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Quand Catherine et les garçons font des mouillettes au pain d' épice avec un Yquem 96 !!!

  • daniel popp
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Quand Catherine et les garçons font des mouillettes au pain d' épice avec un Yquem 96 !!!
[size=x-small]19 Octobre[/size].

Racoleur, le titre ! Bah, non, purement descriptif, mais n' allons pas trop vite...En fait, cette dégust' aurait du se nommer Catherine et les garçons se consacrent ENFIN aux Bordeaux ! J' vous raconte pas la bronca de certains boys freinant des quatre fers, développant de l' urticaire à la moindre épellation du mot pestiféré, répondant à nos multiples propositions par un " Bordeaux, bof, tu crois ?"condescendant.8-) Bizarre, parce que si je suis le premier à avoir viré ma cutie bordelaise de jeunesse, en faveur d' autres régions, il y' a bien longtemps, j' avoue ressentir un plaisir fou à ouvrir les rares crus d' âge mûr qui me restent, non sans nostalgie parce qu' inaccessibles (pour moi) aujourd' hui.

Alors Philippe, notre Modat préféré, n' y est pas allé par quatre chemins ! Connaissant le goût pour le susucre de nos boys récalcitrants, pour les appâter, pour les ferrer devrais-dire, il leur a fait miroiter l' éventualité de faire des mouillettes au pain d' épices au miel d' oranger avec un grand Sauternes ! (:D Enfin, çà ne s' est pas vraiment passé comme çà, nous retrouverons les mouillettes à l' Yquem, un peu plus tard, n' est-ce pas Philippe....:DEn vérité, comme nous étions quelques-uns à piaffer d' impatience, ils ont fini par craquer, mais quand le moment est venu de faire l' inventaire des apports possibles des uns et des autres, j' ai réalisé qu' ils avaient moins de Bordeaux que de doigts sur une main, dans leurs caves pourtant bien fournies ! Alors, plutôt que tout axer sur les grandes étiquettes à plus de 90 dans le Parker [size=x-small](que l' on proposait d' échanger à ceux qui n' en avaient pas, au tarif d' achat, il y' a vingt ans...),[/size] j' ai trouvé intéressant d' intégrer quelques outsiders, plus dans la résonnance vins nature de nos amis récalcitrants qui préféreront toujours le Tavel de l' Anglore à celui d' Acqueria.8-);)

Je commence par les blancs pour ne pas limiter cette longue introduction à un teaser, la suite en fin de semaine.

à bientôt. Daniel

Pour démarrer, un petit coup de blanc non prévu, utilisé pour la préparation des rillettes et calmer les assoiffés.

Entre-Deux-Mers. Sainte-Marie réserve 2009.
nez fringuant, très vif, joliment citronné, avec un beau corps aromatique. En le regoûtant, en bouche, cela se gâte ; son coté variétal, un peu technique, me dérange un peu par son amertume plus présente que le soir de l' ouverture où le vin se goûtait mieux, sur une expression simple mais bien friande, me semble t' il.

les blancs secs :

1 Bordeaux. Talbot. Caillou blanc 2007.
rillettes aériennes au saumon et à la roquette selon la recette incontournable d' Eric B .

Superbe nez d' agrumes confits et de fleurs mêlées dont le fil acide du citron, l' amer rond du pamplemousse et la caresse de fleurs jaunes un peu miellées (le tout joliment bordé de vanille) tissent la trame équilibrée d' un grain aromatique qui a du corps et de la vivacité. Cette harmonie se retrouve en bouche, dans sa texture pleine, grasse, mais toujours vive, presque nerveuse, dont on ne sait plus trop, qui, du fil acidulé aux amers qui lui donnent corps, dessine les plus belles arabesques. Je n' ai bu que trois bouteilles de Caillou blanc, de millésimes différents, mais j' ai l' impression d' y retrouver toujours une forme de sensualité qui me touche, lié à cette alliance de plénitude et de nervosité toute retenue.

2 Pessac-Léognan. Les Plantiers du Haut-Brion 2007. (2ème vin des Ch Haut-Brion et Mission Haut-Brion)
huitres chaudes gratinées, julienne de légumes.

Quelle belle surprise ! Cyril qui avait prévu d' apporter un Smith Haut Laffitte blanc 2004 , m' appelle le matin de la dégust', catastrophé de découvrir que dans l' obscurité de sa cave, il a pris un rouge pour un blanc.On était déjà full sur les rouges ( accords mets-vins et scénographie obligent).Quelques propositions alternatives : Carbonnieux, Floridène...Non, Cyril pense trouver mieux. Et vla t'y pas qu' il dégotte à la dernière minute, le deuxième vin de Haut-Brion et Laville Haut-Brion blanc ( portant maintenant le nom de Clarté de Haut -Brion depuis l' intégration de Laville à la Mission Haut-Brion blanc), qu' aucun d' entre nous n' a jamais goûté, comme bien des vins de la soirée, d' ailleurs.
Je l' avoue, j' ai un peu honte d' avoir la chance de regoûter en solitaire, les fonds de bouteille et parfois plus, dans les jours qui suivent, totalement à mon aise pour écrire besogneusement mes bavardages ( [size=x-small]mon droit de bouchon d' hôte et d' organisateur[/size]:o;)), mais là.....
Le nez est superbe de complexité, de finesse, d' harmonie. Sa palette aromatique ne cesse d' évoluer, de s' ouvrir, passant d' un registre floral (chèvrefeuille) à celui fruité de la groseille blanche (étonnant !), de la pomme verte, de la prune jaune, tous bordés d' un fil citronné délicat et d' un coté miellé évoquant la cire d' abeille. Beaucoup de raffinement, de subtilité et de douceur dans ce nez qui pour certains évoque un demi sec. En le regoûtant, comme Philippe le suggérait, je confirme qu' il n' y'a pas un poil de sucre dans ce vin et que son coté suave sec, légèrement muscaté (comme les muscats secs peuvent l' être), pas très loin d' évoquer un arôme subtil de melon, témoigne de ce que le sémillon (90%), grand cépage du Sauternes, peut donner en sec. Un grand liquoreux sec, comme on l' évoque parfois d' Yd' Yquem, également à dominante de sémillon, mais qui sur le 2004, goûté juste après, était exceptionnellement à base de sauvignon !
La bouche tout à l' avenant, a un grain ample et délicat, assez vif par sa trame finement acide, qui semble décliner à l' infini l' archétype du citron sur fond d' amers au goût de peau de pamplemousse, avant que tous ne se fondent, laissant une longue empreinte témoignant longtemps, longtemps, de ce vin déjà hors-normes.

