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De-ci de-là, par monts et par vins.[/size] 15 Juin 2012.
Quelques amis voisins, amateurs de vins sans être frappés d' addiction lpvienne,
quelques bouteilles déjà ou pas encore goûtées, un parcours éclectique mais non décousu, de-ci de-là, par monts et par vins....[size=x-small]avec un titre en forme de clin d' œil au blanc de Philippe[/size].
les blancs :
1.Côtes du Roussillon Caramany. De ci de là 2010. Domaine Modat.
quartiers d' orange et de pamplemousse en gelée de citron.
Le nez charpenté, à l' empreinte citronnée acidulée, révèle des arômes d' anis, de badiane, de fenouil sauvage, mêlés à ceux de fleurs de genêt subtilement miellées, tous comme imbibés du caillou pénétré de soleil, sur lequel ils poussent. L' ensemble dégage une impression de fraicheur un peu sauvage du plus bel effet, qui s' accorderait à merveille avec une dorade grillée à la plancha, vêtue d'un simple trait d' huile d' olive citronnée. La bouche séduit par sa texture ample, sa chair pénétrée des arômes faits saveurs dont le coté acidulé un peu tranchant, conforté par le gras de beaux amers persistants, procure une impression d' équilibre, de fraicheur, qui en font un bien beau blanc sudiste.
2.Coteaux du Languedoc. cuvée Althéa 2007. Mas de Cynanque.
fenouil mariné, tapenade verte et noire, gressins, champignons, tomates confites.
Le nez complexe, prégnant, parfumé, harmonieux, combine des arômes de fleurs jaune, de camomille, de fenouil, de fruits variés passant de la poire à l' ananas au citron, mêlés à des senteurs épicées évoquant l' encens, le curry. Un nez kaléidoscopique, à vocation gastronomique, tant ses multiples facettes semblent ne cesser de s' ordonner en combinaisons complexes appelant à des recherches d' accords singuliers. Mais là, sur le simple fenouil mariné, c' était déjà top !
La bouche grasse dont le corps et la puissance sont tendus par un beau fil acide donnant de l' élan, fait rouler son train de saveurs généreuses sur une voie qui semble s' allonger sans fin, avec une belle persistance fruitée, déposant sur le palais, comme un écho de lavande et de thym. Bouche généreuse, à vocation résolument gastronomique, qui en dégustation pure, me parait un poil chaude sur la persistance, par son alcool un peu trop présent à mon goût, mais toutefois sans jamais tomber dans la lourdeur.
3. Condrieu De Poncins 2009. François Villard.
grosse gambas piquée de vanille bourbon, sauté de poire au gingembre.
Je regoûte ce vin qui m' avait enthousiasmé lors de notre première
dégust' CdR
fin Décembre. Enthousiasme renouvellé avec un cr que je poste à nouveau tant il est conforme à ce que je ressens aujourd' hui.
Si l'on pouvait être peintre d' arômes, le nez de ce Condrieu en serait à la fois la palette et le pinceau traçant à coup de traits d' abricot bien mûr, de poire juteuse, de notes florales de violette envoûtante et de fines coulures de miel, un paysage aromatique intensément parfumé. Si caressant, si profond, si suave qu' il 'évoque un tableau d' odeurs faites émotion.Je comprend qu' un tel vin puisse autant captiver que provoquer le rejet. C' est là où l' accord avec l' une des recettes proposées par le
domaine Vernay
(avec le Coteau de Vernon) est vraiment inspiré, tant le panier d' odeurs mêlées de gambas sautées, de vanille bourbon, de poire, gingembre et cardamone se mêlent voluptueusement à ce nez très expressionniste. Quand la caresse parfumée coule en bouche, l' accord touche au génie, tant la texture du vin semble exploser de saveurs dont on ne sait plus trop s' il s' agit de fruit ou de fleur, mais dont l' écho à la trame amère s' allonge au fond de la gorge comme un tapis d' Orient. J' adore ce vin expressionniste qui deviendrait rapidement tape à l' œil sans sa fraicheur et le parfait équilibre de son corps d' arômes et de saveurs à vocation gastronomique. Sur le sauté de poire au gingembre, l' accord est vraiment magique !
les rouges :
4. Vin de table français. grenache noir. Domaine Mazière.
terrine de foie gras de canard maison. figues sèches, pruneaux secs, noisettes grillées, cerises noires.
