Bonjour,
Ce soir, 14 juin 2012, le Cercle LPV VDM s'est réuni sous le double signe du piquant et de l'étreinte, que nous désignerons désormais dans nos archives par la mention 8998 modifiée 8898.
Les flacons seront encore nombreux ce soir au Charentonneau de Maison-Alfort, et l'atmosphère légère de l'été qui s'annonce échauffe subtilement les esprits. La table est solide, le menu, plaisant et bien mené, et la compagnie, de qualité. Les voisins ont été prévenus.
Les membres du Cercle, pour ces nouvelles agapes aveugles, sont tuyautés pour l'occasion par notre très fameux frère Huggy, ordonnateur-exécuteur des grandes et belles oeuvres de notre soirée.
Quelques bulles pour commencer à frétiller:
01/ Robe claire, les bulles sont fines, s'amenuisent et disparaissent rapidement. Un joli bouquet de fleurs s'offre au nez, c'est vif et vineux, une présence d'agrumes. Une amertume appuyée marque un peu trop la finale.
C'est frais, léger, sautillant, pas un grand vin, mais une bulle fraîche et accueillante.
Domaine Cyrille Sevin, Crémant de Loire non dosé, (vendange 2009).
02/ Un bel or dans le verre, Les bulles, vives au service, se font ensuite plus discrètes, un nez exubérant et généreux sur le coing et la noix, le miel, une pointe de camphre. La bouche est à l'avenant, évolutive et riche, un peu saline, avec une oxydation légère, de la craie se mêlant à la noix dans une belle et longue finale.
Très beau vin de gastronomie, une excellente expérience de Champagne un peu ancien pour moi qui n'en n'ai guère.
R & L Legras, Champagne, cuvée Saint Vincent 1990.
Le pauvre blanc désespérément esseulé du soir:
03/ Un jaune d'or léger aux discrets reflets verts. D'entrée, ça pétrole, des notes de fumée se lient au miel, au coing, à la cire, à quelques fleurs et aux fruits séchés. J'évoque le plastique fondu, un arôme qui fait rêver dans un verre de vin... La bouche est franche, caillouteuse et saline, voire même salée, curieux ensemble, inhabituel. Les arômes du nez reviennent généreusement en rétro,de la pâte de coings et des fleurs blanches s'affirment en finale, c'est long.
Un très bon vin pour moi, particulier certes, sans doute à ne pas mettre entre toutes les papilles.
Domaine aux Moines, Savennières 1992.
La longue ribambelle des rouges:
04/ Un joli rouge vif, à peine touché par l'évolution. Un bel ensemble floral et végétal, pivoines et géranium, poivron rouge, accompagne des notes de pain grillé et de fumée, de sous bois et de fruits bien murs, de cassis et de prunes spécialement. C'est plutôt soyeux en bouche, velouté avec une délicate touche végétale qui apporte de la tension. Les tanins sont arrondis, c'est gourmand et fin, assez long, et donne envie de se resservir
Un vin d'une douceur enveloppante, sensuel, d'une élégance certaine. Cela me semble un bon moment pour le boire même s'il peut certainement encore attendre.
Château de Fieuzal, Pessac-Léognan 1998.
05/ Moins de traces d'évolution dans le verre, le rouge est plus dense. Nez de tabac, de fumée, de pruneau et de poivron rouge. Les tanins sont bien là, nets, encadrant un ensemble plus massif et rigide que le Fieuzal, moins élégant, plus abrupt. Finale un peu végétale relevée d'une pointe de fumée et de poivre.
Un vin que je qualifierai de classique, bien mais pas transcendant. J'ai préféré le 1996 goûté récemment.
Château Sociando-Mallet, Haut Médoc 1998.
06/ Un rouge un peu troublé, nettement teinté de brun et d'orange. On démarre sur la terre, le sous bois, les fruits très murs, des fleurs fanées, le pruneau confit à l'eau de vie. Clairement nous avons changé de région, j'ose évoquer Chateauneuf. Une douce rondeur, un peu sucré, mais acidulé également, les tanins totalement fondus, une impression un peu délavée contraste avec une chaleur alcooleuse un peu dissociée qui gène la finale.
Pas convaincu par ce vin, passé ou mal conservé je pense, à moins que je n'y sois juste pas sensible.
Clos du Mont-Olivet, Châteauneuf du Pape 1998.
07/ On change à nouveau clairement de région juste en regardant son verre: Le vin est plus clair, plus limpide, brillant. Des fruits rouges et noirs, du cassis et de la cerise, du poivre, se mêlent à une trame un peu végétale, le lierre ou la ronce, l'humus également. C'est frais, d'une fraîcheur bienvenue après le Chateauneuf qui l'a précédé, l'équilibre entre une certaine puissance et la tension me plaît bien même si je trouve la présence végétale un peu marquée. La finale est nette, sur les fruits.
Un beau bourgogne classique, une bouteille encore pleine de jeunesse à 17 ans.
Jean-Pierre Mugneret, Vosne-Romanée 1995.
08/ La couleur est proche, sans doute un peu plus dense. Le nez est nettement sur les fruits, la cerise s'impose parmi d'autres fruits comme la framboise et le cassis, accompagnant des notes de craie, de pierre à fusil et de cuir. Une bouche généreuse, tendre et gourmande, de la cerise fraîche et croquante, du fruit, du fruit, du fruit... C'est enveloppant et rafraichissant, d'un équilibre et d'une jeunesse éclatants. Une très longue finale dans laquelle se mêlent noyaux, cuirs et, bien sur, des fruits...
