Alain,
J'ai bu le 90 il ya trois ans environ et ma foi, je l'ai trouvé plutôt agréable malgré sa petite côte auprès des critiques professionnels.
Et puis :
Copier/coller du site de JM Quarin (
www.quarin.com) :
Château Berliquet, Saint-Emilion Grand Cru Classé : le bonheur de l'équilibre
Ce cru est en pleine ascension. Mes lecteurs attentifs le savent déjà depuis longtemps mais, avec 2001 et sans doute 2002, Berliquet se distingue de plus en plus.
De plus, la propriété vient d'intégrer un organisme de promotion très dynamique, l'Union des Grands Crus. Dès les primeurs 2002, des professionnels et des journalistes vont pouvoir le goûter plus fréquemment qu'avant. Ils ne manqueront pas de constater sa belle qualité. Une médiatisation importante de ce cru pourrait entraîner une demande supplémentaire et, par conséquent, une hausse des prix. Je vous recommande donc de vous y intéresser de suite.
Il existe deux expressions de Berliquet : l'ancienne et la nouvelle inaugurée avec le millésime 97. Oublions l'ancienne. On retrouve dans le goût toutes les approximations induites par la viticulture et l'oenologie d'une époque : des odeurs plus proches du végétal que de l'éclat du fruit, des tanins sans soie. Berliquet fut un Grand Cru avant de devenir un Grand Cru Classé en 1986. Propriété de la famille de Lesquen depuis 1917, celle-ci décide de faire vinifier le vin par la coopérative de Saint-Emilion dans les années 50, à défaut de pouvoir s'y investir. Une décision sage, sans doute préférable à la vente, qui prit fin en 1978.
Je me souviens encore du Berliquet 81, 82 et 83. 82, goûté et acheté en 1985, avait marqué les participants à mon club de dégustation. Déjà , devrais-je dire, et comparativement à d'autres crus, nous qualifiions ce vin de frais et très fruité. Début mars 2003, M. de Lesquen a eu l'amabilité de m'ouvrir à nouveau cette bouteille. Quelle bonne surprise ! Dans le nez évolué, surtout dominé par des notes de feuille pointent encore des nuances plus fraîches. Pour moi, cette fraîcheur est le signe majeur de l'expression induite par le sol. En bouche, le plaisir vient de la caresse permanente qu'offre ce vin. Jamais il ne sèche le palais en finale. Noté 15,5-16.
Certains d'entre vous trouveront encore des 88, 89 et 90 sur le marché. Ce sont des vins corrects mais sans enthousiasme vis-à -vis de la réputation du millésime. Seul le prix raisonnable attire. Tout change en 1996. Patrick Valette (sa famille possédait Pavie et Pavie Decesse) devient consultant de la propriété à partir du 1er septembre. Il prend le millésime en cours de route et le subit plus qu'il ne l'influence. Ce 96 (noté 13,5-14) sent la confiture de fraise et ses tanins manquent de maturité. Ils montrent de la raideur et de l'austérité tout en manquant de matière. Il n'a rien à voir avec les Berliquet qui vont suivre. Le 95 (noté 14-14,5) manque aussi de précision aromatique au nez. Sa rondeur le rend plus aimable que 96. Il ne sèche pas mais il manque de corps.
97 (noté 15-15,5). Voilà le grand tournant ! Le travail à la vigne, la petite cuverie adaptée au parcellaire et le nouvel élevage en fûts neufs vont bouleverser la donne dans un millésime pourtant difficile. Ce cru était la révélation des primeurs 97. Regoûté en 2003, il présente toujours une couleur vive pour l'année, bien moins évoluée que d'autres vins. Le nez, toujours fruité et très net, évoque un début de bouquet d'évolution. En bouche, il y avait déjà là tout ce que Patrick Valette affectionne : le sens des proportions (le fameux équilibre), la pureté et la qualité du fruit et la douceur de l'extraction tanique. Elégant, frais, savoureux, ce très bon vin raffiné s'avale tout seul. J'ajouterai que, depuis les primeurs, il maintient son niveau qualitatif et ne m'a jamais déçu. En clair, ni M. de Lesquen, ni Patrick Valette n'affectionnent la gonflette, l'esbroufe et le médiatique. Ils travaillent dans la viticulture, un secteur où il convient de «donner du temps au temps».
98 (noté 16,5-17), 80% merlot, 5% cabernet franc et 5% caberbet sauvignon. Il est avec 2000 la grande réussite de la propriété. Mes notes n'ont cessé de monter sur ce millésime. Sa couleur vive rappelle la présence du calcaire. Le nez fruité, vanillé, frais et pur avec une note de café devient complexe à l'évolution dans le verre. En bouche, j'admire la qualité du toucher, la pureté du fruit mûr, la finesse du grain tanique et la longueur. A partir de ce millésime, je considère que ce cru, idéalement situé sur le plateau calcaire de Saint-Emilion, offre un goût particulier qui désigne une grande potentialité viticole.
99 (noté 15,5-16). Année de la grêle. Branle-bas de combat pour protéger les raisins et les vendanger le plus tard possible. Il faut goûter ce vin de 100% merlot. Son nez intense évoque le café grillé, le fruit et le caramel. En bouche, une caresse circule littéralement d'un bout à l'autre, livrant du fruit et des sensations crémeuses. Gracieux, il fond sur des tanins fins. Certes le corps apparaît moyen, mais l'ensemble est délicieux à boire aujourd'hui.
2000 (noté 17). Sera-t-il meilleur que le 98 ? Je ne suis pas encore parvenu à les départager franchement. Ce 2000 vient de se refermer, tandis que le 98 n'est pas non plus totalement ouvert. Mais quel nez ! Suave, fruité, finement épicé. La bouche est peut-être un peu plus puissante que le 98. Pourtant, le goût fruité-floral s'accompagne d'une trame tanique serrée mais élégante et soyeuse.
2001 (noté 16-16,5). 82% merlot, 13% cabernet franc et 5% cabernet sauvignon. Il est une grande réussite de Saint-Emilion où il figure parmi les dix meilleurs vins dans ma dégustation effectuée en février 2003. Il pourrait être cette année un 1er Grand Cru Classé. Patrick Valette aime à souligner que c'est la première fois que les cabernets francs ont été vendangés avant les merlots. Ce vin ne sera pas collé. Beau nez fin, frais, floral et réglissé, superbement fruité eu égard le millésime. Elancé mais bien en chair, il offre une grande distinction de trame.
2002. Goûté deux fois au château et noté pour l'instant à 16. Ce millésime assure la continuité stylistique de ce cru. Les valeurs d'équilibre et de douceur tanique, de sapidité s'y conjuguent une fois encore très bien. Coloré, plutôt aromatique (cerise-fleur-chocolat), ce vin apparaît gras, frais et fruité de l'entrée en bouche jusqu'à la finale où il affiche une texture tanique subtile. Une fois de plus, ce vin respecte la bouche et le buveur et m'apparaît comme un futur succès de table.
Autres informations
Superficie de la propriété : 9 ha. 4 types de sol : calcaire, coteau avec argile bleue, coteau avec argile grise et bas de côtes argilo-sableux. Cette diversité de sols permet de créer de la complexité dans les assemblages. Situation entre Château Canon et Château Magdelaine, 1ers Grands Crus Classés de Saint-Emilion. Encépagement : 70% merlot, 20% cabernet franc et 10% cabernet sauvignon. Dans le vin, souvent 80% merlot, 15% cabernet franc et 5% cabernet sauvignon. Production : 2 250 caisses. Second vin : Les Ailes de Berliquet. 400 caisses.
Amitiés,
M@nuel.