Du rififi à la fruitière!

Outre la perçée ce week end, l'autre événement viticole dans le Jura cette semaine, très attendu, a eu lieu ce mardi : le procès devant le tribunal correctionnel de Dole de 5 responsables et employés de la Fruitière Vinicole de Pupillin pour tromperie et falsifications de vins. Un moment fort instructif ma foi sur ce que peut être la face cachée de la viticulture!
Loin de moi l'idée de vouloir généraliser dans le style tous pourris, mais je trouve que l'histoire mérite d'être contée!

L'affaire remonte à 2000 lorsque plusieurs sociétaires de la fruitière déposent plainte, dénonçant des incohérences dans la gestion des stocks.
Le SRPJ de Dijon, les douanes et la répression des fraudes débarquent à Pupillin et l'enquête réserve assez rapidement de jolies surprises!
Quelques exemples :
- du chardonnay 96 vendu sous le nom de « tradition » 95
- un stock de 10 000 étiquettes de ploussard 96 alors qu'il n'y a plus une goutte de ce vin en stock.
- Une partie des vins de côtes du Jura vendus sous l'appellation Arbois
- 3 vins différents qui sortent de la même cuve !
- Du pinot vendu en ploussard!
- On ajoute du pinot 96 à du ploussard 98 pas génial pour l'améliorer, et on le vends en ploussard 98 etc. etc.
Il est question de 176 000 bouteilles vendues sous de faux millésimes ou appellations.

Mais les enquêteurs ne sont pas au bout de leurs découvertes : une lettre anonyme arrive en janvier 2001 aux douanes de Besançon, leur suggérant d'aller jeter un oeil dans un certain grenier de la fruitière, sous un certain tas de planches.
Et là que trouve-t-on ? Des bouteilles métalliques vides ayant contenu de l'acetaldehyde , également connu sous le nom d'éthanal de synthèse, un produit chimique dérivé du pétrole. L'éthanal , l'un des principaux marqueurs aromatiques des vins sous voile! La suite, vous n'osez l'imaginer, c'est pourtant la triste réalité.

On remonte rapidement au fournisseur grâce aux étiquettes trouvées sur les bouteilles! Ce commercial d'une société de produits chimiques ne fait aucune difficulté pour reconnaître qu'il vend tous les ans de l'éthanal de synthèse à la fruitière de Pupillin, au noir, sans factures, soi disant pour « culotter les fûts » On analyse alors les vins. RAS du côté des jaunes, mais on découvre 180mg/l d'éthanal de synthèse ajouté dans le savagnin… Aaah ce petit goût de noix si typique du vin jurassien !!!
Consommation annuelle de la fruitière : en moyenne 6 l, il en faut un litre pour 25 à 30 hectos, la répression des fraudes estime la quantité de vins arrangés à 1800 hectos sur 10 ans.

(A suivre)

Tophe

Du rififi à la fruitière, suite

5 ex-responsables et ex-employés de la Fruitière, et le marchand d'éthanal comparaissaient donc ce mardi devant le tribunal correctionnel de Dole pour tromperie et falsification! Tous se renvoient la patate chaude et réfutent toute responsabilité individuelle! Le directeur s'occupait du commercial et ne se mèlait pas de ce qui se passait en cave, les 2 chefs cavistes qui se sont succédés lors de la période incriminée ne prenaient aucune décision mais ne faisaient qu'obéir aux ordres, le président ne se souvient pas de grand-chose il cultivait ses vignes mais ne s'occupait pas de vinif, le conseil d'administration s'en remettait au directeur et au président! Etc. etc.! Chacun reconnaît une petite partie des faits mais nie avoir joué un rôle important.

Au fil des débats on note quand même qu'il allait absolument fournir aux gros clients, genre grande distribution/foire aux vins, quitte à arranger les étiquettes en fonction des commandes! Des fraudes par souci commercial quoi!
Pour l'éthanal apparemment tout le monde savait, mais il y avait la loi du silence, brisée par des bisbilles internes à la fruitière! La question est bien sûr : la fruitière de Pupillin est-elle la seule à « jaunifier » artificiellement ses savagnins ? Selon les rumeurs (donc non vérifiées), on parle d'une dizaine de viticulteurs qui seraient dans le même cas. D'ailleurs on a pu entendre une phrase fort révélatrice lors du procès :
Question : « Comment avez-vous eu l'adresse pour acheter l'éthanal au noir ? » Réponse : « Par d'autres vignerons du Jura qui en commandaient aussi » Voilà -voilà tout est dit, mais on n'en saura pas plus!

