Nous avons 3887 invités et 11 inscrits en ligne

Nouvelles brises de tête sur quelques vins bus, la semaine dernière.

  • daniel popp
  • Portrait de daniel popp Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 2027
  • Remerciements reçus 413
[size=medium][/size]Lundi

[size=medium]Gaillac Premières Côtes. Mauzac vert 2007. Domaine des Tres Cantous. Robert et Bernard Plageolles. 13,5°[/size]

Quel vin singulier ! Nez un peu fermé, peu expressif au départ, disons assez monocorde, très pomme, pomme, pomme....Après une longue aération, le nez s' ouvre, bien plus complexe qu' il n' y parait, quand l' empreinte caractéristique de la pomme Golden laisse apparaitre des arômes de fleurs d' acacia subtilement miellés, le grain de la poire, des touches de vanille mélées à celles de fruits secs ( amande, noisettes), puis de camomille. Le tout assemblé, du plus bel effet, dessine une empreinte "sèche", très subtilement oxydative, à haute personnalité ! Un ami goûtant le vin à l' aveugle, évoque alors un cousinage ibérique. On comprend alors qu' une telle base ait inspiré son Vin de Voile à Plageoles ! En bouche, une explosion de poire bien juteuse qui n' est que l' habit de la pomme ne tardant pas à réapparaitre avant que son fruit ne se fonde sur la finale au goût de résine et de pin. Texture franche, pleine, très appétante où le fil acide du fruit finit par s' arrondir sur de beaux amers ordonnant l' équilibre, qui laissent à nouveau comme un goût de "sec" mélé au fruit, persistant en bouche.

Il y' a des vins dont la simplicité apparente vaudrait le coup parfois que l' on s' y attarde en nettoyant nos écoutilles ! En goûtant le vin, imaginant la réaction de mes amis, j' avoue avoir hésité à le remplacer par une autre bouteille...Le problème du "j' aime, j' aime pas" dont je suis le premier archi blindé, c' est que son éclosion spontanée, charmante à l' origine en tant que pur effet de notre subjectivité, porte le poids de l' affirmation, du jugement, de la comparaison, de la séparation, dés qu' elle se pare du caractère d' objectivité nous emprisonnant à vie dans la banlieue de nous-même. Ce qui ne manque pas de précipiter dans le même instant, le vin dans la banlieue de nos images et préjugés ! On peut suggérer évidemment que la longue aération de ce vin carafé est une donnée objective favorisant largement son ouverture et l' évolution de ma perception. Je me permettrais d' y voir également un jeu inter actif à caractère ludique, sur le mode du plus je me vide de ce que je sais et de ce que je projette, plus je me remplis de ce que le vin a me raconter. Pour réaliser au final que l' expression si souvent cache misère de "vin vivant" pourrait bien s' appliquer à ce vin ! [size=x-small]terrain miné, terrain miné, terrain miné, terrain miné[/size].....joker !! :D

[size=medium]Cahors. Le Clos d' un Jour 2000. Véronique et Stephane Azemar. 13°[/size]

Dernière bouteille d' un vin qui m' avait "initié" il y' a quelques années au domaine Le Clos d' un Jour.
Nez soyeux où de beaux arômes de fruits noirs, finement réglissés, avec un coté un peu terreux, comme imprégnés de notes de tabac et d' épices, offrent une impression gourmande, profonde, très pure, à mille lieux des Cahors rustiques qui semblent appartenir aujourd' hui à une autre époque. En bouche, la texture fine et charnue offre un jus plein, riche en saveurs franches dont les tannins policés semblent revêtus d' amers au goût de prunelle évoluant sur une finale révélant le parfum de la violette dont l' écho mélé au fruit reste longtemps en bouche. C' est vraiment savoureux et cette entrée de gamme est d' autant plus remarquable que c' est le tout premier millésime des Azémar qui venaient de se lancer dans leur nouvelle vie de vigneron !

Mercredi.

[size=medium]Mâcon-Pierreclos "En Crazy" 2006. Guffens-Heynen.13°[/size]

Le nez étonne par l' éclat de son empreinte minérale finement boisée, comme cousue par un fil acide citronné dessinant sur le caillou, des motifs de fleurs blanches un peu miellées. Une empreinte au grain dense et fin, si pénétré de fraicheur et de vivacité, qu' elle en parait limpide comme une eau cristalline..A chaque nouvel inspir, on sent l' empreinte minérale s' ouvrir au plus profond de son grain et les mots et les images s' échouer devant l' impossibilité d' en rendre compte. La bouche procure la même impression de fraicheur transparente, vive et tendue tout d' abord, avant que sa texture fruitée, pleine, dense et vibrante, ne révèle sur la finale qui s' allonge, l' amer goûteux du citron fait caillou.
Rien de plus commun que l' arôme et la saveur du citron, chair de l' acidité de bien des vins blancs, qui prend ici figure singulière. Ce qui est plaisant sur ce vin introduisant aux grandes cuvées de Jean-Marie Guffens, c' est ce goût singulier de l' alliance du citron et du caillou auquel le boisé donne un corps, une couleur, une touche identitaire particulière, sans aucune lourdeur, tout au service de cet équilibre limpide dessinant son jeu d' architecture en bouche.

