Bon, je suis très, très à la bourre et pas très sûr que ce que je vais ajouter maintenant apporte grand-chose à cette dégustation !
1 Riesling Schieferberg 2012 Catherine Riss
D’emblée j’ai la sensation au nez comme en bouche d’un vin très naturel (j’ai pas dit « nature » !
). Des notes de raisin frais, nez et bouche très purs, ça ne « sent » pas bêtement le riesling (neuf fois sur dix, quand on ne reconnaît pas immédiatement un cépage, c’est plutôt bon signe…). Un vin assez simple, très digeste, facile à boire, mais qui ne transmet pas une sensation de terroir marqué.
2 Riesling Smaragd 2002 FX Pichler (Autriche)
Là, c’est l’inverse : ça sent le pétrole à plein nez ! Donc pour moi, ça commence mal !
En plus, derrière le pétrole, je ressens un soufre bien dosé… Forcément, la bouche est pas mal sucrée. Pas une énorme matière en plus. Pas grand-chose pour le sauver le pauvre !
3 Riesling Fronholz 2008. Ostertag
Ici on a des notes pétrolées, mais très légères, sur un nez globalement très élégant. En bouche, ça trace sur une belle acidité sans aucune perturbation sucrée. Une matière offrant à la fois une belle densité et une digestibilité sans faille. Il n’y a rien d’encombrant. Final très dynamique, vibrante sur le palais. Très beau vin qui a de l’avenir devant lui.
4 Riesling GC Schlosberg 2010 Albert Mann
Une grosse matière magnifiquement équilibrée. D’emblée on sent qu’on est sur un gros truc ! La bouche est emplie par cette matière très dense mais superbement étirée en même temps par une acidité de compétition, parfaitement intégrée au vin. Grande longueur sur des notes déjà complexes. Qu’est ce que ce sera quand ce gamin aura une dizaine d’années !!! Superbe et agréablement surpris à la découverte de l’étiquette. Je ne sais pas pourquoi, mais je croyais que je n’aimais pas trop les vins de ce producteur…
5 Domaine Marcel Deiss GC Schoenenbourg 2004
Moi qui suis de moins en moins fan de sucre (voir plus loin), j’ai trouvé ici que le sucre était bien intégré, sans doute grâce à une belle acidité et sans doute aussi grâce au plat (la présence du gingembre neutralisait les sensations sucrées). Belle aromatique assez complexe sur des notes florales variées.
6 Tokay Pinot gris GC Clos Saint Urbain Rangen de Thann 1991 Zind-Humbrecht
Ici je trouve que le sucre se fait plus sentir et qu’il gomme du coup un peu la richesse aromatique du vin. Le pinot gris n’est pas mon cépage favori du tout et ce vin me le confirme malgré sa noble origine (même si en 1991 Zind était à mon avis assez loin de travailler aussi bien qu’aujourd’hui). Le sucre s’atténue un peu avec le plat (gingembre) mais reste un peu marqué pour moi.
7 Pinot noir Excellence 2009. Binner
Une robe très dense qui m’a fait craindre le pire. J’imaginais un vin moderniste, assez extrait mais pas du tout. Matière très juteuse mais pas sur extraite, une petite pointe de volatile agréable au nez et qui, en bouche, allonge le vin, le tient dans une certaine verticalité digeste (malgré la densité du vin) qui me séduit assez. Un vin un peu marqué sans doute par son millésime mais une belle maturité des raisins et pas de lourdeur.
8 Pinot noir Clos de la Faille 2009. Albert Mann
Pour moi, un vin qui ne « décolle » jamais. C’est bien foutu, belle vinification qui donne de jolis tannins très fin, mais je garde la sensation d’un vin très « conduit », très formaté, très œnologique. Bien fait, assez bon, mais un peu ennuyeux. Quand je découvre l’étiquette, je retrouve l’image que j’avais de Mann, mais c’est vrai que cette image n’était fondée que sur une dégustation (à l’aveugle) de leurs rouges.
9 Pinot noir “Chant des Oiseaux” 2011. Schueller
Inutile d’en rajouter. Tordu de chez tordu !
10 Riesling GC VT Altenberg de Bergheim 2002. Marcel Deiss
11 Gewürztraminer Clos Windsbuhl VT 2005. Zind-Humbrecht
12 Tokay Pinot Gris SGN Sonnenglanz 1997. Bott-Geyl
Ce type de vin en fin de repas et de dégustation me sature complètement et je passe peut-être à côté… Mais le VT de Deiss m’a paru curieusement moins riche (en sucre et en tout) que son Schoenenbourg précédent avec en plus des notes iodées peu engageantes. Le Zind est mieux, plus équilibré, pas trop marqué par le gewurztraminer, relativement agréable. Moi qui suis pas ultra fan du pinot gris, sur ces trois vins j’ai pourtant préféré le Bott-Geyl, riche, dense, plein d’arômes assez complexes et globalement équilibré.
En guise de conclusion personnelle :
- je m’en doutais avant, mais cette dégustation me confirme qu’il n’y a essentiellement qu’un type de vin qui me plait en Alsace : les bons rieslings bien secs. Non seulement ça me plait mais (et ce n’est pas une révélation pour les amateurs expérimentés), je trouve que ces vins comptent parmi les tout meilleurs blancs de France. Le sylvaner ça peut être assez bon, mais c’est un vin qui reste toujours assez simple quand même. Le pinot gris je le trouve presque toujours trop large et trop mollasson, le gewurztraminer trop aromatique, bref vive le roi riesling !
- mais pour cela, il faut qu’il soit parfaitement sec. Et pas seulement « d’esprit sec »…
Heureusement la plupart des bons producteurs indiquent le niveau de résiduel sur leurs étiquettes. Cela me permet d’éviter ces rieslings qui ont « le cul entre deux chaises » !
- je constate que contrairement à la légende, plus je vieillis, moins j’aime les vins sucrés. Je me débarrasse progressivement de mes quelques sauternes, jurançons ou même vouvrays moelleux. J’en ouvre à la rigueur un par an pour faire plaisir à un amateur de passage qui aime ça, mais je ne me fais plus du tout plaisir avec ce type de bouteilles. Plus ça va, plus j’aime l’acidité et les vins blancs droits et tendus à tendance cristalline. Ceux qui ont la chance comme moi de goûter (et pour moi d’acheter
) le riesling Rangen de Thann 2012 de zind-Humbrecht verront de quoi je veux parler !
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Philippe