3 Bordeaux. Y d' Yquem 2004.
pot au feu de foie gras selon Jean-François Piège.

Je me méfie toujours de la surenchère à l' épithète dont je ne suis pas avare, mais les regards échangés en silence, les expressions des visages, indiquaient bien que ce vin ( goûté à l' aveugle, dans mes propres carafes, dans un ordre que je suis seul à connaitre) ne jouait pas dans la même cour que le vin précédent, déjà superbe. A nouveau, à l' instar de ce dernier, je pourrais dire de l' Y d' Yquem que son "nez est superbe de complexité, de finesse, d' harmonie", mais je ne rendrais pas grâce à son surcroit de précision toute diamantine, à sa délicatesse presque diaphane, comme à sa subtilité quasi angélique, toutes qualités réunies dessinant un tableau aromatique de maitre où chaque arôme élève son archétype en quintessence.
Si le nez vous fait monter au ciel, c' est en bouche que le ciel prend corps en faisant descendre ses anges. Grain d' une finesse superlative, tout en subtilités, mais résolument incarné ; équilibre souverain d' une synthèse d' harmonies croisées ; tension d' une légèreté incomparable ; longueur au goût d' éternité. Que dire de plus, sinon merci.
[size=x-small]Incapable ou plutôt aucune envie de rapprocher ce que je ressens d' images de camion, d' araignée ou de crocodiles....:[/size] ::o

les rouges :

4 Cotes-de-Francs. Le Puy 2003.
5 St Julien. Branaire-Ducru 2003.
petite assiette de magret fumé, lonzo, terrine de volaille/cèpes/coing, terrine de canard/figues, terrine de joue de bœuf/pistache (Gilles Vérot), copeaux de jambon ibérique, cèpes grillés, sur lit de salades et herbes variées de chez Joel Thiebaut.

6 Saint-Emilion GC Meylet 2001.
7 Saint-Emilion 1er GC Angelus 1998.
8 St Julien. Léoville Barton 1985.
navarin d' agneau aux petits légumes.

9 Pessac-Léognan La Mission Haut -Brion 1988.
une partie des fromages (Gouda, Caruchon) ont été servis sur les rouges restant, les autres sur les Sauternes avant le dessert.

les liquoreux :

10 Sauternes. Roussey Peyraguey crème de tête 1995.

11 Sauternes. Yquem 1996.
fromages de chez Marie QuatreHomme : Vieux Gouda de 36 mois - Pavé de l'Aveyron ou Caruchon (lait de Brebis) - Comté au lait de pâturage d'été, affiné 24 mois - Roquefort Combes (Le vieux berger) - Epoisses au lait cru, affinage au vieux marc de Bourgogne.

Pain d' épices au miel d' oranger.
Tarte Tatin de la Pâtisserie des Rêves (Philippe Conticini).
25 Oct 2012 00:35 #1

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Waoh, quel début en fanfare (:D

Comme quoi, les blancs de Bordeaux, y a bon ! (j'ai bu pas mal de millésimes de Caillou Blanc, je n'ai jamais été déçu).

J'attends la suite avec impatience X(

Eric
Mon blog
25 Oct 2012 07:03 #2

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Idem ...:)
Bu samedi dernier, Caillou blanc 2007 a été magnifique !!!

Slts Cédric

Cédric - LPV FOREZ
25 Oct 2012 12:29 #3

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Quel teasing, Daniel, chapeau ! (:D Encore une soirée mémorable, des vins remarquables et des accords qui ne l'étaient pas moins. J'en parlerai plus en détail à mon retour de NYC, dans une dizaine de jours. D'ici là, j'encourage les "garçons de Catherine" à prendre la plume...
A bientôt.

Catherine
Une femme, des vins

Catherine
Une femme, des vins
25 Oct 2012 22:44 #4

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Je ne contredirai pas Daniel en disant que C & the boys la réclamait à l’unanimité et à corps et à cris depuis des mois, révisant inlassablement la géographies des rives droite et gauche, ainsi que de l’entre-deux-mers qui se situe en fait entre deux fleuves, apprenant par cœur les résultats des classements de 1855 et de 1955 tout en méditant sur les soubresauts juridiques liés à leurs tentatives de révision, les plus zélés brûlant des cierges à Saint-Emilion, Saint-Georges, Saint-Julien et Saint-Estèphe réunis, d’autres portant en procession des futs de bois neuf à la Saint-Bob pour qu’advienne enfin cet événementielle soirée Bordeaux, car en effet, si certains l’attendaient comme une étape incontournable sur notre cheminement commun, d’autres nous tiraient inlassablement vers d’autres contrées à chaque carrefour où nous aurions pu prendre la direction de la cité de la Jurade.

Mais nous voilà à ses portes, en cette soirée d’octobre de l’an de grâce 2012, et il n’est désormais plus question de reculer, et cela d’autant plus que notre maitre de cérémonie a eu l’intelligence de ne pas chercher à compenser l’indigence de certaines de nos caves en termes de soi-disant « références » de cette région à niveler la diversité de nos apports, témoins des multiples richesses que peut offrir cette région, nous permettant ainsi de faire se côtoyer et dialoguer avec bonheur de grands noms point usurpés avec des « outsiders » plus méconnus des catéchumènes de Saint-Bob. Précisons tout de go qu’ils ont tous été dégustés à l’aveugle, comme à notre habitude, évitant ainsi toute influence du prestige ou de l’absence de prestige de l’étiquette et nous amenant à nous concentrer exclusivement sur le contenu de nos verres et sur la qualité de l’accord de ce contenu avec celui de nos verrines, coupelles et autres assiettes, une concentration plus forte encore que ne serait celle d’un vin de garage, catégorie soit-dit en passant absente de la soirée…

Place donc à ces fameux contenus : :)-D

Nous nous préparons les papilles avec un Entre-Deux-Mers, Château Sainte-Marie réserve 2009, vif et délicatement fleuri. Un vin de soif joliment fait qui dépasse ce que cette appellation produit en moyenne.

