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Ode à la Joie 2008
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Dans le verre, cet assemblage de colombard, d’Ugni blanc (c’est qu’on tâte de l’armagnac par ici) et de petit et gros-manseng brille et la métaphore serait facile pour le dédaigneux. Ca brille comme ne boule à facette de soirées disco-toc pour nostalgiques à paillettes des années 80. Ca clinque d’or pâle dans le corps et ça te monte jusqu’à l’or bien doré, comme Julien, dans les reflets. Y a du gras et de la lubricité dans les jambes qui se croisent et se décroisent sur le verre. Mais moi je trouve ça beau, surtout quand la poudre d’anthracite plombe les nuages depuis deux semaines.
Son nez fait dans la fragrance fine, la modération raisonnable. Je suis emballé aussi sec : séduisant, mûr, presque liquoreux. Du fruit et presque que du fruit, et quels fruits : citron, mandarine, nèfle. Mais pas que. Du miel, un peu d’épices et même un soupçon de vanille. C’est que ce blanc a connu la barrique.
En bouche, ce vin montre toute l’utilité de ne jamais commenté un vin sur l’impression fugace d’un seul verre. Alors un fond…
C’est que l’attaque grasse et sucrée fait vite regretter de l’avoir ouverte sur une sole au beurre. En apéro, pourquoi pas ou avec un foie gras, sublime.
Cependant, une forte et savoureuse acidité de « chique sûre » (tartrique si vous voulez) s’impose lentement mais sûrement. Sur la finale de la première gorgée, sur le milieu de la seconde, puis sur l'entièreté de la bouche au deuxième verre. C’est que cette acidité vive persiste bien au-delà du vin lui-même, comme un fond musical qui s’imprime dans une conversation de potes. Dès ce moment, le vin accompagne assez bien le poisson grillé dans du beurre avec du gros sel et un généreux filet de citron. Et les arômes rivalisent d’élégance : de l’ananas, pas en boîte, frais et mûr, du citron, de la nèfle, de la réglisse un peu plus fatigante et triste sur la finale. Et ça te tire sur les 10 secondes. Honorable.
Le lendemain, ça pète de fruit mûr, toujours ceux de la veille. La structure est plus ronde, l’acidité moins présente et alors on sent que ce vin n’a pas la matière des cadors qui valent des pépettes mais qui réjouissent tant nos événements festifs. Je pense notamment au moelleux du Clos Uroulat. Mais ok, Uroulat c’est un liquoreux, ici un quart de sec si je puis me permettre l’invention. Et puis OK, c’est léger, facile, gourmand, festif. Ca donne du plaisir tout plein. Et c’est très mal. Mais bon, vous voulez connaître la meilleure ?
La bonne blague ? Et ben, c’est 6,80 €, prix caviste en Belgique. En d'autres termes, selon mon goût, un très bon rapport Q/P
Bonne soirée