Ce château a été acquis il y a un peu plus d'un an par un GFV, par rachat à Jean-Marie Cambillau. Il est maintenant tenu par deux frères, Damien (viticulture) et Ludovic (commerce) Martial, ainsi que par Caroline Thienpont (maître de chai). Il y a aussi un quatrième larron, d'où le nom de Dulor qui apparaît dans la dénomination du vignoble utilisée par tomy63. Ce jeune quarteron est très prometteur comme la dégustation qui suit va le prouver.
C’est donc Ludovic qui nous accueille et nous décrit les caractéristiques de la propriété, les différents vins produits et les méthodes de vinification. Le public étant varié, il répond avec le même sourire et en s’adaptant, aussi bien à des questions de néophytes qu’à celles de connaisseurs.
Château Peyrat est le seul cru de Graves situé sur un terroir fait de roche calcaire (voir photo), ce qui lui confère des caractéristiques particulières. Le fort pourcentage de sémillon dénote également par rapport aux autres vins de l’appellation.
La surface de 17 ha d’un seul tenant autour de la cave facilite énormément les vendanges et le transfert au chai. Le trio de vigneron recherche des vins purs sans maquillage : le Graves blanc est donc élevé en cuves en béton et seuls 10 % de la production de rouge 2016 (leur premier millésime) est passé en barriques, de un vin. L’objectif est de s’orienter vers l’agriculture biologique, voire vers la biodynamie.
Mais passons à la dégustation ! Elle sera riche d’enseignements…
Graves blanc 2015
L’assemblage comporte 70 % de sémillon et 30 % de sauvignon.
La robe est moyennement dorée, bien brillante.
Le nez s’ouvre généreusement sur des arômes floraux et de fruits blancs, agrémentés d’une touche miellée.
L’attaque en bouche est ample et riche, dotée d’un certain gras, puis le sauvignon ressort et tend le vin, lui apportant énergie et longueur saline.
Bien +
Graves blanc 2016
L’assemblage comporte 80 % de sémillon et 20 % de sauvignon.
Le vin a été élevé six mois sur lies.
La robe est bien plus claire, de couleur paille.
Moins intense, le nez présente une plus grande finesse. Les arômes floraux sont encore présents mais des notes minérales, voire salines, apportent une belle complexité, associées à des touches d’agrumes et de pêche.
La bouche le surpasse encore par sa superbe minéralité. L’attaque est souple puis la bouche prend beaucoup d’ampleur tout en étant marquée par une belle salinité et une grande élégance.
Le terroir parle donc et, bien aidé par un millésime équilibré, prend le dessus sur l’encépagement.
Bien ++ / Très Bien
Bordeaux – Clairet – Ma gourmandise – 2016
La robe est saumon foncé.
Le nez moyennement ouvert est friand, sur la grenadine et les petits fruits rouges.
La bouche est relativement charpentée pour un rosé, même pour un rosé de saignée, au fruité très présent allant jusqu’à une sensation de sucrosité, le tout d’une longueur honnête.
Assez Bien + / Bien mais encore mieux apprécié par d’autres dégustateurs (nostalgie d’été ?
).
Vin de France – A la source
Il s’agit d’un assemblage de 90 % de merlot et de 10 % de cabernet franc, les jus étant initialement prévus pour le Graves 2016. Mais après six mois d’élevage en cuve, c’était tellement gourmand qu’il a été décidé de le mettre en bouteilles, avec bien entendu l’appellation Vin de France.
La robe est moyennement sombre, très jeune par ses beaux reflets violacés.
Le nez très intense dévoile un fruité franc et pur qui signale un beau jus.
La bouche est effectivement dans la lignée, sur le fruit, d’une grande fraîcheur, bien soutenue par de petits tanins très fins. La persistance est intéressante, la finale salivante restant bien fruitée.
Bien + (+)
Graves rouge 2015
Il s’agit d’un assemblage de 70 % de merlot, de 15 % de cabernet franc et de 15 % de cabernet sauvignon.
Seuls 50 % du jus produit par le précédent propriétaire ont été conservés pour ce Graves et 30 % ont été élevés en fûts de un vin.
La robe est assez sombre et bien jeune.
Très intense et profond, le nez est axé sur les fruits noirs, papillonnant vers des notes de fruits rouges et d’autres mentholées.
La bouche contraste avec le VDF par sa belle charpente et son fruité charnu, tout en gardant un bon équilibre. Des tanins assez souples et une allonge moyenne complètent le tableau.
Bien +(+) mais je serai très curieux de goûter au 2016 lorsqu’il sera mis en bouteille !
Voilà qui clôture une belle visite et une dégustation très prometteuse quand on voit la différence entre 2015 et 2016, évidente pour le blanc, moins facile à faire pour le rouge (et pour cause !) mais la cuvée « A la source » laisse augurer un excellent Graves 2016.
Amis LPViens, si vous allez faire un tour en Sauternais, faites un petit détour par Cérons : Château Peyrat devrait vous convaincre !
Amitiés oenophiles,
Jean-Loup