Des vins maltais dégustés sur place
Je suis de retour d’un voyage à Malte, pays que je recommande chaudement (oui, il y fait chaud l’été !
) pour ses paysages, ses falaises, ses criques, ses vestiges néolithiques (ne pas rater l’hypogée à réserver plusieurs semaines à l’avance), ses églises et ses habitants chaleureux (oui, ils ont aussi pris du soleil
), comme en témoignent quelques photos.
Ah j’oubliais : pour ses vins aussi !
N’ayant pas hésité à me sacrifier pour la science
et pour les LPViens qui iront visiter ce beau pays, je n’ai bu au restaurant, pour l’apéro et les repas du soir, uniquement des vins maltais alors que les cartes des vins sont en général bien fournies en vins étrangers, italiens notamment. Je n’ai pas fait de visite de cave car nous étions accompagnés par un couple d’amis qui ne sont pas très attirés par le vin.
Je vais faire quelques redites avec le très bon reportage de Jeiss qui figure un peu plus haut et date de juillet 2019.
Les cépages sont pour la plupart français, en tout cas pour les vins que j’ai bus, si on considère le vermentino (rolle) comme un cépage français. On y retrouve certaines expressions classiques, avec des caractéristiques propres venant du sol et du climat, sans oublier le vigneron mais c’est aussi vrai en France
Les degrés en alcool sont assez faibles, entre 12 et 12,5 ° pour les blancs et entre 13 et 13,5 ° pour les rouges. Ceci s’explique par des vendanges précoces, mais la maturité phénolique est quand même atteinte car j’ai rarement eu des sensations de matière pas mûre. Jeiss a expliqué que la date des vendanges était souvent décalée plus tard depuis quelques années lorsque des orages l’été viennent retarder la maturité alcoolique. Cela n’a pas dû être le cas cette année car ils n’avaient pas vu de pluie depuis quatre mois avant une tempête décennale la veille de notre arrivée.
Pour ma part je retiendrai un niveau d’ensemble très correct et plus homogène que ce que Jeiss a pu noter mais il est vrai que je n’ai pas visé des vins à l’élevage marqué.
Les prix sont fort sages, de 12 à 30 € au restaurant, le taux de marge étant très dépendant du niveau de qualité du restaurant.
Voici donc un aperçu, les vins étant présentés par domaine, dans l’ordre décroissant de nombre de bouteilles dégustées.
Domaine Delicata
Il s’agit d’un énorme domaine, pourtant familial (Delicata est le nom de la famille et non la caractéristique des vins
) et très ancien car créé en 1907. Il a développé une dizaine de marques avec plusieurs vins par marque, sans que la différence entre les marques soit très … marquée.
Delicata – Grand vin de Hauteville – Viognier – 2018
La robe présente un or standard.
D’une intensité moyenne, le nez est paré d’une aromatique tirant sur les fruits jaunes, pêche et abricot, agrémentée de touches mentholées et anisées.
Un léger gras se ressent en attaque puis ce sont les arômes savoureux du nez, complétés par la poire, que l’on retient. D’une longueur correcte, la finale est rehaussée par une fine amertume.
Bien + et une belle surprise avec ce premier blanc.
Delicata – Victoria Heights – Chardonnay – 2019
La robe est dorée.
Le nez assez intense associe fleurs blanches et notes miellées.
La bouche présente une belle rondeur et une sapidité florale et d’herbes aromatiques. Légère, gouleyante et agréable, le vin n’est cependant pas servi suffisamment frais ce qui entraîne un manque de tension, même si la finale est plus affinée.
Assez Bien + / Bien
Delicata – The Falcon – Chardonnay – 2018
La robe est claire, de couleur paille.
Le nez est bien ouvert, d’un fruité étonnamment épanoui, complété par des touches mentholées, anisées et de pomme verte.
La bouche assez pleine est dotée d’une fraîcheur intéressante, à la fois par son aromatique et sa structure. On ressent même une tension minérale, surtout dans la finale qui se teinte d’accents salins.
Bien (+)
Delicata – Classic Collection – Landini – Vermentino – 2019
La robe paille présente des reflets verts.
Peu causant, le nez laisse entrevoir du citron et des fleurs blanches.
La bouche est en revanche dotée d’un volume confortable puis une acidité vertébrale la mobilise et lui donne du souffle. La finale persistante se montre encore plus savoureuse avec une pointe anisée.
Bien +(+)
Delicata – Medina – Syrah Carignan Mourvèdre – 2018
J’ai dégusté deux fois ce vin (on retrouve souvent les mêmes vins dans les différents restaurants), avec des sensations bien différentes.
La robe moyennement sombre n’est plus très jeune.
D’une bonne intensité, le nez attirant est axé sur le café et les épices sur un fond de fruits rouges.
La bouche de demi-corps se révèle suffisamment fraîche, au fruité plus présent qu’au nez, mais avec des tanins un peu trop rustiques. Dommage car le nez était prometteur.
Assez Bien + / Bien
La robe assez sombre montre un début d’évolution.
Le nez intense développe un fruité franc, gai et légèrement acidulé.
