5ème séance « avancés » - Sud-Ouest 2/3/2024
Avant dernière séance de la saison.
Après les traditionnelles révisions sur les points précédents, notamment sur les vins jaunes et de paille, présentation de la région et de ses nombreux cépages autochtones – plus de 130 répertoriés !
Cette richesse se manifeste aussi dans la nature des vins de cette vaste région, qui va de la Dordogne au piémont des Pyrénées, avec l’influence atlantique, méditerranéenne et du Massif Central : on y trouve de jolies bulles, des blancs secs superbes, des rouges légers aux plus ambitieux et des moelleux et liquoreux extraordinaires. Et du vin de voile (Gaillac), du vin de paille (Paillé de Corrèze), etc. j’ai beau en avoir en cave, j’ai fait l’impasse, car si je souhaite offrir un aperçu le plus complet possible, je dois me concentrer sur les grands classiques : y’a déjà largement de quoi faire de belles découvertes !
Finalement, je pourrais comprendre que certains soient mono-maniaques de cette région. Pas mon cas, mais j’aime non seulement les merveilleux liquoreux, mais aussi de nouveau les rouges bien nés. Avec les vins du Rhône, ils se vendent à des prix très accessibles au regard de la qualité constatée. Ce serait bête de ne pas en profiter quand on aime le vin et le partager.
Après le classique mais attendu exercice ludique de reconnaissance de fragrances avec les fioles « le Nez du vin » dont j’ai circonscrit cette fois le nombre à celui des participants, on commence par une série de vins blancs secs (j’ai fait l’impasse sur une bulle gaillacoise que j’ai jugée dispensable).
Les gressins servent de « fait-la-bouche », on peut commencer.
On est partis pour une première série de 2 paires de blancs secs, puis de 5 paires de rouges +1, et enfin 2 paires de vins moelleux/liquoreux.
Mes notes sont succinctes, compte-rendu en grande partie de mémoire, la séance ayant eu lieu la semaine dernière. Les vins ont été dégustés avec divers pains de la boulangerie Bourg, accompagnés par un assortiment de charcuterie (dont deux terrines dans le thème) de la boucherie M&Mme Odillard et par une sélection de fromages du Sud-Ouest (Ossau Iraty, Rocamadour, tome aux herbes et piment d’Espelette, Roquefort...) provenant des fromagers David & Julie.
Blancs secs
Aux extrémités du Sud-Ouest
1/
Bergerac blanc « Cuvée des Conti » 2022 du domaine Albert de Conti
45 % sémillon - 45 % sauvignon – 10 % muscadelle
Robe jaune claire, reflets verts.
Joli nez juvénile, sur les fleurs et les fruits exotiques.
La bouche offre un léger perlant, beaucoup de fraîcheur, un retour sur le miel et le citron agréable.
2/
Irouléguy « Hegoxuri » 2018 du domaine Arretxea
Gros manseng (55%), Petit Manseng (25%), Petit Courbu (20%)
R : or jaune.Nez plus puissant, mais aussi sur les fruits exotiques.
Fait jeune encore, équilibré, agréable à déguster.
deux Jurançons secs
3/
Jurançon ‘La Part Davant » 2022 du domaine Camin Larredya
50% gros manseng, 35% petit manseng, 15% petit courbu
Robe or pâle.Nez étonnant, sur le coing et la poire, rappelant le chenin, spectre frais et faisant très jeune.
Jolie fraîcheur, l’acidité est mûre, l’ensemble est très plaisant, encore pas totalement harmonieux, mais déjà délicieux.
4/
Jurançon « Tauzy » 2021 du domaine Castéra
petit manseng (maj), gros manseng, petit courbu
Robe or jaune brillant.Nez sur le pain grillé, l’ananas, les fruits exotiques, la pomme verte, complexe.
La bouche est puissante, l’acidité au laser, j’aime beaucoup et la finale est particulièrement saline, ce qui étonne la plupart des participants.
C’est l’archétype du vin minéral et de ce que j’attends d’un Jurançon sec.
Un grand merci à
Bibi64 pour la mise en avant de cette cuvée. Les deux méritent les plus grands éloges.
J’ouvrirai une autre bouteille à l’autre groupe la semaine prochaine. Zut, j’aurais dû en commander deux caisses et non pas une...
J’avais initialement prévu plus de cuvées, mais je me suis fait violence. Le groupe « initiation » goûtera d’autres blancs secs (le Tauzy 2021 sera l’exception normalement, sauf si je change d’avis).
