J'ai découvert ce vigneron il y a quelques mois suite aux recommandations de Ian, qui est décidément de bon conseil.
Lors de la dernière visite que nous lui avions rendu, Régis Fliniaux nous avait invités, un ami et moi, à venir déguster ses vins clairs (donc avant prise de mousse), parmi lesquels une nouveauté.
Et le moins que l'on puisse dire est que nous avons été une fois de plus royalement reçus en ce samedi matin.
Régis nous avait préparé une table ronde avec bouteilles, verres et crachoirs. Autour de cette table se sont installés Régis, sa fille Deborah (qui reprendra, plus que certainement, l'exploitation familiale), Xavier, l'ami de cette dernière et Å“nologue dans une maison de Champagne, Alexandre, un de mes amis, et moi-même.
La dégustation de vins clairs était une grande première pour Alexandre et moi.
Avant de détailler les vins goûtés, il faut rappeler que Régis est installé à Aà¿, village classé Grand Cru et situé dans la vallée de la Marne, où il ne cultive que du pinot noir et du chardonnay.
Toutes ses cuvées sont composées en majorité de pinot noir et complétées par du chardonnay (les deux cépages sont assemblés avant les fermentations) et subissent la fermentation malo-lactique. Elles ne sont pas millésimées.
Les vins clairs ayant été dégustés :
1) Vin issu de raisins 2003 vendangés en octobre lors du second passage dans les vignes :
Ce vin, composé de 80% de pinot noir et de 20% de Chardonnay, est non filtré. Nous avons donc une robe … euh … trouble. Toutefois Xavier juge ce vin déjà assez éclairci et pense que le travail de filtration sera aisé.
Le nez, après de premières notes lactiques, présente un fruité expressif (genre compote de pommes et poires).
La bouche présente toujours ces notes fruitées et une belle vivacité.
Xavier estime que ce vin sera rapidement « accessible ».
2) Vin issu de raisins 2003 vendangés fin août lors du premier passage dans les vignes :
Ce vin est également composé de 80% de pinot noir et de 20% de Chardonnay, et non filtré.
Si la différence ne se fait pas sur la robe, elle se fait au nez. Il apparaît certes plus réservé, mais aussi plus fin et plus complexe que celui du premier.
La bouche se démarque également par une vivacité un peu moindre et une belle finesse.
Il nécessitera peut-être plus de temps que le premier pour « s'ouvrir ».
3) Vin issu d'un assemblage à parts égales des deux premiers vins :
Pour les non-matheux, on obtient donc 80% de pinot noir et 20% de chardonnay. Ce vin a été filtré.
La robe présente de légers reflets rosés.
On retrouve le côté gourmand du premier vin, en moins « exubérant » toutefois, et donc avec plus de finesse.
Il apparaît aujourd'hui comme le plus équilibré des trois.
4) Vin de réserve issu des récoltes 2001 et 2002 :
Les proportions des millésimes et des cépages n'ont pas été communiquées. Ce vin a été filtré l'an dernier.
La teinte de la robe est plus soutenue que celle du troisième.
Les arômes, tant au nez qu'en bouche, sont plus complexes (plus sur les fruits rouges et fruits secs) que ceux des précédents vins.
La bouche apparaît plus ronde.
5) La nouveauté :
Mais qui a bien pu donner l'idée à Régis de réaliser une cuvée sous bois ?
Car il s'agit effectivement d'une cuvée partiellement fermentée en fût. Toutefois, plus qu'une nouveauté, il s'agit plutôt d'un retour à la tradition car les fûts étaient encore utilisés il y a une vingtaine d'année.
Pour cette nouvelle cuvée, les fûts sont âgés de 2 ans et proviennent de Bourgogne.
Le vin, assemblage de 80% de pinot noir et de 20% de chardonnay, a fait 75% de sa fermentation alcoolique en cuve et les 25% restant (comme la malo) en fûts. Il est non filtré.
Le nez est fruité, mais bien marqué par le bois.
La bouche est ronde et grasse, et également marquée par le bois.
Régis et Xavier sont d'accord sur le fait que ce vin, s'il n'est pas assemblé avec un(des) autre(s), n'obtiendra pas l'agrément Champagne car trop « typé ».
6), 7) et 8) Séance « petit chimiste » :
A l'aide d'une éprouvette, Régis s'essaye à des assemblages à base du cinquième vin. Ce vin est assemblé pour moitié avec chacun des trois premiers.
La combinaison satisfaisant le plus Régis et Xavier est la suivante : 50% du cinquième vin et 50% du premier.
Régis souhaiterait partir sur cet assemblage, alors que Xavier verrait bien la proportion du cinquième ramené à 40%. A suivre…
9) Vin issu de raisins 2003, 100% chardonnay de Bassu :
Cette bouteille a été donné à Régis par une de ses connaissances.
La région de Vitry-le-François, dans laquelle se situe Bassu, représente 260ha, quasi exclusivement plantés de chardonnay. Les raisins qui en sont issus sont très prisés des grandes maisons de négoce.
Le vin est non filtré.
Le nez présente une note assez désagréable. Xavier y perçoit un arôme d'amande amère, pouvant provenir, selon lui, de l'emploi de cuves époxy. C'est considéré comme un défaut.
La bouche est grasse et possède, contrairement à ce que l'on pourrait croire, moins d'acidité que les vins clairs de Régis, pourtant issus à majorité de pinot noir.
Il semblerait que les chardonnay issus de la région de Vitry-le-François présentent une maturité naturelle importante. Alors en 2003…
Bon, après tous ces jeunots sans bulles, une pressante envie de CO2 s'est faite sentir. Et pour trancher radicalement, on s'est essayé à une petite comparaison entre un 1979 de Régis et un 1979 de René Collard (encore un conseil de Ian) amené pour l'occasion.
Les similitudes existaient : robe or (voire vieil or), nez très expressif (fruits secs et confits) et bouche vineuse. Toutefois le Collard s'est montré le plus fin et le plus « jeune ».
Ensuite Régis nous a ouvert un 1972. Le premier millésime qu'il a vinifié. Malheureusement il a présenté des notes animales peu engageantes. Rien de grave, de toute façon il paraît que 1972 était une année avec beaucoup de pourriture, alors…
Et on a fini avec deux bouteilles amenées par Xavier : un Palmer Amazone datant de 1994 (fin et complexe) et un Clicquot Vintage Reserve 1996 (riche, gras et vif : très bon).
Ce fut une très belle matinée, enrichissante, et passée dans la bonne humeur et la simplicité. Et dire que certains pensent encore que les vignerons champenois ont la grosse tête…
Allez, tous chez Régis ! (aaa)
Mikaà«l
Message edité (12-03-2004 23:04)
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