Le fruit mûr, des agrumes aux fruits blancs, légèrement caramélisé, avec une grande opulence au nez et beaucoup de générosité en bouche tranchent après ce premier vin. Le contraste est évidemment saisissant, au point qu’une dégustation un peu rapide laisse d’abord supposer un SR trop présent. Caillou Blanc 2007 de Château Talbot ne fait pas l’unanimité. Pour ma part j’apprécie sa présence et son exubérance car elle est bien canalisée, bien soutenue par une trame acide très élégante. En revanche les rillettes se seraient à mon avis mieux accordées avec un vin plus serré tel que …

… tel que Les Plantiers du Haut-Brion 2007 peut-être ? Voilà un vin qui joue sur un tempo parfaitement rythmé une partition où se mêlent harmonieusement les note de fleurs blanches que l’on aurait plantées dans un verger de nos contrées. En bouche tout est parfaitement en place et persiste encore longuement après avoir avalé (mais pourquoi fut-ce un véritable crève-cœur de se tourner vers les crachoirs ?...) la dernière goutte. J’évoquais une possible harmonie avec les rillettes, cependant l’huitre chaude fut un catalyseur hors pair pour révéler les notes iodées du vin, en retour celui-ci magnifia l’huitre.

Un silence évocateur remplit le salon à la découverte du vin suivant, puis arrivèrent les superlatifs, de toute évidence, nous sommes face à un grand vin. Au nez comme en bouche, celui-ci nous offre des notes de sous-bois, de champignon, d’humus, de craie, de fleurs blanches… parfaitement fondues et harmonieuses. Opulent sans être dispersé, généreux sans être prodigue, élégant sans être snob, le vin n’est reste pas moins une énigme, nous le situons en-dehors des Graves en général et de Pessac-Léognan en particulier, voire en-dehors de la région. Mais il n’y a pas de pirate à table et Y est évoqué, sans que personne n’ose l’affirmer. C’est pourtant bien lui, Y 2004 de Yquem, qui accompagne superbement un excellent pot-au-feu de foie gras, bien que le vin puisse, très largement, se déguster pour lui-même.

Une véritable farandole de terrines et d’accompagnements (on n’oublie évidemment pas les petit catalyseurs grillées…) nous accueillent à table, en compagnie des premiers vins rouges. Le Puy 2003, se présente tout en gourmandise, avec une explosion de fruits rouge sur un fond d’une certaine rusticité qui sied fort bien aux terrines. Une rusticité qui se manifeste notamment par un fond de sous-bois, voire giboyeux, mais sans lourdeur aucune. On est ici évidemment dans un style plus terrien que les premiers vins de la soirée.

Plus terrien également que Branaire Ducru 2003, très tranché en comparaison avec Le Puy, avec beaucoup d’élégance et de fraîcheur, mais aux tanins moins fondus marquant encore un peu bruyamment leur présence.

Nous revenons vers un style plus fruité, plus immédiatement plaisant, mais ne manquant nullement de fond pour autant avec ce Château Meylet 2001, offrant de généreuses notes de prune, de framboise et de cassis.

Changement de style à nouveau, preuve, si besoin était, de la grande diversité de cette région, avec un autre Saint-Emilion : Angélus 1998. Cet angélus volète dans nos verres avec une fraicheur insolente, semant de petites notes mentholées et herbacées. En bouche, les fruits noirs s’accompagnent de délicats accents de réglisse, dans un très bel équilibre.

Léoville Barton 1985 a beau être le vin le plus âgé de la soirée, je lui trouve beaucoup de jeunesse et de vivacité. En revanche, je suis gêné par une trop forte présence du poivron vert, tant au nez qu’en bouche. Ma déception de la soirée, mais il en fallait bien une…

Des tendances tertiaires et minérales, avec notamment du cuir et du graphite, dans un ensemble d’une grande fraicheur et d’un très bel équilibre, signent ce superbe La Mission Haut-Brion 1988.

Nous finissons avec deux Sauternes avec lesquels nous glissons du fromage au dessert en passant par les mouillettes… Rousset Peyraguey, « crème de tête » 1995, joue sur le registre de la puissance, avec de l’encaustique, des confitures de figue et de quetsches, voire des notes de pruneau à l’armagnac. L’accord est évidemment plus réussi avec le dessert.

Yquem 1996 reste évidemment dans le registre de la finesse cristalline qui est le sien et dans lequel il excelle. Les notes de miel et d’orange amères appellent les mouillettes de pain d’épice au miel d’oranger. Tandis que sa tension, son élégance toute en vivacité, sa vivacité toute en élégance, appellent les fromages. L’accord avec le brebis étant le plus inattendu.

Mais il est temps de remercier nos hôtes pour une qualité d’accueil jamais démentie, de vérifier que nous n’avons perdu personne en cours de route et de programmer les prochaines sessions consacrées évidemment à Bordeaux suite, puis à Bordeaux le retour et enfin à Bordeaux c’est pas fini ainsi qu’à Bordeaux forever.

Hub
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26 Oct 2012 13:50 #5

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  • daniel popp
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Ouahh, on déguste autant les mots que les vins, avec ce beau cr ! Petite erreur sur Léoville Barton qui est un 85 et non un 88.

