Soirée particulière préparée par l’ami Robert, avec quelques surprises qui n’ont pas manqué d’émouvoir l’assemblée. Les vins, dégustés à l’aveugle (seule une liste des régions représentées) sortaient de sa cave personnelle.
1
On commence par des bulles. La robe est surprenante sur des tons de rose, vieux rose, à reflets gris. Le nez est tout à la fois suave et acidulé, entre les biscuits au beurre et la groseille. L’attaque est vive, la bouche crémeuse grâce à la belle concentration de bulles très fines. La finale est superbe, sur les groseilles. Un régal !
Domaine Jacques Selosse, champagne rosé Seconde rencontre avec un champagne Selosse, superbe. Dégorgé en avril 2010.
2
On enchaîne avec un vin blanc. Le nez sur un léger grillé sur les fruits confits et la noisette. Bel équilibre entre gras et acidité, dans un registre plutôt aérien. Un poil dilué il me semble. La finale est longue, salivante, avec une belle amertume et note minérale. Nous sommes plusieurs à partir sur la bourgogne, à hésiter entre un premier cru un peu évolué de Meursault ou de Puligny.
Domaine Saumaize-Michelin, "Ampelopsis" Pouilly-Fuissé 1999 Bluffant.
3
Or presque ambré, brillant. Premier nez très réduit, sur la pierre à fusil. Après une énergique aération apparaissent des notes de tisane, de sauge, d’encaustique. Vers la fin le coing sera envahissant. La bouche a du gras et peine un peu à se tenir haute. Finale tenue par l’amertume et de longueur moyenne. Un ch’nin ? Pas mauvais par ailleurs...:
Château de Chamboureau, "Cuvée d'avant" Savennières 2001Typique mais pas transcendant.
4
Jaune citron, dorée. Nez minéral et épicé, agrume. L’attaque est franche, avec du gras et une vraie densité. La finale est salivante sur des notes minérales, une légère amertume, l’agrume. Difficile de cerner sa personnalité. Pas plus que son origine; personnellement je partirais bien sur l’alsace… Surprise pour moi c’est un meursault ! Et dans un millésime bien moyen !
Domaine Bernard Millot, Meursault Goutte d'or 1998
5
Un nez sur les fruits mûrs : la mangue, la poire, l’abricot. La bouche est grasse, volumineuse, et sucrée. On ne peut pas parler de fraîcheur, mais l’équilibre est là. Le vin finit par une note minérale.
Domaine Deiss, Rotenberg Alsace2004 Bien.
6
On passe aux vins rouges avec un vin de Loire, en tout cas c’est ce que me dit le (joli) nez : poivron, groseille et une touche florale. La robe parait juvénile. La bouche est souple et fraîche, la rétro est bien poivrée. Je partais sur un cabernet franc, je tergiverse… un pineau d’Aunis… ? Ca resserre un peu en finale, c’est acidulé et salivant.
Domaine de la Cotelleraie, "L'envolée", St Nicolas de Bourgueil 2007 Du charme et une vraie torchabilité, malgré que ce ne soit pas mon style de vin préféré.
7
Visiblement on change d’époque avec un vin au dégradé de grenat. Ça sent la prune à l’eau de vie, le cuir. La bouche est ample, tapissante et très soyeuse ; ça manque un de fraîcheur. Finale alcooleuse, avec en rétro de la réglisse.
Château Cabrières, cuvée prestige, Châteauneuf-du-Pape 1990 Manque de séduction et de complexité pour moi, mais des qualités.
8
La robe est évoluée et trouble, mais je suis servi dans les derniers. Une pointe giboyeuse, puis le poivre, les fleurs, la cerise. L’attaque montre déjà du volume, la suite est dense, fondue, soyeuse. On note une grande qualité des tanins. Le vin finit sur des notes tertiaires et le noyau, c’est long. Belle bouteille.
Domaine Michel Magnien, Clos-Saint-Denis 1993 Si je voulais chipoter je dirais qu'il est plus plaisant par son toucher de bouche que par son caractère.
Trois vins bus en parallèle, sur un sanglier en sauce et des champignons, gratin de pâtes.
9
On enchaîne avec la robe la plus sombre et dense de la soirée. Fumée, terre mouillée, puis fruits noirs, garrigue. La bouche apparait structurée, sur la longueur, des tanins pas encore tout à fait fondus et une très belle tension. On retrouve une légère astringence. C’est expressif, plus long que large, une séduction froide…c’est Carole Bouquet
. Je ne suis pas surpris à la découverte de l’étiquette.
Mas Jullien, côteaux-du-languedoc 1999 J'ai bien aimé, l'assemblée lui a trouvé un manque d'ampleur.
10
Le vin suivant nous amène à bordeaux indubitablement. Poivron, champignon, sous bois. La bouche est fluide, avec une matière fondue, en cours de déclin sans doute. C’est élégant mais ce n’est pas transcendant. Ça paraît très évolué et ça se paye le luxe d’être astringent en finale.
L'Eglise-Clinet, Pomerol 1993 Grande étiquette dans un petit millésime, et première rencontre pour moi. J'espère beaucoup, beaucoup plus d'un grand nom de Pomerol.
11
Là encore un vin évolué, mais le nez est superbe, aérien et expressif. Fruits rouges et noirs, chocolat, et de belles fleurs. La bouche est riche, profonde et large. C’est à la fois aérien et dense. Un peu chaud en finale mais très beau. Là encore pas de surprise (mais je connais un peu les goûts de notre hôte).
Domaine Tempier "La Tourtine" Bandol 1998 Le grand vin de la soirée pour moi (et pour les autres aussi).
Sur des chocolats fins.
12
Couleur marron clair. Le nez est sur la caramel au beurre, le café, l’orange amère. Très grande douceur en bouche. Dieu que c’est bon. Une caresse dans la bouche. J’adore !
Domaine Etko (Chypre), Commandaria "Centurion" Je pourrais assez facilement devenir un grand fan de ce genre de gourmandise.
Très belle série, avec des vins qu'on a assez aisément resitué dans leur région d'origine respective, sinon dans leur appellation. Beaucoup de plaisir sur une majorité de bouteilles, que demander de plus quand l'ambiance est aussi conviviale.