Nous sommes réunis chez notre patriarche en ce dernier mercredi de janvier, pour fêter dignement son accession au statut envié de sexe à génère en même temps que son inscription au club des trois fois vingt où il pourra s’adonner avec ses petits camarades à de palpitantes parties de scrabble, mots croisés et autres sudoku, entre deux séances de tricot. Nous avons eu droit à un discours émouvant de son ami de trente ans et néanmoins Mottard, à de chaleureuses embrassades, et surtout, à une très belle soirée de dégustation et d’amitié, comme le CRD-LPV Belgique en produit maintenant depuis bientôt dix ans, sous la houlette de son gentil organisateur, le malgré cela toujours sémillant Alain Hinant. Encore un bon anniversaire, mon vieux !
Gevrey-Chambertin
12 bouteilles sont au programme, issues de la commune de Gevrey-Chambertin, du village au Grand Cru, servis par séries de deux (ou trois) bouteilles issues du même millésime, du plus jeune au plus vieux. Dans une même série, l’ordre de service est aléatoire.
Les vins sont ouverts 3 heures avant la dégustation, servis à 16°, sans carafage.
1. Domaine Sylvie Esmonin – Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 2011 – 14/20
Robe intense aux reflets violet à rubis. Nez associant un fruit bien mûr à un boisé marqué. Fraise et cassis, torréfaction, vanille, épices. En bouche, l’attaque montre une belle fraicheur, le style est tout de même relativement fin, pas aussi massif que ce que le nez laissait entrevoir. Bel équilibre, maturité, tannins présents en finale, pas aussi soyeux qu’espéré (tannins de bois perceptibles), de belle longueur. Un peu trop de bois à ce stade, mais ça se boit avec un certain plaisir, si pas un plaisir certain.
2. Domaine Jean-Michel Guillon – Gevrey-Chambertin 1er Cru Les Champonnets 2011 – 15,5/20
La robe est similaire au précédent. Nez plus élégant, fruité et floral, avec un boisé bien plus discret. Fruits rouges, pivoine, petit côté épicé sur le clou de girofle, c’est très flatteur. Belle fraicheur en attaque, c’est un peu plus rond, plus enrobé, plus souple que le précédent, plus soyeux en finale, qui présente une petite sensation de chaleur épicée. Longueur moyenne.
3. Domaine Sylvie Esmonin – Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 2006 – 14,5/20
Robe d’intensité moyenne +, aux reflets rubis. Beau nez, fruité mûr, épices, petit côté sous-bois. Attaque fraiche, volume moyen, bel équilibre, tannins présents, longueur moyenne. Un vin qui se boit avec plaisir, avec une très belle aromatique, mais une bouche un peu en dedans.
4. Domaine Jean-Michel Guillon – Gevrey-Chambertin 1er Cru La Petite Chapelle 2006 – 16,5/20
Robe de faible intensité, aux reflets rubis. Nez d’une grande finesse, fruité et épicé, petite touche métallique. La bouche est encore serrée, mais le potentiel est là, avec une très belle fraicheur, des tannins présents mais de grande qualité, et une très belle longueur. Un peu jeune, mais j’aime beaucoup.
5. Domaine Bart – Chambertin Clos de Bèze 2006 – 16/20
Robe de belle intensité, aux reflets rubis. Le nez est fermé, très peu expressif, avec un fruit qui se fait très discret. La bouche, par contre, se laisse davantage approcher, avec un beau volume, de la rondeur, un peu moins de fraicheur que le précédent, un côté plus facile d’accès mais à mon sens moins de longueur.
6. Domaine Jean-Michel Guillon – Gevrey-Chambertin 1er Cru Les Champonnets 2005 – 17/20
Robe de belle intensité aux reflets rubis. Très beau nez, au fruité bien mûr, avec de belles notes empyreumatiques et minérales, réglisse, un peu de cuir. La bouche est très belle également, avec une acidité saillante mais une belle matière qui l’enrobe parfaitement, des tannins d’une grande finesse, une longueur imposante, acidulée et salivante. C’est très beau.
7. Domaine Sylvie Esmonin – Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 2005 – 16/20
Robe intense, encore très jeune. Nez marqué par un boisé caramel, vanillé, lacté, un peu putassier, avec un fruit bien mûr mais en peu en retrait. En bouche, c’est rond, soyeux, gouleyant, mais manque un poil de structure à mon goût. La longueur, bien qu’appréciable, me semble également un peu en retrait par rapport au précédent.
8. Dominique Laurent – Mazis-Chambertin Grand Cru 2003 – 17/20
Robe d’intensité moyenne aux reflets rubis. Très beau nez, au fruit bien mûr mais sans excès, petite touche de cuir, épices douces. La bouche est ample, glycérinée, soyeuse, avec une fraicheur très bien conservée, très gourmande, parfaitement équilibrée et longue. Un vin jouissif !
9. Domaine Trapet Père & Fils – Latricières-Chambertin Grand Cru 2003 – 18/20
Robe de belle intensité aux reflets rubis. Beau fruit majestueux, épices, boisé intégré. Bouche ample, glycérinée, soyeuse, superbement équilibrée, gourmande, mûre. Finale longue et soyeuse. C’est tout de même pas mal la Bourgogne quand c’est mûr…
10. Frédéric Magnien – Chambertin –Clos de Bèze Grand Cru 2002 – 18/20
Robe d’intensité moyenne +, reflets rubis. Très beau nez, complexe, de belle maturité (moindre tout de même que le précédent), épicé, minéral. En bouche, on est sur un style plus classiquement bourguignon, avec une acidité plus forte, mais un équilibre qui reste magnifique, plus tendu, plus en longueur qu’en largeur, très différent de la série précédente, mais pas moins plaisant. Très belle longueur, salivante.
11. Geantet-Pansiot – Charmes-Chambertin Grand Cru 2002 – 19/20
Robe semblable au précédent. Nez magnifique, fruité, épicé, floral, avec un boisé quasiment imperceptible. Si le nez est magnifique, la bouche est grande, fraiche et suave à la fois, l’équilibre est parfait, la longueur superbe, saline et salivante. Grand vin.
12. Domaine Philippe Charlopin-Parizot – Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 1997
Bouchonné. ED
Au final, une dégustation d'un niveau moyen très élevé, avec des 2002 et 2003 qui semblent au sommet de leur forme. A coup sûr, ça va être assez calme dans les commentaires, beaucoup plus calme qu'après le CR des 2008...
Bon, c'est pas tout ça, mais on avait encore une petite soif, et notre vieil ami Alain était d'humeur particulièrement généreuse. Jugez plutôt...
After :
1. Robe noire aux reflets violets. Nez mûr, fruits noirs, chocolat. En bouche, c’est puissant et tannique, bien trop jeune. Je m’oriente vers le sud, sur un grenache bien mûr d’une année pas trop chaude. J’ai donc droit aux félicitations du jury quand on découvre la bouteille (c'est mon nouvel ami Patovin qui va être content) :
Yannick Amirault – La Petite Cave – Bourgueuil 2009. Si les vins de Loire ne développent plus d’arôme de poivron, comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ?
2. Robe noire aux reflets violets. Nez mûr, très jeune, puissant, tout comme la bouche, puissante et tannique, avec une finale sur le cuir et la réglisse qui m’évoque Cahors. Trop jeune, potentiel important, mais très austère à ce stade d'évolution. Encore gagné :
Clape – Cornas 2005
3. Finalement non, la robe du précédent n’était pas noire, celle-ci l’est bien plus encore. Reflets violets à rubis. Au nez c’est très beau même si on sent que c’est encore sur la réserve. Fruits noirs, boisé bien intégré, épices, réglisse, cuir, chocolat noir. La bouche est puissante, tannique, avec une finale un peu chaleureuse mais qui reste bien équilibrée malgré tout. Très belle longueur. A attendre, au moins dix ans. Je pars sur un grenache. Châteauneuf-du-Pape, millésime riche et jeune. Pour une fois, je n’ai pas tout faux :
Domaine de la Mordorée – La Plume du Peintre – Châteauneuf-du-Pape 2005. C'est tout de même très costaud, j'espère que la finesse viendra avec le temps (qui a dit comme chez notre bon vieil Alain ?).
Alain ! On a faim, aussi ! Bande de mécréants que nous sommes ! Tout était prévu, avec un superbe plateau de fromages pour accompagner quelques blancs. A moins que ce ne soit l'inverse...
4. Robe jaune pâle. Nez floral, fruits blancs, petite touche boisée. Bouche fraîche, avec un beau volume, très bien équilibrée, belle longueur, beaucoup de plaisir pour ce beau petit Vouvray. Ben oui, il faut bien se lancer… Bon, pas tout à fait faux tout de même :
Domaine de la Taille aux Loups – Clos de Mosny – Montlouis Sur Loire 2012
5. Robe jaune pâle. Nez un poil réduit à l’ouverture, qui s’ouvre rapidement sur des notes fruitées bien mures, fruits secs, boisé bien intégré, très flatteur. La bouche présente une acidité forte mais bien intégrée, l’équilibre est superbe, tout comme la longueur. J’aime beaucoup. Je le place en Bourgogne, Côte de Beaune, preuve que je m’améliore quand mon taux d’alcoolémie augmente :
Domaine des Comtes Lafon – Clos de la Barre – Meursault 2008
6. Robe jaune très pâle. Nez réduit, sur la cour de ferme et la croute de fromage, qui évoque irrésistiblement Chablis. Mais il y a aussi les fleurs blanches, un fruité bien mûr. En bouche, c’est plutôt puissant, ample, avec une acidité bien conservée et une belle longueur. Très belle bouteille que ce
Vincent Dauvissat – Chablis Grand Cru Les Preuses 2006
7. Robe jaune pâle. Superbe nez sur les fruits secs, un boisé de grande qualité, une touche de miel, un fruité bien mûr. Bouche ample et fraîche à la fois, parfaitement équilibrée, très longue. Bourgogne. Grand Cru. 2005. Raté pour le millésime, mais pour le reste, c’est acceptable :
Thomas Morey – Bâtard-Montrachet Grand Cru 2009.
8. Robe jaune dorée. Nez légèrement oxydatif sur la pomme et le pain d’épices. Notes tourbées, beurrées, miellées. En bouche, c’est gras, ample, puissant, tout en conservant une belle fraîcheur, petite amertume sur la finale, d’une grande longueur.
Domaine Jean-Louis Chave – Hermitage 2004
9. Robe or intense, reflets cuivrés. Nez oxydatif, pomme, curry, noix, caramel, sans excès, tout en élégance. Bouche très fraiche, matière et volume suffisants pour équilibrer le tout de manière harmonieuse, grand longueur, c’est superbe.
Sylvie et Luc Boilley – Vin Jaune – Côte du Jura 1996
Encore un grand merci à Alain et Francine pour leur accueil chaleureux, et pour la générosité de cet after mémorable.
Vivement le mois prochain, ce sera Côte-Rôtie contre Hermitage, j'en salive déjà !
Luc