Rencontre avec Arnaud et Florence de la Filolie, Château Laniote, Saint-Emilion Grand Cru Classé
C’est en terres Saint-Emilionnaises que cette escapadoenophile me conduit, à l’initiative d’un ami professionnel du vin. Nous sommes invités au Château Laniote, Saint-Emilion Grand Cru classé, dirigé par Monsieur et Madame de la Filolie. Arnaud de la Filolie incarne la 7eme génération de propriétaires de ce cru dans sa famille depuis 1821. Les 5 hectares de Merlot (80%), Cabernet Sauvignon (5%) et de Cabernet Franc (15%) sont plantés autour de la demeure, au lieu-dit Laniotte (avec deux « t », une aïeule ayant voulu démarquer l’orthographe du cru de celle du lieu-dit).
L’accueil de Madame et de Monsieur de la Filolie est attentionné, mais aussi surprenant dans le sens où une sympathique animation a témoigné, pour notre grand plaisir, qu’à côté du sérieux avec lequel les vins de cette propriété sont élaborés, une note de fantaisie rend encore plus accessible ce site que l’amateur doit inscrire à l’agenda d’une prochaine escapadœnophile.
Nous commençons la visite par un film d’une quinzaine de minutes fort bien fait, résumant la viticulture et la viniculture locales. S’il est parfois ennuyeux d’être placé devant un écran de télévision lorsqu’on connaît l’essentiel des travaux afférents, il faut reconnaître, tant au niveau de la forme que du fond, la qualité de ce film pas lassant pour un sou. Les plans et les images sont attrayants, les commentaires de Florence de la Filolie plaisants. Son époux a réalisé ce film ; la journée révèlera que cet homme a des talents cachés (qu’il se plait à nous révéler pour notre grand plaisir), un vigneron à connaître avec qui le temps passe bien trop vite.
Au chai à barriques nous dégustons le 2012. 40% des barriques sont neuves, 40% ont un an et 20% deux ans. Ce millésime, difficile et technique, nécessite une bonne maîtrise des moyens mobilisés et révèlera le bon vigneron. Force est de constater, à ce propos, que nous sommes ici en lieu sûr. La dégustation commence très bien. Les autres millésimes seront appréciés dans une pièce de la demeure. Comme pour chaque visite de propriété, pas de fiche de dégustation dans ce post mais juste une première impression, toujours en tentant de garder la modestie de l'amateur, des vins du Château Laniote. Ils sont plutôt puissants, sans cogner, d’un style classique et surtout accessible. Avec Château Laniote, pas d’erreur de casting et les vins accompagneront fort bien votre repas ; c’est bon.
Le millésime 2010 offre une robe sombre. Bien qu’il ne semble pas encore tout à fait en place et nécessite sans doute encore un peu de garde pour pouvoir être mieux apprécié, ce millésime se démarque par son potentiel ; il est en effet d’une belle amplitude et d’une fruitée gourmandise. Le 2009 offre un doux boisé. Moins dense que le 2010, il me semble un « poil » serré et peut-être plus mince que ce qu’on rencontre habituellement pour ce millésime. Le 2007 est séduisant, un peu toasté. Il est d’un bel équilibre et s’offre aujourd’hui parfaitement à la dégustation tout en présentant un potentiel de garde. Un vin élégant, facile pour une matière délicate et d’un beau toucher de bouche. Juste une petite amertume en finale. Le 2006 est plus droit, plus strict, encore tout jeune, à potentiel. La finale est un légèrement asséchante. Le 2005 offre un nez plus évolué et sa dégustation dévoile son caractère atypique par rapport à ce qu’on peut habituellement gouter sur ce millésime. Si celui-ci avait été caché, il est probable que ce vin aurait été classé parmi les millésimes habituellement plus disponibles aujourd’hui. Bref, on s’en régalera dès à présent. Le 2000 semble également atypique du millésime. Sa robe est moins sombre, brillante. Le 1983 est un vin de 30 ans et conviendra aux amateurs de vieux vins.
40% de la production est acheté par le caviste Nicolas, l’essentiel est vendu aux particuliers et un petit marché chinois complète cette distribution au circuit court. Les prix varient de 25 à 30 euros environ.
Un sympathique buffet nous est servi (avec une belle finale sucrée). C’est l’occasion de gouter à nouveau, cette fois en mangeant. A mon goût, le 2005 y a bien officié. C’est après ce repas que Arnaud de la Filolie agrémente cette escapadœnophile d’une touche de fantaisie avec trois tours de magie, lesquels nous ont enchantés. Arnaud de la Fifolie est habile dans ce domaine, aussi.
Le début d’après-midi a été agrémenté d’une visite de quelques vestiges de Saint-Emilion dont Arnaud de la Filolie est propriétaire. Il s’agit de la grotte dite l’Hermitage où vécu le Saint (Saint-Emilion…), une chapelle et les catacombes. Il n’en sera pas dit mot pour vous inviter à vous approcher de l’Office du tourisme de Saint-Emilion pour une visite qu'il ne faudrait pas oublier dans ce maginifique village classé Patrimoine Mondial de l'Unesco dont je foule les pavés au moins une trentaine de fois pas an sans m'en lasser.
En conclusion, et sur ce que peut dire un non professionnel s’adressant à d’autres amateurs, le Château Laniote est un arrêt à programmer lors d’une escapadœnophile à Saint-Emilion. J'y ai passé un très agréable moment et j'espère y pouvoir prochainement, à nouveau, escapadoenophiler,