Nez singulier, haut en couleurs : épicé, chaleureux pour certains, surmûri, proche de l' oxydation pour les autres qui ne purent s' empêcher de l' affubler de noms d' oiseaux nichant dans une écurie exotique ! Paradoxal pour moi, tant son coté brouillon, pas très net, il faut le reconnaitre, lié peut être à un problème de réduction que l' aération finit par dissiper en partie, n' est pas dénué de pureté, avec un équilibre tendu par l' acidité conférant une certaine fraicheur à ses arômes de cerise, de réglisse, de tabac, de fruits secs (figues), de fleurs séchées, tous fondus dans une empreinte un peu uniforme, mais non dénuée de ce charme particulier que prennent les vieux Rioja. La bouche est gourmande, large, structurée par des tannins fins, équilibrée par une trame acide et de beaux amers déroulant leur tapis de fruits et de fleurs séchées entre langue et palais. La bouche me semble plus trouver ses marques, en raison de sa structure, son équilibre, sa franchise de saveurs réjouissantes. Assez proche, me semble t' il, en beaucoup moins animal, des Crozes Hermitage de Dard et Ribo, transportés au pays du grenache.
5. Côte-Rôtie. Cuvée du Plessis 2005. Gilles Barge.
idem
Déjà un grand merci à Julien Barge qui a immédiatement répondu par MP à mes questions sur le 2004, sauf que la bouteille que j' avais en cave est un 2005 !
Quel beau nez ! Précis, fin, profond, harmonieux...une empreinte réglissée un peu animale où la mûre évoluant vers la framboise, le cassis, l' iris, se mêlent en une fragrance soyeuse, assez captivante, dévoilant progressivement des fines senteurs de tabac blond, de chocolat, de cuir de maroquinerie, le tout enveloppé d' un boisé discret mettant en valeur le fruit et donnant du cachet à l' ensemble. C' est la première fois que je ressens par touches gourmandes, cet arôme de melon, mêlé au nez floral, qui, selon Casamayor, semble caractériser "l' association entre viogner et syrah en Côte-Rôtie", ce qui donne effectivement un coté caressant, presque féminin à la syrah plutôt virile.
La bouche a un toucher soyeux, très fin, toujours aussi harmonieux, donnant une grande impression de fraicheur et d' ouverture au jeu de saveurs mi fruit, mi fleur, mi animal, au goût distingué un peu canaille. C' est vraiment bon et prêt à boire, mais mérite d' être attendu encore un peu pour se révéler totalement, me semble t' il.
6. Saint Chinian. Causse du Bousquet 2007. Mas Champart.
agneau à la gargoulette.
C' est fou comme les belles cuvées du Mas Champart sont peu loquaces dans leur jeunesse ! Se-rrées !! Mais Dieu que cela commence à être beau, après
un siècle 3 heures de carafage.
J' adore son grain aromatique singulier, aussi fin et profond que dense et tendu; une quintessence d' arômes au fruit un peu fumé (mûre, cassis), mêlé à des essences de garrigue, le tout diablement gourmand et complexe.
Finesse, gourmandise et complexité se retrouvent en bouche, sur une texture superbement structurée par des tannins longs et fins, avec un fruit généreux, profond, savoureux, évoquant un coulis délicieux que l' on ne peut s' empêcher de mâcher toujours et plus, pour en extraire la quintessence du fruit bordé de fins amers au goût de café grillé.
7. Coteaux du Languedoc. Carlan 2007. Mas Jullien.
idem
"Quelle fraicheur" ! ai-je pensé en goûtant le vin après l' avoir longuement carafé. Mais là, trois jours plus tard.....:)o(:DX(
Je me retrouve totalement dans les propos du guide RVF 2010 qui m' avaient convaincu d' acheter cette cuvée Carlan jamais goûtée auparavant :
" une nouvelle référence s' impose, plus précoce, mais non moins racée que le Coteau " ( la raison, entre autres, de mon achat pour attendre le grand vin si long à s' épanouir, justement). On pourrait me reprocher parfois de faire de la surenchère à l' épithète, mais je l' avoue, Carlan 2007 est un vin qui m' a profondément touché !
