[size=large] Visite au Château Thivin [/size]
C'est un plaisir de poster ici un CR de notre visite chez Claude Geoffray pour essayer de rendre un peu du temps, de la passion et de la simplicité que ce Monsieur, au combien respecté par ses confrères, a partagé avec nous. Nous étions porteur du bonjour de Monsieur Janin et cette entrée en matière a d'emblée donné un ton détendu aux présentations. Une visite sous le signe de la bonne humeur donc, , mais dans un esprit studieux, en compagnie d'Aurélien(Dandy) et Jocelyn (un lecteur de l'ombre
). M Geoffray nous a gardé 1h30, nous guidant dans ces vastes installations dont les murs séculiers accueillent des outils de vinification à la pointe de ce que peut rêver un domaine de la région. Nous avons pu également faire avec lui un petit tour dans les vignes puis nous avons rejoins la salle d'accueil et de dégustation, vaste, chaleureuse et confortable.
Les bâtiments sont peuplés d'objets d'art et d'artisanat qui témoignent d'un goût familial pour l'histoire et l'art local depuis des générations. Que l'on soit dans la salle de dégustation, dans le chais, les caves ou en extérieur le regard est perpetuellement charmé.
Dans les vignes Claude Geoffray nous montre ses essais de palissage haut visant à remplacer les gobelets. Il s'agit d'augmenter la surface folière et donc de mieux nourrir les grappes, tout en facilitant le travail de l'homme sur le cep, la taille et la cueillette.
Certaines caves du domaine ont plusieurs siècles d'existence, la plus ancienne date de la fin du XIVe siècle. Nous sommes ébahis par l'étendue des sous-sols construits du domaine. Sur la photo ci dessous il s'agit de la cave des foudres accueillant les côtes-de-Brouilly. Les jus viennent de finir leurs fermentations(alcolique et malo-lactique!). Ca sent bon et il fait 16° on est mieux que dehors!
Des installations modernes pensées pour respecter les baies, en utilisant la gravité. Nous voyons ici les cuves, au sous sol. Les grappes sont rentrées à l'étage de dessus, entières ou éraflées en partie selon ce que dicte le millésime. Au premier plan est rangé le pressoir pneumatique.
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[size=large]La dégustation[/size]
Brouilly 2010
Le prototype du beaujolais facile, croquant mais non dénué de structure. Frais et parfumé avec un belle amertume en finale.
Côte-de-Brouilly "les 7 vignes" 2010
Dans un style plus corsé, avec un caractère encore un peu strict. Du fruit et là aussi une belle fraîcheur.
Brouilly 2009
En buvant cette simple cuvée on se rend compte de ce que "millésime solaire" veut dire. Une concentration et un volume qui tranche avec son cadet.Très bon. Par forcément meilleur. Différent.
Côte-de-Brouilly "Zacharie" 2009
J'avais mal goûté cette cuvée il y a quelques mois. Elle se présente mieux pour moi, avec un nez séducteur et une bouche profonde qui exprime un beau fruité crémeux et de la complexité. L'aromatique est tout de même très marquée par l'élevage et pour moi c'est impérativement à attendre.
Nous avons visité la petite cave d'élevage dédiée à cette cuvée. M Geoffray essaye de travailler ce vin là tel que le faisait son ancêtre Zacharie. Elevage sur lies pendant une dizaine de mois, dans des fûts de chênes (une quinzaine?) dont l'âge est variable.
Côte-de-Brouilly 1994 Une époque où il n'y avait qu'une cuvée de côte-de-Brouilly.
Après quelques mots échangés pendant la visite au sujet de la garde des crus du beaujolais M Geoffray s'est immédiatement proposé de nous faire goûter une cuvée de 1994. Un millésime très difficile nous dit-il, "avec douze jours de vendanges passés sous la pluie" nous lance t-il en riant "je m'en souviens comme si c'était hier" . Il est allé carafer la bouteille pour que le vin s'aère et se décante pendant que nous poursuivrons la visite.
La robe est légèrement trouble, framboise mûre avec qques reflets briques.
Le nez est simple et expressif; sur le pot-pourri.
La bouche est de belle chair, fondue bien sur et laisse une impression de moelleux. Elle se tient de bout en bout. C'est caressant. Aromatique simple mais agréable en bouche, ça se sirote et ne se recrache pas...ça donne envie de manger un plat de la bonne cuisine traditionnelle. Je n'ose imaginer ce que ça peut donner dans un grand millésime.
M Geoffray a bu avec nous mais n'a rien dit...juste qu'il trouvait ce vin bien bon, en toute humilité. Il a parlé surtout de sa vision du vin (en nous coupant de petites tranches de brioche), de son soucis de servir le client: l'exportateur de palette(s) comme le petit restaurateur qui commande six bouteilles une fois l'an... des valeurs et une histoire familiale transparaissent.
Nous étions en mode écoute, sous le charme de la visite et de cet homme qui venait de nous donner une jolie leçon de chose.
Conclusion
A noter que pour ceux qui veulent tenter la longue garde avec de belles cuvées de beaujolais: le domaine dispose encore à la vente des cuvée "Griottes de Brulhié" et "Zacharie" en 2009.
Le millésime 2010 n'est pas encore prêt pour les cuvées les plus ambitieuses ( "les bouteilles reposent" ).
Le 2011 s'annonce assez bien même si ici, comme chez Eric Janin, on ne cache pas que le stress hydrique a bien fatigué la vigne cette année.