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LPV Paris-Est. "Catherine et les garçons" sillonnent le Roussillon. 21 Juin 2012.[/size]
Je démarre par les blancs, les rouges suivront avant la fin de la semaine, mais d' ici là, mes camarades auront tous postés leur cr !!!
Blancs :
1) Muscat de Rivesaltes 2005. Domaine Cazes.
soupe aux deux melons.
Le nez intensément parfumé, vous enveloppe d' une caresse langoureuse à couleur exotique (mangue, abricot gorgé de fruit, melon très mûr), mêlés à ceux d' une gerbe de roses, tous comme tissés serré par le fil acide de la citronnelle. Entre les arômes et la soupe aux deux melons aux couleurs aussi chatoyantes que les senteurs, le mot finit par être lâché d'une une façon un peu hésitante, indécision m' inspirant évidemment une courte mise sur le grill : "Muscat" ? Si c' en est un, il semble échapper un peu aux canons habituels, ce qui ne rend pas l' identification si simple. Légèrement plus confit, ce qui met le sucre très présent mais parfaitement fondu au fruit, plus en évidence ; plus langoureux dans ses parfums, avec une tension toujours très présente, mais avec un grain différent préservant la fraicheur, plus citronnelle que citron. Ce que le vin gagne en fondu et en complexité, il le perd un peu en vivacité. Mais 2005, c' est encore un peu un adolescent, ces caractères m' ont semblé bien plus amplifiés
sur le 96 bu il y' a quelques années
. En fait, le 2005 est un entre-deux dont le caractère singulier, délicieusement atypique, est vraiment sympathique !
La bouche confirme les impressions précédentes reposant toujours sur les fondamentaux que j' apprécie tant dans les Muscats de Cazes : une folle gourmandise toute en tension acide amère, une chair savoureuse faisant surfer allègrement ses 15° d' alcool, une finale caressante qui vous rend heureux ! Seul problème, après le 96, je m' étais juré de conserver le plus longtemps possible, quatre des six bouteilles 2005 que j' avais en cave...Il ne m' en reste qu' une !!!
2) Côtes du Roussillon. D 18 2005. Olivier Pithon.
filets d' anchois Roque, tielle sétoise, tapenade verte, gressins, quartiers de pamplemousse..
Ah les amis, je crois que beaucoup d' entre nous sont passés à coté de ce vin ! En le regoûtant après la dégust, le nez est bien plus disert qu' à l' ouverture où il me paraissait manquer de relief, de définition, ne pas correspondre à sa réputation...et à son prix (sauf erreur, 39€ au domaine pour le 2005 !
). Un superbe grain aromatique apparait, comme sculpté dans la trame minérale donnant corps aux arômes de citron, de citronnelle, de peau de pamplemousse, de chair de pêche, de fleurs jaunes miellées, d' herbes anisées, de senteurs de garrigue (lavande) ; chacun apportant, qui la tension et la vivacité, qui la rondeur fruitée gourmande, qui la douceur, la finesse et la subtilité ; tous réunis donnant formes et reliefs à cette chair complexe et réjouissante que l' on hume comme un parfum.
Quand le grain aromatique coule en bouche, pénétré de saveurs, c' est comme si l' assise minérale prégnante, presque mâchue, jouait à étirer ludiquement les mêmes tensions, les mêmes rondeurs comme pour accoucher de sa finale saline persistante au goût d' amer de roche, confirmant du coup définitivement la réputation de ce blanc catalan !
3) Collioure. L'Argile 2000. Domaine de la Rectorie.
daurade au fenouil et jus de bouillabaisse.
Avec Philippe qui avait collaboré à la sélection finale, par ses apports et ses conseils, on se demandait vraiment comment avait pu évoluer cette
Argile de près de douze ans d' âge...La réponse est :
"tellement bien" ! qu' il s' empressa de me convaincre d' ouvrir en parallèle le même soir, le 2008 adolescent qu' il avait prévu au cas où la première serait bouchonnée.
Le nez parait large, opulent, comme si ses arômes fringuant de jeunesse avaient pris du corps, de la densité, en un seul mot, du gras. Je retrouve - et le 2008 nous le confirmera plus tard - ses arômes qui me séduisent tant sur le vin jeune : l' ananas aujourd' hui comme rôti au four, la noix de coco maintenant comme fondue à la crème pâtissière, la vanille du boisé fondu, des touches de fruits confits et secs, la bergamote toujours aussi caressante, le tout comme léché par une vague d' amande amère bordée d' écume saline. Et c' est ce bel amer, minéral et salin, enveloppant le fruit, qui préserve de toute lourdeur, le grain aromatique un peu gras. Comme si l' équilibre de sa structure et sa fraicheur lui permettaient aujourd'hui hui de prendre totalement ses aises et de nous combler tant ce "grand nez" annonce le grand vin.
La bouche large, gourmande et fraiche est comme "pilotée" toujours et plus par ce bel amer fruité dont on ne lasse pas d' explorer l' inépuisable profondeur que la finale saline assez irrésistible exprime généreusement.
Bel Amer, voila un beau nom pour ce vin dont la persistance fait rouler ses amers comme une houle à jamais renouvelée !
4) Collioure. L'Argile 2008. Domaine de la Rectorie.
id
Le nez est plus sur le fruit,plus fringuant, plus vif, plus riant, avec une complexité déjà bien réelle mais encore adolescente, avec moins de gras ; comme si la trame minérale déjà bien présente révélait la chair crue de l'ananas à peine tranché, dans sa nudité qu' une main bienveillante aurait parsemé de lamelles de gingembre, de noix de coco et d' écorces d' orange confites. Un nez plus simple, quoique, mais déjà infiniment séducteur, avec un boisé vanillé pas encore totalement fondu, sur un équilibre un peu plus acide par son fil citronné déjà porteur d' un amer voluptueux plus discret. Très jeune encore, mais déjà superbe !
En bouche, on a l' impression que le fruit explose dans un superbe équilibre qui signe le retour de bel amer faisant tanguer le fil acide au bikini salin. :
Je suis loin de les avoir tous goûtés, mais à ce jour, l' Argile est pour moi le plus beau blanc du Roussillon ! Merci à Philippe de nous avoir permis de vérifier qu' il peut en outre vieillir superbement !!
Accord sublime sur la daurade au fenouil et jus de bouillabaisse cuisinée par André !
5) Vin de Pays de la Côte Vermeille.Rancio sec. Cap de Creus. Domaine de la Tour Vieille.
supions et anneaux de calamars à la plancha.
Le nez résolument sec mais pourtant moins
extra dry qu' un Jerez Fino, est d' une complexité folle, avec un fruit bien plus présent que sur le Fino, mais tellement voilé, magnifié par des arômes de noix, d' amandes grillées, d' écorces de cannelle, de quinquina, sur fond de cacao fruité, qu' il est bien difficile de départager ce qui relève de la fraise, de la cerise ou de l' orange, dans le bouquet fondu où toutes ces touches apparaissent sur fond d' empreinte de pruneau. Sec, fruité, soutenu par une charpente alcoolique discrète (17°), tenu par une fine acidité ouvrant un horizon tout en fraicheur, ce nez révèle une douceur caressante du plus bel effet, que j' imagine bien convoler avec le cigare.
La trame alcoolique se dévoile plus en bouche, recouvrant vite le toucher délicat et subtil sur la langue, d' amers généreux au goût de rancio à la saveur fruitée, qui semblent s' allonger au fond de votre gorge, comme sur un transat, pour la journée.
Je recommande vivement d' aller rencontrer Vincent Cantié au SVI, déjà pour goûter son blanc, les Canadells, ou ses Banyuls franchement délicieux, mais si vous lui achetez également son Cap de Creus et son fabuleux Vin de Méditation, son œil se mettra à briller, comme s' ils étaient ses enfants préférés !
Les supions ou calamars à la plancha, magnifique recette, si simple, suggérée par Ph Faure-Brac, sont plus à l' aise sur le Fino, l' accord d' origine ; le Rancio sec version rouge, est un peu trop fruité pour ce plat.
à très bientôt, là on attaque le lourd, [size=medium]
Modat à l' aveugle[/size] ( il ne savait pas où son vin était situé !) avec Gardies, Gauby et Bizeul. X(
Daniel