Bonjour à tous,
Même si LPV Londres est discret au niveau des comptes rendus, nous continuons de nous voir régulièrement pour des soirées (plus ou moins) organisées. Le groupe de dégustation étant devenu un groupe d’amis, nous sommes malheureusement devenus assez paresseux au niveau des comptes-rendus.
Mais pour Noel, on a décidé de faire un effort particulier. Voici donc le compte rendu de notre diner de Noel.
Pour la troisième année consécutive, nous avons fêté Noel au Pied à Terre, restaurant étoilé de Londres (et récemment le théâtre d’un épisode de la version anglaise de Masterchef !). Une fois encore, l’accueil de Mathieu a été fantastique et la nourriture d’un très haut niveau.
Nous commençons par un
Mumm 1955. La couleur est ambre, le nez discret trahit une certaine fatigue, avec des notes de miel, de cire et de noix. La bouche est étonnante avec une attaque douce, une acidité faible, plus aucune bulle, un faible volume en bouche. Cependant la finale est extrêmement longue, sur des notes de noix. Un vin très intéressant, clairement fatigué qui a sans aucun doute été un très grand vin il y a des années. Après quelques gorgées, nous décidons de garder la fin de la bouteille pour le fromage. L’accord fut très bon.
Intéressant
Nous enchainons avec un
Krug 1995. La robe est jeune, la bulle très fine. Le nez est assez discret, sur des arômes des noisettes, une impression de jeunesse et de légèreté. En bouche l’attaque est vive, le milieu de bouche manque sans doute un tout petit peu de matière ce qui fait que l’acidité est légèrement trop présente. La finale est longue, délicate, légèrement salivante, sur la noisette.
Très Bien +
Nous entamons la première entrée (Seb a passé sa journée pour traduire les plats donc je vous mets la totale
– « Huitre « Maldon » pochée au lard de Colonnata, Emulsion à la pomme Granny Smith et huile d’Olive fumée ») avec un
Batard Montrachet 99 de chez Pierre Morey. La robe est étonnement évoluée pour son âge. Le nez présente des notes de cire, de tabac. En bouche l’attaque est douce, la légère sucrosité en milieu de bouche trahit un manque d’acidité, la finale est courte. Un vin clairement décevant au vue du pedigree. A noter que l’accord avec l’huitre sera très bon.
Bien
Arrivent ensuite des « Coquilles Saint Jacques Ecossaises marinées, Noisettes torréfiés, Céleri caramélisé et crème de Foie Gras glacée » accompagnées d’un
Corton Charlemagne 1990 de Bonneau du Martray. La robe est jeune, le nez puissant, dégageant des arômes de fleurs blanches, citron. L’attaque est douce, le volume en bouche est bon mais ce qui frappe surtout c’est le côté pur et droit de ce vin. La finale est longue, légèrement salivante. Autant le vin précédent faisait âgé, autant celui-ci est encore jeune.
Grand Vin
Le plat suivant est un « Turbot Roti, purée de Trompettes de la Mort et Courge aromatisée à la Vanille, Fondue au Parmesan » parfaitement cuit, très ferme, légèrement viandé. Pour faire face à ce plat étonnement puissant nous avons un
Meursault Perrière 94 de Lafon. Ce vin est d’un contraste saisissant par rapport au vin précédent. Le CC était tout en droiture avec qu’ici c’est le gras qui domine. La robe est évoluée. Le nez est puissant, gras, sur des arômes de fleurs blanches. La bouche est puissante, avec un très beau volume. La finale est moyenne. C’est vraiment un vin très agréable à boire, le plaisir est plus charnel qu’intellectuel. C’est «juste» très bon. Manque sans doute un tout petit peu de complexité pour être grand.
Excellent
Nous attaquons ensuite les rouges par les Bourgognes et tout d’abord par la revanche de l’année dernière. Florent avait en effet déjà apporté un
Clos Vougeot 1988 Meo Camuzet (vinifié par Henri Jayer) qui ne s’était pas particulièrement bien montré. Et là il faut bien avouer qu’il a été vengé. Le nez est d’abord dominé par la cerise, on distingue aussi de la rose séchée, des épices douces, tous ces arômes sont fondus ensemble. Extrêmement classe. La bouche est un modèle d’élégance, de légèreté. Le vin est consistant sans être particulièrement puissant. La finale est assez longue.
Grand Vin
Nous buvons en parallèle un
Nuit Saint Georges 1er Cru les Vignerondes 1988 du domaine Leroy. Ce vin est très différent du précédent. Le nez est puissant, sauvage, viandée (certains parlent de bassecour), grillée avec un peu de fruit et une jolie minéralité en fond. La bouche est puissante, sauvage, légèrement sucrée. Finale moyenne. Un très bon vin mais presque trop jeune et qui souffre un peu de la comparaison avec le Clos Vougeot.
Très Bien +
Ces deux vins ont accompagné avec bonheur un « Magret et Cuisse d’Oie Rôtie, Orge perlé braisé, Salsifis sautés et Velouté de Ceps » .
Les deux Bordeaux sont servis sur un « Filet de Chevreuil du Berkshire, Chou-fleur râpé, Escargots du Hertfordshire glacés et jus au vin rouge ».
Latour 1976 : Le nez est assez puissant, sur le fruit confit, poivron, cuir. La bouche est sympathique mais trop légère. Agréable mais un vin clairement en fin de vie.
Bien.
Il s’est alors passé quelque chose d’étonnant. Sébastien s’est servi la fin de la bouteille et le vin qu’il avait dans le verre était beaucoup plus vivant et puissant Nous n’avions jamais rencontré ce phénomène (c’est décidemment compliqué le vin
) : Le nez est sur l’encre, le poivron et la boite à cigares. La robe est sombre, le bord du disque est tuile mais reste encore bien sombre. En bouche le vin est joli, il reste concentre, sur des notes tertiaires dominées par le poivron et l’encre. Encore du fruit et une certaine acidité maintiennent le vin en vie. La finale n’est pas très longue mais cela reste une belle rencontre.
Bien +.
Le deuxième Bordeaux est un
Cheval Blanc 1971. La robe est évoluée sur les bords mais encore bien foncée en son cœur. Le nez est puissant, encore assez jeune, très concentré, légèrement sucré. Des aromes d’encre, d’épices et d’eucalyptus. Superbe. La bouche est puissante, une sensation impressionnante de concentration et d’équilibre combinée. Raffiné et violent à la fois. Très grande longueur.
Très Grand Vin.
Certains lui ont reproché de manquer un peu de complexité aromatique en bouche alors que j’ai ressenti cette caractéristique comme une preuve de l’équilibre suprême de ce vin. Il est toujours étonnant de constater à quelle point deux personnes buvant la même bouteille peuvent avoir des impressions différentes.
Nous finissons les viandes par une « Déclinaison autour du Lièvre, Courge « Jack Be Little » rôtie, chocolat amer et jus en réduction de gibier » et deux Rhônes.
Rayas 1993 : La robe est claire, le nez élégant, sur la fraise, les épices douces, orange, un peu de garrigue, tout en délicatesse. La bouche est élancée ; légère et concentrée à la fois. Un vin frais et très élégant voire aérien. La bouche est très ciselée. Le vin semble absolument intemporel et on sent qu’il est encore légèrement sur la réserve et devrait rester très beau pour de nombreuses années. Bonne longueur. Superbe.
Grand vin
Cote Brune 1991 de Jamet : la robe est encore très sombre. Le nez dégage des senteurs d’eucalyptus, de cuir doux, un coté floral (violette), fumé et ferreux. La bouche est encore très jeune, pleine, puissante tout en conservant une belle maitrise. Un vin franc. Bonne longueur.
Grand vin
Pas le temps de faire de pause car nous entamons déjà les fromages avec la fin du Mumm 1955 et un
Hermitage Chave 1999. La robe est encore très claire. Le nez assez puissant, frais, anisé, légèrement oxydé. En bouche nous avons un vin droit, élégant et présentant un jolie volume. On ne peut que lui reprocher de ne pas dégager d’émotions particulières.
Très Bien +
Nous finissons ensuite le repas avec deux Sauternes et deux desserts : une « Crème Brulée au Chocolat Blanc, Mures et sorbet a la feuille de Citron » (succulente) et une « Tarte fine Chocolat-Caramel, compote de pruneaux, Glace a la Fève de Tonka et rayon de miel croustillant ».
Rieussec 1976 : La robe est ambrée. Le nez évolué, sur l’abricot sec, la crème brulé. On sent le vin qui a mangé une partie de ses sucres. Cette impression se confirme en bouche avec un sucre léger. Le volume est bon et bien contrebalancé par une bonne acidité. Bonne longueur.
Très bien +
Et on finit par le roi,
Yquem 1970 : la robe est aussi ambrée même si légèrement moins brillante que le Rieussec. Le nez est discret, frais, sur les fruits secs. La bouche est fantastique. A la fois légère élégante et puissante, d’une concentration extrême. Tout est parfaitement maitrisé. Le sucre est présent mais doux. Le gout de douce crème brulée domine. La longueur dépasse la minute. Grosse émotion personnelle. Toute la table est sous le choc. En plus, réussir à nous transporter comme ça à la fin d’un diner déjà bien arrosé, c’est encore plus fort.
Très Grand Vin
Nous finissons ce repas heureux et fatigués. Malgré quelques déceptions, le niveau général a été très haut. Merci à tous pour cette belle année.
Nous avons procédé au classement des vins du diner :
- 1er Yquem 1970
- 2ème Cote Brune 1991
- 3ème : Rayas 1993
- 4ème Clos de Vougeot 1988
- 5ème Cheval Blanc 1971
- 6ème Corton Charlemagne 1990
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Quentin