Après les pronostics (vous ne vous êtes pas trompés de beaucoup...), voici le compte-rendu.
Domaine de la Combe Blanche - La Chandelière - Minervois la Livinière 1998/1990
Les deux robes sont d'intensité moyenne, les reflets plus évolués du 1990 permettent aisément de les différencier.
Au nez, le 1998 domine largement, bien mûr tout en restant aérien, avec un côté sanguin, fruité, épicé et des notes de garrigue. Le 1990 se montre à ce niveau beaucoup plus lourd, sur les fruits compotés, la cannelle, les épices orientales.
En bouche, le combat est plus équitable, avec un 1998 encore très tannique, d'acidité un peu faible et légèrement dominé par son alcool (il aurait peut-être mérité d'être servi plus frais) et une longueur correcte ; le 1990 semble mieux équilibré, avec des tannins fondus, mais présente également un petit excès d'alcool dans l'équilibre et manque de longueur.
Le 1998 domine ici le 1990, qui a à mon avis dépassé son apogée.
Château Haut-Marbuzet - Saint-Estèphe 1999/1990
L'intensité des deux robes est similaire et démontre qu'on ne fait pas ici dans la surextraction, les reflets brique du 1990 contrastant avec le violet à rubis du 1999. Ce dernier se présente comme extrêmement flatteur au nez, avec un boisé très élégant, un fruité mûr, des notes fumées, de café, de beurre et une belle minéralité. Le nez du 1990 fait fuir la plupart des convives par ses notes plutôt désagréables d'écurie et de fromage fort. J'en ai même surpris certains en train de jeter l'intégralité de leur verre dans le crachoir. Bien mal leur en a pris, car après quelques minutes d'aération, les plus patients on pus assister à une transformation complète du nez, perdant ses notes de réduction et voyant apparaître de bien plus nobles arômes de cèdre, de cuir, d'épices, de sous-bois, avec un fruité mûr faisant sa réapparition en même temps que les notes minérales.
En bouche, il n'y a pas photo : le 1999 se présente comme un gros bébé joufflu, mais manque de tranchant, de matière et de longueur en comparaison avec le 1990, magnifiquement équilibré, tout en finesse et en longueur.
Le 1990 gagne à mon sens largement la partie, bien que certains restent malheureusement sur leur première impression apportée par le côté flatteur du 1999. Le fond ou la forme, à chacun sa préférence, mais pour ma part c'est le fond...
Domaine Chanson - Beaune Bressandes 1er Cru 2002/1991
Les robes sont d'intensité légère, toute bourguignonne, aux reflets violets pour le 2002, plus évoluée, couleur brique pour le 1991. Le nez du 2002 est sur le fruit rouge, évoquant le cuberdon, les épices douces ainsi que quelques notes florales et végétales (rafle ?). Celui du 1991 est complètement différent, très élégant, sur l'empyreumatique, de fines notes animales, du cuir, du tabac et des épices. En bouche, le 2002, très bien équilibré, présente une belle attaque, des tannins fins et une longueur digne de son classement. Le 1991 possède quant à lui une fraîcheur remarquable, un très bel équilibre également, des tannins fondus, et un retour aromatique sur la réglisse dans la finale de belle longueur.
Deux vins qui n'ont finalement pas grand chose en commun, de bonne qualité mais sans génie, assez difficiles à départager. Je donnerai néanmoins une très légère préférence au 1991 pour son surcroît de complexité.
Domaine de Comte Armand - Pommard 1er Cru Clos des Epeneaux 2000/1993
La robe du 2000 est d'intensité faible, avec des reflets très jeunes, tandis que celle du 1993 est un peu plus intense mais légèrement trouble, tout en gardant une belle jeunesse. Au nez, le 2000 est très flatteur avec sa corbeille de fruits rouges et noirs bien mûrs, un boisé de grande qualité, ainsi que des notes minérales et épicées. Le 1993 est plus évolué, toujours fruité et floral mais avec l'apparition de notes de cuir, avec un petit côté animal pas désagréable. La bouche reste décidément le meilleur juge, avec deux vins superbement équilibrés bien qu'encore tanniques, avec peut-être un côté un peu chaud pour le 2000, qui manque un peu de fond, et un 1993 l'emportant largement sur le plan de la longueur, critère suprême.
Le 1993 emporte les suffrages grâce à ses qualités en bouche, malgré l'indiscutable charme du 2000.
Domaine du Vieux Télégraphe - Châteauneuf-du-Pape 2001/1990
Les deux robes sont d'intensité moyenne, avec des nuances conformes à leur âge. Le nez du 2001 est magnifique, très ouvert, étonnamment floral, avec des notes de fruits rouges, d'écorces d'orange, de mandarine et de réglisse ; celui du 1990 est un peu décevant, plus mature mais très simple, sur les fruits cuits et le cuir. La bouche confirme cette fois le nez, avec un 2001 magnifiquement équilibré, avec beaucoup d'ampleur, du volume, des tannins serrés mais mûrs, ainsi qu'une grande longueur ; le 1990, quoique étant bien équilibré, ne possède pas la longueur de son cadet et paraît bien terne à ses côtés.
Le 2001 l'emporte très largement et sans aucune discussion.
Domaine Jamet - Côte-Rôtie 2001/1994 (Côte Brune)
Un match peut-être un peu inégal au départ, le 2001 étant la cuvée classique, tandis que le 1994 était une Côte Brune.
Les robes sont d'intensité moyenne, conformes à leur âge. Le nez du 2001 est d'une élégance folle, sur la violette, les fruits noirs, des notes sanguines, empyreumatiques et minérales ; le 1994 n'est pas en reste, quoiqu'un peu plus rustique, sur des notes minérales, de réglisse, d'écorce d'orange, de cuir, de fumée avec également un léger côté animal. En bouche, le charme immédiat du 2001 se confirme avec une belle attaque toute en fraîcheur, beaucoup d'ampleur, un équilibre proche de la perfection et une grande longueur ; le 1994 est plus puissant, plus tannique également et semble un peu moins long.
Le 2001 l'emporte grâce à son charme immédiat et sa grande finesse, le terroir de la Côte Brune semblant donner des vins plus rustiques qui demandent sans doute plus de temps pour s'amabiliser.
Domaine Belle Père et Fils - Hermitage 1999/1990
La robe du 1999 est un peu plus intense que celle du 1990, mais toutes les deux restent très jeunes. Le nez du 1999 est splendide, extraverti, sur un fruité mûr (groseille, cassis), du poivre, de la cannelle, l'écorce d'orange, la violette, ainsi qu'un boisé léger bien intégré ; Le 1990 se présente nettement plus fermé au nez, sur le cuir, le poivre, la réglisse, les fruits noirs et le café. En bouche, les deux vins sont puissants, avec une belle fraîcheur, un magnifique équilibre et une grande longueur, le 1990 étant peut-être encore un peu plus tannique que son cadet de neuf ans.
Deux superbes vins possédant un très gros potentiel, et même si le 1999 se présente mieux au nez à l'heure actuelle, je ne peux les départager. Egalité.
Au final, quatre points partout en ce qui me concerne, avec une déception pour le Vieux Télégraphe 1990, pas au niveau des autres bons Châteauneuf-du-Pape du même millésime que j'ai pu déguster jusqu'ici. Les vins jeunes se présentent presque systématiquement au nez sous un jour plus flatteur, soit grâce à un élevage luxueux, soit parce qu'ils sont dans une phase de pleine expressivité de leur fruité. En bouche par contre, les choses s'équilibrent, et la qualité du millésime se marque d'avantage, tant en vin jeune qu'en vin plus âgé. Une très belle expérience en tout cas.
Pour finir en beauté (du moins nous l'espérions...), nous attaquons une dernière bouteille, hors concours.
Domaine Peyre Rose - Syrah Léone 1991
Nous aurions sans doute mieux fait de nous abstenir, car il s'agit assurément de la plus grosse déception de la soirée, du moins en ce qui me concerne, quand on connaît l'estime que je porte à la production de Marlène Soria que je connais depuis le millésime 1994.
Tout commençait pourtant bien avec une robe profonde, encore étonnamment jeune, et un nez superbe, sanguin, floral, et magnifiquement minéral. En bouche par contre tout se gâte, car après une belle attaque suit rapidement une très importante sensation de sécheresse, tout à fait rédhibitoire, et qui ne pourra à mon sens pas s'atténuer au vieillissement. En dégustation pure, ce vin est à la limite du buvable, même si cela devrait un peu mieux passer à table.
Merci d'avoir eu le courage de lire jusqu'au bout,
Luc
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