Autre élément à noter : se sont portés partie civile dans cette affaire quelques sociétaires de la fruitière, l'INAO et le MODEF, syndicat agricole minoritaire proche du PC! Mais ni la Fruitière de Pupillin en tant que personne morale, ni aucune instance telle que Comité Interprofessionnel des Vins du Jura, Société de viticulture du Jura, Syndicat Viticole d'Arbois! Pourquoi ?!

Le procureur de la République a requis des peines allant de 18 à 8 mois de prison avec sursis, et des amendes de 6000 à 1800 euros. Le jugement sera rendu le premier mars. Il va de soi , selon la loi française, que dans l'attente de ce jugement, les prévenus qui comparaissaient aujourd'hui sont présumés innocents.

Tophe

C'est bien triste et ce n'est pas franchement vers le Jura que je me serais tourné en premier pour y trouver une fraude.
Inquiétant de savoir qu'il y aurait non seulement cette fruitière mais aussi quelques autres producteurs qui pratiqueraient ainsi. Mais que fait la pOlif ?

La Polif, la Polif, elle a bon dos! Elle ne peut pas f'occuper à la fois des bons et des mauvais! Perfonnellement, j'ai fhoisi mon camp, j'efpère simplement ne pas m'être trompé!

Olif

L'un des aspects annexes dans cette affaire est la dégradation de l'ambiance dans le vignoble. Ellle est assez pourrie. Surtout à  Pupillin, connue pour être, avant, un vrai village vigneron où tout le monde se félicitait de la bonne entente entre tous et chacun. L'arrivée de nouveaux vignerons dans le village attunuera peut-être les choses.

Par ailleurs, concernant la pression commerciale sur la fruitière de Pupillin, les problèmes sont éminement locaux et très, très complexes.

En ce qui concerne l'éthanal, que les vignerons fassent leur police eux-mêmes et se calment sur les lettres anonymes.

Pour la filière "éthanal" on aura du mal à  imaginer que toute la filière n'aura pas été remontée.

Un jour un fonctionnaire des douanes nous avouaient, à  moi et quelques autres, que les Jurassiens (dans tous les domaines) en étaient un peu champion.

Précision, par rapport au message précédent : les Jurassiens seraient champion dans le domaine de la lettre anonyme...

Olif,

Bof, je parie que tu t'es encore fourvoyé en t'acoquinant avec une horde démoniaque et maléfique de terroiristes jurassiens patentés.
Rejetant tous les piliers du dogme de l'engrais de synthèse au tartriquage en passant par les concentrateurs et autres cryo-machines qui font bip bip.
Ils ébranlent la croyance des fidèles, insinuent le doute, détournent les âmes les plus fragiles de la légitime foi en l'éthanal. F'est à  la fois ignoble et fulfureux.

Ss'est ssi déssolant pour sscertains et ssi delisscieux pour d'autres de te ssavoir ssuccomber corps'zet ame, sscher Olifss

Amicalement
Hamitanss

Excusez moi de ma naà¯veté, mais je croyais que le goût de "jaune" que j'affectionne tant était naturel...

En réalité, cela ne semble être être qu'une autre sorte de coca chimique, dilué à  l'eau de source.

Je tombe de haut... j'espère que le macvin et l'arbois 2001 n'ont pas été touchés sinon j'en ai bu (c'est pas dangereux comme produit ?).

Et ils mettent quoi dans le comté ?

François

(aaa)

Olif,

Vu que la "Polif" ne veut rien faire (attitude deja constatee dans le secteur de la police... et je crois qu'Yves Zermatten connait ce genre de probleme (jjj)), on va demander au GJP (General Judiciary Police) d'agir (aaa)...

Amicalement,

Lab

Bonsoir,
A l'attention de Tophe:
Est il possible de d'avoir encore plus de précisions sur cette affaire déjà  pertinement décrite par vos soins? Pourriez vous citer votre source?
Merci
Un amateur de jaune invétéré.

