allez, je donne l'exemple sur les blancs secs !
1 Vouvray pétillant brut 2007. Domaine Huet.
huitre normande, duo de crevette/pamplemousse.
Le lendemain de la dégustation, ce pétillant à la bulle fine, la veille, ne pétille plus beaucoup, mais cela permet de vérifier que derrière l’effervescence , il y’a du vin.
Au nez, une belle empreinte de fleurs blanches (acacia) et d’agrumes (pamplemousse, citron), tirant vers le miel et la pate de coing, à la fois ample et précise, sans aucune mollesse, résolument typée chenin bien mûr.
La bouche franche, équilibrée, au toucher sapide, est animée d’une belle tension. La bulle aujourd’hui plus frémissante qu’émoustillante, exulte, tendue par une fine acidité et bordée d’amers qui la confortent, comme deux mouvements qui s’épousent harmonieusement, dont on ne sait plus lequel anime l’autre.
Bel accord à la simplicité évidente avec la chair iodée de l’huitre et l’alliance crevette pamplemousse faisant écho à la tension gourmande du vin.
2 Saumur. Château Yvonne 2002.
feuille d’endive crue, anguille fumée mêlée à des morceaux de pommes crues avec un poil de gingembre râpé, filet de citron et aneth.
Beaucoup de fraicheur au nez caressé par le tilleul, la menthe verte, l’acidité de la pomme Granny Smith et du citron, la prégnance du coing posé comme un voile ; un paysage aromatique à la fois ample et subtil, dessiné au trait fin par le crayon d’acidité ciselant les arômes en un grain délicat, subtilement miellé...qui mine de rien, semble s’élargir au delà des limites de vos narines !
En bouche, le fil acide conduit le bal, s’acoquinant joyeusement avec le gras et le fumé de l’anguille, l’amertume de l’endive crue, le peps de la pomme verte et du citron, la puissance du gingembre, la présence de l’aneth, dont chacun ou mêlés, donnent un surcroit de générosité et de longueur, à la texture résolument aimable et gouteuse.
3 Vouvray. Clos Baudoin 2002. François Chidaine.
rillons au Vouvray, rillettes à l’ancienne (Hardouin) et andouille (Bernier)
Premier millésime (2002...veillé par les fées), vinifié par Chidaine qui venait de prendre en location, le Clos de la famille Poniatowski, semble t’il un peu en déshérence, qu’il a acheté en 2006.
Au nez, un fruit superbe par sa finesse, l’impression d’harmonie, le coté enjoué qu’il dégage, rendant du coup un peu monocorde, l’acidité (pourtant fort belle) structurant le vin précédent. Je n’aime pas beaucoup les hiérarchies, mais si il y’avait une comparaison à faire, elle se mesurerait en terme de surcroit de précision, de délicatesse, de complexité, d’émotion au final, liée pour moi à un sentiment d’unité assez touchant [size=x-small]mais le Vouvray, dans ses plus belles[/size] [size=x-small]expressions, ne dispose t’il pas d’un petit supplément d’âme par rapports à ses voisins ???[/size]
Un fruit très mûr (un peu trop pour Philippe..) dont le côté légèrement surmuri, imbibé d’épices (gingembre), de senteurs florales et de miels délicats, dégage un charme fou dont je comprend qu’il puisse manquer un peu de vivacité pour certains...
En bouche, aucune mollesse pourtant sur ce qui pouvait paraitre un peu généreux au nez. La tension veille au grain, accueille comme larrons en Loire, andouille, rillettes et rillons dont le gras savoureux surfe sur la chair fruitée faite houle à l’écume citronnée qui allonge loin, longtemps, ses saveurs de fruits blancs légèrement truffées, épicées à souhait. Un vin délicieux conduisant la charcuterie de Hardouin et Bernier au sommet.
4 Anjou “Les Nourrissons” vignes centenaires 2003. Stéphane Bernaudeau.
raviole de cèleri-rave et d’oseille façon Passard.
Le nez semble vous prendre dans ses bras tant il vous fait sentir sa présence chaleureuse (dans tous les sens du terme, nous le verrons plus tard), légèrement exubérante par son fruit mûr et tant d’autres arômes gorgés de soleil. Sa puissance un peu entêtante révèle une richesse, une complexité peu commune ; tout est un peu excessif sans que rien ne déborde ! Le parfum suave de l’acacia, la fraicheur de la verveine, la puissance du poivre et du curry, la prégnance du cèleri, la caresse du miel, créent l’écrin parfait pour la recette d’Alain Passard, aussi inattendue que ce nez singulier, vraiment hors du commun.
La bouche est généreuse, pleine, avec un fruit tout en expansion, étonnamment poivré ; sa fine acidité, presque acidulée sauve les amers donnant du corps à ses flancs, d’une “chaleur” que l’on finit par sentir sur la persistance, au fond du ventre et de la gorge. Ce vin se “mange” autant qu’il se boit ! La raviole au cèleri rave et à l’oseille a un effet rédempteur sur ce coté un peu “chaud”, tant la prégnance de l’alliance de leur gout savoureux, semble faire décoller le vin voué à la gastronomie.
En le regoutant aujourd’hui en dégustation pure, il est clair que les 14,5° se font un peu trop sentir...jusqu’au moment où il ne reste en bouche, qu’un nuage émouvant d’essence de cèleri témoignant que derrière l’effet millésime, Bernaudeau a sorti un sacré vin !
5 Anjou Les Fouchardes 1996. Mark Angeli.
coquilles St-jacques à la crème et aux champignons, poêlées et flambées au Pineau des Charentes.
Au nez, une combinaison attachante et complexe d’aromes de poire et de pomme bien mure, comme pénétrés d’épices (poivre, curry, vanille), de senteurs florales (fleurs blanches), et d’un coté un peu pâtissier (miel), voire lacté (crème fraiche) : un “tapis d’orient” de parfums, de senteurs dont la “couleur” un peu tertiaire, suggère à certains un “charme fou” et à d’autres “un coté légèrement oxydatif, un peu fatigué et fatiguant”. Une vraie singularité dont la richesse est dédiée à la gastronomie. En bouche, la chair dense, nourrie de saveurs complexes, non dénuées de tension, joue à mêler ses épices acidulées, à l’iode de la Saint Jacques qui la stimule, à la crème et au gout de champignons qui l’affole, au Pineau des Charente qui lui fait chanter “Biche, oh ma biche”(
) “ Un accord absolument parfait “ s’exclamait un LPVien qui nous a inspiré l’alliance (dont je n’arrive pas à retrouver la trace pour le remercier) qui s’est confirmé ce soir là.
S’il est vraiment passionnant de constater l’identité réelle sur ces deux vins, du disciple et de son maitre, j’avoue que je ne boirais pas tous les jours de ce type de vin à haute personnalité, mais un peu “nourrissant’' à mon goût. Mais cet avis ne vaut que sur les vins dégustés, ayant peu d’expérience des vins de ces vignerons cultes pour certains, dans notre groupe.