Rouges
Tous les rouges ont été ouverts le matin. J’ai fait finalement le choix de ne pas les carafer, car aucun ne s’est montré très austère.
La Dordogne et premier pirate
5/
Côtes de Bergerac « La Gloire de mon père » 2020 du domaine de la Tour des Gendres
35% Cabernet Sauvignon, 35% Malbec, 30% Merlot
Robe concentrée, aux bords violacés.Le nez est cohérente, sur les fruits noirs, le cassis.
La bouche l’est également, les tannins sont fins, longueur moyenne, pas très complexe mais le vin est très agréable.
6/ (première chaussette
)La robe apparaît moins violacée et moins concentrée.
Notes de poivron et d’épices au nez, le vin apparaît en dedans, fermé.
Belle matière en bouche, l’acidité prend le dessus actuellement, confirmant la phase de fermeture du vin.
Le contraste est fort entre les deux vins, le premier est plus confortable.
Une seule participante a réussi à retrouver le cépage et l’origine ligérienne du vin :
Saumur-Champigny « Les Bois Blancs » 2019 du P’tit Domaine
Je n’ai pas placé le vin ligérien au bon endroit, je pense que j’aurais dû le servir plus loin, mais j’avais envie de jouer.
Aux alentours de la Dordogne
7/
Côtes du Marmandais « Chante Coucou » 2020 d’Elian Da Ros
50% merlot – 20% Cabernet sauvignon– 20% malbec – 10% syrah
Robe légèrement violacée, de concentration moyenne.
Le nez évoque le cuir, la framboise et les fruits noirs. Semble plus abouti en terme d’évolution, le précédent apparaissant plus jeune.
Jolie bouche, acidulée, longueur moyenne.
C’est la seule bouteille que j’ai conservée et suivie sur plusieurs jours. Le lendemain, le vin est plus harmonieux et a gagné en étoffe : ma vénérable voisine l’a beaucoup aimé, saluant sa douceur et son goût délicieux.
8/
Pécharmant Abbaye 2019 du domaine de l’Ancienne Cure
30% Cabernet Franc, 30% Cabernet Sauvignon, 30% Merlot, 10% Malbec
Robe violacée, concentrée tirant vers le noir.
Le nez présente de jolies notes poivrées et fruitées très agréables.
La bouche est structurée, sur une jolie matière acidulée, longueur appréciable, on trouve le poivre en finale. Joli vin, encore bien jeune.
Cinquième paire : le Haut-Pays
9/
Marcillac « Lo Sang del Païs » 2022 du domaine Le Cros
fer servadou/mansois
Je pense que j’aurais dû servir ce Marcillac avec le Saumur-Champigny, car on y retrouve une acidité fine et un côté légèrement rustique, tout comme une robe plus légère que sur les autres vins.
Le nez est fruité, sur la framboise, cassis, violette.Ce vin est léger, court en bouche, je regrette presque de ne pas avoir servi la cuvée Vieilles Vignes, mais le vin est plaisant.
10/
Gaillac « La Croix petite » 2020 du domaine d’Escausses
Syrah 45 % , Braucol 45 % , Cabernet Sauvignon 10 %
Quand je pense Gaillac rouge,cette cuvée me vient à l'esprit. Je suis heureux d’y goûter à nouveau, car c’est très très bon !
Robe noire, le nez est encore marqué par un boisé séducteur, mais ce sont les fruits noirs qui prennent le dessus.
J’aime beaucoup la puissance et la gourmandise de cette petite croix 2020, qui mérite de mûrir en cave quelques années de plus.
Sixième paire : con-Fronton un second vin surprise
11/
Fronton « La folle noire d’Ambat » 2021 du domaine Le Roc
négrette
Robe de concentration moyenne, aux bords rouges.Nez épicé, jolies notes de tabac et de réglisse.
Ce vin est équilibré, finement acidulé et de longueur moyenne. 1
2/ (seconde chaussette)
Robe violacée, plus jeune et plus concentrée que le Fronton.On est un bon niveau au dessus en termes de concentration et de complexité.
Joli nez sur le cassis, l’olive noire, le fumé.
La bouche est gourmande, tannins doux, grande longueur.
C’est un domaine chouchou, que je leur ai fait découvrir l’année passée et qui a fait encore l’unanimité cette fois comme avec l’autre groupe.
Les participants ont eu du mal mais encore la même jeune et talentueuse dégustatrice part sur le bon chemin : c’est une syrah, plus précisément un
Saint-Joseph 2020 de Nicolas Badel
Septième paire : allez, on passe aux choses sérieuses
,
malbec versus tannat
13/
Cahors Le Sid 2018 du domaine Cosse-Maisonneuve
Malbec (majoritaire), Merlot, Tannat
Robe rouge, nez sur les fruits rouges, le réglisse et note de poivron rouge. Il évolue favorablement dans le verre.
