Notre ami Jean Luc (alias "Le Pharmaco" ou "Le Petit Savoyard" ) s’apprête à passer un cap important en matière de millésime personnel.
Sentant la dépression (et la déshydratation
) poindre à l’horizon, notre petite équipe décide courageusement de se mobiliser pour aller remonter le moral de notre Pharmaco national en ce Duché de Savoie qu’il affectionne particulièrement. Quelques anti-dépresseurs de marques diverses et variées (pour être sûr de trouver le produit miracle !) seront du voyage, bien que le bougre (de part sa profession
) soit lui-même déjà bien achalandé !
Rendez-vous est donc pris à l’Auberge des Morainières pour les dîners des Jeudi et Vendredi, selon le bon vieux principe : 1 fois c’est bien, 2 fois c’est beaucoup mieux !
Les artistes,
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Krug "Clos du Mesnil" 1983,
Mises en bouche : cromesquis et roulé de foie gras,
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Robe magnifique, évoquant déjà une pointe d’évolution. Le premier nez confirme ce sentiment. Les premières impressions en bouche sont par contre assez déroutantes : quelques notes métalliques (limite tourbées) en attaque, suivies d’une texture qui s’enrichit au fur et à mesure du développement et de l’aération jusqu’à acquérir un véritable crémeux en finale. Le côté métallique disparaît totalement à l’aération (réduction) pour laisser place à un vin mûr, crémeux, long et complexe. L’accord avec le foie gras est simplement magnifique. Le Pharmaco (buveur d’étiquettes devant l’éternel) nous confie alors, avec aisance et naturel, préférer ce 1983 au Clos du Mesnil 1982 bu la semaine précédente avec le Pédago : la vie est dure en Savoie
. Très grand vin.
Auxey-Duresses 1999 Coche-Dury
Meursault "Les Luchets" 1999 Coche-Dury,
Bouillon de champignons, chataigne et truffe de Jongieux, Brioche tiède et beurre truffé,
Foie gras poelé, betterave, fruits secs et vinaigre balsamique,
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Les nez des 2 vins sont très similaires, sur des notes vanillées et grillées très prégnantes et aromatiques. C’est en bouche que les styles respectifs des 2 terroirs apparaissent nettement. L’Auxey-Duresses présente une fraîcheur et une tension plus marquées que le Meursault qui, pour sa part, offre un gras de texture plus dense et une profondeur de fruit plus affirmée. Etude de terroir d’école pour ces 2 vins issus d’un même vinificateur et d’un même millésime. La soupe aux truffes, champignons et châtaignes est absolument divine : un gouffre d’arômes et de fragrances. L’association foie gras/betterave avait aussi de quoi convaincre les plus récalcitrant à ce légume terrien.
Meursault "Narvaux " 1999 Domaine d’Auvenay ,
Langoustines rôties en ravioles de coriandre et capuccino de carcasse,
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Le nez gagne incontestablement en profondeur et en complexité. L’attaque en bouche est fine, claire et précise. La bouche est parfaitement équilibrée, pure et cristalline, presque tranchante, tout en gardant une belle onctuosité. Longueur et équilibre superbes ! Cela vibre longtemps en bouche pour notre plus grand plaisir. Un très grand vin, modèle d’équilibre entre richesse et tension. Un accord magnifique avec des langoustines d’une fraîcheur exemplaire et d’une cuisson parfaite, translucides et croquantes à cœur.
Riesling "Clos Ste Hune" 1995 Trimbach,
Lieu Jaune en écaille de truffe, pralin et sabayon de champignons,
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Nez profond, chaleureux et envoûtant. Le vin est très dense, long et séveux en bouche, traduisant une richesse et une puissance retenue qui ne demande que du temps pour se libérer et s’exprimer. Le caractère riche, mais aussi austère, du millésime 1995 est ici parfaitement illustré par ce vin qui gagnera beaucoup à un affinage en cave pour atteindre (je suis prêt à le parier) un sommet qualitatif. Très grand vin encore en devenir.
Vosne Romanée "Les Suchots" 1990 Mongeard-Mugneret,
Pigeon du Vercors rôti, butternuts et lait de chataigne,
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Nous avons discuté longtemps avant de décider quel vin devait avoir la lourde responsabilité d’introduire La Mouline 1985 que peu d’entre nous avait déjà dégusté. Fallait-il une autre Syrah, au risque de jouer la compétition, ou bien devions nous privilégier la parenté des styles? C’est dernière option qui fut finalement choisie et qui s’est révélée payante. Nous attendions ce Vosne-Romanée dans un style pinotant, floral, suave et délicat, sans toutefois la race et la sève d’un grand cru. C’est exactement comme cela qu’il s’est présenté, gourmand en diable et offrant un accord magnifique avec une viande cuite à la perfection. Un très joli vin, gourmand, enjôleur et prêt à boire.
Côte Rôtie "La Mouline" 1985 Guigal,
Carré d'agneau en croûte de sel, Parmentier d'épaule,
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Ayant déjà bu par 2 fois La Mouline issue de millésimes plus âgés (mais moins riches que 1985) je m’attendais à un vin plus floral et évanescent. C’est au contraire une robe dense, profonde et acajou qui s’offre à nous. Le nez est absolument magistral, avec des notes de jus de viande, d’épices et d’eucalyptus. La bouche est riche, compacte, séveuse et extraordinairement concentrée. Le vin s’allonge magnifiquement en bouche en gardant cette richesse et cette concentration dans une finale interminable. C’est un vin à la fois terrien, juteux et gourmand mais aussi marqué par un côté fumé aérien. Magnifiquement hédoniste !
Riesling Erdener Prälat Auslese *** 1994 Jos Christoffel Jr (Christoffel-Prüm),
La ronde des desserts,
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Difficile de se présenter à nous après cette magnifique Mouline. Mais une fois de plus, ce magnifique Riesling Mosellan issu de vignes pré-phyloxériques s’en tirera à merveille. Issu du Prälat (terroir majeur de la commune d’Erden), il a développé avec le temps une minéralité vibrante qui, associée à un faible taux d’alcool (8°5), rafraichit merveilleusement la bouche et y installe une superbe rémanence aromatique autour de notes de fleurs blanches, de citron et de sureau. Très beau vin qui, de plus, a su s’accommoder avec aisance de la variété et de la diversité réjouissante des différents desserts proposés.
Le panoramique,
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Nous avons eu, ce soir là, un dîner remarquable pour lequel la seconde étoile ne me semblerait pas du tout imméritée, surtout au regard de mes diverses expériences Parisiennes.
Un grand moment de gastronomie et de plaisir.
A bientôt pour l’épisode 2/3.
Christophe