Château Fontis, Médoc - Modeste verticale
Alors qu'il est beaucoup question de DRC depuis quelques jours, j'arrive avec mon petit Château Fontis, Cru bourgeois du Médoc, dont on parle peu par ici.
Les derniers commentaires datent. Ils ont été commis par Jérôme, cet infatigable fouineur.
Si j'ai bien compris, le Château Fontis c'est 10 hectares, plantés en cabernet sauvignon et merlot. Rien d'autre. Les vendanges sont manuelles, la production, en données corrigées des variations saisonnières, est de 50 000 bouteilles annuelles.
L'élevage est tout barrique, pour 1/4 de neuf. Il n'y a qu'une seule mise et un seul vin.
On se dit qu'on a là un bon client pour une petite verticale qui permettra de faire ressortir des différences entre les millésimes.
C'est parti.
Château Fontis. Médoc 2016
La robe est sombre, violine au bord du disque.
Le nez est assez éclatant, sur la mûre et le cassis. Ça sent le frais. Ça donne envie. Goûtons.
Comme le nez, bouche primaire, bien savoureuse, assez puissante, avec du bois et des tannins, mais ces derniers sont beaux et le bois n'est pas de la planche. Tout cela va se fondre aisément. Un beau bordeaux jeune, assis sur une matière généreuse, doté d'un équilibre sans défaut, sans ressenti alcooleux malgré les 14% annoncés. Le toucher est souple, l'ensemble est très élégant, classique pour ne pas dire classe. Voilà un vin qui semble parti pour être prêt relativement vite.
Très bien et porteur d'espoir.
Château Fontis. Médoc 2014
Robe sombre, pourpre au bord.
Au nez, rien sauf ce que j'ai envie d’imaginer. Comme je n'imagine rien...
En bouche, le fruit est plus mat que pour le 2016. Les tannins serrent davantage. Ils ne sont quand même pas asséchants. Le bois se fait plus nettement sentir que pour le 16. Le toucher est plus sec, avec davantage d'aspérités.
Bon équilibre général, alcool 12,5%, mais ne semble pourtant pas plus frais que le 2016.
On a l'impression d'un vin entre deux. Plus tout à fait fermé, pas tout à fait ouvert.
A revoir, sans optimisme démesuré.
Château Fontis. Médoc 2012
Robe sombre, grenat au bord, très légèrement tuilée.
Nez discret, vaguement fruité, sans clinquant. Le charme discret de la bourgeoisie bordelaise ?
La matière manque de corps, confine à la minceur sinon à la maigreur et laisse la place libre à des tannins bien présents et nettement asséchants. Quelques secondes après la gorgée, on a envie d'eau. Ce n'est pourtant pas un réflexe naturel...
Un ressenti amer me dérange.
Ensemble fluet, en cours d'évolution, donc peut-être à revoir, mais en l'état il n'y a pas grand chose qui incite à l'optimisme.
Château Fontis. Médoc 2009
La robe est sombre, à peine tuilée, très jeune en somme.
Nez du genre taiseux. Pourtant Je vais et je viens, mais non, rien. Quand ça veut pas...
Bouche pleine de fraîcheur. Puissante aussi, sur un fruit net dominé par le cassis. C'est encore très jeune, assez primaire, mais bon. Le boisé est tout en finesse, élégant. Les tannins sont intégrés, l'alcool aussi si on surveille la température. La longueur est belle.
L'ensemble est porté par une acidité qui fait saliver en finale.
Très réussi même si pas encore complexe. A attendre sereinement.
Château Fontis. Médoc 2006
La robe est franchement tuilée.
Le nez tire plutôt vers le tertiaire. Il n'est toutefois pas éclatant mais permet d'entresentir des touches d'humus, un peu de champignon.
En bouche c'est l'acidité qui domine. Elle est du genre pointu. Comme si la matière peut-être pas énorme au départ s'en était allée pour lui laisser tout l'espace disponible. On est donc dans le presque strident, doublé d'un tantinet asséchant.
Pas convaincu du tout. Pour l'optimisme on repassera, il n'y a plus rien à espérer.
Château Fontis. Médoc 2000
La robe est sombre et peu évoluée. Elle ne fait pas son âge.
Le nez, gentiment complexe, offre des saveurs de pruneau délicat (mais oui) et de champignon. On sent un vin vigoureux.
La bouche n'est pas en reste. 19 ans mais pleine de jeunesse. Beau toucher, souple, suave, plein d'une remarquable fraîcheur salivante et d'un équilibre magistral. Les amateurs de saveurs tertiaires trouveront sans doute qu'il faut encore attendre, en toute décontraction.
Belle soirée, dégustation intéressante.
Voilà un domaine sérieux, aux prix sages et stables (autour de 15€), qui travaille bien et qui, les bonnes années, propose des vins très bien faits, élégants, classiques, pouvant sans dommage supporter une garde prolongée et offrir beaucoup de plaisir. Un vin à ajouter à la liste de Didier, s'il n'y figure déjà, des bons r/q/p bordelais.