Un excellent vin, une découverte pour beaucoup d'entre nous.
Weingut Sonnenhof, Julius, Trocken 1990.
cépages Pinot noir, lemberger et pinot meunier. Vivien pourra certainement nous en dire plus sur ce vin.
09/ La robe est dense, d'un rouge profond. Nez de fruits murs, un peu confiturés, de cuir, d'épices, de garrigue et d'olives; ça sent le soleil, le sud est évoqué. Les tanins sont présents et très serrés, c'est puissant avec de la mâche, vif et tendu, corpulent, avec un bouquet d'épices en finale.
Un beau vin, clairement sudiste, qui demandera à table un plat conséquent en face de lui.
Ambrozio Lorenzetti, Brunello di Montalcino 1993.
10/ Robe plus évoluée, plutôt claire face au précédent. Le nez est élégant, assez fin et tendre, floral, tout en retenue, avec des touches de cuir, de sous bois, de tabac et de fumée. En bouche, ce n'est pas très puissant, mais il y a une grande élégance, un bel équilibre assez délicat, plein de fraîcheur et d'équilibre qui me plait beaucoup. Des notes tendres de fraises et de fleurs reviennent sur le tard. Il m'a rappelé un Cantenac-Brown 1993 bu récemment.
Un beau vin, assez léger, fin et élégant, parfait à boire maintenant.
Léoville Las Cases, Saint Julien, 1993.
11/ La teinte est plus sombre, un peu évoluée. Le nez s'ouvre sur le cuir et le poivron, un peu végétal, le fruit perce difficilement en arrière plan. Le vin présente une certaine fraîcheur et une densité importante, mais reste très végétal et un peu rêche, m'offrant peu de plaisir à ce moment de la soirée. N'a-t-il pas suffisamment été aéré?
J'ai décidément toujours un problème avec les vins de ce domaine, ils ne sont peut-être pas pour moi. A revoir.
Domaine Couly-Dutheil, Chinon "Clos de l'Olive" 1989.
12/ robe sombre, un peu évoluée mais vraiment dense. Nez très serré, fumé, un fond réglissé et végétal d'où émergent du cuir et des fruits noirs, de la prune et de la cerise. La bouche est ferme; encore assez tannique, structurée, un cadre sérieux maintient l'ensemble. C'est puissant, riche, plutôt long mais un peu astringent et asséchant en finale.
Ne connaissant quasi pas ces vins, je suis content de découvrir ce vin sans être spécialement conquis.
Château Montus, Madiran 1990.
13/ Passé une première impression animale, des notes de torréfaction, de tabac, de cacao et de café se mêlent au sous bois et aux fruits rouges et noirs. Ce nez est complexe, riche de plein d'abords. Les tanins toujours présents sont fins et élégants, une agréable fraîcheur équilibre une puissance contenue, les fruits très murs et une pointe végétale déroulent une longue finale toute en délicatesse.
Un très beau vin, un bel équilibre.
Château l'Église-Clinet, Pomerol 1988.
14/ Cuir et sous bois, champignons, truffe, quelques notes fumées, des touches de fruits, cassis, fraises, et de fleurs, géranium, pivoine. Le nez est parallèlement jeune et évolué, très beau, changeant. Le vin est plutôt gourmand, généreux, assoupli sans doute par le temps, les tanins sont d'une rondeur délicieuse, veloutée. La matière est riche et généreuse, une interminable finale offre une rétro de fleurs séchées mêlées de tabac et de fruits, toute douce.
Un excellent vin, sans doute un des plus beaux Bordeaux qu'il m'ait été donné de boire, mais je ne suis pas très connaisseur de la région.
Château Marquis de Terme, Margaux 1990
Quelques sussucres maintenant !
15/ Belle couleur jaune d'or, brillante. Nez assez net et vif, sur le coing et la poire williams, la cire, les fruits secs, le miel. Je prends un grand plaisir à rester au dessus du verre. C'est gourmand autant en bouche qu'au nez, un bel acidulé croquant, frais et riche, équilibré, fin, et quelle belle longueur avec une explosion d'abricot sec.
Très bien, tout le bonheur d'un vieux chenin moelleux.
Domaine de la Fontainerie, Vouvray 1990.
16/ Encore un beau doré, plus sombre et plus orangé que le précédent. Nez d'oranges confites, de caramel, de pain d'épice. C'est riche, les sucres sont très présents mais une agréable acidité allège et maintient l'ensemble. Finale longue et puissante, sur l'orange et le cédrat.
Je n'en boirai pas tous les jours, mais c'est un très beau vin.
Château Guiraud, Sauternes 1990.
Après un tel enchainement de flacons, le détournement de crachoirs s'étant organisé ce soir autour de la table, certains détails de la fin de soirée resteront sans doute éternellement discrets dans ma mémoire, comme une finale légèrement dissociée et chaleureuse. J'espère que nul ne me tiendra rigueur de quelques chardons glissés ici ou là, nous dirons poliment que c'était à fin de stimulation pour la Cause du Cercle.
LPV VDM va maintenant prendre ses quartiers d'été, les dégustations se feront sans doute plus discrètes dans les semaines qui viennent, même si quelques épisodes estivaux se profilent déjà. Un beau programme s'annonce tant les envies sont nombreuses, et notre porte reste toujours ouverte aux clients de passages.
Salutations amicales à mes compagnons, et mes remerciements à Messieurs Blossfeldt et Bertillon.