Amis dentistes et teinturiers, préparez vous à élargir votre chiffre d'affaire, le Cercle Picard, pas surgelé du tout en ce début de printemps, avait décidé de s'attaquer au Sud Ouest avec une petite focalisation sur l'équipe rouge du Madiran et sa redoutable première ligne.
Est-ce la réputation des tanins, plaqueurs invétérés aux oreilles en chou fleur et au nez camus, qui nous a vu subir un éclaircissement des rangs, je l'ignore ?! Je me chargeais donc du recrutement d'un joueur étranger mais oh combien compétent et généreux dans l'effort pour équilibrer la mêlée locale et éviter un affrontement déséquilibré!
Alors que certains sous entendaient une nouvelle fois que ma visite dans la région se résumerait à des kms parcourus dans l'Amienois profond, ses ronds points et ses champs de betterave, j'avais prévu mon coup et passé un coup de fil à la DDE du coin pour pouvoir tomber dans le panneau !
!!:
:D
Nous sommes donc bien arrivés à l'heure pour le coup d'envoi !
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Jurançon sec, Charles Hours, cuvée Marie, 2001[/size]
Le nez est exotique, un concentré d'ananas et de papaye (en fin de repas, j'aurai carrément l'impression de croquer un cube de fruit séché!). Jolie acidité et beau gras en bouche. L'ensemble est frais, sur ces notes exotiques. Finit un peu court.
[size=medium]Pacherenc du Vic Bilh sec, Montus, 2001[/size]
Ouch !!:
Ça, c'est le cri du LPVien Picard ou comment traduire en Ch'ti le "Y'a du bois!". J'ai l'impression d'être en pleine visite chez Midas, le roi qui change le vin en Pneu !! Ce nez de caoutchouc brûlé écrase tout et c'est bien dommage car la matière perçue derrière est belle, grasse et d'un bel équilibre.
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Courage les amis, mettez vos protège dents, chaussez les crampons, l'équipe rouge du Père Tannat arrive !
Allez les Petits !![/size]
[size=medium]Madiran, Montus, 1995[/size]
Le nez est animal, assez peu causant. La bouche est ferme, anguleuse. Bof
[size=medium]Cahors, Clos de Gamot, cuvée Vignes Centenaires, 1995[/size]
Très beau nez sur les fruits rouges (fraise) et le tabac blond. Les spécialistes iront jusqu'à détecter des notes d'intercalaires de boîte à cigares. Je manque de base pour comparer ! L'attaque est très belle, avec un beau fruité qui se développe, sous tendu par une acidité importante. Mais attention à la petite surprise finale ! Des tanins énormes arrivent en renfort et vous remontent les gencives d'un bon cm ! :
Beau vin néanmoins dont Charles nous apprend qu'il est issu de vignes pré phylloxériques et qui me semble armé pour affronter les décennies.
[size=medium]Madiran, Chapelle Lenclos, 1995[/size]
Le nez est assez peu engageant, sur le viandé. En revanche, la bouche présente un bel équilibre fruit/ matière qui finit toutefois un peu sèchement. Bien
[size=medium]Madiran, Labranche Laffont, Vieilles Vignes, 1995[/size]
Ah, non, là, M'sieur l'arbitre, faut sévir. Fourchette dans la mêlée et bourre pif en cachette ! C'est raide et sec. Mes gencives se font la malle! Soigneur !
[size=medium]Madiran, Montus, cuvée Prestige, 1995[/size]
Le nez est très animal, sur la fourrure. La bouche est mûre, et derrière une grosse matière, on trouve encore trace de quelques fruits noirs. Tanins fermes en finale. Bien
[size=medium]Madiran, Château Bouscassé, Vieilles Vignes, 1995[/size]
Nez sur les fruits noirs ainsi qu'un léger grillé. Très belle attaque douce et ample qui se développe agréablement. Beau vin
[size=medium]Madiran, Château d'Aydie, 1996[/size]
Nez réduit, le match est commencé et les joueurs commencent à être bien suants ! Ce vin m'a semblé peu causant, large comme un troisième ligne mais manquant de finesse.
[size=medium]Madiran, Château d'Aydie, 1997[/size]
Ah, on change de registre! La robe est impénétrable et vous teinte le verre comme rarement j'ai pu le constater. La larme déposée sur le buvant met un temps incroyable à descendre sur la paroi du verre. L'élevage est encore perceptible au nez mais la bouche est superbe, sur le cassis et la myrtille, le tout présentant un équilibre tout à fait convaincant. Très bien
[size=medium]Madiran, Domaine Damiens, 1998[/size]
Ce vin m'a semblé peu en place, entre des notes réduites (teinture d'iode) et des arômes intéressants, sur les fruits noirs et la réglisse. La bouche est en revanche un peu maigrichonne.
[size=medium]Madiran, Montus, 1998[/size]
Le nez est fermé, sur des notes de pain grillé. Grosse acidité en bouche qui semble déséquilibrée en dégustation pure. La goutte dans mon verre est complètement sur le brûlé.