Belle concentration en bouche, tannins bonne longueur. A laisser vieillir en cave.
14/
Madiran Ode d’Aydie 2018 du château d’Aydie
tannat
Robe plus violacée, nez plus simple, le vin est plus rustique, sur de jolies notes de cacao et de fruits noirs.
Tannins bien enrobés, ce vin est bon, mais le Sid a plus de tout. Le prix aussi certes.
Dernier rouge : les vins de Madiran savent vieillir harmonieusement
15/
Madiran « Vieilles Vignes » 1996 du château Bouscassé
tannat
Impossible de faire découvrir le Sud-Ouest sans goûter les vins d’un domaine phare de la région, l’icône de Madiran depuis trente ans. En plus, sur un Bouscassé VV à maturité que j’ai goûté à sa sortie. Un vin du siècle dernier...
Bouteille provenant de ma cave ; et grâce à un caviste en ligne, je peux reconstituer mon stock sans me ruiner.
Robe rubis, brique, brillante.
Nez très parfumé, notes de rose, de fraise, fruits rouges et d’épices, sous-bois.
La bouche est longue, harmonieuse, le vin est délicieux.
Le silence se fait, on se régale. Il en a encore sous la pédale, 30 ans ne lui font pas peur du tout.
Moelleux/liquoreux
J’ai prévu quelques gâteaux secs avec les susucres. Je n’ai pas pu avoir de gâteau basque malheureusement.
Paire de vins moelleux
16/
Gaillac doux « Loin de l’Oeil » 2022 du domaine Plageoles
L’en de lel
Robe jaune doré.
Le nez fait penser à un moelleux ligérien… notes de pomme, poire, de coing.
Moelleux frais, gourmand et équilibré. Très bel équilibre en bouche. Encore jeune mais déjà délicieux !
17/
Pacherenc du Vic-Bilh moelleux « Vendémiaire » 2018 du château Bouscassé
Petit manseng
Encore une cuvée iconique dans mon parcours d’amateur. J’ai découvert les Pacherenc avec cette cuvée qui était vendu par le caviste Bel Air le Vin à Houilles (spéciale dédicace à Oliv).
Un peu plus concentré que le Gaillac, plus épanoui, belle fraîcheur pour ce vin délicieux.
On monte en puissance et on remonte le temps.
Neuvième et dernière paire : liquoreux
18/
Jurançon La Magendia 2004 du domaine Lapeyre
Petit manseng
Belle puissance, nez superbe sur les fruits exotiques, le safran et les épices douces, l’équilibre se fait sur les sucres intégrés et de beaux amers. C’est long et bon.
19/
Monbazillac 2005 du domaine Tirecul la Gravière
sémillon, muscadelle
On ne peut pas se quitter sans une autre icône du Sud-Ouest, proposant l’archétype des grains nobles.
Robe or doré.
Nez d’abricot, de fruits secs, ce Monbazillac présente une liqueur magnifique, belle longueur, c’est un régal qui conclut superbement la dégustation.
Selon les participants à la fin de séance, il s’agit de la plus belle séance depuis le début de mon atelier (avec le plus grand nombre de vins aussi). Et de la plus longue, soit plus de 5h.
Les vins se sont bien goûtés et ont été appréciés. Alors que j’avais des sueurs froides pour sélectionner des vins rouges de qualité. En effet, je bois peu de vins rouges du Sud-Ouest… à tort car je me suis régalé avec ce qui va suivre mais aussi avec d’autres cuvées dégustées au cours des dernières semaines.
Le niveau, notamment en terme de gourmandise, de soyeux des tannins, a vraiment progressé depuis une quinzaine d’années et les prix des cuvées restent raisonnables.
Clairement, après cette séance, je mettrai plus de vins de Cahors, Madiran, Pécharmant, Marcillac, Gaillac, Cotes de Marmandais, etc en cave. Chaque participant est reparti avec deux bouteilles entamées, ils ne se sont pas fait priés, le partage s’est fait en bonne intelligence, quel bonheur d’avoir un tel groupe aussi sympathique, curieux, toujours de bonne humeur.
Prochaine et dernière séance de la saison début mai : les vins étrangers. Ma sélection est déjà presque bouclée.
Merci d'avoir lu ce long compte-rendu.
Edit - correction : merci Jean-Loup !