A mon tour de donner mes quelques impressions concernant ce (grand) salon.
Tout d'abord, ma visite s'est effectuée hier matin, de 10 heures (ouverture) à 14 heures, grosso modo. Les conditions de dégustation étaient bonnes: pas trop de monde, pas trop d'attente, pas trop de brouhaha, pas trop de chaleur...et pas trop de déceptions!
J'ai globalement, sur ce que j'ai goûté, trouvé le niveau moyen bon, et peut être même un peu supérieur
à celui de l'an passé
.
Au total, aura été goûté et recraché 71 cuvées, dans cet ordre là: 27 blancs / effervescents, 39 rouges, 5 moëlleux. Je n'avais pas un gros besoin d'achat, c'était pour moi plus le but de revoir certains vignerons, de demander des conseils de garde et/ou d'ouverture, de continuer à me faire le palais. J'ai volontairement ignoré les régions Alsace (absence de Jean Marc Bernhard), Jura (pas trop fan) et Languedoc (déjà bien fourni à la maison, et je me fourni peu concernant cette région sur ce salon).
Concernant les bulles, 2 visites:
Christian Busin et
Pierre Moncuit. J'ai trouvé que la gamme du premier était un peu simpliste, et surtout trop dosée (8g/L), les mousses étaient particulièrement vives et abondantes. Pour Moncuit, la gamme est à mon sens supérieure. De belles acidités citronnées sur le Moncuit Delos, et les millésimes 2005, que je préfère en non dosé (1g/L).
Pour ce qui est des Blancs: En Loire, goûté seulement
Jo Landron, avec un très bon Houx 2014, tendu et citronné, sans doute parfait pour des coquillages ou des huîtres (familiarité certaine avec des vins du chablisien). Le Fief du Breuil m'a paru + gras et + rond, mais + fermé au nez , et bien que très bon, m'a moins emballé. Sur le bordelais, juste un petit tour pour goûter l'Entre Deux Mers 2014 et le Graves blanc 2011 du
Château Vignol / Château Tour de Calens. Le premier est explosif sur les fruits exotiques, le litchi. Le graves est plus gastronomique, a repris un peu de gras par rapport à l'an dernier, avec une arômatique portée sur le tilleul, la verveine et un peu de citron. J'ai bien aimé les 2.
En savoie, j'ai pu goûter chez
Eugène Carrel et
Dupasquier. La gamme me paraît plus complexe et qualitativement supérieure chez Dupasquier. Superbe Jacquère ( à 5,00 euros...), le Marestel est aussi très beau, complexe, épicé, long, minéral, porté sur le coing et le miel. Je le préfère nettement à celui gouté l'an passé.
En Rhône, j'ai juste goûté un Châteauneuf du Pape 2014 du domaine
Saint Siffrein, plaisant, gras, ample, sur le tilleul et le citron, mais manquant toujours un peu de vivacité.
En Bourgogne, quelques jolies choses également, notamment le Marsannay blanc d'
Huguenot (je me demande si ce n'est d'ailleurs pas le meilleur vin de leur gamme), gras, citronné, long et ample, que j'ai qualifié de "tuerie" sur le coup! Belle gamme de blancs également chez
Chevalier, avec un superbe aligoté à 7,00 euros. Le Ladoix est joli et préfigure bien le 1er Cru Les Gréchons (non disponible, en rupture). Le Corton Charlemagne est droit et bien construit, avec une belle matière. Enfin le domaine
Sigaut propose un très beau Puligny village Les Enseignères Vieilles Vignes 2012, avec un bel élevage, une acidité citronnée de toute beauté, une arômatique complexe sur la menthe, le tilleul, la poire, le gravier humide...
Enfin, en sud ouest, j'aime toujours passer chez
Cauhapé, goûter le Chant des Vignes 2014 et le Sève d'Automne 2013. Deux très bons vins. Le premier, très apéritif, explosif sur les fruits exotiques et le litchi, appelle à se resservir. Bel accord sans doute sur des coquillages, ou en entrée sur des salades fraîcheur. Le second, bien qu'un peu fermé, me semble plus de gastronomie et également plus équilibré et moins marqué par l'élevage que les millésimes précédents.
Pour ce qui concerne les rouges, j'ai trouvé une plus grande hétérogénéité dans l'ensemble des cuvées. Commençons par ce qui m'a plu.
En premier lieu, rayon Bourgogne, Le Corton Rognets 2006 de
Chevalier, évolué, avec un nez complexe giboyeux et sur le cuir, mais avec une bouche élégante, très féminine, sans tanins accrocheurs et d'une grande finesse, avec une bel éclat de fruits sur la framboise et la groseille. Se boit tout seul. Le reste de la gamme (Ladoix 2013 et Aloxe Corton sur 2013 et 2012) bien que fruité, m'ont paru un peu simples en l'état, même si un côté musculeux ressortait sur les Aloxe (avec un côté épicé et orange sanguine sur le 2013). J'ai également beaucoup aimé le climat Aux Beaux Bruns, en Chambolle Musigny Village, chez
Sigaut: joli fruité pur, très fin et gourmand, ainsi que le Chambolle Musigny 1er Cru Les Sentiers Vieilles Vignes 2013, doté d'une belle matière, très élégant et à la finale graphite. Le Morey Saint Denis 1er Cru Les Charrières 2013, un peu renfrogné, avec une finale très minérale, et le Chambolle Musigny 1er Cru les Noirots 2013, plutôt porté sur les fruits noirs, très puissant, long et tannique, mériteront que l'on s'y attarde, mais dans quelques années. Chez
Huguenot, la aussi, le vin qui m'a le plus plu, correspond à l'entrée de gamme: Le Marsannay Champs Perdrix, d'une très grande gourmandise. Le Gevrey Chambertin Les Cras se montre élégant, avec une belle matière aux tanins fins.
