Muscadet 2002
Lundi 13 septembre 2004
Une production Ganesh da Capo
Le contexte :
- Les vins sont dégustés à l'aveugle, mais découverts par séries de 4.
- Nombre de dégustateurs : 17.
- PP: Pascal Perez - LG : Laurent Gibet
- ED : Echantillon Défectueux.
- Dégustation préparée par Pascal Perez pour le club IDV.
- Synthèse des commentaires de dégustation par Laurent Gibet.
Les vins :
1. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Frères Couillaud – Clos du Petit Château – 1ère Cuvée du Clos - Sélection Vieilles Vignes 2002 :
PP14,5 – LG14 - Prix : 4,20 €
- Mica schiste avec argile.
- Nez mûr, expressif, particulièrement fruité (mirabelle, reine-claude), déclinant allègrement ses senteurs de citron, de cailloux chauds, de fleurs, de sauge, de verveine.
- Bouche légèrement enrobée mais suffisamment nerveuse, convenablement tenue par son acidité et sa minéralité. Goûts de verveine et d'agrumes. Moyennement longue mais franche et désaltérante.
2. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Bruno Cormerais – Cuvée Prestige 2002 :
PP13,5 – LG12,5/13 - Prix : 5,20 €
- Granit.
- Nez mûr (expressions associées de fruits exotiques, voire de charcuterie), délivrant des notes de reine-claude, de fenaison. Plus végétal et aussi plus pesant que le précédent.
- Acidité prégnante pour une expression moins nette, moins cohérente et surtout plus abrupte. Le vin ne bénéficie ni de la structure ni de la minéralité idoines. Certains sont gênés par le soufre.
3. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Joseph Landron – Domaine de la Louvetrie – Fief du Breuil 2002 :
PP15 – LG15 - Prix : 6,50 €
- Argilo siliceux avec quartz sur roches d'orthogneiss.
- Nez fruité, net, mûr entrelaçant dans une belle complexité des notes douces de mirabelles charnues, de beurre, d'épices légères, de citronnelle, de réglisse, de menthol. Il se distingue par sa complexité et son aspect cristallin.
- Bouche soyeuse, pure, parfaitement équilibrée, dont la vivacité citronnée structure une matière riche et relativement puissante. La minéralité est là , sous-jacente et contribue au caractère gourmand et éclatant.
- Une réussite pour ce vin du producteur de la recherchée cuvée « amphibolite ».
4. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Claude Branger – Terroir Les Gras Moutons 2002 :
PP14,5 – LG14,5 - Prix : 4,40 €
- Amphibolite.
- Olfaction relativement empesée, avec des nuances balsamiques, minérale et puissamment mentholée. Notes de malt, de levures.
- Bouche tonique, sobre, qui donne satisfaction par sa typicité sans détours. Un style moins élaboré que celui de Landron.
5. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Guy Bossard – Domaine de l'Ecu – Expression de Gneiss 2002 :
PP15 – LG15 - Prix : 5,40 €
- Senteurs nettes de calisson (pâte d'amande, melon confit), de fleurs.
- Bouche svelte, cinglante, épurée, soulignée par des saveurs de citron et de réglisse. Un style convaincant, reconnaissable, tranchant, explosif, sans l'embonpoint léger du vin de Joseph Landron.
6. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Frères Couillaud – Château de la Ragotières – 1er cru du Château - Sélection Vieilles Vignes 2002 :
PP14,5 – LG13 - Prix : 4,20 €
- Mica schiste avec argile.
- Nez délicat, sur les fleurs blanches, le calisson, les fruits exotiques (citron vert) avec une évocation plus insolite de banane verte.
- Bouche vive, acidulée plus précisément. Un vin qui semble « surjouer », avec ses goûts un peu artificiels et lassants de confiserie qui nuisent à la pureté, à l'authenticité pour une partie des dégustateurs.
7. Muscadet Coteaux de la Loire Sur Lie – Domaine Guindon – Cuvée Prestige 2002 :
PPED – LG(11) - Prix : 5,20 €
- Argilo schisteux granitique.
- Nez proposant des senteurs littorales d'iode, de la cire, de la pomme oxydée, de l'anis. Ingrat, approximatif (peu de soufre ?).
- Bouche oxydée mais surtout (l'oxydation n'étant pas un défaut systématique, et pas seulement dans le Jura) peu engageante en raison de ce duo acidité/éthanal peu plaisant.
8. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Pierre Luneau-Papin – Les Pierres Blanches Vieilles Vignes – Hermine d'Or 2002 :
PP14,5 – LG14,5 - Prix : 7,55 €
- Gneiss.
- Nez exubérant, accueillant, sur le beurre, le fumé, le menthol, le pamplemousse, les fruits exotiques qui rappelle fortement un pinot gris alsacien. Minéralité discrète.
- En bouche, on peut penser à un « petit » riesling, en raison d'une acidité conjuguant des notes de minéral et de citron. Intéressant mais pas vraiment typé, donc.
9. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Guy Bossard – Domaine de l'Ecu – Expression d'Orthogneiss 2002 :
PP14,5+ – LG(13,5+) - Prix : 5,40 €
- Senteurs plus terriennes ici, moins joviales : champignon, amande, fruits surs. Plus sudistes également (anis).
- Bouche plutôt acide, mutique, puissante et fermée (éteinte) pour certains, désespérément (et définitivement ?) austère, triste pour d'autres. A revoir plus particulièrement.
- Moins réussie en l'état que la cuvée Gneiss.
10. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Gadais Père et Fils – Vieilles Vignes 2002 :
PP13,5 – LG13,5 - Prix : 5,50 €
- Gneiss à 2 mica.
- Nez initialement curieux, avec ses notes d'asperge (de respounjous dirait-on dans notre région). Des notes moins suspectes succèdent à ses scories : minéral, fruits mûrs, agrumes et toujours cette pointe de banane verte identifiée dans le 1er cru des frères Couillaud.
- Bouche évoquant le sauvignon (Sancerre ?) en raison de son caractère végétal (buis, chèvrefeuille) et citronné. Un vin moins dense (mais en corollaire aucune lourdeur à déplorer), plus frétillant (plus gai) que l'orthogneiss de Bossard.
11. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – André Michel Brégeon 2002 :
PP13 – LG12,5 - Prix : 3,40 €
- Gabbrot (roche éruptive, non volcanique)
- Le nez est corrompu par une gangue réduite (H2S) qu'une agitation frénétique dans le verre ne parvient pas à évacuer.
- Bouche brumeuse, fade. Légère minéralité citronnée passe-partout, sans aucun éclat.
12. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Chéreau-Carré – Château de Chasseloir – Comte Leloup de Chasseloir – Cuvée des Ceps Centenaires 2002 :
PP14 – LG12 - Prix : 8,80 €
- Schiste.
- Nez relativement opulent, avec ses notes cossues de calisson, de fleurs captivantes.
- En bouche, on trouve une matière marquée par les agrumes, dont l'acidité mordante (un côté « gros-plant » ?) violente le palais d'une bonne partie des dégustateurs. D'autres s'en accommodent très bien.
13. Muscadet de Sèvre et Maine Sur Lie – Claude Branger – Domaine La Haute Févrie – Excellence Vieilles Vignes 2002 :
PP12 – LG10 - Prix : 4 €
- Gneiss et orthogneiss.
- Nez vraiment désagréable en raison d'une réduction prononcée.
- En bouche, une acidité invraisemblable (pour une matière défaillante) discrédite un vin vraiment agressif. Les huîtres s'en satisferont peut-être.
Conclusion :
- Dégustation décevante : certes les muscadets ne peuvent rivaliser avec les plus grands vins blancs secs français, mais certaines dégustations précédentes, le choix de ce millésime (de qualité très correcte) chez ces producteurs nous faisaient espérer plus, en termes de spontanéité fraîche et fruitée.
- Pas mal de vins sont fortement handicapés par des expressions aromatiques approximatives et des acidités prononcées (lancinantes pour certains). Quelques cuvées sont anormalement en berne.
- On explore heureusement des styles différents, qui limitent un peu la lassitude, avec un triptyque sous-jacent récurrent minéral/végétal/fruité (le piège de la verdeur acerbe est évité en raison de la sélection rigoureuse des domaines).
- Il convient de réserver les meilleurs cuvées à la gastronomie (les plateaux de fruits de mer, les poissons). Certaines pourraient surprendre par leur longévité (goûté récemment des 82 aux arômes subtilement évolués, encore fort vivaces).
- Les prix vraiment tendres peuvent atténuer la critique.
Bu un superbe et endurant Luneau-papin lors de l'été 2004 ...
Laurent