Nous nous retrouvons cette fois chez Thibaut (Thibautmmm) pour un voyage sur la Loire avec une pensée spéciale pour Jean-Luc qui n'a pu être des nôtres.

1. (mise en bouche) Champagne De Sousa – Cuvée 3A
Bouquet discret mais amène. La bouche est puissante, vineuse avec des rondeurs légèrement oxydatives. Chair dense et pas mal de fruit. De la longueur aussi. Belle bouteille

2. Montlouis Les Bournais 2008 – François Chidaine
Un thème qui commence bien : le bouquet et expressif, mûr, avec du chèvrefeuille, de la truffe et de la crème anglaise, bon aussi du fruit, notamment la pomme. La bouche, en revanche se montre très sèche avec des amers imposants. Le contraste est assez saisissant car on s’attendait à une suite plus baroque au vu du nez. Longueur très commune et une finale qui « chauffe » un peu. Bien sans plus finalement

3. Vouvray sec 2010 – Dom. Du Clos Naudin (Philippe Foreau)
Nez finalement sans surprise (et ce n’est pas péjoratif) : tarte au sucre, tarte tatin chaude, coing et fleurs blanches. L’attaque est fine, débouche sur une charpente bien en place, étirée et dense. La bouche fait preuve de subtilité et d’élégance avec une finale solide. On conserve une impression de tarte, et cette fois aux pommes. Curieux cette envie de pâtisserie mais c’est un beau vin.

4. Montlouis Touche Mitaine 2010 – Dom. Le Rochers des Violettes (Xavier Weisskopf)
Bouquet effilé de groseille à maquereaux, rhubarbe, pamplemousse, pointe d’anis et pomme compotée. C’est complexe et généreux. L’attaque est tranchante, la suite ciselée, aérée, avec une acidité fruitée « déchaussante » et une belle longueur. Très beau vin mais il faut tolérer un niveau d’acidité important pour vraiment apprécier (ce qui est mon cas, heureusement).

5. Saumur Brézé 2007 – Clos Rougeard
Nez boisé / réduit à la bourguignonne dans l’excès (silex et cacahuète très marqués), fumé, fruits jaunes dominés par l’élevage. En bouche, il y a une belle ampleur mais le fruit est tout aussi masqué par un boisé envahissant, du clou de girofle et des notes de pharmacie. Peut-être est-ce le style du domaine, peut-être cela se fondera t-il avec le temps mais, en l’état, cela ne me plait pas…

6. Vin de France Les Noëls de Montbenault 2012 – Richard Leroy
Changement total d’approche avec ce vin au bouquet secret, acidulé, salin et finement fruité. La mise en bouche est nette, légèrement perlante, délivre ensuite un beau fruit acidulé (lime, fruit de la passion). C’est dense et traçant, un peu rébarbatif d’abord puis le vin gagne en rondeur et accessibilité à l’aération. Ensemble noble tout en retenue.

7. Montlouis Les Bournais 2009 – François Chidaine
Au nez, maturité laissant présager une rondeur en bouche appétissante, fruits jaunes presque confits, coing bien mûr, élevage toujours marqué mais de classe. Comme pressenti, la bouche se fait ample et mûre sans s’étaler grâce à une très belle fraîcheur. Plus élégant et homogène que le 2008.

8. Vouvray sec 2005 Le Mont – Domaine Huet
Joli bouquet discret sur le citron confit, les herbes aromatiques et les épices avec une petite note de levure. La bouche est bien équilibrée, ample, fondue, élégante. Tout est en place avec une belle patine. Joli vin à point mais auquel il manque un petit déclic pour emporter tous les suffrages.

9. Savennières Coulée de Serrant 1990 – Nicolas Joly
Le bouquet est surprenant avec ses notes de graphite, de fumerolles de charbon incandescent (ah, ces vieux foyers fatigués rougissants au milieu des salles d’attente de campagne), hydrocarbures mais aussi des nuances plus végétales et du tabac. Original et absolument pas oxydé mais on a perdu toute la fraîcheur de la jeunesse. La bouche est compacte et volumineuse avec un fruit discret mais présent et des amers importants. Grosse acidité. On a l’impression de sucer le caillou et le vin s’est ancré dans une sorte de retour à la terre.

10. Vouvray sec 2001 Le Haut-Lieu – Domaine Huet
Cire, truffe, encens, fruits jaunes confits, pâte d’amande : le nez trahit une certaine évolution mais c’est très élégant et complexe. En bouche, c’est dense (très) avec une acidité, marquée mais mûre, de fruits acidulés. Aucune verdeur. Beaux et longs prolongements avec des notes de rôti inattendues. Très beau vin qui, finalement ne fait pas ses 15 ans.

11. Vouvray sec 2010 Le Haut-Lieu – Domaine Huet
Débute sur les fruits frais avec une pointe de sucre candi puis se pointent rhubarbe et pamplemousse confits, enfin des notes florales très fines (tilleul, camomille) s’imposent. C’est expressif et pimpant. La bouche n’est pas en reste : précision, concentration, équilibre et fraîcheur majestueux. Finale persistante et tonique. Excellent.