Daniel
26 Oct 2012 14:48 #6

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Je prends le relai en me focalisant sur les vins rouges non sans faire mention du plaisir qu'offre Les Plantiers du Haut-Brion 2007, distillant avec mesure:
puissance, exubérance, complexité, longueur et richesse.
Bien sur l'Y lui était supérieur, mais sur un tout autre registre, celui de l'élégance.
Reste que j'aime a savoir qu'un vin m'est accessible tant matériellement que financièrement (Les Plantiers sont proposés chez 3C version 2006 2007 et 2008 autour de 35€).

4 Cotes-de-Francs. Le Puy 2003.
Un bon vieux cab, rustique et gourmand. La 1ere gorgée m'a transporté. Sans doute l'effet du mythe japonais. La suite fut plus plus myth'igée. Très bon rapport prix plaisir.

5 St Julien. Branaire-Ducru 2003.
Classique. C'est le mot qui me vient à la bouche. Il a de la tenue, une tenue tres bourgeoise et il tient ce rang. Fin et typique. Beau vin mais ce n'est pas ce que je cherche à titre très personnel.

6 Saint-Emilion GC Meylet 2001.
Au prime abord, un vin perdu au milieu des vins natures et des vins de Bordeaux. Ce nez initialement de prune n'est pas habituel ni même très avenant en fait, du moins à mon gout. Mais il fallait juste lui laisser du temps. C'est le fruit qui finit par l'emporter et de belle façon ! Des notes de vins rhodaniens natures me viennent à l'esprit.
Au final, Meylet constitue une belle surprise et là encore un beau rapport prix plaisir.

7 Saint-Emilion 1er GC Angelus 1998.
Déception. Fin, long, austère, pas ouvert peut etre, lourdement boisé...il y a qqchose qui me gêne dans ce vin. J'y ai replongé à plusieurs fois mais non...vraiment pas... sans que je sache vraiment pourquoi.

8 St Julien. Léoville Barton 1985.
C'est un beau vin, honnête, frais et d'un bel équilibre. Son défaut à mon goût : cela manque un peu de vie, bref d'émotions. Mais là je fais le difficile.

9 Pessac-Léognan La Mission Haut -Brion 1988.
Je n'ai pas pris de notes et c'est bon signe. D'abord c'est le signe de libations réussies (Merci les Popp's !) , mais c'est aussi le signe que le plaisir a pris le dessus sur l'esprit critique. Oui, j'ai le souvenir d'un vin classieux ( "avec de la noblesse dedans"), plein et facile. N'est ce pas l'essentiel ?

A++
26 Oct 2012 18:09 #7

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Faute de frappe rectifiée. Merci d`Daniel pour (entre bien d'autres choses) l'avoir repérée.

Je rejoins Cyril sur l'aspect "accessibilité" des vins, qui a bien entendu aussi fait débat ce soir-là, et qui peut, je le conçois, gâter le plaisir de certains. Pour ma part, je suis ravi que les uns et les autres n'hésitent pas à "sortir" de "beaux" flacons indépendamment de leur prix d'achat et de leur valeur spéculative du moment, guidés par la seule envie de se faire plaisir et de faire plaisir aux autres.

Hub
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27 Oct 2012 21:20 #8

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Bonsoir

je reprend le fil démarré plus haut sur les blancs.

les rouges :

4 Cotes-de-Francs. Le Puy 2003.
petite assiette de magret fumé, lonzo, terrine de volaille/cèpes/coing, terrine de canard/figues, terrine de joue de bœuf/pistache (Gilles Vérot), copeaux de jambon ibérique, cèpes grillés, sur lit de salades et herbes variées de chez Joël Thiebaut.

Tout le monde (ou pas) sur LPV a lu ou entendu parler des "Gouttes de Dieu", le wine manga japonais, grâce à qui, du jour au lendemain, cette cuvée 2003 d' un des domaines phare en Bordeaux nature, est devenue un collector . Comme elle figurait dans les propositions de vins d' Hubert, difficile de ne pas l' inclure parmi les outsiders aux grandes "étiquettes", d' autant qu' au final, nonobstant le fait que pour les fans de la bd, c'est le meilleur vin du monde, c' est vraiment une belle découverte !

Ce nez a un coté résolument terrien, voire un peu sauvage, une trame aromatique très pure, sans esbroufe, qui évoque la terre grasse, l' humus, la fumée, associées à des notes plus animales, mêlées aux arômes de cerise et de fruits des bois. L' ensemble, plus complexe qu' il n' y parait, dégage une harmonie singulière, assez attachante à mille lieux des standards bordelais. Avec l' aération, le bouquet s' affine avec des notes plus florales, toutes en subtilité, évoquant le parfum d' un encens à la rose, avec des touches de tabac fruité.
La bouche très parfumée, conserve ce caractère de pureté un peu rustique, d' une buvabilité superlative, tant son grain goûteux, un peu confit, joliment équilibré par des tannins un peu canaille (un poil anguleux, mais participant à la personnalité attachante du vin), demande une fois avalé, à recouler très vite en bouche. Très belle persistance au goût automnal intégrant tous les arômes décrits ci-dessus.

5 St Julien. Branaire-Ducru 2003.
idem

En comparaison du vin précédent (les deux vins ont été goûtés en parallèle), on pourrait dire à nouveau que l' on ne joue pas dans la même cour. Mais dans le cas présent, impossible d' établir une hiérarchie, tant les deux vins correspondent à une approche, à une vision qu' il semble vain de comparer. Passer d' un verre à l' autre, n' a pas plus de sens que de comparer une poire et une pomme !
Le nez est merveilleux de présence, de finesse, de subtilité ; son grain aromatique a l' effet d' une caresse croisant harmonieusement fruits noirs (cassis, cerise), senteurs de sous-bois, touches de noisette, de bois brûlé, de café grillé, réglisse, délicatement recouverts d' épices (santal, note un peu mentholée) qui donnent un coté chaleureux, mais sans aucun excès, tant tout semble mesuré, brodé au point de croix. Si ces mots ne donnaient pas lieu à des hiérarchies inutiles, je dirais que ce nez élégant est aristocratique, voluptueusement racé.
Sa bouche est un concentré de fruit magnifié par son habit de bois veiné de parfums d' orient, sans que ce dernier ait un effet parasite, tant l' un est fondu à l' autre, avec une chair dense, profonde, goûteuse, bordée d' une fine trame acide qui lui donne de l' éclat et de la fraicheur dont la longue finale prolonge l' écho comme le rappel d' une grande œuvre accomplie.

