Bonsoir
Allez, je me lance sur les rouges, avec une petite inquiétude à la clé, sur la façon dont ces 6 vins, ouverts depuis une semaine, ont évolué, même protégés sous vacuum. Certains de mes commentaires intègrent donc les impressions échangées entre nous, le soir même. [size=medium]
Que cela ne vous[/size] [size=medium]
empêche pas de poster vos cr, bande de lâcheurs ![/size]
Ah Cyril, merci, je commençais à me sentir seul....Tu sais, c'est à moi que je la mets la pression, presque un accouchement !
Première série de trois vins servis sur le même plat, dans trois verres différents, ce qui permet de passer de l'un à l'autre, de revenir plusieurs fois sur chaque vin, le tout à l'aveugle, bien sur.
saucisse sèche et saucisson de canard, terrines de canard au poivre vert, de pintade au genièvre, de grouse de Gilles Verot où nous avons également trouvé le lard de Colonnata. Pruneaux secs, confiture de griottes.
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Irouleguy Haitza 1999. Domaine Arretxea.12,5°.70% tannat, 30% cabernet sauvignon.[/size]
"On dirait un Côtes-du Rhône, un Cornas !", s'exclame Benjamin. C' est vrai, ce magnum d' Irouleguy dégage dés son ouverture, le côté un peu animal, un peu cuir, doublé d' une touche florale, de certains CdR septentrionaux. Aujourd' hui, le nez m' apparait soyeux, totalement fondu mais sans aucune mollesse tant le paysage aromatique résolument sec repose sur une vraie charpente superbement équilibrée qui se décline en douces senteurs de fruits noirs (entre cassis et mûre), de figues séchées, d'épices (poivre, réglisse, pointe de céleri) et d' une touche d'encens légèrement poudrée, charpente tissée d' un fil acide trés fin qui apporte une fraicheur inattendue à l' empreinte légèrement animale et sauvage, entre cuir, fourrure et terre mouillée, participant au cachet du vin. C' est fin, complexe, caressant, profond, à mille lieux du nez raide et fermé à double tour du même vin dégusté jeune. Une révélation pour moi. Cette fine acidité nimbée de fraicheur se dépose sur le premier toucher de bouche. La texture pleine, totalement fondue, mais bien structurée par le couple acidité/tannins fins, a un coté aérien trés digeste, infiniment séduisant. J' aime beaucoup son coté sapide, gorgé de fruit et d' épices, même si les tannins du tannat, si féroces dans leur jeunesse, n' ont pu s' empêcher de déposer une légère trace asséchante dont la mâche participe également à l'identité du vin, et que les terrines et catalyseurs d'alliance, s'empressent de dévorer joyeusement ! Autant qu' une parentée d'arômes et de saveurs, je me demande si ce n' est pas le fil acide, l' énergie, la fraicheur qui pourraient rapprocher ce vin de certains CdR septentrionaux.
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Madiran Pichard Vigneau 1990.13,5°.70% tannat, 25% cabernet franc, 5% cabernet sauvignon.[/size]
Jérémie m'a proposé de compléter les deux Irouleguy par ce Chateau Pichard, avec certaines réserves, vu l' age du vin. Depuis des années, je voyais ce domaine sur le catalogue des Caves Augé, à coté des incontournables Montus et Bouscassé, au prix angélique (pour Augé) de 7€ pour le 97 ! Puis en fouinant sur Internet, j' ai réalisé quec Pichard Vigneau 90, cuvée prestige du domaine avant qu' il ne change de mains en 2006, était considéré par certains comme un Madiran d'exception, presque culte. Quand nous avons ouvert la bouteille et goûté le vin avec Jérémie, juste avant la soirée, le regard et la mimique que nous avons échangé, prouvaient que c' était une sacrée bonne idée ! " Droit, plein, franc, juste, sans esbrouffe, merveilleusement équilibré et d' une jeunesse folle malgré ses 20 ans", ce vin nous a tous enthousiasmé ! Aujourd' hui, son nez me donne une impression de velours caressant, comme une volute d'encens plein, profond, imprégné de touches empyreumatiques (fumée, chocolat noir amer) et basalmiques (résine) mélées à des notes tertiaires, enveloppant un tissu de fruits noirs tirant vers le fruit sec. Rien d' évanescent tant ce coté caressant est structuré à nouveau par une fine acidité donnant tonicité, fraicheur et un vrai caractère de pureté à ce paysage aromatique sec, mais pas asséchant dont les arômes tertiaires naissant prennent l'aspect de couleurs d'automne vives et nostalgiques. En bouche, vu leur age vénérable, les tannins sont totalement fondus comme si ils ne restaient d' eux sur le palais qu' une caresse évoquant la poudre de cacao, sur un beau jus équilibré, plein, parfaitement juste tant chaque élément est à sa place, dont le coté automnal du nez s' incarne dans de beaux amers entre chococolat, figue séchée et liqueur de cassis, avec une caresse de champignons et de feuilles mortes sur la finale persistante. Vraiment superbe !