[size=medium]Saint Emlion Grand Cru Classé La Dominique 1990. 13,5°[/size]

Le nez est caressant comme un velours de soie portant l' empreinte parfumée de la chair où il s' est posé. Luxe, calme et volupté. Comme un parfum de femme mûre dont les traits, le maintien, la sensualité expriment encore une jeunesse insolente. Comme si le grain fin, presque subtil des notes tertiaires enveloppant le fruit, ne marquaient pas le signe de son déclin, mais l' habillait plutôt d' une touche d' élégance complexe, stimulant les sens. Ce qui ne cesse d' étonner dans ce merveilleux bouquet d' effluves, c' est la structure qui l' asseoit, où les arômes de confiture de cassis, de cerise évoluant légèrement sur le pruneau, prennent chair sous leurs habits tissés de cuir, de fumée, de cigare, de bois précieux, presque de musc, le tout comme caressé par l' haleine de santal de la belle au foulard de soie qui les a portés.::o En bouche, dés le premier toucher, on sent combien la structure donne du corps, de la tenue, de la jeunesse, de la fraicheur aux arômes évolués faits saveurs, les mets superbement en valeur, sur un équilibre parfait, une belle longueur avec une persistance au goût de fumée vraiment attachante. Bien sûr, l' ego si prompt à précipiter son plaisir au cimetière des hiérarchies, pourrait être tenté de se référer à des vins plus complexes, plus longs, plus, plus....8-)
Je n' ai pas racheté de bouteilles de La Dominique depuis, mais les 90 et les 89 sont pour moi, vraiment de trés belles bouteilles, loin de leur déclin.
Hannibal, je n' ai pas l' impression d' être nécrophile en dégustant ce vin d'age mûr qui me semble avoir toutes les qualités pour accéder au panthéon des vins du démon de midi !

[size=medium]Vino Dulce Moscatel. Casta Diva. Cosecha Miel 2008 Alicante. Bodegas Gutierrez de la Vega. 14,5°[/size]

Au nez, un grain aromatique singulier, puissant, précis, à haute personnalité, où un étonnant fil acide citronné donne comme un éclat de fraicheur au raisin de muscat mélé contre toute attente à des arômes exotiques qui, du litchi à la banane, de la gousse de vanille au thé à la bergamotte, donneraient presque à ce muscat hors-norme, une allure de "rhum arrangé" ! En bouche, la texture est grasse, insolamment fruitée, concentrée, pénétrée de saveurs, gorgée de fraicheur. Le fruit fondu au sucre et à l' alcool parfaitement intégré, s' allonge comme du miel sur une finale persistante évoquant la banane flambée au rhum, roucoulant de plaisir sous le coup de fouet du citron ! Etonnant !

Samedi.

[size=medium]Vino de la Tierra de Castilla. La Mancha. Vino de Pago. Pago Florentino 2007. Bodegas y vinedos La Solana. 14,5°[/size]

nez puissant, profond sur des arômes de mûres bien juteuses, de pruneaux, avec un coté boisé fumé tirant vers l' âtre de cheminée et des notes vanillées donnant de la rondeur à l' ensemble. Bouche charnue, texture pleine gorgée de fruit, un poil chaude à mon goût, mais avec un bel équilibre, une longueur sympathique laissant un bel écho de saveurs fruitées en bouche. A l' ouverture, le boisé noix de coco un tantinet international, mais valorisant plutôt bien le fruit, me semblait un peu trop présent. Le lendemain, le vin a trouvé ses marques : de l' énergie, de la fraicheur, de la puissance alcoolique au service du fruit. Vraiment sympathique !

j'avais écrit ce cr il y' a un an, que je reproduis comme tel en regoûtant ce vin, en précisant à quel point le fil acide de la prune donne du peps et de la fraicheur à l' impression d' opulence du nez comme envahi d' un panier de mûres écrasées de soleil ! Le boisé me semble aujourd' hui moins caricatural que je l' évoquais et met plutôt bien en valeur le coté épicé savoureux du cépage Cencibel, qui rappelle l' expression sauvage, un peu herbes du maquis de certains St Chinian. J' ai découvert depuis que ce domaine avait été créé par Florentino Arzuaga dont les Ribera del Duero du domaine éponyme sont hautement recommandables.

Daniel
29 Fév 2012 19:37 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck