Le départ avec les liquoreux nous a été expliqué par Patrick a posteriori, qui souhaitait que nous soyions en pleine possession de nos papilles pour pouvoir en profiter pleinement.
je dois reconnaître qu'effectivement nous en avons bien profité.
Evidemment, il nous a fallu rincer correctement les verres et les gosiers avant de passer à la suite, je ne trouve pas que les vins en aient souffert, ni des autres enchaînement, de façon générale.
En tout cas, nous sommes partis souvent un peu partout sauf au bon endroit lorsque nous avons voulu jouer aux devins sur l'origine géographique des vins. Et nous avons bien rigolé.
Plus important, la (longue) soirée s'est déroulée dans une ambiance concentrée mais détendue et franchement amicale, et fut un long moment de plaisirs partagés.
Un grand merci à Patrick et à Ingrid, d'avoir fait la route et tout le boulot pour permettre cela.
L'Humagne blanche de J. Giroud, "pour se faire la bouche", nous a donné le ton de la soirée, infoutus qu'on était d'aller chercher ce cépage (inconnu pour moi jusqu'ici en dégustation) et son pays de production. L'attaque est franche, assez ronde, la complexité moyenne, l'aromatique se déroule sur des notes assez patissières et de pâte d'amande qui dominent les autres pour moi, notes qui s'exprimaient déjà intensément dès le premier nez. Agréable, bonne entrée en matière.
Nous passons à l'apéritif avec les 2 Sauternes,
Yquem 90 se montre un peu discret tout d'abord, mais fait preuve d'un équilibre que le
Guiraud 2001 ne possède pas, paraissant tout de suite plus confit, un peu plus lourd. L'Yquem s'ouvre progressivement davantage, se montre complexe, sur les fruits confits variés, riche mais très équilibré. Je le trouve nettement plus à son avantage que le même vin dégusté il y a 2 ans environ, qui m'avait paru moins équilibré. Le Guiraud va gagner également à l'aération, il commence sur la cire et l'élevage, et ensuite va gagner des notes plus fruitées, plus légères, prend aussi pas mal de longueur mais souffre de la comparaison avec son collègue qui le fait paraître plus pataud qu'il n'est réellement, je pense. En tout cas 2 jolis Sauternes, avec une bonne classe d'écart, qui se montrent abordables mais probablement pas à leur maturité optimale, ils commencent cependant à bien se goûter, pour les plus impatients. Je pense comme Patrick qu'il est préférable de les ouvrir vraiment un bout de temps à l'avance si vous voulez les boire maintenant, personnellement je pense que je leur laisserais bien encore quelques années.
Bon, là, on ne s'est pas beaucoup éloigné de la région de production, en moyenne.
Après rinçages ad hoc, nous passons à une paire de blancs secs:
Curieusement, le
Meursault "Genevrières" 07 de H. Chavy se montre beaucoup moins jeune d'expression, et nettement moins vif dans le style que le
Meursault "Perrières" 05 de M. Bouzereau..
Le Perrières est encore très réservé, assez vif, la matière est comprimée, l'aromatique est assez classique d'un Chardonnay Bourguignon jeune, ce qui nous fait grenouiller autour des appellations de blancs de la côte de Beaune, en revanche le Genevrières est sur des notes plus évoluées, avec une rondeur et une richesse en bouche qui me font penser à une appellation similaire (que nous n'avons pas cité de prime abord) mais en nettement plus âgé, à maturité. Puis l'idée d'un vieux Chablis sur un millésime assez mûr émerge également, car une légère sensation crayeuse fait son apparition avec l'aération.
Au dévoilement des étiquettes, je me dis qu'en semi-aveugle j'aurais sans doute inversé les 2 vins, tant le 2007 est différent de l'idée que je me fais des blancs de ce millésime dans les environs.
2 jolis vins, personnellement j'attendrais encore plusieurs années le Perrières 2005 alors que le Genevrières 2007 me pose question sur l'intérêt de l'attendre davantage.
Edit: A la relecture, j'ai oublié de préciser que le Genevrières était marqué par un côté très fumé qui m'a fait partir au début vers le Jura, avec même un goût e un arôme de saumon fumé pendant un long moment, qui s'est estompé par la suite.
