Dernière réunion de l'année 2012 pour le CRD-LPV Belgique (et donc CR un peu tardif...), l'occasion de notre désormais traditionnel repas autour de vins coups de coeur apportés par chacun des participants.
Cette année, nouvelle adresse testée et très largement approuvée, avec le restaurant
L'Air de Rien à Esneux
.
Le principe : 9 participants (Alfonso et fx étaient excusés), 18 bouteilles dégustées pour une fois étiquette découverte, en accompagnement d'un menu de haute tenue que je vais tenter de vous décrire ici.
Pain soufflé, herve, sirop de Liège et Jambon d'Ardenne
Ces petites mises en bouche nous permettent de débuter les hostilités. Bon, le jambon, même s'il est très bon, c'est du jambon. Le petit pain soufflé est intéressant, avec un centre mariant le fromage de Herve bien coulant avec la pointe de sirop de Liège, accord des plus classiques dans la région.
Pour accompagner tout cela, nous avons droit à un
Champagne Guiborat Fils, à la bulle très fine, au nez marqué par les agrumes, la pomme golden et de belles notes florales. En bouche, le dosage semble généreux mais la tension est belle, l'équilibre est sans reproche, même si la finale est un poil trop marquée par le sucre à mon goût (mais le dégorgement est très récent, à revoir d'ici quelques mois).
Bien +
Betterave, livèche et Bouillon de crevettes
Nous terminons le Champagne avec les dernières mises en bouche, dont je retiens le très goûteux bouillon de crevettes et entammons ensuite la dégustation de la bouteille suivante,
Domaine Ligier Père et Fils - Chardonnay Vieilles Vignes - Arbois 2010, qui présente un premier nez marqué par l'élevage, un peu trop pour moi à ce stade, même si cet aspect s'atténuera considérablement à l'aération. En bouche, c'est très beau, avec une belle fraîcheur et un équilibre qui ne l'est pas moins. Belle longueur, sans plus.
Bien + à ce stade, sans doute très bien dans deux ou trois ans.
Ce vin, tout comme le suivant, s’accommoderont parfaitement de la première entrée.
Foie gras, coing, amandes
Le foie est taillé en fins copeaux, sous lesquels on trouvera le coing et les amandes, très original, et très bon.
Il est remarquablement accompagné par un
Rully 1er Cru Les Margotés 2009 du Domaine Vincent Dureuil-Janthial, au boisé bien mieux intégré que le précédent, avec un fruité très mûr et des notes de fruits secs. La bouche est ample, grasse, avec une acidité un peu plus faible mais loin d'être insuffisante à mon goût. Très belle longueur.
Très bien.
Potiron, Chantilly à la truffe, noisettes
L'aromatique de la truffe et le croquant de la noisette offrent un très bon répondant au
Puligny-Montrachet 1er Cru La Truffière 2006 de Bernard Morey, au nez très mûr, légèrement boisé, avec des notes de massepain, de fruits mûrs et de miel. La bouche est riche, ample, tout en conservant une belle acidité et de la salinité dans la très longue finale.
Excellent !
Céléri rave, petit lait
Un peu perdu au milieu des tous ces vins à base de chardonnay, le
Vacqueyras blanc cuvée Mélodine 2011 du Domaine de Montvac présente un nez marqué par la noisette grillée, les fruits blancs, les fleurs blanches et la réglisse. Si l'attaque est belle, il montre ensuite un volume imposant, beaucoup d'ampleur, une finale légèrement marquée par l'alcool tout en parvenant à éviter l'excès de lourdeur. Longueur correcte.
Bien +
Oeuf 64°, topinambour, vinaigre de riz
En Belgique, on sait rester simple, et sur un oeuf (par ailleurs excellent), on se contente de servir deux grands Bourgogne blancs, juste pour le plaisir de les comparer.
Le Meursault 1er Cru Perrières 2005 du Domaine Ballot Millot se présente au nez, vous me croirez ou pas, sur d'intenses notes de pierres chaudes, un fruité bien mûr mais sans excès, tout en finesse et en complexité, avec un boisé qui semble totalement intégré. La bouche est exceptionnelle d'équilibre, puissante et fraîche à la fois, avec une très longue finale saline.
Grand vin !
Le Bâtard-Montrachet 1999 de Paul Pernot, s'il est légèrement réduit à l'ouverture, s'ouvre ensuite sur un nez discret, tout en finesse, fait de fruits secs et blancs, qu'accompagne un léger boisé. En bouche, par contre, ça explose, toujours dans un style très fin et pas très volumineux, mais parfaitement équilibré, frais et très long.
Excellent +
Rillettes de poisson, herbes
Pour accompagner ces rillettes, et succéder aux deux monstres précédent, il faut bien avouer que nous n'avons pas facilité la tâche de ce
Vouvray sec Le Mont 2010 du Domaine Huet. Il fait pourtant mieux que s'en tirer, car si le lez est à ce stade assez simple, sur la pomme golden, les notes florales et minérales, la bouche est remarquable. Très frais en attaque, il présente tout de même un peu de sucre résiduel, ce qui ne gâche pas son profil tendu et longiligne. Tout cela étant particulièrement bien équilibré et très long, vous comprendrez qu'il n'a pas été ridicule, loin de là.