Bonsoir,
Est il possible de se procurer l'original journalistique de cette malheureuse affaire? Si oui dans quel quotidien Franc-Comtois?
Merci
Sot70

Ce n'est pas un journal du Jura mais bon...

François

Bonsoir,
Est il possible de connaitre la source journalistique de cette affaire?
Merci
62Cl

Peut être un mail au journal ?

Ou alors éplucher la liste des décisions de justice les unes après les autres... (ça peut être long)

Merci,
celà  suffira à  convaincre des amateurs de Jura incrédules .
62Cl

Je ne connais pas la source de Tophe, j'ai juste vu celle là  sur Goo_le et comme il me semble venir de là  bas...

Pour ma part, cela ne m'empêchera pas de leur rendre visite lors d'un prochain salon pour leur macvin rouge...

François

Le Progres/Les Dépêches et L'Est-Républicain ont parlé de tout ça le lendemain de l'audience (les débats de l'audience sont les sources en question). Sinon, dans le pays, tout le monde sait de quoi il retourne depuis longtemps (affaire citée notamment au déclenchement de l'affaire au conseil minicipal de Pupillin).

Personnellement, ça ne m'empêche pas de consommer le ploussard de ladite fruitière de Pupillin.

eh oui, Pupillin et ses rouges : les seuls que j'ai vraiment aimé ! (... avec ceux du domaine de la Pinte, tout proche)

François

Pour ce qui est de la source, elle est directe: les audiences des tribunaux correctionnels sont publiques, et j'ai tout simplement assisté au procès.
Les journaux cités ci dessus ont largement rendu compte de l'affaire.

Tophe

"Pour ma part, cela ne m'empêchera pas de leur rendre visite lors d'un prochain salon pour leur macvin rouge..."

"Personnellement, ça ne m'empêche pas de consommer le ploussard de ladite fruitière de Pupillin."

Franchement j'ai du mal à  comprendre!

Autant que la qualité, j'aime l'authenticité, et dans toute démarche le respect, et vous?

éclairez moi?

PS j'utilise de l'acetaldéhyde dans mon labo, si quelqu'un veut améliorer ses vins et leur donner un air jaune, je fais des prix (je peux aussi avoir de la sotolone et j'ai quelques connaissances sur les arômes des autres régions)

Laurent M

Bonjour Laurent,

Tu m'intéresses.
Pourrais-tu me fabriquer du Jaune pas cher pour la cuisine ?
Merci
(aaa)
A+

Didier

PS : J'ai un Côtes du Jura 2000 du Clos des Grives dans mon verre.
Là , ça sent le naturel !

Bonsoir tout le monde,

Didier,
100% authentique et vrai le gars Charbonnier et sont CDJ Rouge 2001, de la gourmandise. vraiment je me régale en se moment.

Laurent,
je te suis dans ton raisonnement. Perso, je ne consomme et n'achète plus à  la Fruitière depuis 3/4 ans. Mais je vais quand même cette année retourner faire une déguste la-haut juste pour voir ce qu'ils sortent comme produit aprés tous ces tumultes. Là  on verra si quelque chose a changé.

Bonne nuit

Saint-Vernier

Laurent,

Les fruitières sont des "coopératives".

Je suis d'accord que ce type d'actualité nuit à  leur réputation...

Par contre, ce n'est pas parce que quelques associés ont dégradé l'image que les autres vignerons du collectif sont des terroristes. Enfin, sauf si le jugement dit qu'ils ne pouvaient ignorer cette tromperie.

François.

Et comme le souligne Saint-Vernier, les faits reprochés remontant à  quelques années (puisque cela passe actuellement en jugement), il faut espérer une reprise en mains de la dite fruitière depuis l'instruction de l'affaire et ne pas obligatoirement étouffer dans l'oeuf les vélléités de reprise qualitative des coopérateurs actuels. Donc ne pas juger une deuxième fois de façon catégorique sans avoir regoûté!

Si le Macvin rouge et le Ploussard actuels sont bons, pourquoi pas...!

Toujours est-il que le vignoble du Jura se serait bien passé de ce petit coup de projecteur en pleine Percée du Vin Jaune!