La bouche ne brille pas par sa complexité mais elle se présente en finesse, au fruité agréable, avec des tanins complètement polis. L’allonge correcte est ponctuée par une finale ette, ciselée et plus sur les épices.
Bien +
Domaine Marsovin
Il s’agit également d’un domaine centenaire, datant de 1919, qui vise un haut niveau qualitatif avec certaines cuvées.
Marsovin – Caravaggio – Merlot
Le nom de cette cuvée vient des deux magnifiques tableaux du Caravage qui sont situés dans la co-cathédrale Saint-Jean de La Valette.
Bue dans l’avion, il s’agit certainement d’une cuvée réservée (limited edition), mais pas forcément qualitative, le millésime n’étant pas précisé sur l’étiquette.
Peu ouvert, le nez présente toutefois un peu de cassis et de prune, avec une pointe épicée.
Un léger moelleux en attaque laisse la place à plus de fraicheur mais la bouche est encadrée par des tanins rustiques et accrocheurs, sans être trop agressifs. La finale courte est marquée par un fruité acidulé.
Un vin passe-partout mais pas désagréable.
Assez Bien (+)
Marsovin – Cheval Franc – 2018
Il s’agit d’une cuvée de monocépage cabernet franc.
La robe plutôt claire, aux reflets violine.
Le nez intense propose des fruis rouges finement acidulés et d’élégantes notes florales.
La bouche est bien charnue, je dirais presque charnelle, habillée d’un beau fruité et équilibrée par une acidité millimétrée. Les tanins sont fins et déjà bien apaisés et la finale persistante et de belle facture.
Très Bien et pour moi le vin du séjour, comme Jeiss l’avait aussi apprécié sur le millésime 2016.
A 26 € dans un restaurant haut de gamme, c’est une affaire !
Pour ne rien gâcher, le vin a fait un beau bout de chemin (3,5 / 5) avec un rib eye de steak argentin.
Marsovin – Antonin noir – 2017
L’assemblage se compose de merlot, cabernet sauvignon et cabernet franc.
La robe moyennement profonde n’est ni jeune ni évoluée.
D’une belle intensité, le nez fait la part belle aux fruits noirs teintés de fumé, avec des touches complexifiantes de tabac, clou de girofle et poivron mûr.
La bouche élancée joue sur la finesse en mettant en valeur une matière déjà patinée, supportée par des tanins encore sensibles mais pas gênants. Le clou de girofle ressort dans la finale pour lui donner du peps.
Bien ++
Le mariage est superbe (4+ / 5) avec une épaule d’agneau et un accompagnement à base d’aubergines, le vin gagnant en rondeur, fondu et sapidité.
Domaine Meridiana
Meridiana – Isis – Chardonnay – 2019
J’ai également dégusté deux fois ce vin (cette fois-ci c’était volontaire), avec des sensations bien différentes, la première fois en demi-bouteille, la deuxième étant servie au verre à partir d’une bouteille de 75 cl.
La robe est parée d’un or clair.
Très intense, le nez est assez luxuriant par ses arômes de fruits exotiques, banane et clou de girofle.
L’attaque présente un léger gras, l’ampleur de la bouche est notable, la belle vivacité ravit, mais … l’aromatique est beaucoup trop axée sur le clou de girofle, même si la finale est plus tournée vers les fruits exotiques.
La carte des vins indiquait « unoaked » mais j’ai des doutes en raison du clou de girofle qui est pour moi un marqueur d’élevage intense. Il n’y avait pas d’indication sur la contre-étiquette et il n’y en a pas non plus sur le site du domaine.
Bien (+) mais aurait pu être beaucoup mieux noté sans cette aromatique spéciale, ce qui m’a incité à retenter ma chance.
La robe se situe entre paille et or.
Le nez intense et d’une belle finesse est bien fruité, sur des fruits jaunes et exotiques, dot l’ananas, mais pas la banane et encore moins le clou de girofle.
La bouche est harmonieuse, associant volume et tension, avec encore une aromatique exotique, la bonne vivacité qui participe à l’allonge, la finale révélant de très légers amers élégants.
Bien ++
Meridiana – Nexus – Merlot – 2016
La robe sombre est encore bien jeune.
Le nez ouvert sans plus propose des fruits noirs aux accents balsamiques.
D’une rondeur aimable et d’une pulpe savoureuse, la bouche a bien digéré son élevage. Malheureusement servi trop chaud, il manque cruellement de vivacité. Les tanins sont souples et la finale s’en sort relativement bien en se montrant goûteuse.
Bien (+) mais sans doute mieux servi dans de bonnes conditions.
Domaine Juel
Juel – Vermentino – 2018
La robe est parée d’un or clair.
Le nez s’ouvre sur des fleurs blanches et des plantes aromatiques, dont la gentiane, avec une touche vanillée et une autre fumée.
La bouche confortable se signale par un boisé présent mais pas trop, une belle fraîcheur et une finale persistante sur de nobles amers.
Bien +(+)
Voilà ce petit tour d’horizon terminé. Cela ne me donne pas forcément envie d’en acheter sur Internet mais sur place c’était très sympathique et d’un bon rapport qualité / prix.
Jean-Loup