Nous recevions des amis ce dimanche midi; l'occasion d'ouvrir quelques belles bouteilles.
Sauf une, moins belle par contre, ouverte dès 7h30 le matin pour respirer (comme gentiment conseillé par Matthieu-Hyllos) et qui dès l'ouverture m' interpelle par les effluves de levure, une robe légèrement trouble et pas mal de gaz... Aérée et secouée quelques fois pour lui laisser sa chance jusqu'au repas, elle finira à l'évier.
François Cotat, Sancerre Monts Damnés 2010
Les vins sont toujours servis en carafe, au dernier moment pour ceux qui n'en nécessitaient pas plus, et donc à l'aveugle; sauf pour moi bien entendu.
Je n'ai pris de notes que pendant l'apéro et les deux vins de Champagne; je me contenterai donc de la description complète de ceux-ci:
-- Le premier a la robe d'un beau jaune or assez prononcé.
Très belle bulle tout en délicatesse.
Nez au boisé très discret, quelques fruits rouges, cerise.
C'est vineux, la bouche est ample, très fraîche, avec quelques petites notes de cerise, un côté crayeux/minéral et une finale sur de beaux amers, finale quelque peu perturbée par la suite par le lomo iberico, faisant ressortir un petit goût métallique.
Un beau Champagne au caractère affirmé, non dosé mais laissant paraître une belle maturité, presqu' une sucrosité.
Olivier Horiot, Sève, Blanc de Noirs "En Barmont" 2009
Pinot Noir vinifié en fûts, terroir d'argiles sur calcaires durs du Kimméridgien.
Bouteille 1994/2078; MEB 24/07/2010 Dégorgé: 08/09/2014 Dosage 0gr/l
-- Le second a aussi une robe jaune doré, mais tirant un peu sur le cuivré, un peu plus intense et brillante.
Le nez montre une évolution plus marquée, des fruits secs, fruits blancs, de la brioche, des épices.
Au fur et à mesure de la dégustation, le vin se révèle très complexe, avec en plus du curry, du safran, du gingembre, ...
C'est gourmand, rond, d'une rare élégance; c'est vif, des fruits rouges passent en milieu de bouche pour terminer sur une finale tout en longueur sur des amers superbes.
Très beau Champagne complexe et élégant, qui me semble, pour ce que j'y connais à son apogée.
Tarlant, Cuvée Louis
Hommage à Louis Tarlant vigneron créateur.
Terroir: craie, lieu unique "Les Crayons", influence rivière; 50% Chardonnay/50% Pinot Noir.
Vendanges 1999 + 98-97-96. MEB: mai 2000 Dégorgé: mai 2015 Dosage: 0gr/l
Deux très beaux vins, avec toutefois un mention particulière pour le Tarlant, tous les deux à zéro dosage, mais sans doute pas "par mode" tant l'équilibre est parfait dans les deux.
L'accompagnement, très bien avec les champagne ou les Chablis: petits sablés parmesan-noisettes grillées, st-moret avec ciboulette,carpacccio de st-jacques (huile olive, jus citron, sel), poivre de timut et piment d'espelette.
Quelques brefs mots des autres vins :
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Trois blancs de 2008:
Louis Sipp, Kirchberg de Ribeauvillé 2008
comme à l'habitude, très typé riesling (notes terpéniques, agrumes) , riche, tendu mais équilibré.
Il a dû faire la grosse part du boulot face au saumon fumé maison sur galette de pomme de terre, crème aux herbes fraîches, vu la défection du Cotat.
Les deux autres accompagnaient le duo de saint-jacques et crevette tigrée sauce safran sur lit de petits légumes:
Domaine de La Taille Aux Loups, Montlouis sec "Rémus Plus" 2008
Magnifique pour le moment, carrure de rugbyman, ample, très bel équilibre et toujours une valeur sûre sur ce genre de plat.
JP Droin, Chablis 1er cru Mont de Milieu 2008
Face au Blot, il était plus en finesse, pur, net, presqu'en dentelle mais vraiment au top.
En tout cas un très beau duo de vins face à face et, à l'époque pas pour (beaucoup) plus de 20 euros, que de plaisir!
- Trois rouges de 1998
En accompagnement d'un gigue de chevreuil (ardennais...) basse température, trois vins du même millésime, seule indication aux convives:
Château Pontet-Canet, Pauillac 1998
Assez strict, sur le tabac, le sous-bois, mi-corps.
Tanins pas dérangeants; vin correct; ce n'est pas l'extase mais c'était pas attendu non plus.
Dominus, Napa Valley, 1998
Son "cousin" est plus mûr, très marqué poivron et fruits noirs.
C'est ample, riche, au boisé encore perceptible; cela envoie de tous les côtés et certains le préfèrent au Pontet-Canet quand d'autres voient dans le classicisme et la rigueur du Pauillac des qualités évidentes.
Bernard Dugat-Py, Mazis-Chambertin Grand Cru 1998
Comme j'ai avancé les Zalto Bourgogne et essayé de leur trouver une place sur la table, les experts "y accoudés" ont vite fait d'identifier le troisième vin comme bourguignon. Comme ils savent encore à ce moment de la journée chez qui ils sont, ils identifient même vite le géniteur du beau vin qu'ils ont dans le (fin) fond du verre.
Si j'avais un peu peur des tanins et de la rigueur du vin à 10h du matin, quand j'ai manié le tire-bouchons, il se comporte très bien en fin de journée à table: un belle matière, un superbe équilibre, des tanins bien présents mais pas asséchants.
Un vin "terrien", des fruits noirs marqués encore un peu par ce boisé qui peut parfois en déranger certains.
Il a plutôt fait l'unanimité autour de la table, même si ce n'est pas le millésime le plus charmeur.
Comme je voulais faire goûter le vin suivant, j'avais cherché ce que je pouvais faire comme "entremet" pour l'accompagner.
J'avais décidé que ce serait intitulé "entre la poire et le fromage" comme on disait au 17ème...
Des tartelettes feuilletées aux poires "conférence" avec pour le dernier 1/4 d'heure de cuisson de la Fourme d'Ambert...
Une tuerie!
Domaine Huet, Vouvray moëlleux 1ère trie 2002
Malgré un bouchon collant aux parois du goulot, j'ai réussi à n'avoir pas trop à manger dans ce vin à la robe très foncée.
Pas trop sucré, vivacité du chenin, sur le miel et la poire, le vin est un parfait accompagnateur de ce beau met.
Comme j'ai eu peur de mettre les amis sur la route le ventre vide, je leur ai préparé une petite mousse au chocolat maison; ils auront la semaine au boulot pour se remettre...
Cockburn's Tawny Port aged 20 years
Un porto agréable, plutôt en finesse, délicat et servi à température de cave.
Des fruits secs, des zestes d'orange confit, du miel , le tout en élégance.
Encore merci les amis pour le soutien dans les bons comme les mauvais moments.
Et merci particulier aux deux courageuses pilotes qui la jouent stoïques du début à la fin; rester six ou sept heures à table (ou dans le divan...
) avec de tels babeleurs oenophiliques irrécupérables... Chapeau bas, mesdames!!!
jlj