Olif

" Si le Macvin rouge et le Ploussard actuels sont bons, pourquoi pas...! "

Disons que je les trouve agréables en regard de leur tarif.

Pour moi, leur ploussard ne vaut pas celui du Domaine de la Pinte (par exemple) ou celui de Paul Benoit (situé juste en face de la fruitière) , mais le prix n'est pas le même.

Pour le macvin rouge, c'est l'un des seuls facilement trouvable (notamment hors du Jura), tout simplement.

François.

"Disons que je les trouve agréables en regard de leur tarif"

juste un exemple, il y a d'autres phrases qui me suggèrent ce qui va suivre
qui n'est qu'un sentiment, pas une opinion définitive et encore moins un jugement;

je me demande si cette indulgence quant à  la qualité et cette exigence quant au prix ne sont pas un moteur de ce genre de dérive

au plaisir de vous lire

Laurent M

Laurent M

Quelle indulgence ? Je suis de ceux qui pensent que les vignerons qui font de bons produits ont le droit de vivre et de pratiquer des prix répondant au marché (je suis moins favorable aux intermédiares et aux spéculateurs) mais quand je veux un plaisir "simple", je ne vois pas pourquoi je me procurerai une étoile de l'appellation désirée et donc je me doute de ce à  quoi je dois m'attendre... Il faut être naif pour penser acheter un vin exceptionnel pour à  moitié rien : les producteurs savent ce que leur vin vaut... (tout au moins les jeunes)

Quand au rapport plaisir / prix payé, je ne pense pas que le vin soit le seul domaine concerné...

Entre l'automobile, la HiFi, le HC voire les vacances en voyage organisé, chacun de nous attend le meilleur ou tout au moins de ne pas être déçu.

Si vous allez skier durant les vacances proches et que vous ne le pouvez pas (absence de neige, vent violent, risques d'avalanches), direz vous "ahhh, si j'avais su, je serais allé en Suède ou au Canada pour skier !". Pourquoi n'en serait il pas de même pour le vin : l'exception culturelle ? Ce n'est pas mon cas... et je ne pense pas être le seul !

Par ailleurs, entre le moment de la découverte de ce procédé et le jugement, pas mal d'eau est passée sous les ponts. Les responsables de la fruitière ne sont plus les mêmes. J'oubliais, cette région n'est pas la seule à  avoir des "casseroles".

François.

François,

Je ne pense pas que Laurent ait spécifiquement visé le vignoble jurassien.
Loin s'en faut, je pense.

Peut-être la question devrait-elle être débattue sous une autre rubrique d'ailleurs.

Ne voulait-il pas tout simplement dire qu'un prix de vente, disons raisonnable (très bon marché ?) pour un vin, ne doit pas excuser sa médiocrité ?

N'a-t-il pas tout simplement voulu dire qu'il existe d'excellents vins à  5 € (le prix est juste choisi pour l'exemple, j'aurais pu dire 2 ou 10 €) mais qu'il existe aussi d'immondes breuvages et que le prix ne doit pas donner à  l'amateur ou au consommateur un argument ou une excuse lorsqu'il se trouve confronté au breuvage visé dans le seconde catégorie pour atténuer sa déception ou justifier son choix ?

Mais je suis peut-être complètement à  côté de mes pompes ! (aaa)

Ah oui, je confirme aussi que le Jura est loin, mais très loin de traîner des casserolles ! Tu peux être tout à  fait rassuré ! (aaa)

Olivier

Si c'est ça, j'ai mal compris aussi...

On peut trouver assez facilement de l'infecte à  2 € comme à  50 €, simplement je pense que la prestation attendue n'est pas la même. Au niveau du "tarif" du bas de gamme, certains profitent de la notoriété de leur région et en abusent avidement (Bourgogne par exemple) : c'est un fait que je ne conteste pas.

Mais le nombre de personnes vivant de ce type de produits est tel qu'aucun gouvernement n'a intérêt à  interdire sa vente... Le ménage ne sera pas fait avant bien longtemps.

Quand à  trouver de bons vins à  5 euros, je sais que l'on peut encore en trouver (Loire ou Sud-Ouest par exemple)

François

Tout à  fait d'accord !

Olivier