Un exposé que j'ai trouvé en cherchant de la documentation sur ces vins assez confidentiels. Je fais un copier-coller du contenu, ce sera plus pérenne que le seul lien http :
Vins de l’Isère - Balmes Dauphinoises et Coteaux du Grésivaudan
par Le vin au vert, jeudi 9 décembre 2010, 12:45
Extraits du Mémoire Sommelier Conseil, Caviste
Joël FÉRAUD
Université du Vin • Suze la Rousse • 12 février 2010
Présentation de l’Isère
Le département de l'Isère tire son nom de la rivière Isère, affluent de la rive gauche du Rhône. Le terme proviendrait du celtique "Isar", c'est-à-dire "fer", minerai qui était abondant le long des rives de l'Isère et qui a été longtemps exploité dans le massif de Belledonne. Une autre source pourrait être serpent, en référence aux méandres de l'Isère dans la vallée du Grésivaudan. Au sein de la région Rhône-Alpes, l'Isère est le département le plus vaste (7 431 km²) et le deuxième en termes de population (1 162 000 habitants). La ville principale du département est Grenoble, préfecture de 155 000 habitants, et aire urbaine de plus de 500 000 habitants. L'Isère correspond à une partie de l'ancienne province du Dauphiné qui regroupait les départements actuels de la Drôme, de l'Isère et des Hautes-Alpes.
Le relief de l’Isère est très contrasté, avec dans la moitié nord-ouest des plaines, collines et plateaux de basse altitude. Au nord, Les Terres Froides, le plateau calcaire de l'Isle Crémieu au bord du Rhône et au pied du Jura. A l'ouest, la vallée du Rhône, au pied du Massif central. A mi-distance entre Grenoble et Lyon, la plaine de la Bièvre, les Chambarans, le pays de Valoire et le Pays Voironnais. Et dans la moitié sud-est du département, les massifs de moyenne et haute altitude : au centre-est le massif de la Chartreuse ; au centre l'axe nord-sud constitué par la vallée du Grésivaudan (ou Graisivaudan), morceau du sillon alpin qui mène de Grenoble à Chambéry ; sur la rive gauche de l'Isère, les massifs de Belledonne, des Grandes Rousses, des Écrins (point culminant du département à 4 088 m au Pic Lory), et du Vercors.
Le Climat. A l'extrémité ouest de la chaine alpine, à quelque centaines de kilomètres des façades atlantique et méditerranéenne, le département subit le flux atlantique et ses perturbations mais de façon un peu moins constante que beaucoup de régions françaises à cause de l'éloignement de l'océan et de "l'écran" du Massif Central vers l'ouest. Le département est d'autre part quelque peu "protégé" par le massif alpin des vents froids qui viennent de l'est ou du nord-est. À cause de tous ces facteurs et par sa latitude moyenne (45ème parallèle), l'Isère présente un climat tempéré contrasté, d'une saison à l'autre, mais aussi parfois d'un jour à l'autre, contrasté certes mais pas extrême, et malgré la vigueur du relief qui multiplie les conditions particulières, aucun record français, chaleur, froid, pluie, sécheresse ou vent n'ya été enregistré. Du fait du relief et des grandes différences d'altitude, moins de 200 m en vallée du Rhone et près de 4 000 m dans le massif des Écrins, le climat est très contrasté dans l'espace, suivant l'altitude bien sur, mais pas seulement, l'exposition joue un grand rôle. En illustration de ces contrastes, à 40 km de distance seulement on peut noter la différence de température annuelle entre Saint Martin d'Hères (212m) et Villars de Lans (1 050 m), 4,6 °C, qui est à peu près la même que la différence de température annuelle entre Lille et Arles! A cause des montagnes, les précipitations sont abondantes, même à basse altitude et vont de 840 mm par an en vallée du Rhône (Vienne) à 2 000 mm par an à Saint Pierre de Chartreuse. Les pluies sontapportées majoritairement par les perturbations atlantiques (en toutes saisons) et dans une moindre mesure par les dépressions méditerranéennes (surtout en automne). À Grenoble, les pluies sont réparties très uniformément selon les saisons avec une très légère dominance des pluies d'automne. Dans le nord-ouest du département, ce sont plutôt les pluies de printemps et d'automne qui dominent avec relative sécheresse en été et plus encore en hiver. Dans le sud du département, la répartition est assez uniforme avec des précipitations d'automne et d'hiver qui sont prépondérantes et une relative sécheresse d'été. L'enneigement est modeste à basse altitude, record de 47 cm en 1946 à Grenoble à 212 m, à peine plus que pour les villes françaises de plaine. Il devient vite fort dès que l'on gagne en altitude, surtout dans les Préalpes, avec un record de 310 cm en 1970 au col de Porte à 1 325 m. Il n'y a qu'un seul point de mesure officiel de l'ensoleillement dans le département, l'aéroport de Saint-Geoirs qui enregistre 2 050 heures de soleil annuel. Cependant, d'après les cartes émises par MeteoFrance et d'après les relevés de la station de Lyon, on peut estimer que l'ensoleillement annuel moyen va croissant du nord au sud de l'Isère, il passerait de 1 950 heures environ à proximité des plaines lyonnaises à environ 2 300 heures en Trièves.