[size=medium]Madiran, Clos Fardet, 1999[/size]
Nez sur le cassis et la myrtille. L'attaque est agréable, sur les fruits noirs mais une amertume finale déséquilibre le tout.
[size=medium]Madiran, Domaine Berthoumieu, cuvée Charles Batz, 1999[/size]
Le nez est sur le pain chaud, pas particulièrement grillé. La bouche est agréable, presque ronde (enfin un rond format pilier tout de même!). Vin prêt à boire.
[size=medium]Madiran, Domaine Berthoumieu, cuvée Charles Batz, 2001[/size]
La robe est là encore d'un noir impressionnant. Le nez est d'une belle jeunesse, sur la confiture de mûre, laissant une impression un peu lactée. Très belle bouche d'une grande maturité, impression sphérique, quasi sucrée que vient allonger une grosse acidité et des tanins importants mais, ici, pas secs du tout. Un beau vin d'avenir !
Le match est bien avancé et l'équipe des courageux picards a bien résisté aux assauts et plaquages des rouges de chez Tannat? Certains affichent tout de même de beaux sourires UltraDark à faire pâlir un marathonien des primeurs bordelais !
Petit arrêt de jeu salutaire pour remobiliser les troupes et reposer les muqueuses fatiguées avant le dernier quart d'heure.
En gros, et ben, ça bulle !
[size=medium]Champagne Boulard Brut Nature[/size]
La phrase du jour "Ca sent bon, ça change!".
Un nez sur la pomme et la pâte d'amandes. J'ai beaucoup aimé l'équilibre en bouche de ce vin, tendu et frais, d'une jolie longueur.
L'effort, c'est bien connu, ça creuse !
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Filets de rougets à la moelle et Duo de canard au jus épicé.[/size]
Attention, entrée des jokers de luxe pour le dernier quart d'heure.
[size=medium]Madiran, Montus, 1990[/size]
De suite, on sait qu'on change d'époque. La robe est plus évoluée. Le nez reste peu éloquent et la bouche marquée par une grosse acidité. Les tanins sont fondus (enfin
!) et le vin passe bien à table.
[size=medium]Madiran, Château Bouscassé, Vieilles Vignes, 1989[/size]
Humm, ça semble de suite plus en place. Très beau nez fin et élégant, sur des notes de cuir et de tabac blond. La bouche est à l'avenant, bien en place, sur des aromes finement épicés qui répondent bien au canard. Très beau
[size=medium]Jurançon, Domaine Cauhapé, Symphonie de novembre, 2004[/size]
Nez agréable, sur la cire d'abeille, le miel et le pralin. La bouche est toute en dentelle, fine acidité qui lui donne de la légèreté. Aromatiquement, on est sur le fruit de la passion. C'est très beau, frais comme un salade de fruits. J'aime beaucoup.
[size=medium]Jurançon, Domaine Cauhapé, Noblesse du temps, 1998[/size]
Ouch !! Du grillé, y'en a et il vous emporte le nez! Alors, élevage ou réduction? Curieux vin qui ne trouve pas son équilibre. L'acidité est dissociée et une sucrosité importante semble pâteuse. Pas compris ce vin ?
[[size=medium]Jurançon, Uroulat, 2002[/size]
Ah, là, c'est classique et Petit Manseng à fond. Un très beau nez de fruits exotiques, l'impression de croquer dans une mangue ou une papaye. Une impression de délicieuse évidence se dégage de ce vin, son équilibre et sa fraicheur m'ont convaincu !
[size=medium]Pacherenc du Vic Bilh, Domaine Laffitte Teston, 1998[/size]
Vin fatigué qui n'a plus à donner que de vagues notes de raisins secs. Paix à son âme.
[size=medium]Jurançon, Domaine Cauhapé, Quintessence de Petit Manseng, 1991[/size]
Bon, là, y'a débat ! Bouchon ou pas bouchon. Moi, je dis y'en a ! Alors pas des stères mais ça renifle un peu le liège et c'est surtout en bouche que je le perçois. Malgré tout, on voit un beau vin derrière ce défaut, sur la cire d'abeille, le miel. C'est long mais pour moi, ça dévie. Zut !!
Bon, le match est joué et s'est finalement révélé viril mais correct. Mis à part un morceau de plombage qui n'aura pas résisté aux charges tanniques de l'équipe adverse (véridique!), que puis-je retenir de cette belle journée?
Le Madiran, c'est pas un sport pour fragiles de la dégustation.
Le Madiran, viril tout seul, peut se présenter comme un convive de premier ordre pour peu qu'on lui accorde un plat à la hauteur de sa carrure.
Les tannins du Madiran, il faut savoir attendre que le temps les rabote, les fonde.
Bouscassé m'a semblé conserver plus de fruit au vieillissement que Montus qui part plus facilement sur des notes viandées.
Merci à tous les amis présents (particulièrement au Capitaine Charles) pour cette nouvelle session réussie.
Et vivement la prochaine rencontre !