6 Saint-Emilion GC Meylet 2001.
navarin d' agneau aux petits légumes.

Je n' avais jamais entendu parler de ce vin absent du bataillon des guides, à tel point que quand Jérémie me l' a proposé, j' ai failli lui retourner son mail, pour lui demander : " Heu, t' es sur que c' est pas Meynet ?" (le St Estèphe !).:S
Nez caressant, attachant, singulier tant il nous conduirait ailleurs qu' en Gironde, au fruit très pur ( fruits rouges, figue, pruneaux), un poil confit, presque capiteux, comme recouvert d' un manteau précieux de fleurs et d' épices (rose fanée, poivre, touches de poivron, tabac blond).
En bouche, on retrouve ce grain fruité épicé, aux tannins fins, qui, sur la finale persistante, vous laisse l' impression d' avoir mâché un bâtonnet pour en extraire le suc, laissant comme un goût de racine, d' humus et de fleur, au fond de la gorge.

7 Saint-Emilion 1er GC Angélus 1998.
idem

Le nez riche et puissant semble déborder de lui-même, déployant des brassées d' arômes de cerise, de mûre dont le coté confituré très mûr, évoque une étoffe ourlée de notes grillées, de touches de champignon évoquant la truffe. Une ampleur empreinte de finesse, de fraicheur et d' harmonie, avec un beau grain qui concentre les arômes.
En bouche, on ne sait plus très bien si c' est le vin qui prend de l' ampleur entre joues, gorge et palais ou si c' est la bouche qui s' élargit face à tant de puissance et de volume ; un nectar de fruit concentré sur une texture pleine, dense, généreuse, dont l' écho qu' elle laisse en bouche une fois le vin avalé, témoigne longtemps de son coté souverain. ::o

8 St Julien. Léoville Barton 1985.
idem

Mauvaise augure, le bouchon en phase terminale, loin de se laisser déboucher par le double-lame de secours, se délite totalement dans la bouteille dont je transvase vite fait le contenu dans une bouteille vide ! Le nez un peu réduit fait son âge, mais en goûtant le vin, je décide malgré tout de carafer la bouteille juste avant le service. Ce soir là, malgré une très faible odeur de bouchon disparue aujourd' hui, le vin m' avait laissé une impression plutôt sympathique entre le coté imposant de l' Angélus et l' élégance racée de la Mission qui suivait. Quelques jours plus tard ( presque une semaine, en vérité), le nez a comme un charme suranné. Tout est fondu comme un velours caressant. Je ne trouve pas, pour ma part, comme mes camarades, que le poivron est trop envahissant. Certes bien présent, cabernet oblige, il se fond à la palette du fruit et participe à l' identité aromatique du vin. Un peu, comme s' il recouvrait de sa peau, comme une caresse, la groseille qui lui donne du tonus, le cassis qui lui donne du corps, la framboise qui lui dessine un sourire, le parfum de tabac et de cèdre, associé à de fines notes de réglisse, de vanille, qui semblent porter le parfum de la terre. Au final, quand chaque élément du tableau aromatique coïncide en une impression globale, le mot suranné parait obsolète. Ce nez de 27 printemps, par sa trame acide, offre à sa maturité accomplie, un surcroit de jeunesse !
En bouche, le toucher caressant, fruité, presque doux et sensuel, parcouru de notes tertiaires évoquant le cèpe, le tabac, garde la vivacité évoquée, sur une texture équilibrée et des tannins fondus, mais un peu en demi-corps en comparaison de l' Angélus. Mais qu' importe, quand la finale, sous le stylo de la groseille, dessine un entrelac de truffe, de cèpe et de framboise, traçant au fond de la bouche, une bien jolie signature.

9 Pessac-Léognan La Mission Haut -Brion 1988.
une partie des fromages (Gouda, Caruchon) ont été servis sur les rouges restant, les autres sur les Sauternes avant le dessert.

Au nez, je retrouve ce qui m' avait touché dés l' ouverture de la bouteille : une fragrance complexe, concentrée, profonde, de fruit mûr (cerise, cassis) comme enrobé de tabac, de cigare, de fumée. Un nez massif, à la trame serrée, impressionnant d' ampleur et de densité, mais un peu fermé de prime abord, comme s' il ne voulait pas totalement se dévoiler, avec un petit manque de générosité et de charme, à mon goût. Mais plus les minutes passent, plus ce monument fait d' un seul bloc se fissure, s' écarte sous la poussée des arômes. Comme si le premier nez n' était qu' une ébauche grossière à l' usage des impatients ! :o qui laisse place maintenant, à un nez formidable d' ampleur, de race, d' émotion. Le plus fou, c' est que le vin [size=x-small]protégé sous vacuum, certes[/size] ouvert depuis une semaine, n' a aucun signe d' évolution, débordant de jeunesse, très peu sur les arômes tertiaires. Mais c' est en bouche que l' exception de ce vin se confirme, dans son toucher fin et délicat sur la langue, son corps ample et généreux, coulant au fond de la gorge, dont la texture décline un goût de fumée, de cigare et tant d' autre éléments participant à son jeu de saveurs uniques qui vous marque à jamais du feu doux de leur persistance.

les liquoreux :

10 Sauternes. Roussey Peyraguey crème de tête 1995.
fromages de chez Marie QuatreHomme : Vieux Gouda de 36 mois - Pavé de l'Aveyron ou Caruchon (lait de Brebis) - Comté au lait de pâturage d'été, affiné 24 mois - Roquefort Combes (Le vieux berger) - Epoisses au lait cru, affinage au vieux marc de Bourgogne.
Pain d' épices au miel d' oranger.
Tarte Tatin de la Pâtisserie des Rêves (Philippe Conticini).