12. Quart de Chaumes 1989 – Domaine de Bellerive (Lalanne)
Deux bouteilles et toutes deux défectueuses (la première légèrement atteinte mais suffisamment pour ne pas s’exprimer correctement et la seconde, ouverte avec espoir, méchamment frappée de TCA).

13. Coteaux du Layon Beaulieu SGN 1997 Cuvée de la Duchesse d’Anjou – Domaine d’Ambinos
Bouquet impressionnant, puissant, confit et d’une complexité remarquable (fruits exotiques raisin de corinthe, café, tabac, zeste d’orange). La bouche suit dans un registre similaire qui en impose par sa liqueur et sa fraîcheur. Finale sur l’ananas confit. C’est excellent même si cela manque finalement un peu de finesse.

14. Coteaux du Layon l’Anclaie 1995 – Château Pierre Bise (Claude Papin)
Un tout autre style plus réservé et plus profond. C’est aussi très complexe : épices orientales, chicorée, violette, sucre candi, raisin confit. On est subjugué par la classe du vin en bouche et sa concentration. C’est extrêmement salivant malgré la liqueur et cette énergie étire la tenue de bouche vers une persistance… (j’ai noté : « exponentielle » dans le feu de la dégustation et cela rend finalement assez bien l’idée même si c’est sans doute un peu exagéré). Grand vin de méditation.

Au final, un très beau moment attestant à suffisance de l’extraordinaire qualité des chenins ligériens qui n’ont rien à envier à des crus plus prestigieux et plus recherchés…

Afters (ils seront également repris dans leur rubrique)

Chateauneuf du Pape 2013 - Mas Saint Louis
Un vin tout en délicatesse de fruit et soyeux de bouche digne d’un beau pinot. Dans le style Reynaud mais avec moins d’alcool et sans la fraise typique de ce domaine. Très beau

Pinot Noir Champ Dury 2013 Valais - Marie-Thérèse Chappaz :
Chocolat, réglisse, goudron, fruit noir acidulé, poivre, concentré, austère, aux tanins marqués, un peu rêches aujourd’hui, plus proches d’un nebbiolo ou d’une mondeuse (cette cuvée parcellaire élaborée depuis ce millésime est manifestement ambitieuse mais il faudra voir comment les extractions plus poussées, proche de ce que peut faire Jacques Tatasciore, évolueront avec le temps, Personnellement je reste dubitatif et pense que cette cuvée n’est pas « définitive »).

Faugères Cuvée Jadis 2010 Léon Barral.
Personnellement, j’ai rarement été fan de cette cuvée qui propose ce soir pas mal de volatile et des tanins assez amers. Mais le vin fait preuve, au-delà de ce constat, d’une fraîcheur et d’un équilibre de qualité.

Côtes du Rhône Fonsalette 2005 – Jacques Reynaud
Bouteille fatiguée et prématurément vieillie… Dommage

Pierre

Merci Pierre pour le rapport de cette belle dégustation à laquelle je n'ai malheureusement pas pu vous accompagner.
Je remarque que les vins de Huet se sont très bien comportés (3/3!).
En ce qui concerne Les Bournais 2008, je suis un peu intrigué par la bouche car je l'ai encore bu il y a quatre semaines, et on l'avait trouvé bien agréable (huit à table).
Jadis (après quelques déboires) n'est plus vraiment ma tasse de thé non plus; dommage parce que cela donne souvent l'impression que cela pourrait être magnifique. Et parfois ça l'est...
C'est pas un peu bizarre ce Fonsalette 2005 fatigué?
Question d'intérêt personnel: penses-tu que Le Mont 2005 ait encore quelques belles années (en évolution positive) devant lui?

jlj

Encore une très belle série de chenin, c'est la saison on dirait !
Également surpris par Bournais 2008 qui avait fait fureur au repas des 25 ans chez Chidaine.
Pas surpris par l'Anclaie dont je me réjouis d'avoir quelques vieux millésimes en cave ,
encore bravo pur cette belle dégustation.

Pour le Bournais 2008, je ne sais plus si cette impression était partagée par le groupe ou non; en ce qui me concerne, le décalage de nature de perception nez/bouche m'a perturbé et sans doute influencé le commentaire final. Mais au bout du compte, c'est cette identité finale que l'on retient d'un vin, qui ne m'a pas enthousiasmé ce soir là.

Le Mont 2005 est pour moi à point mais il peut se garder sans problème quelques années.

Pierre

Merci pour le CR Pierre...

Soirée avec un niveau vraiment impressionant... !!!Vive le chnin!!!!

Avec les Loirétains nous avions bu Brézé 2007 du Clos Rougeard en octobre 2015 ?
Visiblement c'est une constante de ce vin dans ce millésime. C'était une vraie tisane de bois. Limite buvable.