Nez d' une finesse et d' une profondeur exemplaires où l' équilibre aromatique est tel qu' il dégage une harmonie, une fraicheur, une beauté souveraine. La bouche prolonge ce coté ciselé, au cordeau, profondément juste, avec un beau toucher suave, une texture profonde, merveilleusement équilibrée, totalement digeste. Il en résulte un plaisir fou et simple à la fois, tant ce véritable instant de bonheur contenu dans le verre, repose sur une forme d' évidence directe, sans façons ni manières. A ce propos, je me permet de citer à nouveau le même guide RVF qui venait d' attribuer 3 étoiles à Olivier Jullien :
"la sincérité de ce visionnaire qui fuit la compétition, se projette sur des vins profonds, digestes et généreux, sudistes par l' intensité et la variété de leurs saveurs, non par la simple maturité du raisin et de son illusoire richesse en alcool". .Une sincérité qui se projette également dans l' émotion que ces vins révèlent, vins qu' il faut savoir attendre ou carafer longuement pour cette cuvée, pour que leur optimum s' épanouisse. [size=x-small]clin d' oeil sympathique à Olivier avec qui j' ai eu un long
échange
par[/size] [size=x-small]MP à ce sujet[/size]. Servir le Carlan après le Causse du Bousquet ( deux cuvées que je découvrais pour la première fois) n' était pas totalement le fruit du hasard, tant les vins que je connaissais des deux domaines, me semblent avoir en commun leur coté merveilleusement digeste et émouvant.
8. Haut Médoc. La Lagune 1990.
vieux fromages de Hollande. ( edam, gouda, 48 mois d' affinage).
C' était ma dernière d' une série de 4 ([size=x-small]achetée 71 Frs, 10,82€ en 93[/size]
...) pas regoûtée depuis fort longtemps.Le bouchon imbibé à 95% de sa surface, avait de quoi m' inquiéter, mais dés le premier nez, et surtout dés la première gorgée, j' ai eu l' impression que le vin ne s' était jamais aussi bien goûté !
Nez merveilleux, d' une folle distinction, avec cette grâce folle que prennent les arômes tertiaires quand ils s' adossent à une structure mûre, mais encore en pleine possession de ses moyens, à un corps aromatique loin du déclin, dont la fine charpente semble lancer un défi au temps. Bouquet velouté (cassis, chocolat ,cuir, fumée, santal, pain grillé, touches de céleri) dont le coté fondu semble "habité" par une énergie, une vibration qui apparaissent comme la clé de voûte de l' équilibre tout en maturité et en fraicheur, avec le fruit bien présent, comme une poutre maitresse rehaussée d' ornements. Mais il y' a un moment où l' on a plus envie de dire, de décrire, tant l' émotion qui se dégage du verre est une parole qui a pris chair ! La bouche prolonge cette impression de douceur, d' amplitude, avec une chair veloutée, finement charnue, magistralement équilibrée et savoureuse, dont la longue finale persistante, laisse en bouche comme un goût de poème vivant.
Pour ceux qui auraient la chance d' avoir encore quelques 90 en cave, le vin est totalement épanoui, mais sa structure me laisse supposer qu' il n' y a pas péril en la demeure nécessitant urgence à le boire.
Allez, rendez-vous pour la dernière 89 qui me reste !!
9. Champagne rosé 1er cru. Agrapart.
soupe de fraises à la fleur d' oranger.
Dans ma moisson de bouteilles achetées au stand Agrapart, au SVI l' automne dernier, j' avais également acheté le rosé pour goûter. Sympathique, avec une bulle fine et appétante en dégustation pure, mais moins convaincant sur l' accord recommandé par O Poussier qui conseillait un rosé de saignée dry de Duval-Leroy.
Comme je n' ai ni notes, ni bulles restantes, je peux difficilement en dire plus, si ce n'est que çà ne collait pas vraiment !
A bientôt, avec Catherine et les garçons,
au fin fond du Roussillon, tous sillons ouverts.X(
Daniel