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Madiran Château Montus 2005.14,5°.80% tannat, 20% cabernet sauvignon.[/size]
Déguster à l'aveugle, trois vins en parallèle, peut être une épreuve redoutable de vérité. Aprés la justesse, la totale sincérité du Pichard, la fraicheur pleine de fougue de l' Irouleguy, le boisé intempestif du Montus a vraiment fait tache. Comme si, aprés ces deux vins si empreints d' authenticité, le troisième était à coté de la plaque, d' autant que l'on pouvait regoûter à souhait les deux vins précédents et revenir au Montus dont j' ai mis un certain temps évidemment, à dévoiler l' identité... [size=x-small]surtout aprés la volée de bois vert envoyée et reçue en retour à propos des vins de Brumont, de nos camarades de LPV92, qui a contribué, je l'avoue, à l' organisation de notre session Sud du Sud-Ouest, afin de comparer nos impressions.[/size]
Même si j' étais le premier à être choqué par ce boisé envahissant, je me demande aprés coup si cette impression et la comparaison entre les trois vins, n' a pas faussé notre appréciation, d'ou mon envie de regoûter tranquillement ce vin pour lui même, quelques jours plus tard, soit l' équivalent d' un long carafage dont le vin encore jeune manquait peut-être un peu, sur ce grand millésime. Hâtivement, à l' aveugle (car ce vin a quand même 80% de tannat pas vraiment girondin !), le nez pourrait évoquer un Bordeaux. Il y' a du bois, certes, aux arômes plutôt fins et nobles d' ailleurs, mais ce n' est que l' enveloppe d' un fruit bien mûr (cassis que l' acidité tire sur la framboise), comme veiné d' épices (poivre, santal) et marqué d' une empreinte de cuir tirant vers le caramel au lait que l' acidité tient heureusement en laisse sous peine d' être un peu écoeurant à mon goût. Au final, le tout dessine un paysage aromatique équilibré, plutôt plaisant. En bouche la texture est pleine, large, mais encore un peu rêche et asséchante, comme si les éléments n' étaient pas encore à leur place. Mais on sent quand même la potentialité d' un jus superbe au fruit généreux, plombé pour l' instant par ce coté lacté caramélisé évoluant sur des amers un peu brûlés en finale. Un caramel fou qui nous a quasiment sauté à la figure, l'autre soir !! :
La deuxième série de rouges permettait de mettre en parallèle sur le cassoulet, deux beaux Madirans du millésime 2000, le Bouscassé VV et le ch d'Aydie, suivis sur le fromage par le Bouscassé VV 98. Chacun d' entre nous disposait de quatres verres et pouvait à nouveau passer de l'un à l'autre, voir regoûter l'un des vins précédents, surtout le Pichard pour beaucoup d' entre nous, toujours à l' aveugle, bien sûr.
cassoulet au confit d' oie.
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Madiran Bouscassé VV 2000.14°.100% tannat.[/size]
Même si j' en ai une expérience limitée, j' ai toujours préféré le Bouscassé VV au Montus ( je ne parle pas du Prestige non goûté depuis bien longtemps) à l' élevage plus ambitieux, plus lissé, plus international à mon goût. Nez profond, un peu sauvage par son empreinte animale résolument cuir, mélée à un bel arôme fruité ( fruits noirs) qui vous caresse et vous stimule par le fumet d' épices qui s'en dégage ( poivre, santal). On sent le bois avec ses touches de vanille et de noisette grillée, mais je le trouve plus discret, mieux intégré à la texture aromatique à laquelle il donne du corps et de la rondeur. Une belle énergie s' en dégage avec beaucoup de fraicheur ( toujours le fil acide incontournable ! ) doublées d' une émotion qui me parle et qui se prolonge en bouche. Le vin est maintenant parfaitement à point avec une texture généreuse, gorgée de fruits, bordée de beaux amers auxquels l' alcool, jamais envahissant ( 14°pourtant) donne une puissance, une énergie empreinte de fraicheur qui donne comme une verticalité au vin que je n'ai jamais autant aimé que ce soir. 8 jours aprés ouverture, même sous vacuum, çà semble fou, mais je n'ai senti aucun des vins regoûtés, blancs y compris, décliner depuis une semaine.
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Madiran Château d' Aydie 2000.14°.100% tannat.[/size]
Le soir de l' ouverture, j'ai tout de suite ressenti un lien, comme une parenté avec le Pichard, basé sur leur franchise, leur fraicheur, leur totale non esbrouffe et désir de plaire par un élevage prononcé, une forme d' élégance et de pureté, en définitive. Ce qui en a fait mes deux rouges préférés, Jeudi dernier. Ce soir, je regoûte le Bouscassé VV 2000...grosse claque et grande émotion , je l' avoue. Alors Aydie, dont l' encépagement et le degré d' alcool sont rigoureusement identiques ?
Nez fin, presque soyeux, tout en délicatesse sur une colonne vertébrale élégante et racée, un peu moins épicé que le Bouscassé, mais avec un caractère plus minéral (graphite), le tout dégageant une impression de clarté, d' ouverture, de grande fraicheur, beaucoup d' émotion à nouveau. Fraicheur intense sur le premier toucher de bouche qui donne comme une transparence, un coté lumineux à la texture dense, ample et fine à la fois, portée par l' alcool bien intégré au fruit, avant que ses tannins fins mais bien présents sur la finale, invitent à une mâche gourmande auquels la texture du haricot du cassoulet et le gras du confit d'oie servaient vraiment d' écrin aux deux vins, l'autre soir. Alors ??
..... Allez, je dirais que ce qu' Aydie perd ( trés légèrement !) en densité et en puissance, il le gagne en surcroit de finesse et de fraicheur. Les deux sont assurément de grands vins et ce qui est vraiment sympa, c' est qu'il me reste encore une bouteille de chaque !!
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Madiran Bouscassé VV 98.12,5°.100% tannat.[/size]
vieux gouda, vieille mimolette, tomme de brebis des Pyrénées de La Fermette de Chloé et Gabriel, rue Montorgueil. 75002.
Comparer en parallèle le 98 avec le 2000, est passionant. J' utiliserais probablement les mêmes mots pour tenter de décrire les arômes et saveurs des deux vins, mais probablement pas les mêmes adjectifs et les mêmes impressions. 98 est considéré comme une bonne année, 2000 comme une grande année (malheureusement aucun de nous n' avait de 2001 en cave !). J' ai l' impression qu'il en est de même pour les deux vins concernés : 98 est un bon vin que l' on oubliera plus rapidement, 2000 est un grand vin qui suscite l' émotion, un enthousiasme que je ne suis pas prêt d' oublier. A mon sens, bien que la comparaison soit le pire ennemi de la découverte, 98 est moins puissant, moins dense, moins complexe, plus en demi-corps, moins habité par cette énergie dynamique propulsé par le couple degré d' alcool/acidité fraicheur. Mais une fois que l' on aura rangé tous les moins et les plus au placard, et considéré le 98 simplement comme il est, avec ses modestes 12,5° d' alcool, j' avouerai sans torture, qu'il peut donner vraiment beaucoup de plaisir, avec une buvabilité peut-être plus immédiate.
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Jurançon Uroulat 2007. Charles Hours.[/size]
gorgonzola, pain aux abricots secs et aux noix de la boulangerie Julien.
voir cr plus haut. Accord intéressant suggéré par Faure-Brac comme deuxième choix (le premier étant un Moscato di Pantelleria) mais pas aussi canon que je l' imaginais.
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Jurançon "Quintessence du petit manseng. Folie de Janvier" 1999. Domaine Cauhapé.[/size]
ananas au caramel épicé, glace coco selon la recette d' Olivier Poussier.
Olivier nous a fait un bien beau cadeau en
oubliant chez lui la glace coco >
< apportant cette Folie de Janvier, issu de raisins passerillés vendangés le 23 Janvier 2000, au rendement de 6hl/ha, qu' Henri Ramonteux place au top de l' élite de ses liquoreux. Des grands vins passerillés du domaine Cauhapé, je ne connaissais que Noblesse du temps déjà magnifique, mais là....la robe dorée somptueuse évoque celle du Vin D' Autan de Plageoles, le nez est extraordinaire, d' une complexité affolante, tout en vagues opulentes d' arômes confits dont chacun par sa densité, sa profondeur exprime effectivement la quintessence de l' abricot, de la confiture d' orange, du pralin, des miels les plus fins, le tout profondément pénétré de cette merveilleuse acidité qui donnent des ailes à la quintessence de sucre fondu au fruit. La vague s' allonge en bouche, large , trés grasse, d' une densité et d' une concentration superlative, tonifiée par l' acidité vivifiante du petit manseng qui semble la soulager de toute pesanteur, alors que sa trame amère, d'une longueur époustouflante, semble ne pas avoir de fin. La description est baroque mais juste, mais je demande si je ne ressens pas plus de plaisir avec le Uroulat, plus fin, plus aérien, plus accessible, un peu à l' image du Renaissance de Rotier face au Vin D' Autan de Plageoles. J' aime imaginer que l' absolu se situe plus dans l'immanence des petites choses que dans les monuments.... Ah, je suis partagé, car cette tension fruitée acide amère au goût unique, renversant, si singulier que j' adore dans les Jurançons, a des allures d'énorme lame de fond venant du plus profond sur ce vin d' exception. Belle façon de conclure ces trois sessions superbes consacrées au Sud-Ouest dont la dernière sur le Sud Sud-Ouest ressemble plus que tout à une forme d'éloge de l' acidité, thême tout à fait LPVIEN par les temps qui courent, n' est-ce pas Jérôme ?
Bon we à tous avec un beau thême de méditation sur l' air de '
l' acid tend ce que la mer relache" Je sors.....
Daniel