Le nez est captivant, tant il semble vous lécher les narines de son grain doux, profond, sensuel, totalement singulier ; à la fois par la densité (je devrais dire l' épaisseur !) de sa trame, mais également par l' empreinte aromatique qui s' en dégage, inouïe, folle à un tel point qu' elle m' a semblé s' envoler dans le film de Tim Burton " Charlie et la Chocolaterie", transposé ici au royaume du caramel, du miel, du raisin sec, de l' orange confite, des zestes d' agrumes, des dattes fourrées à la pâte d' amande, que les visiteurs pourraient décliner en mille versions, selon qu' ils appuient sur la touche fruit ou la touche fleur. Un nez voyageur, un peu gigogne, dont chaque inspir renouvelle goulûment la complexité superlative qui le soir de la dégust m' avait paru au final, un peu too much : trop de sucre, trop d' informations.
Aujourd' hui, après 3h de ramassage de feuilles sous le soleil automnal [size=x-small]avec un gosier plus frais que je ne l' avais en fin de repas, l' autre soir,[/size] ce vin assurément hors normes, par le gras de sa liqueur, sa puissance, sa complexité, m' évoque d' autres liquoreux martiens à déguster à petites doses (les SGN de Delesvaux, la Folie Pure de Lescarret, le Nectar de Samos, entre autres). Mais je dois reconnaitre que derrière l' impression que laisse le nez fourré de sucreries à en damner un oriental, ::o il y' a un sacré équilibre ( la trame acide !), une fraicheur réjouissante qui donne des ailes au sucre et le fait monter au ciel.
La bouche est à l' avenant, son gras insolemment goûteux transforme la langue en patin glissant joyeusement sur un lac de caramel, de miel etc., jusqu' à se transformer en cascade de délices coulant au fond de la gorge, nimbée longtemps d' un halo de caramel à l' abricot totalement divin, résolument Timburtonien !

11 Sauternes. Yquem 1996.
idem

Toutes proportions gardées, il me semble que Yquem 96 est à Roussey Peyraguey, ce que le blanc sec d' Yquem est au Plantier du Haut-Brion [size=x-small]voir plus haut[/size]. Pour le liquoreux, comme pour le sec, la différence se mesure en terme de surcroit. (surcroit de finesse, d' harmonie, d' équilibre, de beauté au final, surcroit de tout en vérité), sans que ce surcroit se mesure uniquement en terme de plus de, tant je pressens qu' il ouvre la perception, la sensibilité à une autre dimension que certains pourraient qualifier de spirituelle. La belle singularité d' arômes et de saveurs du Plantier et du Roussey, deux vins superbes, les fait monter avec leur passager [size=x-small]bibi, en l' occurrence[/size] au ciel, ce qui est déjà pas mal ! Les deux Yquem, comme tout vin d' exception, vous font passer outre-ciel, opèrent une transmutation en s' incarnant totalement dans une singularité telle ( le surcroit décliné plus haut) qu' elle déborde de son statut d' objet de perception et s' ouvre à l' universel, au mystère qui s' œuvre à chaque gorgée, entre le présumé buveur et la chose bue. L' idée que l' absolu, pointe ultime de nous mêmes, se dépose au fond du verre, par la grâce d' un vin immanent et transcendant, est assez séduisante. Dans cette hypothèse, la mesure du grand vin serait liée à sa capacité de nous révéler à nous mêmes ou plus démocratiquement, déjà de nous le faire pressentir par le silence et l' écoute qu' il impose, l' émotion, la joie qu' il nous inspire !

Pour une description plus précise[size=x-small] sans image de camion, d' insecte ou de crocodile[/size] merci de vous reporter à celle d' Y d' Yquem, plus haut, qui dans le fond, réplique en sec, le grand liquoreux décidemment merveilleux.

Je reviendrai plus tard pour évoquer les accords, notamment sur les fromages assez top !
......et pour parler des mouillettes !! X(

Daniel
28 Oct 2012 23:47 #9

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Daniel, pour Meylet, j'avais ouvert un fil il y a quelque temps car ayant bu 3 fois le 98, j'avais beaucoup aimé: Meylet .

ton "Nez caressant, attachant, singulier tant il nous conduirait ailleurs qu' en Gironde, au fruit très pur ( fruits rouges, figue, pruneaux)" me rappelle totalement ce que j'ai ressenti en buvant cette bouteille. On peut imaginer que c'est la patte du domaine, il faudra que je trouve un 2001 ;)...

Pour le reste, magnifique dégustation !! Bravo !

Arnaud
29 Oct 2012 08:11 #10

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Daniel, avant que tu ne continues sur les accords, je pense que nous n'aurions pas du mettre a chauffer la tatin de Contichini (peu sucrée je précise) même à feu éteint (conseil du vendeur je précise). Cela compote les pommes et casse le croquant de la pâte.

Cela n'aurait rien changé a l'accord mais juste a l'appreciation du dessert pour lui meme.

Pensée en passant

Cyril
29 Oct 2012 16:46 #11

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Après les superbes compte-rendus de mes acolytes (!), je vais tenter de transformer mes quelques notes de dégutation en prose agréable à lire .... :)

Effectivement la tension était palpable sur la ligne de départ... boire du Bordeaux serait-il devenu ringard ? un passe-temps pour investisseurs argentés ? Etait-il encore possible de prendre autant de plaisir à déguster un second cru classé qu'une quille biodynamiste de Loire ou du Languedoc ? On évoquait ça et là Parker, le chêne neuf exubérant, les prix stratosphériques, l'engouement chinois, etc ... Il fallait en avoir le coeur net.

Donc pour cette première session girondine (il y en aura d'autres .. mais chuuut), Daniel avait adroitement melé cru re-connus et challengers, à l'aveugle.

