Commentaires de dégustation de la soirée “Sauternes 1986” du 05/03/04

13 participants, les vins ouverts (et goûtés (bbb)) 5 à  6 heures à  l'avance, carafés pour le service. Pas servis à  l'aveugle.

1. Suduiraut 1986 (12,83/20)
Robe : Jaune doré, grasse, mais jambes peu marquées.
Nez : Pas très loquace, notes d'acétone, de miel, et d'abricot très mur. Simple et fermé.
Bouche : Bonne attaque avec de la vivacité, mais le milieu de bouche ne suit pas. On retrouve de l'abricot, du beurre un peu rance ou du caramel évoquant un vin un peu passé, du bois avec une légère amertume. La finale paraît fuyante. Pas convainquant, apogée dépassée ?

2. Rayne-Vigneau 1986 (14,25/20)
Robe : Jaune doré, fluide et quasiment sans larmes.
Nez : plus développé avec du rôti, du zeste d'agrume confit, du pamplemousse, de la figue séchée, du miel et du foin.
Bouche : Equilibrée, ample et dense, remplit bien la bouche. On y retrouve des fruits séchés, de la figue et une note florale, de rose. La finale est agréable, sur une note épicée et poivrée, avec une bonne persistance.

3. Rieussec 1986 (14,88/20)
Robe : Doré orangé soutenu, onctueuse, avec de belles larmes amples et lourdes.
Nez : Puissant, alcooleux, avec de l'encaustique, de la cire d'abeille, un bel abricot bien mur et du zeste d'orange.
Bouche : Puissante et ample, équilibrée et concentrée, belle liqueur fruitée sur l'abricot et l'orange confite avec du miel associé à  une pointe d'acidité et une légère amertume et en finale, une note de fumé, voire de la suie ou du jambon fumé qui s'étire longuement.

4. Guiraud 1986 (14,90/20)
Robe : Jaune doré soutenu, jambes lourdes.
Nez : Pas exubérant, mais plein de fraîcheur avec une belle minéralité et un beau fruité mur sur le coing. Evolue sur une note caramélisée.
Bouche : Equilibrée, fluide et sans lourdeur, de densité moyenne avec des arômes de fruits jaune et d'amande évoquant la frangipane. Belle finale sur le fruit et une note poivrée.

5. Lafaurie-Peyraguey 1986 (16,98/20)
Robe : Beau jaune doré, moins foncée que les précédents, grasse avec de belles larmes.
Nez : Frais et complexe avec du fumé et de la minéralité, qui s'exprime dans un premier temps sur des notes d'hydrocarbure, évoquant un riesling. Ensuite, du fruit avec de la mandarine, du bourgeon de cassis et de l'amande. Evolue sur le miel et les agrumes.
Bouche : Superbe, magnifique équilibre, dense et concentré, mais frais et "tendu", cristallin, des arômes purs et nets, un beau fruité sur l'abricot, du miel, du rôti, long et vif, en finesse. Une merveille !

6. De Fargues 1986 (13,55/20)
Robe : Doré cuivré, grasse.
Nez : Puissant, évolutif. Toast beurré et fumé, acétone, abricot, ananas, agrumes, zeste de citron confit et miel se succèdent. Souffre de la comparaison avec le précédent pour ce qui est de la finesse.
Bouche : Puissant et rond. Bien qu'on ne puisse rien reprocher à  son équilibre, paraît lourd par rapport à  Lafaurie. Intensément parfumé, arômes d'ananas confit et de figue, légère amertume. La finale manque un peu de tonicité. Peut-être sur la pente descendante.

7. Climens 1986 (16,38/20)
Robe : Doré soutenu, "Savane", belles jambes bien amples.
Nez : Fumé, avec de la fève de cacao, de la peau de noix fraîche, du rôti, des noisettes grillées caramélisées, un beau botrytis, du raisin sec, de la figue, des mendiants, très beau et complexe. Evolue encore sur des arômes de café liégeois.
Bouche : Equilibrée, incisive, intense, puissante. Un vin plein, qui tapisse la bouche, qui roule des mécaniques, qui est massif, mais sans la moindre lourdeur, parfaitement équilibré. Complexe avec des arômes de noix, d'abricot, de zestes d'orange, d'ananas et de bois, avec une légère amertume, plaisante, en finale. Très long, très complexe.

8. Yquem 1986 (18,15/20)
Robe : Jaune doré, la plus pâle des 8 vins dégustés.
Nez : Un peu fermé. Botrytisé, fumé, subtil, il faut lui laisser le temps pour qu'il répande des odeurs d'abricot, de mandarine et de noisette grillée.
Bouche : On est dans un autre monde. La puissance est phénoménale, mais c'est tout en finesse. La bouche est saturée, assaillie de fruits mûrs, de fumé, de bois, de sucrés, d'amers, mais on en redemande encore et encore. C'est immensément long. Incomparable.

Classement :
Note moyenne Note moyenne sans les extrêmes Ecart entre les notes extrêmes
Yquem 18.13 18.15 4
Lafaurie-Peyraguey 16.94 16.98 4.5
Climens 16.35 16.38 4.5
Guiraud 14.92 14.90 4
Rieussec 14.85 14.88 2.5
Rayne-Vigneau 14.21 14.25 4
De Fargues 13.50 13.55 6.5
Suduiraut 12.77 12.83 5

Quelques commentaires à  suivre ...

Didier

Lafaurie-Peyraguey : ' il ressemble par sa texture et son équilibre à  Yquem' Guide BD.

Cette dégustation s'apparenterait donc à  une démonstration ?

Toujours est-il que l'on peut encore trouver du Lafaurie Peyraguey 97 à  moins de 200 frs depuis des mois et l'on parle déjà  des foires aux vins du printemps.

Jmm

Didier,

Belle dégustation !
Dire que j'ai raté ça parce que le même jour, j'avais organisé une dégustation de 8 vins de la Côte de Beaune pour mon club de dégustation.
Et on viendra encore me dire que je n'aime pas la Bourgogne...(jjj)

Le seul que je possède en cave est le Climens 1986 ; heureux de constater qu'il ne s'est pas trop mal comporté.

Amitiés,

Luc

"Et on viendra encore me dire que je n'aime pas la Bourgogne..."

Personnellement, on ne dit rien, Luc, c'est souvent toi qui le dis! Mais, on note quand même que tu persévères, c'est bien! (aaa)

Olif, qui lui aime de plus en plus la Bourgogne. Les Sauternes aussi, même si j'en bois moins! J'ai quand même goûté à  l'automne dernier Rayne-Vigneau 86 qui s'est révélé une fort belle bouteille à  la grande persistance aromatique.

Ben oui Luc. On ne pense pas que tu n'aimes pas la Bourgogne mais à  force de le répéter, on va finir par te croire (jjj)(aaa)

JC qui comme Olif aime les vins de Bourgogne et adore toujours autant les Sauternes et qui ne boit que trop peu de l'un comme de l'autre. Cependant, il fait des efforts (bbb).

Salut Didier,

Je vois que vous vous êtes bien régalés. Encore désolé de ne pas avoir pu y participer cette fois-ci. Ce sera pour une autre fois.

Je m'aperçois quand même que certaines bouteilles peuvent encore rester dans ma cave. Je pense à  Rieussec, Fargues et Yquem. Par contre, je vais devoir faire la fête aux bouteilles de suduiraut.

A +

Thierry (Bruxelles)

Je reviens sur la dégustation pour vous faire part de quelques remarques et observations.

Les vins ont été rassemblés pour la circonstance. Je les ai acheté à  des particuliers ou aux enchères sur Internet (à  l'exception notoire de Lafaurie-Peyraguey qui m'a été gracieusement offert par ClaudeP, intervenant sur LPV, qu'il en soit chaleureusement remercié). Cela pour dire que je ne sais rien des conditions de conservation des bouteilles, si ce n'est qu'elles sont hétérogènes. La première chose qui m'a frappé, c'est que tous les bouchons étaient dans un état "avancé", certain ayant même une fâcheuse tendance à  vouloir rentrer dans la bouteille sous l'action du (simili) screwpull. Alors, le Sauternes a t'il un comportement particulièrement décapant sur le bouchon ? J'ai souvenir d'un Angélus 86 dont seul le premier millimètre du bouchon était imbibé par le vin, le reste étant impeccable.

La dégustation, ensuite, c'est déroulé dans une ambiance joviale. Nous avons testé des accords avec du foie gras et avec du Roquefort. Autant le dire de suite, contrairement à  ce qui s'entend régulièrement et que nous craignions, les Sauternes (du moins les meilleurs) ne sont pas lourds et écoeurants, que du contraire. Et c'est ainsi que l'accord avec le foie gras s'est avéré de bon à  excellent. Plus difficile par contre avec le Roquefort dont la puissance écrase la finesse du vin (on a pas pris le risque de le confronter à  Yquem). Ce n'est pas que cela ne fonctionne pas, mais c'est dommage pour le vin qui y perd plus qu'il n'y gagne.

Autre observation, difficile à  transmettre à  travers des commentaires de dégustation, mais ces vins issus d'un même millésime et d'une même région peu étendue offrent des palettes de saveurs et des sensations en bouche très variées. Il est vrai que le terroir Sauternais est très hétérogène.

Le coup de cÅ“ur (grand prix du public) va incontestablement à  Lafaurie-Peyraguey, dont le rapport Q/P est exceptionnel. Climens est fabuleux. Et puis, Yquem est hors catégorie.
Quand on goûte au Climens, on est époustouflé par une telle puissance maîtrisée, difficile d'imaginer une concentration encore supérieure tout en conservant cette élégance et cet équilibre. Et pourtant, à  la première goutte d'Yquem, le reste n'existe plus. C'était très intéressant de le déguster parmi ses pairs. Suit alors l'inévitable débat : le prix est-il justifié.
Réponse : si vous avez la chance de pouvoir goûter Yquem dans un grand millésime, ne la laisser pas passer. Mais après, dites vous que pour un Yquem, vous avez 6 Lafaurie, et là  â€¦ moi j'hésite pas.

1986 était sensé être une année à  Botrytis, mais le botrytis, on ne l'a pas beaucoup vu. Est-ce une caractéristique de vin jeune qui se fond avec le temps ?

Suduiraut et de Fargues ont un peu déçu. Pas que c'était mauvais, loin de là , mais en deçà  de mes espérances. Je n'exclu pas un problème de bouteille (de Fargues avait un niveau assez bas), mais ces deux vins semblaient avoir dépassé leur apogée. Si vous en avez, essayez en une prochainement et tenez moi informé.

Pour conclure, ce fut une très belle soirée qui en a réconcilié plus d'un avec les Sauternes et qui m'incite à  me remettre en chasse, mon stock ayant réduit de moitié.

Luc,

tu peux toujours nous organiser ce genre de dégustation, nous sommes demandeur (bbb)

Je sais ... le budget du club et gnagna et gnagna (jjj)

Rendez vous le 26 (connais tu le thème ?)

Cela dit tes découvertes sont pas mal non plus (hhh)

Merci pour ce superbe compte-rendu et pour les infos déposées dans ma boîte aux lettres.

J'ai pris 8 jours de vacances, ce qui explique ces remerciements tardifs.

Amitiés,
Thierry