Domaine Bruno Clair : le bon sens pratique
Envoyé par: Olif
Date: mardi 1 juillet 2003 22:17:33
Ayant eu quelques difficultés à nous arracher du domaine Leflaive, nous arrivons au domaine Bruno Clair avec un 1/4 d'heure de retard, après une traversée express de la Côte par l'autoroute.
Nous pénétrons dans la cour où se côtoient des voitures garées dans tous les sens, une flopée de vélos de toutes les tailles, plus divers objets qui traînent. Cela donne un côté bohème, joyeux foutoir ! Nous sommes accueillis par Philippe Brun, responsable de la vinification et de la cave, tandis que Bruno Clair s'occupe plus des vignes. Ici, la cave est enterrée, et nous descendons les marches pour nous retrouver au frais. Les murs pourtant épais suintent l'humidité et des concrétions calcaires se forment ici et là . Le plafond est tapissé d'une couche épaisse de moisissures et de toiles d'araignées mêlées, recouvrant même les câbles électriques. Une vraie belle cave, quoi, où il fait bon frais entre les fûts et les foudres alignés.
Le domaine Bruno Clair, c'est 24 ha de vignes réparties sur toute la Côte, principalement en Nuits (Marsannay, Gevrey-Chambertin, Morey-Saint-Denis, Chambolle-Musigny) mais aussi en Beaune (Aloxe-Corton, Savigny, Corton Charlemagne).
Nous axons la dégustation sur 3 vins dans les millésimes 2002 (au fût), 2001 puis 2000, plus quelques bonus !
Ph. Brun est très ouvert, décontracté et bon vivant. Sa philosophie, c'est que le vin soit bon dans le verre de l'acheteur, et pour cela, pas de faux scrupules, pour qu'il voyage bien à l'export et qu'il arrive dans de bonnes conditions sans souffrir, il est soufré, juste ce qu'il faut mais il est soufré.
Justement, je lui parle d'un Corton Charlemagne 93 oxydatif bu cet hiver, il va le regoûter, et en magnum pour juger de l'évolution.
Il n'aime pas qu'on minimise le rôle du vinificateur ! Un grand vin, c'est un grand terroir, un grand cépage, de bonnes conditions climatiques…et un bon vinificateur qui est là pour corriger les déficiences de la nature, qui, si on la laisse faire toute seule, ne mènera jamais à terme toute seule cette grande entreprise. Le bon sens pratique, quoi !
Et la dégustation qui va suivre est là pour le prouver !
- Marsannay Les Longeroies 2002 : une pointe de gaz normale à ce stade mais un vin fruité et friand, très charmeur.
- Savigny 1er cru La Dominode 2002 : un peu plus concentré et boisé, il révèle également un joli fruité. Le gaz aussi présent ne gêne pas, il n'est de toute façon pas question d'intervenir artificiellement sur l'évolution des vins actuellement par ces grosses chaleurs.
- Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2002 : richesse et concentration, avec une jolie prise de bois.
- Marsannay Les Longeroies 2001, Savigny 1er cru La Dominode 2001, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2001: pas de notes précises sur chaque vin, mais le souvenir que le millésime 2001 se goûte extrêmement bien dans les 3 appellations, donnant des vins fruités et plaisants.
- Marsannay Les Longeroies 2000, Savigny 1er cru La Dominode 2000, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2000 : idem pour ces 3 vins. Le millésime 2000 est en train de se fondre mais présente des tanins un peu plus durs que 2001.
- Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 1999 : à l'aveugle, car il s'agissait pour nous de reconnaître le millésime (trouvé haut la main par le Seb !). Etonnamment ouvert, ce vin possède une grande longueur qui augure bien de son potentiel, mais se laisse déjà boire avec grand plaisir. Ph. Brun pense également qu'un très grand vin est bon à tous les stades de son évolution.
- Chambertin Clos de Bèze 1991 : à l'aveugle également, pour trouver le millésime, décrié par la presse. Après quelques indices, c'est encore le Seb qui double la mise mais il ne repartira pourtant pas avec une caisse de vins et des Spiegelau ! Et je peux dire à PhR et à Eliane que tous les 91 sont loin d'être morts ! Celui-ci est superbe, sur le pruneau et des notes de venaison, avec une grande longueur et une belle harmonie. Ce Clos de Bèze en a encore dans le ventre, même s'il ne se bonifiera vraisemblablement plus !
- Corton Charlemagne 2000 : un grand blanc, porté par une belle acidité et un équilibre somptueux, finissant sur de légères notes torréfiées et grillées de toute beauté.
Finale en apothéose, donc, et nous nous rendons illico « Chez Guy », à Gevrey-Chambertin pour nous remplir l'estomac de nourritures plus solides. Excellente adresse à recommander, cuisine façon bistrot moderne accompagnée, pour rendre hommage à notre hôte précédent, d'un Marsannay blanc 2001 puis d'un Chambolle Musigny Les véroilles 99. Encore un sans-faute !
Globalement, tous les vins dégustés étaient d'un très bon niveau, avec une mention spéciale pour les 2001, millésime mésestimé d'emblée mais qui s'avère très bon, les 2002 qui s'annoncent très grands et mériteront qu'on s'y intéresse dès la fin de leur élevage. Le Chambertin Clos de Bèze a dignement tenu son rang même en petit millésime et n'a pas mérité d'être recraché. D'ailleurs, je crois que tout le monde l'a bu!
A suivre...
Olif