Excellent
Saint Jacques, panais, oseille
Mais la Bourgogne était décidément le fil conducteur de cette série de blancs, et si on y perd peut-être en éclectisme, personne n'a semblé se plaindre de vois arriver sur la table le
Meursault 2009 du Domaine Coche-Dury pour accompagner la Saint Jacques. Je ne retrouve pas le nez grillé-fumé typique des quelques trop rares bouteilles du domaine qui ont croisé ma route, et finalement ce n'est pas plus mal. Moins de réduction donc au nez, superbe par ailleurs, sur un fruité mûr, avec de belles notes florales et minérales. En bouche, c'est gras, ample, mais l'acidité revient assez rapidement prendre la place qui lui revient, permettant ainsi d'obtenir un équilibre superbe, et une longueur qui ne l'est pas moins.
Excellent +
Encornet, poireaux, encre
Sur l'encornet, comme il n'y a plus de blancs, on passe aux rouges et on tente l'accord Audouzien. Comme le temps a passé, j'avoue ne plus avoir d'avis sur sa pertinence... Arrive donc
Les Rouliers d'Henry Bonneau, vin de France, assemblage, si ma mémoire ne me fait pas défaut, de plusieurs millésimes, de 2005 à 2007(L11.11-07.05). Le nez est très beau , fin et complexe, sur le fruits noirs très mûrs, du cuir, de l'écorce d'orange, des épices, et une petite pointe verte évoquant la rafle. La bouche reste très bien équilibrée malgré les 14°5 affichés, belle fraîcheur, c'est ample et long.
Très bien +
En comparaison, le
Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 2007 de Geantet-Pansiot, s'il présente un nez très flatteur et finement boisé, se montre beaucoup plus frais, avec une forte acidité et un style nettement moins ample, plus droit et plus strict. Les tannins sont fins, la longueur aurait pu être plus imposante, mais ça se laisse boire avec plaisir.
Très bien
Filet de biche, racines
Le filet de biche verra s'affronter deux vins du sud, avec tout d'abord le
Patrimonio A Mandria di Signadore 2008 de Christophe Ferrandis à Poggio d'Oletta. Le nez est épicé, avec des notes d'herbes aromatiques, de fruits noirs, soulignés par un léger boisé. En bouche, on a une belle fraîcheur, du volume, mais les tannins sont encore fermes et la longueur correcte, sans plus.
Très bien -
Nous passons ensuite au
Gigondas 2005 du Domaine Raspail-Ay, qui présente un très beau nez, très expressif, sur la réglisse, les fruits noirs à l'alcool, le cuir et les épices. En bouche, si l'attaque montre une certaine fraicheur, la puissance prend rapidement le dessus après un petit creux en milieu de bouche, et si les tannins montrent une belle finesse, la finale, de belle longueur, est un peu trop alcooleuse pour moi.
Bien +
Canard sauvage, betteraves, châtaigne
Pour accompagner le canard, celui qui se révèlera être le sommet de la soirée en rouge, j'ai nommé le
Domaine de la Grange des Pères rouge 2001. Nez magnifique, sauvage, et d'une grande complexité, mélange d'épices, de fruité très mûr, d'agrumes et de cuir, bouche à l'équilibre parfait, où la puissance et l'ampleur se conjuguent à la fraîcheur du millésime, tannins fondus, finale très longue.
Grand Vin
Malheureusement pour lui, pour finir la série de rouges, le
Saint-Joseph L'olivaie 2007 de Pierre et Jérôme Coursodon souffrira un peu de la comparaison, même s'il se montre lui aussi d'un très bon niveau. Beau nez mêlant fruité mûr, poivre et légères notes boisées, belle fraîcheur, ampleur moyenne, tannins fondus, belle longueur, pas de défaut, mais pas la magie d'une Grange non plus.
Très bien
Assiette de fromages
Certains, dont l'appétit est décidément insatiable (je ne citerai pas de noms...
), ne peuvent se résoudre de choisir entre fromage et dessert, et prendront donc les deux ! Sur le fromage, on goute un
Coteaux du Loir Vieilles Vignes Éparses 2006 du Domaine de Bellivière. La robe est orangée. Au nez, on retrouve du miel, des notes florales, du coing et des fruits exotiques, laissant penser à un vin moelleux. En bouche, le vin est par contre totalement sec, avec une acidité forte, avec une ampleur et une longueur que je ne peux qualifier que de moyennes. Plaisir mitigé pour ma part sur cette bouteille, cependant intéressante.
Bien +
Poires, sabayon
sur cet excellent dessert, arrive le
Riesling Grand Cru Sommerberg Vendanges Tardives "D" 2005 d'Albert Boxler, qui démontre à tous ces amateurs de bourgogne ce qu'est un véritable grand cépage blanc...
-
Le nez est caractéristique du cépage, fait d'agrumes confits, de notes d'hydrocarbures, de pierre à fusil et de miel. La bouche, dans un équilibre de demi-sec, possède une acidité remarquable qui lui apporte un caractère tranchant, associé à une très longue finale saline.
Excellent
Voilà qui termine la saison 2012 du CRD-LPV Belgique, sur un repas d'un niveau très élevé et des vins qui ne l'étaient pas moins.
En espérant que 2013 nous apporte autant de satisfactions !
Luc