Vient ensuite la bulle pour "transitonner" de nouveau avant de passer aux rouges. L'idée (expliquée ensuite) de Patrick était encore une fois de faire plaisir, après avoir attendu ce vin 7 ans alors qu'on lui avait conseillé minimum 5 ans, donc il semblait devoir atteindre son but.
Loupé! Pour tout dire, il sera même regoûté en fin de soirée (l'avantage du magnum) pour lui laisser la chance de l'aération. Le nez est celui d'un champagne "moyen", sans caractère ni originalité, et d'ampleur moyenne. La bouche est passe-partout, évoquant celle d'un Champagne de bonne qualité technique sans plus, par son absence d' "agressivité", mais aussi par son manque total de caractère ou de complexité qui pourrait signer un vin intéressant. En fin de soirée, la bouche s'est un peu étoffée, se montre un peu plus ample, mais fait ressortir pour certains un côté sucraillon (je n'ai pas trouvé mais je l'ai entendu au moins de 2 dégustateurs présents) qui le rend encore moins intéressant. Personnellement, cette bouteille s'est montrée à peu près au niveau des quelques autres Dom Pé, inintéressants, que j'ai pu boire et qui m'ont décidé à ne plus en acheter (dont une bouteille de ce même
Dom Pérignon 98 bue il y a 1 an et demi, qui s'est goûtée à peu près de la même façon).
Le domaine du Mortier cuvée "dyonisos" est un cabernet "conforme", à boire, je le pensais plus âgé car complètement à point à mon avis, un vin de bonne facture, rond, sans faiblesse, agréable et un très bon rapport Q/P.
Le
Montus "cuvée prestige" 2001 présente tout d'abord un boisé important, et un côté un peu fumé, ainsi qu'une bouche dure, séchant fortement en finale et même un peu avant. Puis il se débarasse avec l'air de cet aspect monolithique du nez, le fruit ressort davantage et donne un nez où l'élevage est encore un peu sensible mais dont les arômes fruités sont nettement plus attirant, et la bouche s'arrondit également de façon notable après une bonne aération. Difficile à aborder dans un 1er temps, je lui fais confiance pour vieillir de belle manière, personnellement, mais il faudra l'aérer copieusement si vous voulez l'ouvrir bientôt.
Le
Michel Bouzereau - Beaune 1er Cru Les Vignes Franches 2001 m'a complètement perdu, je me suis même permis de dire à Fred qui évoquait la possibilité d'un pinot que c'était peut-être le seul cépage que j'excluais sans hésiter, impossible. Et pan dans le nez! grosse interrogation pour moi qui partait carrément sur un cabernet (sans certitude dessus, ma seule certitude étant qu'il ne s'agissait pas d'un Bourgogne:D. Bof, bof, bof....
Marc Colin - Chassagne Montrachet Vieilles Vignes 2005 problème de bouteille.
Nous allons passer à un des passage les plus énormes de plantage collectif, comme dirait l'autre, "avec un sérénité dans l'incompétence qui force le respect" hein les gars?
. Et là, Patrick va commencer à vraiment se bidonner, jusqu'ici il s'était à peine échauffé les abdos.
Prieuré Saint Christophe - Mondeuse Prestige 2004 et
Prieuré Saint Christophe - Mondeuse Prestige 1989: Nous partons sur 2 très bons... Bordeaux. Et nous cherchons sur quelle rive, quel type d'assemblage, quel niveau, etc...
Etonnament ou pas, j'ai eu l'impression qu'il pouvait s'agir du même millésime de 2 châteaux différents, est-ce le conditionnement du service par paire pour comparer, mais j'ai trouvé une vraie similitude, avec quand même une nette différence de "classe" et de complexité, de corps, d'un peu de tout en fait en faveur du 2ème. Sont-ce les millésimes qui donnent cela ou est-ce que c'est seulement dû à une différence de stade de vieillissement, seuls les connaisseurs de ces vins pourront nous le dire (Jean-Luc?).
En tout cas deux jolies
cabernets mondeuses;), à bonne maturité, un très bel équilibre, pas de sensation poivrée comme j'ai souvent sur les jeunes, bien arrondies, des arômes d'une jolie complexité avec le fruit qui se mêle aux notes tertiaires, bref 2 beaux vins, à point je pense, et le deuxième était vraiment "plus tout" que le premier. C'est très bon.
Marie Thérèse Chappaz - Grain Syrah 2006 - Suisse Ca aurait pu être une autre mondeuse, après tout. "sous le choc"de la paire précédente, j'ai failli partir dessus, mais finalement je ne sais plus ce que j'ai dit mais c'était complètement à côté aussi. Pas pensé à une syrah. Joli vin tout en distinction, je l'ai toutefois un peu moins bien goûté qu'il y a 1 an et demi, et surtout je ne l'ai évidemment pas reconnu. Patrick s'est donc encore bien marré parce que nous en avion sparlé ensemble juste avant le repas... Mais bien du plaisir avec ce vin, fruits, fleurs, une bouche élancée, fraîche. Très agréable.
Jérôme Giroud - Chamoson (Cornalin) 2006 L'aromatique me fait penser au "tour de pierre" 2008 du Pic Saint Loup. La structure également. Quoique je trouve ce vin un peu plus complet, et avec un longueur plus importante. Joli vin, inutile de dire que là encore on était à l'Ouest.
Le
Champs des Soeurs - Bel Amant 2008 est un vin plaisant aussi, j'avais déjà bien goûté l'entrée de gamme en 2007, celui-ci possède un caractère bien différent, si on me l'avait annoncé, je l'aurait attendu plus expressif, plus complexe. Peut-être est-ce la différence 2007-2008 qui donne cet effet. Mais il s'agit d'un joli vin, doté d'une très bonne buvabilité, et d'arômes fruités (plutôt noirs) qui m'ont bien plu.
Clos de L'Oratoire 2003 - C9dP Je me souviens d'un vin possédant un style qui m'aurait fait parier ma chemise (que je n'ai pas encore
) que ce n'était pas ce vin, puisqu'en CDP 03 que je n'ai jamais bu il ne pouvait y avoir dans mon esprit que des vins cuits, surmûrs, ou en tout cas particulièrement costauds. Loupé, encore une fois. Ce vin, s'il ne présente pas une complexité énorme, possède une jolie trame, une élégance certaine, sans manquer de fond. Après, je ne pense pas qu'il s'agisse du plus grand chaeauneuf qui soit, mais c'est un bon vin.
Malescot Saint Exupery 2001 - Margaux et
Cantemerle 2000 - Haut Médoc ne m'ont pas emballé, ils m'ont semblé un peu léger, manquant d'un peu de tout (peut-être est-ce "dans le contexte par rapport aux précédents et suivants), pas de grand souvenir.
Pour les suivants, à savoir
Léoville Poyferré 2003 , Haut Bailly 2002, Troplong Mondot 1999, D'Aiguilhe 2006, Montrose 2001 et Haut Marbuzet 2001, il n'y a pas eu de déception, sauf peut-être sur Léoville Poyferré 2003 dont j'aurais sans doute attendu plus s'il avait été dégusté étiquette découverte, compte tenu du battage qui avait été fait sur son compte lors de primeurs 2003. Mais il faisait plus que bien se tenir, tout à fait digne du domaine. En revanche, j'ai trouvé que toute cette série méritait d'être encore attendue un certain nombre d'années. ce sont des vins qui pour moi ne sont pas prêts à boire, j'ai même un peu de mal avec ces crus à cet âge.
Le dernier,
César Principe - Cigalès 2007 (Tempranillo) - Espagne Un vin au nez assez agréable quoique marqué encore par son élevage. C'est du costaud, pas au point d'être lourd, mais c'est encore bien accrocheur en bouche, tout comme pour les précédents, je pense que ce n'est pas du tout prêt à boire. Néanmoins, il peut s'agir d'un beau vin en devenir, je n'ai pas de recul sur ce style de vin.
Merci à Patrick et Ingrid, et aussi à Gildas bien entendu, ainsi qu'à tous les braillard de LPV présents ce soir-là (tant pis pour les absents, quoiqu'on aurait pu les remercier, il y avait plus de vin pour chacun, pour mieux y goûter
)
Amitiés,
Pierre