En Savoie, chez
Carrel, j'ai préféré la mondeuse simplex à la mondeuse élevée en fût de chêne, qui n'apporte pas grand'chose, si ce n'est un peu de gras. Chez
Dupasquier, la Mondeuse, avec un "M" majuscule pour celle-ci, est superbe: fluide, fruitée, gouleyante...un vrai bonbon!!!
Pour le bordelais, je me suis limité au
Château Les Gravières, avec de très beaux vins, fruités, tous veloutés, ronds et croquants de fruits, pour ce qui est du Bordeaux Supérieur du Château La Cour d'Argent, le Château Les Gravières, ou Lynsolence (millésime 2012).
En Rhône Sud (je ne goûte jamais un Rhône Nord ici: peu de représentants, pas de "pointures", et proximité pour moi des salons Loire aux 3 vignobles, Chavanay et Ampuis), je suis allé au
Domaine du Grand Tinel et chez
Charvin. Le premier produit un Côtes du Rhône qui est une petite bombe de fruits, à dominante de grenache: un vrai régal. Les Châteauneufs, me paraissent bien construits, avec de belles matières, et de jolis fruités Je préfère le simplex, plus gourmand et rond, que la cuvée Alexis Establet, plus longue c'est vrai, plus épicée et mentholée, mais plus réglissée aussi. Chez Charvin, le Côtes du Rhône présente un beau fruit bien mûr et le Châteauneuf possède lui aussi une superbe structure et une grande richesse, avec une finale elle aussi fraîche et mentholée.
Pour finir les rouges, direction le Sud Ouest, avec les cahors du
Clos Triguedina et du
Mas Del Perié. Le premier élabore une très jolie entrée de gamme avec son Petit Clos. Le Clos Triguedina est puissante, virile, sur les fruits noirs mûrs. J'ai beaucoup aimé Probus 2013, + élégant et velouté, avec un fruité classieux, une touche de tabac et de boîte à cigarre. Chez Fabien Jouves, j'ai noté de grosses acidités, avec des fruités explosifs sur les cuvées Escures et Amphore. Acacias est très floral, sur la violette et la cerise. La Pièce est dense, avec une importante masse tannique qui ressert en finale, mais qui ne justifie pas son prix. Même si objectivement les vins sont bons, je reste toutefois un peu prudent quand à la garde sur ce domaine en particulier, notamment à cause du peu de protection, et j'ai peur que les acidités hautes finissent par ne donner des vins aigres au vieillissement.
Enfin, concernant les moëlleux, je suis simplement passé au
Mas Amiel, domaine dont je connais assez bien la gamme. Pas de surprise, c'est bon et fruité sur les Vintages, avec une préférence pour le Vintage Réserve 2010, dont la cerise et la minéralité sont de toute beauté (même si pas encore près à mon sens). Charles Dupuy 2009 me semble plus puissant et solaire. Enfin, j'ai terminé sur un 30 ans d'âge, d'une grande finesse de matière et dotée d'une très jolie arômatique oxydative, et le 1985, plutôt massif et brut, qui n'a pas bougé depuis ma
précédente rencontre
.
Au rayon des déceptions, peu nombreuses il est vrai, je me dois de citer en blanc: ceux de
Jacob (pas de Hautes Côtes de Nuits en dégustation, rupture de stock), dont le Ladoix me semble marqué par de trop forts amers en finale, et le Corton Charlemagne, insipide, et je suis en décalage complet avec Friends.
Pour ce qui est des rouges, grosse déception chez
Cachat Ocquidant, ou j'ai trouvé des vins trop fluides et dilués en entrée de gamme, et trop massifs et virils sur l'Aloxe Corton 1er Cru et le Corton Grand Cru Clos des Vergennes Monopole, qui me paraissent trop durs et austères pour pouvoir s'assouplir de belle manière plus tard. Pas complètement emballé non plus par le 1er Cru Les Fontenys sur Gevrey Chambertin d'Huguenot qui, bien que long et minéral, manque d'amabilité (le vin, pas le propriétaire!). Une semi-déception vient de chez
Breton en Bourgueil et Chinon. Déjà l'an passé, ça ne m'avait pas ému, cette année, bis répétita. Les vins sont minéraux, sur le graphite, c'est certain, mais j'ai du mal à y prendre du plaisir, même si la bouche est belle pour le Bourgueil Perrières. Le Chinon Beaumont ne m'a pas emballé, et j'ai trouvé peu d'intérêt au Bourgueil Nuits d'Ivresse, très typé nature. Enfin, déception sur le Cahors Probus 2002, qui présentait une arômatique, pour moi défectueuse, sur des notes brûlées, de caoutchouc, d'élastique...similaire (bien que moins désagréables) à la bouteille de
Probus 2001 bue chez moi.
. Enfin, je n'ai pas accroché sur La Roque du mas Del Perié, dense et tannique, qui offre peu de plaisir.
Au final, les meilleurs vins pour moi auront sans doute été parmi les moins chers que j'aurai goûté, sans ordre de préférence, je pense en particulier à:
- l'Aligoté chez Chevalier
- le Marsannay blanc chez Huguenot
- le Puligny Village chez Sigaut
- la Mondeuse de Dupasquier
- le Côtes du Rhône du domaine du Grand Tinel
- le Petit Clos du Clos Triguedina
- les Saint Emilon du Château Les Gravières
J'espère avoir été clair, merci pour la patience que m'auront accordé les lecteurs à lire ce récit.