allez, les blancs pour terminer...
1 Vin de Pays du Loir et Cher. Plume d’Ange 1998. Claude Courtois.
J’ai un vague souvenir de ce vin que je n’ai pas regouté. Impression d’harmonie, d’équilibre sur une belle chair de fruits blancs et d’abricot, au parfum prenant, défini ; texture pleine, un peu opulente, me faisant pencher par son coté un poil chaud sur un vin plus méridional. Belle découverte à l’aveugle, alors que je n’appréciais pas trop le coté
border line des cuvées beaucoup plus jeunes du Domaine Courtois, goutées il y’ a longtemps.
2 Sancerre. les Monts Damnés 2007. François Cotat.
mesclun de salades au chèvre rôti (sainte maure) et cru.(crottin de Chavignol bien sec) / andouille, rillons de chez Bernier.
Au nez, une incroyable prégnance d’agrumes et de fruits blancs bien mûrs, se dégageant sur fond de buis, vous caresse comme un rayon de soleil ; grain limpide enrobé d’un voile de craie, qui vous chatouille l’âme de sa fraicheur subtile entre menthe et résine de pin, où le fruit caracole. A l’ouverture, déjà très avenant, ce sauvignon d’élite, après quelques jours, ouvre grand ses ailes !
En bouche, le ciel prend chair pour s’élever encore plus haut, quand la rampe acide permet au pamplemousse et au citron de hisser leur singularité signée au poinçon d’harmonie et de gourmandise absolue, au sommet du Sauvignon.
Magnifique, mais que vais-je pouvoir dire des géants qui suivent (pas à l’aveugle pour moi) ? Don’t worry, c’est l’égo qui compare, dresse des hiérarchies. Mettre le compteur à 0 et repartir à l’aventure. Sauvi...quoi ? :
3 Pouilly Fumé "Pur sang" 2005 de Dagueneau.
blini au flétan et au saumon fumé, œufs de saumon, salade de fenouil.
Au nez, la douce caresse miellée évoquant la fleur de genêt, prend la forme d’un pamplemousse bien mûr, bien rond, enrobé d’un voile un peu fumé transformant le genêt en fougère. Grain d’arômes dont la finesse, la légèreté, le caractère alerte, ouvrent en son sein comme une profondeur ciselée où l’acidité prend figure de modèle par son coté diaphane, presque transparent, aérien, mais toujours résolument incarnée.
La bouche est vive, presque nerveuse, mais cette tension fruitée un peu tranchante, semble faire claquer comme un fouet, les rondeurs du fruit, tanguer les amers, transformer la finale au sourire citron, en comète aux allures de pur sang.
4 Sancerre Domaine Vincent Pinard "Harmonie" 1996.
mouclade à la crème et au safran.
Le nez respire effectivement l’harmonie. Son ampleur qui fait reculer l’horizon des narines, la profondeur de son grain ultimement précis, la douceur de ses effluves légèrement moelleuses (mais pas suffisamment pour en faire un demi sec), composent un paysage vraiment émouvant, de ceux qui vous font dire :
“tu te souviens ?”. Une ode à la truffe blanche tant son parfum décliné sur un mode délicat d’une ultime finesse, imprègne le citron, le pamplemousse, les fleurs jaune et tant d’autres subtilités aromatiques. L’ harmonie est une émotion, une évidence dont le dégustateur est l’instrument, et le vin: la musique, le tableau, le poème...
En bouche, la même harmonie se mesure en terme d’équilibre recomposé par l’âge. La tension s’adoucit sans jamais disparaitre tant elle reste le maitre du bal des saveurs guidées par cette truffe souveraine imbibant les agrumes, dont la persistance a bien du mal à vous quitter devant votre insistance à vouloir la gouter toujours et plus.
5 Asteroïde 2002 de chez Dagueneau.
langouste grillée, huile d’ olive citronnée, estragon, salade de pamplemousse.
Au nez, une première impression résolument fumée, teintée de touches de résine de pin ; puis le citron, le pamplemousse, la mangue plus tard, donnent du corps, comme nimbé de ce coté finement balsamique. Un nez vif, à la fois alerte, mais tout en rondeurs subtiles tenues par le fil citronné ; un volume fin et délicat dégageant une harmonie assez confondante au final. Ce nez m’évoque un tableau vivant dont je serais à la fois spectateur et support. L’œuvre est superbe, bien plus à son avantage que l’autre soir où le vin paraissait presque discret en comparaison des trois précédents. Ce soir, il joue dans la même cour, avec plus de subtilité, de finesse, de complexité, comme si la façon dont les arômes s’ordonnent, établissent des synthèses, atteignait une forme de quintessence toute aérienne.
En bouche, la comparaison avec le Pur Sang est passionnante. Chez ce dernier, c’est la dynamique, l’énergie, la fougue combinées à la précision et la subtilité, qui prennent figure d’absolu : un vrai Pur Sang ! Toutes ces qualités se retrouvent sur l’autre vin, avec un surcroit de ce qu’ il est bien difficile de cerner. Harmonie, complexité, finesse, juste définition, subtilité, certes. Mais il y’a plus que cela quand toutes ces qualités s'unissent et dégagent une profondeur telle que dans cet espace ouvert à l'infini, le vin mute et devient astéroide.X(
Pour si bien nommer ses cuvées, Dagueneau devait être un visionnaire nourri à la source des choses, comme les enfants et les poètes.
13 Coteaux de Saumur. Brézé. Sélection de Grains Nobles Clos Rougeard 1995.
tarte tatin aux mangues avec une touche de fruits de la Passion et citron vert.
Le nez se décline sur une trame assez vive, par touches délicates comme dessinées au trait. Un mille feuille d’arômes fins qui se superposent, se complètent, s’interpénètrent, opèrent des synthèses d’une complexité subtile et enchanteresse. Un bouquet d’abricots secs et de coing confit, une impression de crème pâtissière au praliné, la caresse d’un miel un peu brut tirant vers le caramel, un coté épicé rappelant la cannelle, des touches iodées ouvrant comme une profondeur. Tous ces arômes se concentrent en une merveilleuse synthèse évoquant la fragrance d’un grand thé que l’on prend plaisir à humer à grandes bouffées.
La trame aérienne des arômes se dote en bouche d’un gras inattendu comme si elle atterissait. Chair incroyablement gouteuse, qui aux arômes du nez, ajoute des saveurs de mangue, fruit de la passion, liqueur d’orange, dont la vivacité, la tension, la fraicheur, la transparence, posent rapidement une échelle qui vous fait remonter
fissa au ciel. La persistance au gout de thé fruité dépose comme un parfum d’éternité. Magique.
Cette dégustation nous a tant enthousiasmés que l' on s'est redonné rendez-vous courant Janvier, pour un
chenins et outsiders ligeriens.
Daniel