Dès le 1er siècle de notre ère, Vienne, capitale d'Allobrogie, exportait dans le monde romain le Vinum Picatum de Vienne. Ce vin, au goût de poivre, était issu de cépage vitis allobrogica ou vitis picata.D’autres cépages existaient et sont connus des historiens sous les noms taburnum, satanum, elineum [Duteil]. Depuis l’époque romaine à nos jours, la vigne a bénéficié d’un fort ancrage en Isère jusqu’au milieu du XXème siècle : "La viticulture de l’Isère et de Savoie doivent beaucoup à la commune de La Tronche qui avait un vignoble s’étendant sur plus de 200 ha en 1901" [Duteil]. "Les grenoblois d’aujourd’hui seraient étonnés d’apprendre que les coteaux de la Bastille étaient en très grande partie couverts de ceps (la verdesse) et que le Père Gras, connu pour son restaurant sommital,possédait de grandes caves à La Tronche, où il produisait notamment un vin champagnisé..." [Guibal].
Jusqu’à la première guerre mondiale, les vins de l’Isère, et notamment du Grésivaudan, bénéficiant d’une forte réputation trouvaient facilement acquéreur, bien sûr à Grenoble mais aussi jusqu’à Genève. Dans le courant du XXème siècle, plusieurs facteurs ont contribué au déclin de la qualité des vins et des surfaces plantées. Il y eut l’impact de la crise du phylloxéra et les deux guerres, comme partout ailleurs. L’implantation industrielle, principalement des papèteries, transforma le vigneron en ouvrier-paysan avec peu de temps pour sa vigne, livrant des vendanges de médiocre qualité aux sept caves coopératives créées en Isère. Aujourd’hui, après avoir frôlé la disparition, il reste en Isère quelques zones de production, de grande qualité, renaissant de leurs cendres grâce au travail et à la motivation de vignerons et associations.
Les vignobles historiquement présents en Isère peuvent être réparties suivant six aires géographiques distinctes [Nicaise].
L'Y grenoblois :
Au nord-est : la vallée du Grésivaudan. Portion du sillon alpin au nord-est de Grenoble en direction de Chambéry, s’étend de Meylan jusqu’à Chapareillan, à la limite du département de la Savoie. Dans cette vallée, les coteaux d’éboulis calcaires en piémont du massif de la Chartreuse, exposés sud-est, produisent les Vins de Pays des coteaux du Grésivaudané. La commune de Chapareillan fait également partie de l'appellation Vin de Savoie, et les producteurs de cette commune labellisent dans les deux appellations. La vallée du Grésivaudan a compté jusqu’à 6 caves coopératives. Après la fermeture de la cave de Saint-Ismier en 2008, il ne reste plus que celle de Bernin en activité. La viticulture des vins de Pays des Coteaux du Grésivaudan est essentiellement le fait de la cave coopérative de Bernin et de quelques caves particulières , pour une production annuelle de 1000 hl environ sur une trentaine d’hectares, les 2/3 en rouge et un peu de rosé, et le 1/3 restant en blanc. Les cépages spécifiques cultivés en Coteaux du Grésivaudan sont essentiellement la verdesse, le persan et l’étraire de la Dui, en plus de la jacquère et des classiques chardonnay et pinot noir.
Au nord-ouest: le vignoble de la Noyeraie. Cette zone du Bas Grésivaudan, avait un vignoble qui s’étendait depuis Moirans et les collines du Voironnais jusqu’à Romans-sur-Isère avec 600 ha en 1958 [Nicaise]. Il restait encore 20 ha en 2000,mais aujourd’hui un seul producteur perdure à Saint-Cassien près de Voiron, en Vins de Pays des Coteaux du Grésivaudan.
Au sud: le Trièves. Au sud de Grenoble en direction des Hautes-Alpes, entre le massif du Vercors à l’ouest et ceux du Dévoluy et des Ecrins à l’est, la magnifique région du Trièves étaient encore une grande zone viticole au milieu du siècle dernier, avec plusieurs centaines d’hectares de vigne cultivés, dont les vins étaient en grande partie destinés aux mineurs de la Matheysine [Biais]. Du vignoble des siècles précédents, ne restent aujourd’hui que quelques arpents (environ 8ha), exploités par une cinquantaine de vignerons qui ne commercialisent pas leur vin mais produisent pou r leur consommation personnelle et celle de leur entourage. Les vignes restant aujourd’hui dans le Trièves sont sur deux zones distinctes : • à Quet en Beaumont, entre La Mûre et Corps : des coteaux abrupts cultivés en terrasses, implantés dans les cirques surplombant les méandres du Drac, exploitant un cépage rare appelé portugais bleu ; • à Prébois, entre Mens et le col de Lus-la-Croix-Haute : les coteaux de la vallée de l’Ébron, à fortepente et exposés au sud-ouest, où les vignes sont cultivées à une altitude de 700 m en moyenne ! Aujourd’hui, fruit du dynamisme de vignerons passionnés, d’habitants impliqués et d’amoureux duTrièves, le vignoble de Prébois est en train de connaître un renouveau. Créée en 2008, l’association Vignes et Vignerons du Trièves a, dès 2009, obtenu de l’administration des droits de plantation pour 7 500 m2. Les parcelles ont été défrichées, les plantations vont pouvoir commencer en 2010 : - 1 200m2 seront plantés à Prébois (coteau de Moulin vieux) avec un cépage unique du Trièves, l’onchette, associé à du gamaret. - 1 300m2 seront plantés sur Mens (coteau de Serre-Bertras) avec de la mondeuse blanche, du müllerthurgauet du savagnin. D’autres opérations de même nature sont prévues, notamment à Roissard, au lieu-dit Brion
Les Balmes Dauphinoises :
Ce vignoble isérois est situé au nord-est de Bourgoin-Jallieu, entre Crémieu et La Tour-du-Pin, e tproduit l’appellation des Vins de Pays des Balmes Dauphinoises. C’est un terroir méconnu qui offre d’excellentes conditions à la vigne, à la fois en terme de d’exposition, de nature du sous-sol et de climat. Le terme "Balmes" signifie ici "vallons". En effet, le relief offre une série de vallons parallèles orientés d’est en ouest, offrant d’une part de magnifiques coteaux exposés au sud bénéficiant d’un micro-climat très chaud où sont plantés de préférence les cépages rouges, et d’autre part des plateaux un peu plus frais et plus ventés pour les blancs, à une altitude de 300m environ.La nature géologique des sols est essentiellement de deux types : 1. Argilo-calcaire siliceux, sablo limoneux, graveleux à galets roulés, d'origine sédimentaire récente (fin du tertiaire), composé de mollasse (grès en formation), de graviers, poudingues... C’est le terroir des collines mollassiques du Bas Dauphiné, que l’on trouve à Saint-Savin, Saint-Chef, Salagnon. 2. Des plateaux calcaire d’époque secondaire jurassique, tel le plateau de l’Isle de Crémieu, et également en partie à Sermérieu. La viticulture des Balmes Dauphinoises est essentiellement le fait d’une petite dizaine de caves particulières, et il n’y a pas de cave coopérative. Le volume de production annuel est du même ordre que pour les Coteaux du Grésivaudan, c’est à dire de 1 000 hl environ. Les Balmes Dauphinoises ont la particularité d’avoir une tradition de vins effervescents de qualité, tradition qui continue. Les cépages cultivés dans les Balmes Dauphinoises aujourd’hui ne sont pas des cépages locaux. Ce sont essentiellement le gamay, le pinot noir et le chardonnay. Certains viticulteurs redécouvrent les cépages locaux et commencent à les replanter, comme la mècle de Bourgoin, le bia blanc, le persan.
Le plateau de Chambaran :
Sur ce plateau autour de Roybon, existait encore au siècle dernier des vignobles (60 ha en 1988), pour la production familiale, qui ont aujourd’hui disparu.
La vallée du Rhône :
La partie iséroise de la vallée du Rhône s’étend de Roussillon au sud de Vienne jusqu’à Seyssuel au nord de Vienne, et produit les Vins de Pays des Collines Rhodaniennes. Cette appellation n’est qu’en partie iséroise et s’étend également sur les départements limitrophes du Rhône, de la Loire, de la Drôme et de l’Ardèche. Bien que très intéressante, elle sort du champs d’approfondissement de ce mémoire.Précisons, d’une part, que ces vins peuvent entre autre être dégustés à la cave coopérative de Péage de Roussillon, et que d’autre part, trois vignerons indépendants (Pierre Gaillard, François Villard et Yves Cuilleron) ont fait renaître la vigne sur les coteaux schisteux de Seyssuel et produisent sous le nom des Vins de Vienne, des vins de très grande qualité.
Les cépages locaux
Le Dauphiné est un réservoir important de vieux cépages. Une quarantaine de cépages locaux était cultivée au XIXème siècle, dont dix spécifiques de l’Isère. Après la crise phylloxérique d’une part, et la pénurie de main d’œuvre masculine à partir de la première guerre mondiale d’autre part, ces plants ont été remplacés par les hybrides, résistants aux maladies et ne nécessitant pas de traitements. Puis, dans les années 70, les hybrides ont été remplacés par les cépages améliorateurs précoces : pinot noir, chardonnay… Aujourd’hui, les cépages locaux qui avaient presque disparus, qualitatifs, plus typés, à maturation plus lente et exprimant mieux leur terroir, reprennent une part plus importante. Certains sont réintroduits.
Une quarantaine de cépages locaux étaient cultivés dans le Dauphiné au siècle dernier (source INRA, Domaine de Vassal). Une recherche dans la base de données INRA [Inra-Vigne] des cépages originaires du département de l’Isère, liste une douzaine de cépages d’origine spécifique de l’Isère :
Cépages Blancs: verdesse, jacquère
Cépages Noirs: étraire de la Dui, joubertin, mècle de Bourgoin, onchette, persan, salagnin, serénèze de Moirans, serénèze de Voreppe, Servanin, viallou. Seulement trois de ces cépages typiquement isérois sont actuellement en production: la verdesse, l’étraire de la Dui et le persan essentiellement en Coteaux du Grésivaudan. Un quatrième cépage local, la jacquère est cultivé et est mentionné par l’INRA comme originaire de l’Isère. Elle est très répandue en Savoie qui en est l’origine habituellement mentionnée dans les ouvrages de référence [Galet] [Clarke]. Sont également cultivés en Isère les cépages locaux savoyards altesse et mondeuse. Certains cépages anciens et locaux sont actuellement en cours de réintroduction grâce au travail de viticulteurs passionnés, et d’associations comme Vignes et Vignerons du Trièves et le Centre Ampélographique Alpin Pierre Galet.
Verdesse : cépage blanc le plus répandu dans le Grésivaudan en 1929 ! Replanté aujourd'hui, il donne ses lettres de noblesse à la viticulture locale. Son nom rappelle le vert franc foncé de son feuillage ainsi que la couleur de son raisin. La verdesse donne des vins généreux et vifs, marqués par des odeurs végétales et florales. Les vignerons du Grésivaudan distinguent la verdesse verte et la verdesse dorée, cette dernière étant considérée la meilleure.
Jacquère : originaire très certainement de la Savoie. D'après les dernières analyses génétiques publiées, ce cépage serait un descendant du gouais blanc [Comagri]. Cépage qui produit des vins vifs, légers, minéraux, fruités (agrumes) et discrètement floraux, souvent perlants. Quand son rendement est maîtrisé, la jacquère produit des vins puissants avec une grande variation d’arômes selon le terroir où elle se situe.
Altesse ou roussette : cépage blanc du Dauphiné. C’est un cépage savoyard de très haute qualité qui ressemble à s’y méprendre à l’excellent furmint de Hongrie. Elle mûrit tard et possède des arômes étonnants avec un piquant minéral, un parfum de fines herbes de montagne et de peau blanche de citron ; sa capacité de vieillissement est considérable. Son rendement est faible, mais elle résiste à la pourriture [Clarke]. Elle est connue par l’appellation Roussette de Savoie (Frangy, Marestel, Monterminod, Monthoux) et du Bugey (Roussette de Seyssel, en assemblage avec la molette). L’altesse produit des vins riches, avec une bonne acidité,marqués par des arômes délicats de noisettes, puis de coing en vieillissant. L’altesse a été majoritaire dans le Dauphiné jusque dans les années 50, puis a été abandonnée pour sa faible production et son manque de précocité [Gonin]. Toutefois des viticulteurs isérois recommencent à planter ce cépage très qualitatif, notamment dans les Balmes Dauphinoises.
Persan : cépage proche de la mondeuse, mais moins productif et un peu plus précoce. Il produit aussi des vins très structurés, mais avec plus de rondeur. Il a en plus, la particularité de conserver de très bonnes acidités, ce qui lui confère un très grand potentiel de garde. Ce cépage qui était en voie de disparition, retrouve un regain d’intérêt dans la région [Gonin]. Son point de départ serait Saint Jean de Maurienne en Savoie. Il fut longtemps le cépage dominant dans toute la vallée de l'Arc jusqu'à sa jonction avec l'Isère, voire jusqu'aux limites du département de la Drôme. On le rencontre dans la vallée du Grésivaudan jusqu'en Savoie. A noter que ce cépage ressemble de beaucoup à l'étraire de la Duï. Vin de qualité, bouqueté, tannique, coloré, riche en alcool, un peu dur dans sa jeunesse et très apte à vieillir 12 à 15 ans pour atteindre sa plénitude. Arômes de framboise, violette.
Étraire de la Dui, aussi appellé étraire de l’Aduï ou étraire de la Dhuy : cépage rouge typique du Grésivaudan, originaire de St-Ismier. Son nom, "Étraire" rappelle l'étroitesse de son grain ovoïde, et la Dhuy est le nom du torrent descendant de la Chartreuse à St Ismier. Il est proche du persan et de la syrah. Assez peu alcooleux, avec une bonne acidité. Dégusté jeune, son vin est corsé et tannique. Vieilli, il est de bonne garde.
Mondeuse noire : ce cépage n'est pas la forme noire de la mondeuse blanche. Il est très proche ampélographiquement de la syrah. Quand le rendement est limité et que la date de vendange est tardive, la mondeuse produit des vins très structurés, tanniques, colorés qui se confondent en vieillissant avec la syrah (cassis, violette, iris, épices..). Sa particularité est d’avoir toujours un degré d’alcool faible, même en cas de vendange très tardive. Donne un vin solide, tannique, coloré, ayant de la mâche, très typé, aromatique, moyennement riche en alcool, possédant généralement une bonne acidité, âpre au début et apte au vieillissement.
Bia blanc : cépage de grande qualité. Peu productif et aromatique, évoquant le muscat et le sauvignon, il était très recherché par les consommateurs lyonnais au XIXème siecle. Il était cultivé dans la vallée de la Saône, du Rhône, et en Savoie. Il a fait la réputation des vins d'Apremont, en assemblage de seulement 15% avec la jacquère. C’est dans l'Isère qu'il était le plus planté. Il fût abandonné au fil des décennies à cause de son faible rendement [Gonin]. Le Centre Ampélographique Alpin [Caapg] a retrouvé des souches de ce cépage à St Savin en Isère ainsi qu'à Apremont. Son reclassement a été accepté par le CTPS (comité de selection des plantes cultivées), et des replantations sont prévues dans les Balmes Dauphinoises [Gonin].
Mècle de Bourgoin : cépage ancien autochtone des Balmes Dauphinoises. "Le mècle de Bourgoin est très estimé dans cette localité en raison de sa bonne vigueur, de sa rusticité et des vins solides et d’une riche couleur qu’il produit. Les coteaux de Saint-Savin, à une petite distance de Bourgoin, sont à peu près exclusivement plantés de mècle et donnent un vin très noir, solide, fort recherché par la consommation locale et même par le commerce", écrivaient en 1878 Alphonse Mas et Victor Pulliat [Mas]. Son reclassement a été accepté par le CTPS (comité de selectiondes plantes cultivées), et des replantations sont prévues dans lesBalmes Dauphinoises [Gonin].
Onchette : cépage autochtone spécifique du Trièves. "Pour la première fois depuis 150 ans, après être passée de 350 à 8ha, la surface de vigne dans le Trièves va augmenter. Nous allons en effet planter environ 200 pieds d’onchette, cépage originaire de notre région. Ils n’en restait plus que deux dans le conservatoire montpelliérain de l’INRA au domaine de Vassal, vers qui nous a envoyé le Centre Ampélographique Alpin PierreGalet [Caapg]. Ainsi, nous aurons ce printemps la seule parcelle au monde de ce cépage dont personne n’est suffisamment vieuxpour se souvenir du goût ! J’adorerai que quelqu’un me contredise : on connaît très peu ce cépage et toute information le concernant sera la bienvenue…» Thomas Chevalier, de l’association Vignes et Vignerons du Trièves.
Bien d’autres cépages isérois et plus généralement alpins sont encore à redécouvrir, comme par exemple le servanin, le maclon, le joubertin (dont le nom viendrait peut-être d’un certain M. Joubert de Claix près de Grenoble), le durif..
Extraits du Mémoire Sommelier Conseil, Caviste
Joël FÉRAUD
Université du Vin • Suze la Rousse • 12 février 2010