[size=x-small]merci André, je me sens moins seul, surtout en l'absence de Philippe B[/size]
Allez, les rouges...
deux séries de rouges + un, servies dans deux, trois, voire quatre verres différents quand on arrive au fromage. Je suggère un ordre de dégustation, laisse venir les réactions, relance les échanges, les yeux et mouvements des corps en disent autant que les mots ; à l’aveugle, plus d’étiquettes, plus de hiérarchie et l’évidence vraiment ressentie par tous que la Bourgogne, çà vous fend le cœur !! :
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6 Charmes-Chambertin 2007. Domaine Castagnier.
aiguillettes de canard aux petits navets.
Le nez gourmand semble vous ouvrir les bras ; un beau fruit mur, très légèrement confit, comme veiné d’une fine amertume végétale qui n’est pas sans rappeler l’impression que vous avez en marchant sur un sentier traversant un bois de fougères ; un beau grain concentré, encore un peu serré, mais à la présence singulière, harmonieuse, vraiment touchante quand elle prend un caractère floral finement capiteux.
La bouche révèle vraiment la dimension du Grand Cru : une texture concentrée et fine, nimbée de fraicheur, pénétrée de fruit et de petites touches empyreumatiques, élargie sur une belle assise de tannins fins aux amers savoureux, pas totalement épanouis, mais dont les ailes sont déjà à demi déployées sur la persistance.
Vraiment un vin qui a déclenché l’enthousiasme, d’un vigneron peu ou moins connu, qui n’a vraiment pas fait pâle figure à coté de ses voisins prestigieux.
7 Gevrey Chambertin 2009. Claude Dugat.
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Le nez concentré, profond, caressant est terriblement séducteur par ses arômes de jasmin qui rendent encore plus large le sourire de la framboise recouverte d’un voile d’épices au caractère un peu oriental. Le tout dégage une impression follement sensuelle, moderne par son élevage millimétré, totalement voué au service du fruit et de cette touche florale qu’on ne peut oublier quand elle vous a caressé.
La bouche parait dynamique comme en développement ; la chair concentrée, incroyablement gouteuse est comme animée d’une énergie autour de laquelle, comme les rayons d’une roue, le mouvement interne s’organise, devient vivant et s’approche d’une impression d’équilibre, d’harmonie, d’unité assez renversants pour un Gevrey Villages qui malgré son jeune âge, trois jours après ouverture, se goute merveilleusement.
8 Vosne Romanée 1er cru Rouge du Dessus 2008. Cécile Tremblay.
côte de bœuf sauce marchand de vins, pommes de terre sautées.
Nez plein, concentré, un peu comprimé mais harmonieux avec un beau fruit qui aurait mérité un peu de patience, tant je pressentais qu’ouvrir ce vin si jeune, était un infanticide. Mais bon, avec les Clos qui suivaient, servir une belle cuvée de la nouvelle LBZ, comme on le dit dans les guides, semblait un peu équilibrer les apports, ce qui n’est jamais une mince affaire...Même à l’état d’ébauche, les arômes hésitant entre cerise, fraise, un coté un peu racinaire doublé d’un léger fumé, font preuve d’une pureté, d’une franchise assez attachantes, non dénuées de complexité et de profondeur.
La bouche présente un caractère coulant mettant bien en valeur la texture au grain un peu riche mais vraiment savoureux, avec de beaux tannins aux amers fruités réjouissants qui, en regoutant le vin, dégagent une persistance au gout de fraise assez craquante. Mais tout est un peu serré, contrit, encore dans les limbes de ce qui annonce un très beau vin. Si vous avez une bouteille identique en cave, ne l’ouvrez pas avant cinq ans...pour le moins !
9 Clos des Lambrays 2002.
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Le nez dégage une rare harmonie, une impression d’unité proche de ce qu’un tableau, une musique, un paysage ou un être humain, peuvent parfois révéler, éveiller en nous : une mise aux aguets organique, une attention, une écoute. Une impression de structure et de grain, tant sur ce vin, l’un porte, édifie, est l’autre.Une alliance idéale, caressante et joyeuse, entre fruits rouge (fraise, groseille, cerise), champignons dont la truffe assez prégnante, touches empyreumatiques (café notamment), comme réunis, en communion autour d’un arôme floral entre rose et violette. Comment ne pas sentir ce nez comme profondément amical, intime en vérité, tant il fait voir et raconte ce que nos yeux et nos oreilles ne peuvent ni voir, ni entendre, paradoxalement exprimé dans ce grain merveilleux de beauté, de silence.
