Karim,
garde ta verticale d'Opus one pour l'année prochaine, l'avantage du superbowl, c'est que c'est tous les ans à peu près à la même époque. En plus, comme j'ai profité de cette occasion pour convertir quelques novices, on devrait être assez nombreux pour lui jeter un sort...:)o
Ceci étant, je prends le temps de coucher sur le clavier quelques impressions sur cette soirée.
La première bouteille est ouverte quelques minutes avant le début du match, peu après minuit. Occupé à expliquer "le foot us pour les nuls" je ne prends pas le temps de noter l'identité du flacon. Il s'agit d'un champagne des années 30 "goût américain" avec un très beau niveau. Fabien procède à l'ouverture, même pas un petit "pchitt", un peu comme l'attaque des Patriots. On craint donc le pire. Le vin est versé, la couleur tire sur l'ambre et même en regardant bien, pas une petite bulette. Pourtant, le vin est loin d'être sans intérêt. Un vrai nez de champagne évolué avec de fortes nuances de noix fraîches. Surprenant mais agréable. La surprise continue en bouche. Rien de "sparkling" mais un léger perlant, c'est joli, la soirée commence bien.
Les bouteilles suivantes sont servies à l'aveugle.
La bouteille servie est un blanc qui laisse tout le monde perplexe. Le nez est fin sur la citronnelle, un boisé qui s’exprime par de légères notes de vanille et de caramel. L’un d’entre nous trouve que c’est très boisé, je le soupçonne d’avoir anticipé l’origine de la bouteille. Autant on pouvait trouver des motifs de satisfaction au nez, autant, la bouche déçoit. C’est mou et sans personnalité. La fin de la bouteille dégustée mercredi après avoir été winepréservée est encore plus décevante : le nez est parti en vacances.
Il s’agissait d’un Stag’s leap wine cellars – Arcadia Vineyards – Napa Valley, Chardonnay 2005. Je suppose et j’espère que les rouges de ce domaine qui sont ultra-réputés (et tarifés en conséquence) sont d’un autre niveau.
Le deuxième vin est aussi un chardonnay dont le nez explose. Certains trouvent que c’est too much, d’autres apprécient. Personnellement, j’aime assez le côté citronné de ce chardonnay aux effluves typiques. On goûte et on entend « il y a du jus », « de la mâche ». Belle matière et magnifique tension. C’est quoi donc ? Rully Ier cru, le Meix Cadot, Dureuil Janthial 2005. Très beau vin qui vaut le tiers du prix du cousin californien, chercher l’erreur… le mercredi, la bouteille se comportait encore bien.
Jusque là, le liquide était accompagné de charcuterie italienne, française, de confit de fenouil et de rillettes de saumon. Il est temps de se mettre dans le match. Il est deux heures passé, et il est temps de passer la vitesse supérieure. D’ailleurs, il serait bien que les Giants et les Patriots en fasse autant, parce que 7 à 3 à la mi-temps, on a vu des shoot out plus excitants. Alors que Tom Petty braille lors du spectacle de la mi-temps, nous nous employons à concocter des hamburgers maison très goûteux.
Pour accompagner ce met de circonstance, un vin au nez très discret est servi. Il faut s’employer à mouliner du poignet pour faire ressortir de légères et séductrices notes de pivoine, de cuir, d’épices. La bouche est à l’avenant d’une discrétion « coupable », maigre. Ça pinote, c’est sur, mais pour un Chambertin Grand Cru 1998 de chez Tortochot, c’est une sacrée (mauvaise) surprise qui n’est en aucun cas à l’association avec le burger quand je vous dis que la soirée avait des airs de sideways…). Le mercredi, le vin était complètement parti. Going, going, gone…
Son successeur est aussi un pinot, mais dans un style résolument plus moderne et plus démonstratif, sur la cerise à l’eau de vie et un boisé présent (mais pas dominant) s’exprimant sur des notes de chocolat. Si l’attaque se montre ronde et séductrice, l’acidité est un peu trop marquée ; la bouche est un peu dissociée. Dommage pour ce Benton lane 2001, pinot noir de l’Oregon. En revanche, le mercredi, il se montrera plus à son avantage, mieux en place et très séducteur.
Le niveau de testostérone dégagée par le match augmente, celui des vins aussi.
Ce nouveau vin a un nez plutôt discret et élégant, sur les épices, le chocolat, la fraise et le pin. La matière est très belle, les tanins sont abondants mais fondus. On peut regretter toutefois la petite astringence en finale qui donne un caractère austère à ce vin pourtant très beau. Peut être une phase de fermeture. J’avais dégusté ce Tablas Creek, Paso Robles, Californie, 1998 en 2002 et il se présentait beaucoup mieux.
Pour lui faire écho, un Chateauneuf du Pape, la Gardine 1998. Je lui trouve pas mal de points communs, une bouche pleine et fraîche, des tanins présents mes fins, une finale chocolatée. J’ai du mal à les départager.
Pour finir, alors qu’Eli Manning est en train de découper au laser la défense des Partiots lors de sa dernière série en attaque victorieuse, le meilleur vin de la soirée est servi. Un vin au nez puissant, dense, toasté mais élégant, du poivron mur. Il y a du fruit qui est d’abord discret, puis plus présent mais il reste en retrait. En bouche, c’est très serré, les tanins sont très abondants et très soyeux. L’équilibre et la longueur sont de toute beauté. Ca me rappelle un peu la structure des Forts de Latour 2003.
Il est 4 heures bien tassé, ça y’est, touchdown, les Giants sont devant, ils ont dominé les Patriots. La bouteille était donc annonciatrice d’une très belle victoire : Dominus, Napa Valley, 2000.
Cheers
Nicolas
Ps : peut être que ce sujet pourrait être bougé dans la rubrique « dégustation éclectiques »