Domaine Lécheneaut (visite en juin 2005)
Vincent Lécheneaut nous reçoit très simplement et nous livre avec beaucoup de volubilité un parcours vinique de fort bonne tenue. Ce parcours montre une réjouissante capacité à tirer le meilleur de chaque appellation (pureté, expressivité du fruit, équilibre, allonge, …), en respectant les spécificités des provenances (y compris sur des appellations moins prestigieuses que celles des GC). Un peu comme dans le cas du domaine Egly-Ouriet, on a certainement ici un pied dans l’avenir. Il paraît enviable de pouvoir ainsi vinifier tous les villages de la côte de Nuits (de Gevrey à Nuits-St-Georges) et c’est l’occasion rare pour le visiteur de déguster une palette complète d’origines. Après un démarrage par de magnifiques « villages », la dégustation s’achève par un très percutant Clos de la Roche.
millésime 2004 sur fût :
1.
Domaine Lécheneaut – Chambolle-Musigny 2004 :
JP15 - PP15,5 – LG15
Cerise croquante et fleurs puissantes. Bouche velouté, poivrée, qui manque un peu d’accroche. Caractère plutôt avenant et bonne acidité.
2.
Domaine Lécheneaut – Gevrey-Chambertin 2004 :
JP15 - PP15 – LG15
Le nez profond est plus minéral ; il arbore des senteurs de fleurs capiteuses et de réglisse. Bouche dense, épicée, assez carrée (avec une pointe de gaz) pour ce vin encore un peu recroquevillé dans sa gangue.
3.
Domaine Lécheneaut – Vosne-Romanée 2004 :
JP15,5 - PP16 – LG15,5
Cet échantillon affiche de la réduction qui ne parvient pas à totalement masquer un charme aromatique épicé et fleuri typique de ce terroir. Belle substance charnue, avec l’aspérité qui manquait au Chambolle. Du fond pour cette expression qui pourrait ressembler au mélange des 2 précédentes. Soupçon végétal, mâche réglissée pour un Vosne plutôt structuré.
4.
Domaine Lécheneaut – Morey-St-Denis 2004 :
JP16 - PP16 – LG16
Le nez divulgue des parfums nobles et profonds : épices, fruits noirs, terre, cacao. Beau jus fin et dense, au caractère terrien, avec de la réglisse. L’équilibre est très prometteur pour un vin qui devra encore s’affiner.
5.
Domaine Lécheneaut – Nuits-St-Georges 2004 :
JP16 - PP16 – LG16,5
Le nez distribue force fruits rouges et fleurs. On apprécie un long prolongement velouté, avenant, tout en équilibre.
6.
Domaine Lécheneaut – Nuits-St-Georges 2004 :
JP15 - PP15,5 – LG16
Parcelle Les Chouillets. On isole des notes de fruits noirs et d’épices dans une expression plus introvertie, plus cuite, légèrement réduite. Grosse densité réglissée pour une stature virile (caverneuse), aux tannins plus volontaires. Plus rigoureux mais moins complexe.
7.
Domaine Lécheneaut – Morey-St-Denis 1er cru Clos des Ormes 2004 :
JP15,5 - PP16 - LG16
Comme dans le cas du Morey Villages, on inspire un fruité prononcé, des fleurs, du cacao. La finesse tannique est un peu en retrait mais ce vin charpenté possède beaucoup de caractère et d’élégance.
8.
Domaine Lécheneaut – Chambolle-Musigny 1er cru 2004 :
JP16 - PP16,5 – LG16
Spectre aromatique éclatant, généreusement corsé : cerise, épices, fleurs. Les saveurs sont bien présentes dans une trame réglissée, longue mais on peut regretter que le vin soit desservi par un peu trop de souplesse (comme pas mal de Bourgognes 2000), la bouche ne parvenant pas à affirmer l’explosivité olfactive.
9.
Domaine Lécheneaut – Nuits-St-Georges 1er cru Les Damodes 2004 :
JP15,5 - PP15,5 - LG16
Confortable ensemble expressif et cohérent : terre, fruits, fleurs, épices. Les tannins sont certes un peu plus grenus, mais le vin possède du relief, du caractère, pour une finale robuste qui conserve beaucoup de souffle.
10.
Domaine Lécheneaut – Nuits-St-Georges 1er cru Les Pruliers 2004 :
JP17 - PP17 - LG16
On sent ici des arômes profonds de fruits et de cacao. Le vin est plus dur à juger en raison d’une malolactique en cours. Puissance, équilibre, longueur, pour des tannins qui sont ici moins rugueux pour un jus magnifique. Typicité appréciable (rusticité et finesse).
11.
Domaine Lécheneaut – Clos de la Roche 2004 :
JP17,5 - PP17,5 – LG17
On détecte dans ce dernier vin de la série des parfums croustillants de fruits (groseille) et de rose, malgré un supplément de bois. Elégance retenue et empyreumatique (café, cacao). Bouche joliment acidulée (griotte), encore normalement renfrognée (malgré un beau retour gustatif en finale) mais sa persistance réglissée est racée. On pense à un moment au beau travail de Hubert Lignier sur ce cru.