconsciente par cette attitude. Le plaisir , l'analyse et le discours vont alors être faussés.
Quand j'entends un vigneron dire ‘ il faut faire bon avec ce que j'ai' on est dans cette objectivité.
Jmm