L'entre-deux mers Sainte-Marie 2009, cuvée réserve ouvrait la sessions sur des notes florales, désalthérantes. Vin agréable, simple, parfait pour ouvrir le bal.
L'occasion de découvrir un superbe crachoir hand-made & customized for Daniel (Valérie PERRIER à Champigny sur marne)

1. Caillou Blanc de Talbot 2007
Rillettes de saumon, roquette et tomate séchée
Beau nez citronné, buis. Belle acidité. C'est droit. On évoque la question du sucre résiduel, interrogation qui prend tout son sens sur l'accord, qui confère au vin un coté "demi-sec". Le vin est charmeur, mais il me semble que les rillettes auraient mérité une tension et une acidité plus vives.

2. Les Plantiers du Haut Brion 2007
Huitre chaude à la julienne de légumes
On monte d'un cran en complexité. C'est à la fois rond et gras, superbement équilibré avec un bois parfaitement absorbé. L'amertume en finale lui confère un touche distinguée qui nous ravit. L'accord aves l'huitre chaude est parfait.

3. Y d'Yquem 2004
Pot au feu de foie gras
Les premières gorgées précèdent le silence ... on se regarde ... ce silence est aussi d'Yquem ... comme l'aurait dit le regreté Frédéric Dard. Avant que ne soit révélée l'étiquette, l'avis est unanime : on est en présence d'un grand blanc (ce ne sont pas les quelques squales présents ce soir là qui me contrediront ..). Tactilement, c'est superbe : quel toucher de bouche. On est sur de la soie, de la craie fine, qui caresse à chaque gorgée nos palais. L'accord avec le pot au feu de foie gras est magnifique.

4. Château le Puy 2003
5. Branaire Ducru 2003
Assiette de terrines, magret fumé, lonzo, ...
Ca cause rustique tout d'un coup avec Le Puy 2003. Mais à l'évidence c'est bon et on se fait plaisir. Franc, sans ambages, simple et discutant d'homme à homme avec les terrines et les cèpes grillés. Une belle surprise et un très bon rapport qualité prix. De là à lui décerner la goutte de Dieu ultime ...
Du coup, je prends beaucoup moins de plaisir avec le Branaire Ducru 2003. Son classicisme ne m'émeut guère. Je lui préfère la simplicité et le fruit de l'idole des nippons.

6. Chateau Meylet - Saint Emilion 2001
7. Angélus 1998
8. Léoville Barton 1985
Navarin d'agneau aux petits légumes
En challenger qu'il est, Meylet 2001 est une jolie surprise. Angélus est décevant. Fermé, recroquevillé, avec un boisé persistant. Une déception pour ce vin que j'avais beaucoup mieux gouté - paradoxalement - il y à 6 ans. Problème de bouteille ? Phase ingrate pour ce vin ? Ouvert trop tardivement ? Léoville Barton est tout en classe, fin, équilibré, avec d'élégantes notes mentholées qui lui confèrent un coté frais, désalthérant, probablement renforcé par le fait qu'il succède à Angelus.

9. La Mission Haut Brion 1988
Fromages
Magnifique d'élégance, de finesse. Il ne cesse d'évoluer dans le verre. C'est complexe, entre tabac blond, notes fumées, cèdre, et cuir. Un vin qui mériterait presque d'être bu pour lui même

10. Sauternes Rousset Peyraguet Crème de tête 1995
11. Yquem 1996
Tatin de la patisserie des rêves (Conticcini)
Le Rousset Peyraguet est une bombe, explosive de fruit, de sucre, avec une acidité remarquable qui le tient debout. C'est un vin de méditation, à boire pour ce qu'il est. L'accord avec le Rousset Peyraguet est trop riche à mon goût. Avec Yquem, le dialogue s'établit naturellement. La tension et la longueur du vin tiennent tête au sucre du dessert. C'est un accord d'une grande finesse, sans qu'aucune des parties ne prenne durablement le dessus. Superbe.

Olivier
29 Oct 2012 19:30 #12

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" Daniel avait adroitement mêlé cru re-connus et challengers, à l'aveugle".

Je préfère le mot outsider, dont je reconnais, après vérification, qu' il a également le sens de concurrent, [size=x-small]mais qui n' a pas beaucoup de[/size] [size=x-small]chance de gagner, semble t' il ![/size] En fait, loin de moi, l' idée de mettre ces vins que je ne connaissais pas ou quasiment pas pour la tendance vins nature, en compétition avec les crus Parkerisés. C' est plutôt l' idée de tenter une expérience qui a mûri quand Meylet, m' a été proposé comme seule bouteille par Jérémie et Benjamin, alors qu' Hubert, parallèlement aux classiques qu' il a en cave, avait la bouteille culte des Gouttes de Dieu, plus la Crème de Tête de Roussey Peyraguey, deux parangons historiques du bio à à Bordeaux. Comme nous avions déjà de très belles bouteilles : les deux Yquem, la Mission, Léoville Barton, Branaire, Angelus, je me suis dit pourquoi ne pas pas ouvrir la dégustation à une résonnance, un feeling moins conventionnels, collant avec la sensibilité altervinialiste d' une partie du groupe, pour voir...Non sans malice, je l' avoue, car au départ, j' imaginais servir les deux rouges bio ensemble, sur le premier plat de viande, mais j' ai trouvé plus fun, à l' aveugle, de mettre le Puy non pas face à, mais en compagnie de Branaire, et Meylet avec les autres "seigneurs". La vérité, c' est que ces vins nous ont bluffé par leur franchise, leur pureté, leur singularité à forte identité, le plaisir qu' ils nous ont donné, qui ouvrent des perspectives, voire des alternatives à des bouteilles de moins en moins accessibles. (tu). Ce que j' ai trouvé passionant et assez réjouissant, c' est que nous étions quelques uns à partager l' évidence que la somme des plus de Branaire ( plus d' ambition, de structure, de finesse etc) n' induisait aucun jugement de valeur sur le Puy, que chacun correspondait à une approche, à une vision qu' il n' y' avait pas lieu de hiérarchiser, comme s' ils étaient dans leur catégorie, deux absolus.

Voilà pour ce soir !