La bouche tout aussi accueillante, dégage une impression de pureté confondante. Du grand œuvre de vin où les mots s’échouent, transformés en amers d’anthologie quand l’allonge assez stupéfiante devient émotion. Un parangon de finesse et d’harmonie touchante et gourmande.
10 Clos de Tart 2002.
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La comparaison entre les 2 Clos, sur un même millésime, est vraiment passionnante. A ce niveau d’excellence, la
battle sympathique et ludique, parait un peu dérisoire, mais un peu cruelle pour le Clos de Tart, du moins à mon gout et à la mesure de ces deux bouteilles et d’une expérience limitée de ces vins. La beauté du Clos des Lambrays repose sur une harmonie absolue entre la structure et son grain, en parfaite unité, sur un registre fin, tout en nuances touchant à une forme de perfection. Le Clos de Tart, superbe de puissance, de concentration, de structure, mais plus sur la réserve aujourd’hui, a un caractère plus viril, plus secret, avec un élevage plus prononcé, me semble t’il. Je dirais que le premier penche vers un vin de cœur et le second vers un vin de corps. J’utilise le verbe pencher à dessein, pour laisser le champs ouvert...
Si un seul mot devait caractériser son nez, c’est noblesse, mais une noblesse un peu massive, un peu lisse aujourd’hui, par sa structure monumentale déclinant de beaux arômes qu’il est un peu frustrant de devoir aller cueillir quand on souhaiterait qu’ils nous accueillent. Je force le trait mais le nez superbe manque un peu de générosité, de ce coté amical qui tutoie les anges, si bourguignon.
La bouche a un toucher et une qualité de coulant vraiment fin, précis, remarquable sur une texture aussi pleine, concentrée, parfaitement équilibrée. Qualités de structure qui m’impressionnent, me séduisent et me donnent du plaisir, mais dont le grain n’a pas la capacité de me rendre silencieux et de faire monter un merci en forme de larme au coin de l’œil.
Le vin est-il encore un peu fermé, serré par sa prise de bois, corseté par sa gestion du fruit ? N’ayant bu que trois Clos de Tart dans ma vie, je laisse à d’autres le soin de répondre...
11 Nuit Saint-Georges Les Cailles de Philippe et Vincent Lecheneaut 1999.
fromages (Saint Nectaire fermier, Epoisses)
Le nez séduisant, plein de fraicheur, s’ouvre sur une alliance de fruit et de cuir noble tendant très légèrement vers le caramel ; un grain singulier, un peu lacté, épicé (vanille), finement boisé, avec plein de petites touches empyreumatiques et de notes florales qui vous caressent de leurs nuances ; le tout dessine vraiment un joli paysage.
La bouche gourmande a une belle densité de matière étayée de tannins fins, qui appelle la mâche et le Saint Nectaire pour mêler leurs amers. Correspondance étonnante entre le gout singulier, fruité du Saint Nectaire fermier et le coté fruit et cuir du vin à la vibration joyeuse se fichant bien de ne pas jouer tout à fait dans la même cour que ses voisins. Vraiment une belle découverte !
12 Jurançon Quintessence 2004. Domaine Bru Baché.
sablés au safran, mangues à l’orange, glaces exotiques selon O Poussier.
Pas beaucoup de vins liquoreux en Bourgogne et sur cette recette, le Jurançon invité, paraissait plus adapté que le Crémant.
Le nez présente autant de vivacité que de langueur que je souhaiterais un poil plus tonique, plus vibrant. Un paysage un peu atone, pas si vif que çà en fait, tout en rondeurs et en caresses un peu molles, où les parfums de mangue et de litchi, sont les éclaireurs exotiques d’un convoi de sucreries mêlant le miel, le caramel, les épices ; un peu en demi-corps, avec un petit manque d’étoffe à mon gout, donnant une impression un peu indistincte, sans reliefs ; le vin serait-il passé ?
La bouche rattrape un peu le nez, boostée par ce fil acide si caractéristique du Petit Manseng qui tend la chair, révèle les amers, fait monter le sucre au ciel...mais ici la vibration entre fruit, sucre et acidité, est un peu en panne. Cela a bon gout, s’accorde joliment au sablé au safran, mais son coté fruit surmuri un poil mollasson monocorde, n’en fait pas, loin s’en faut, une Quintessence...
D’autres expériences sur cette cuvée du domaine Bru Baché ?
Merci de m’avoir lu.
Daniel