Daniel
29 Oct 2012 23:35 #13

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Dans tous les cas, cela promet de futures joutes passionantes sur le thème Bordeaux !
30 Oct 2012 00:34 #14

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J'ai été interpelé par l'expression "Crème de tête" qui nomme la cuvé du Sauternes de Rousset Peyraguey dégusté. Le domaine propose, à ma connaissance, deux autres cuvées, mais celle-ci est, toujours à ma connaissance, la cuvée supérieure.

C'est chez Maurice Constantin-Weyer, dans un ouvrage daté de 1932, L'Âme du Vin, que j'ai trouvé la réponse, quand l'auteur décrit avec des accents poétiques un peu ampoulés les vendanges en Sauternes :
"On ne coupe pas la grappe comme on fait dans d'autres pays. Non ! On détache d'un léger coup de ciseaux, les seuls grains duvetés. Si l'automne est long, c'est une opération qui, dans les vignobles noblement conduits, comme à Yquem ou à Climens, se répétera jusqu'à sept et huit fois. (...) A chacune de ces cueillettes correspond une cuvée différente. La première, dite crème de tête, produit des vins uniques comme générosité, comme liqueur et comme parfum. Puis vient le vin de tête, presque aussi magnifique, et enfin les cuvées de queue, moins heureusement mûries, donnent un vin encore moelleux.
Les vins de tête et de crème de tête du Sauternais sont de véritables liqueurs dont l'usage se recommande au désert. Ils doivent être frappés très forts, aux environ de plus quatre degrés (...). Ils développent alors leurs splendides qualités."

Autre temps, autres mœurs... En recommandant de le déguster à 4° C, Maurice Constantin-Weyer s'inscrit alors en faux contre l’habitude des Bordelais de déguster le sauternes plus froid encore (!). Il n’en recommande pas moins de le boire jeune, puisque, selon lui, le vin a déjà atteint sa plénitude dès son plus jeune âge.

Hub
Si tu ne sais pas... demande. Si tu sais... partage. Si tu crois savoir... ferme-la et cherche encore.
06 Nov 2012 22:56 #15

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Bonsoir Hubert.

Merci pour ton éclairage sur ces fameuses "crèmes de tête" dont on a tous entendu parler, sans trop savoir de quoi il en retourne ; en tout cas, c' est mon cas et je trouve un peu dommage qu' il n'y ait eu aucune réaction des Bordeauxphiles pour nous aider à en savoir peu plus sur le sujet ! [size=x-small]je ne parle pas de vous Catherine et les garçons dont la moitié n' a pas[/size] [size=x-small]été foutue d' aligner trois mots sur cette soirée[/size] :o 8-).
Sur Sauternes, cette expression symbolisant le nec plus ultra des cuvées semble concerner toujours d' illustres domaines : Arche, Gilette, Caillou, Suduiraut, Filhot et bien d' autres...Ne les ayant jamais goûtées, peut-on dire que certaines cuvées prestigieuses comme l' Extravagant de Doisy Daene ou Madame de Coutet et peut être d' autres, seraient en fait des Crèmes de Tête qui ne se l' avouent pas ?

Pour élargir le sujet, à partir du moment où l' on est prêt à convenir que le terme crème de tête symbolise les meilleurs lots dans la production d' un vin liquoreux, je me suis demandé si d' autres régions utilisaient ce terme. Merci Google, à la cinquième ligne du sujet Crème de tête, je suis tombé sur un Jurançon , le Clos Cancaillaü , dépendant du domaine Barrère, si j' ai bien compris, qui en produit effectivement une...à 10€ [size=x-small] même que Jérome a fait un cr sur leur sec ![/size]

Le sujet n' est pas clos, si quelqu' un a envie de me relayer.....:)

Daniel

ps : dernière minute, notre Sisa national (Ahmed) avait fait en 2005, un cr sur le Jurançon Crême de Tête de Cancaillaü !! :

Clos Cancaillau Jurançon crème de tête 1985

Oeil : or doré
Nez : grillé, figue confite, noix
Bouche : attaque soyeuse, bonne acidité, fruits confits, finale réglissée
Ce vin n'était prévu que pour l'entrée et bien à l'unanimité nous avons décidé de le terminer avec le plat (volaille).
14 Nov 2012 00:04 #16

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Je veux pas dire mais les bordeaux natures, c'est autre chose que les bordeaux ! ;)
16 Déc 2012 16:02 #17

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" Racoleur, le titre ! Bah, non, purement descriptif, mais n' allons pas trop vite.."

Un peu tardivement, profitant de la provocation totalement non argumentée 8-), à caractère "alter mondialiste" ;), de notre ami Jérémie, je vais dévoiler enfin Le secret de la mouillette au Pain d' épice au miel d' oranger avec un Yquem 96.
.
Quand nous avons découvert avec ma cuisinière préférée, que l' accord parfait d' Olivier Poussier (Desserts et Vins. Solar) sur un Yquem, était un Pain d' épice au miel d' oranger, nous nous sommes dit que cette recette d' une simplicité de réalisation enfantine, complèterait bien la Tarte Tatin prévue de la Patisserie des Rêves (Philippe Conticini).
Ce pain d' épice tout simple, que le miel d' oranger rend vraiment divin, s' accorde effectivement à merveille avec un Yquem ou à priori tout autre excellent Sauternes.
L' accord est d' autant plus remarquable, quand vous penchez légèrement votre verre, afin de pouvoir plonger délicatement votre tranche de pain d' épice dans l' Yquem pour en faire une mouillette que vous dégustez avec des grands slurp !
C' est comme cela que Philippe Modat donna un bien mauvais exemple aux boys déchainés qui en faisant des patouilles à l' Yquem 96, faillirent me casser dix Riedel !! (:D

Daniel
16 Déc 2012 18:44 #18

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Bonjour,

J'avais déjà ressenti en bouche de très fortes notes de miel d'oranger chez Gilette et les Justices sur plusieurs millésimes mais je n'avais pas remarqué à ce point sur d'autres Sauternes. Je serai plus attentif la prochaine fois.
En attendant, je vous suggère l'association sur un Gilette, ca devrait détonner X(

In vino veritas
28 Jan 2013 17:21 #19

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Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck